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LE GENRE DES INDESIRABLES

Chapitre 2 - Naviguer en contexte hostile : quotidien de femmes en (bidon)villes

1. S’accomplir comme femme en migration précaire

Le temps passé dans deux bidonvilles de Seine-Saint-Denis, en majorité aux côtés de femmes, m’a donné l’opportunité de voir comment le quotidien est organisé, et comment les femmes donnent un sens à cette organisation.

Dans un premier temps, j’entre dans l’études des rapports de genre à partir des conversations que j’ai eues avec des jeunes femmes. À partir de leurs récits, j’entame une réflexion sur ce qu’elle me donnent à voir comme étant les règles et les attentes pour être une femme accomplie et respectable Lorsque ces habitant·es me présentent certaines répartitions des tâches ou organisations du quotidien comme relevant de la façon de faire « chez nous », il s’agit là de la présentation de comment les choses devraient être.. Je peux saisir parfois les interstices entre ce qui est attendu et ce qui se passe, et où se placent les marges de manœuvre qui existent – tout particulièrement dans un contexte migratoire où des normes françaises viennent s’ajouter aux attentes formulées auprès des jeunes femmes par leur famille et leur entourage.

52 Par exemple, que ce soit à Nanterre (Sayad et Dupuy 1995) ou à Champigny (Volovitch-Tavares 1995), la

« corvée d’eau » est quotidienne, et le rapport à la saleté présent dans l’esprit de l’ensemble des habitant·es. Sans proposer d’analyse explicite des rapports de genre, le genre s’entrevoit dans ces ouvrages, lorsqu’à Nanterre, il y a certains couples où l’homme gère seul d’aller chercher l’eau, ne souhaitant pas que la femme sorte tous les jours dans l’espace publique, ou qu’à Champigny, où Marie-Christine Volovitch-Tavares trouve que les femmes souffrent plus que les hommes de la boue et de la promiscuité. Dans l’approche du bidonville comme espace de solidarité et de politisation, les études ne semblent, elles, pas envisager la manière dont le genre vient cadrer l’accès et le développement de ces réseaux, cette solidarité, ces revendications de droits.

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Le point de vue des jeunes femmes a éclairé certains rôles qui étaient présentés comme centraux pour s’accomplir en tant que femmes : il s’agit tout particulièrement de la maternité, et du travail pour bien s’occuper de son foyer. Si comme dans de nombreuses sociétés patriarcales, les femmes sont socialisées pour être de bonnes épouses et mères (Delphy 1981), certains arrangements de cette socialisation me sont présentés comme relevant de la manière dont s’organisent les choses « chez les Roms », ce dont je rends compte en dialogue avec les études féministes de l’organisation et la répartition des tâches dans un couple et un foyer.

Je retrace dans les deux dernières sous-sections les formes que peuvent prendre ces attentes genrées de la maternité et du soin domestique dans le contexte de la vie précaire du bidonville.

La situation de précarité économique et d’instabilité résidentielle vient travailler et éventuellement réaménager la division genrée du travail domestique. L’environnement et les contraintes du quotidien en bidonville entraînent certains aménagements, ils peuvent aussi conduire à négocier les manières et la temporalité de l’accomplissement des femmes par le foyer et la maternité. Dans le sillage de l’engagement de l’ethnographie du particulier que j’évoquais au début de ce chapitre, je ne cherche pas à produire une connaissance générale sur le rôle de la maternité ou la division sexuée du travail domestique chez les Roms roumains, mais de contribuer à souligner que ces éléments structurent et sont structurés par une expérience migratoire précaire.

1.1 Socialisation genrée en migration

La notion de socialisation permet de saisir les manières dont les jeunes femmes intègrent et mettent en pratique certaines attentes vis-à-vis de leur comportement, leur apparence, et leur place dans la famille et l’entourage. J’utilise la notion de socialisation pour essayer de comprendre quelles règles et attentes elles intègrent.

Il existe bien sûr des variations au sein du bidonville, entre les familles, entre les générations au sein d’une même famille, et chez une personne à différents moments de sa vie : rien n’est figé, et les rapports à l’apparence, au mariage, à la féminité évoluent et s’adaptent dans le temps. Ce dont il est question ici n’est pas de proposer un regard général sur les règles de la féminité et de la conduite des femmes roms roumaines, mais de préciser la manière dont m’est donné à voir la construction et mise en place des règles et attentes qui structurent le quotidien des femmes que je rencontre dans mon enquête, sur les bidonvilles des Chênes ou des Buissons, ou dans des espaces associatifs.

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Puisque ces jeunes femmes évoluent dans des contextes différents de leurs parents, et différents dans une certaine mesure de ce que connaissent les jeunes femmes en Roumanie (du fait de vivre en bidonville, du fait de vivre en France), il est possible d’envisager une socialisation genrée en migration.

Apprendre et faire avec les codes de la féminité en contexte migratoire

Alors que je me dirige vers la sortie, je vois la fille de Nadia qui teint les cheveux de sa belle-sœur, dehors, pendant que le reste de la famille est assis en face, au téléphone avec quelqu’un, ou en train de rire et de parler. Sonia m’explique qu’elles se sont décidées pour une teinture « noir encore plus noir », puisque le soleil donne des reflets un peu roux à leur chevelure déjà bien foncée. Elles m’expliquent avec enthousiasme les différentes étapes qu’il va falloir suivre, et puis la position au-dessus de la bassine que Vanessa va devoir adopter.53

Le soin capillaire, que ce soit pour un shampoing ou une teinture, est un sujet assez récurrent dans les conversations entre femmes. Ce n’est d’ailleurs pas l’exclusivité des jeunes femmes, puisque quelques jours après avoir parlé de teinture avec Sonia, je discute de soins pour prévenir la chute de cheveux avec sa grand-mère, qui se coiffant devant moi se désolait de voir autant de cheveux s’accumuler sur la brosse.

La visibilité de ces pratiques de soin est en partie liée à la taille réduite des baraques, et la difficulté d’y faire le ménage si des produits devaient couler ou tâcher. Mais c’est aussi la démonstration d’un rituel qui est valorisé par l’entourage. Vanessa et Sonia vont prendre le temps - et le plaisir – de ce moment pour elles, mais avec le regard approbateur de leur famille.

L’utilisation de l’espace devant les baraques pour des pratiques liées à l’hygiène corporelle n’est d’ailleurs pas qu’une pratique des femmes, puisque Jean-Baptiste Daubeuf observe dans son enquête sur un terrain dans l’Est de la France, au cours de laquelle deux enquêtés, Christi et Adi, partagent l’attention particulière qu’ils ont pour leur apparence capillaire et pileuse « en plein après-midi, les deux hommes se rasent ainsi le torse et les aisselles au soleil sous le regard des autres habitants » (Daubeuf 2018)54. Le soin des cheveux et de la pilosité sont des

53 Carnet de terrain, 6.08.18.

54 Les hommes expliquent au sociologue qu’ils font cela pour plaire aux femmes.

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marqueurs de la masculinité et de la féminité. Toutefois, si le poil peut être travaillé ou éliminé de manière visible chez les hommes, les pratiques publiques des femmes se bornent aux soins des cheveux.

L’importance de soigner son apparence capillaire et pileuse se transmet entre femmes, et distingue une petite fille d’une femme. Sonia me confie qu’elle a commencé l’épilation de ses sourcils à 13 ans, tandis que sa belle-sœur Vanessa, elle, a débuté à 11 ans. Aujourd’hui, c’est une pratique qui les mène à quitter le bidonville, puisque sur la commune du bidonville des Chênes, il y a des salons de beauté tenus par des femmes d’Asie qui proposent pour un tarif abordable plusieurs techniques d’épilation. Vanessa et Sonia aiment y aller ensemble, elles prennent un plaisir à cette sortie entre femmes, très proche du terrain puisqu’elles m’expliquent que le salon de beauté est un peu plus loin sur la grande avenue qui longe un côté du terrain.

Elles entrent alors en contact avec un autre univers, et d’autres minorités en France, et appliquent de nouvelles techniques à une attente générationnelle.

Cet apprentissage des règles de la féminité à travers les âges passe aussi par des codes vestimentaires. À 16 ans, Vanessa vit avec son mari Leonard (qui a le même âge), le frère de Sonia. Un jour, je l’assiste pendant qu’elle prépare le repas, en compagnie de Mariana, 14 ans, qui habite dans une baraque voisine. Pendant qu’elle s’occupe des oignons, Vanessa me dit en riant qu’elle va m’expliquer la différence entre elle et des Roumaines, ou des Françaises. Pour elle, la différence réside dans le port du pantalon. Depuis qu’elle est mariée, il y a un an, elle porte la jupe longue. Vanessa me présente le port de la jupe longue comme un élément de sa culture, en tant que femme rom. La vie dans le bidonville soumet les jeunes filles à un contrôle plus fort autour des pratiques vestimentaires attendues, car les rappels peuvent venir des familles voisines quand et si la famille ne le fait pas. Alors que Vanessa m’explique qu’elle doit porter la jupe longue car elle est mariée, son amie Mariana précise qu’elle la porte aussi, bien qu’elle ne soit pas mariée, parce qu’elle en avait assez des remarques qu’on lui adressait depuis qu’elle a eu 14 ans pour dire qu’il n’était plus correct qu’elle porte un pantalon. Ses parents n’étaient pas particulièrement décidé·es sur le moment où Mariana devait arrêter de porter le pantalon, mais l’entourage dans le bidonville s’est chargé de faire comprendre que le moment était venu, voire dépassé. Pour se conformer aux attentes collectives, elle modifie donc ses habits, et les remarques cessent.

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Mais il existe ici des attentes contradictoires, car la jupe apparaît comme un élément visuel qui les identifie comme Roms, et les associations vont parfois encourager ouvertement à adopter le port du pantalon. En février 2018, j’assiste à une scène où une bénévole vient proposer de l’aide pour trouver un emploi à certaines femmes vivant sur le bidonville des Chênes :

Quand nous revenons avec Maria plus tard, c’est pour que Maria propose à Alexandra de l’accompagner demain : elle fait des ménages dans le 14ème, et la société, gérée par un Roumain, cherche de nouvelles personnes. Maria précise qu’il faudra qu’Alexandra cache qu’elle est enceinte, et qu’elle vienne en pantalon.

Elle dit qu’elle n’a pas de pantalon, et Maria explique que le boss roumain ne prendra pas de « tsigane » : il faut un pantalon pour passer.55

Pour Vanessa et Mariana, il s’agissait lors de notre échange de m’expliquer ce qu’était leur culture. Alors que je m’étonnais, demandant s’il fallait vraiment toujours porter la jupe, elles admettent qu’il peut y avoir des exceptions. Dans certains contextes, elles s’autoriseraient à porter un pantalon. Mais jamais à la maison : dans l’espace domestique, il faut porter la jupe.

Cette possibilité de négocier le port de la jupe longue selon différents espaces illustre ce qu’Alexandra Oprea appelle la fluidité de la culture (Oprea 2004), alors qu’elle observait que le port de la jupe longue par des jeunes femmes roms en Roumanie était de plus en plus souvent relégué aux cérémonies familiales.

Les expériences de genre au quotidien traduisent des pratiques vestimentaires variables en fonction des lieux (Le Renard 2015), ce que je remarque en accompagnant Alina dans différentes démarches sur le bidonville des Buissons. Alina est une jeune femme que je rencontre sur le bidonville des Chênes, et dont le déménagement vers le bidonville des Buissons contribue fortement au déplacement de mon enquête ethnographique sur un deuxième site.

Portrait 1 : Alina

Alina, 28 ans, vit dans le bidonville des Chênes quand je la rencontre, avec ses enfants, Leo, 11 ans, et Daniela, 7 ans. Son mari, Iulian, est en prison dans une ville de Normandie. Alina vivait sur le bidonville proche de Porte de la Chapelle avant de s’installer sur le bidonville des Chênes dans la suite de l’expulsion. En plus de Leo et Daniela, elle a une autre petite fille en Roumanie, qui vit avec sa grand-mère. Alina espère la faire venir en France un jour, et parfois je remarque dans sa baraque des jouets

55 Carnet de terrain, 26.02.18.

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pour enfant en bas-âge qu’elle m’explique mettre de côté pour une prochaine visite. Ses enfants plus âgés, Leo et Daniela, sont scolarisés dans une autre ville de Seine-Saint-Denis, dans laquelle Alina avait réussi à obtenir une domiciliation lors d’un passage en 2017. Ce sont les seuls enfants scolarisés sur le bidonville des Chênes.

Iulian est en prison depuis plusieurs mois, dans une ville à quelques heures de train de Paris. La distance de cette prison complique leur relation, car Alina a rarement les moyens de payer un billet de train entre Paris et la ville en question. Après une visite sans billet, elle est contrôlée et se retrouve avec une amende d’une centaine d’euros, ce qui est une charge importante et inattendue. Cette amende mettra fin aux visites d’Alina en personne. Pour survivre, elle propose notamment ses services aux autres familles, car elle parle très bien français. Elle vit aussi de mendicité. Sur ce bidonville, il y a aussi un frère de Iulian, qui peut l’aider financièrement si besoin, notamment lorsqu’il s’agit de trouver de l’argent à envoyer à Iulian qui en réclame depuis la prison. Ce beau-frère vit sur le bidonville des Buissons avec sa femme et ses 6 enfants. Deux autres frères de Iulian vivent dans des bidonvilles voisins. Alina a aussi de la famille qui vit sur le terrain, avec deux sœurs et un neveu.

Après avoir migré de la Roumanie vers l’Espagne dans un premier temps, elle vit en France depuis 2012, et connaît bien les équipes associatives qui interviennent en bidonville. Lorsqu’elle s’installe sur le bidonville des Chênes, elle appelle Suzanne, qu’elle connaissait depuis que Suzanne intervenait dans le bidonville de Porte de la Chapelle, pour lui demander de venir la voir sur son nouveau terrain. Elle fait partie du mouvement vers le bidonville des Buissons pendant l’été 2018, où va les rejoindre Iulian en sortant de prison à la fin de l’été. Alina revient souvent sur le terrain des Chênes pour rendre visite aux familles, mais surtout pour essayer de convaincre Suzanne et Etienne de déplacer leur visite hebdomadaire sur ce nouveau terrain. Elle vient parfois accompagnée d’autres femmes qui souhaitent demander de l’aide à Suzanne. Dans le bidonville des Buissons, elle occupera un rôle central de médiation et de représentation auprès des services de la commune, et des différentes associations qui y interviennent.

Dans les bidonvilles où elle vit pendant le temps de mon enquête (Chênes et Buissons), Alina s’investit dans un rôle d’accompagnatrice et traductrice pour les familles qui auraient besoin d’aide. Dans ces moments, elle porte toujours la jupe longue. Le bidonville des Buissons est suivi de très près par la mairie de la commune : Alina sera conviée à plusieurs réunions pour évoquer le sujet de l’accès à l’eau, les toilettes, les poubelles, etc. Alina se rend à ces réunions en pantalon. Un jour, alors que je raccompagne Alina vers le bidonville, elle me fait signe pour s’arrêter sur le côté de la route. Elle sort de son sac une jupe longue en tissu, qu’elle enfile en

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quelques secondes par-dessus son pantalon. En passant d’un espace à un autre, elle adapte sa tenue, m’indiquant par là ce qu’elle comprend des attentes sur le bidonville, mais aussi des attentes qu’elle saisit des réunions municipales.

Les habitantes du bidonville tout comme des membres d’associations qui interviennent dans les bidonvilles me présentent le port de la jupe comme un marqueur de la respectabilité des femmes, et une pratique vestimentaire qui participe à la transition vers l’âge adulte pour les adolescentes. Pour Anna, salariée dans une association qui propose de l’accompagnement dans l’insertion professionnelle, il est possible de penser le rapport à la jupe longue comme celui au port du voile. Il serait trop simpliste de ne penser la jupe qu’à partir d’une imposition de l’entourage, alors que c’est une pratique vestimentaire qu’investissent certaines femmes comme un choix. Les parcours d’insertion professionnelle soulèvent cette question, comme dans l’échange entre Alexandra et Maria, car les femmes doivent décider de la tenue qu’elles portent dans leur recherche d’emploi. Anna partage avec moi une conversation qu’elle a eue avec plusieurs femmes suivies par l’association :

Anna - On en a parlé... C'était pour quoi déjà ? Non, pour la semaine de lutte contre les discriminations. Je me demande si cela n'était pas en décembre. On a fait une petite conférence, on a invité 3-4 femmes, qu'on suit, qu'on accompagne, à venir parler avec nous.

C'était vraiment centré sur le discours des femmes. On a vraiment parlé de la tenue : elles expliquaient leurs expériences chez les employeurs. Nous, on les avait orientées. Il y en a une qui avait subi des remarques sur son voile, et tout ça. Et certaines disent qu'elles sentent le regard changer, spontanément, quand elles sont en pantalon, ou en jupe. On avait beaucoup parlé de ces questions. C'était assez intéressant leur point de vue. Et certaines qui ont confiance en elles, et disent "moi j'ai envie de m'habiller en pantalon, ce n'est pas pour cacher mon identité, c'est que je me sens plus à l'aise". Parce que c'est le mari aussi souvent, il y a une question de respectabilité. Le pantalon est mal vu parfois, pas partout.

Anne-Cécile - Il y a des négociations en tout cas.

Anna - Ce sont des codes, quand même. La jupe cela veut dire quelque chose.

Anne-Cécile - Mais peut-être que l'emploi, et les contraintes telles qu'on les rapporte de l'employeur permettent de négocier avec plus de force ? En disant que le pantalon c’est pour le travail.

Anna - Et il y en a d'autres qui assumaient, en disant "je me prépare bien, je sais qu'il faut être présentable, mais ensuite j'ai envie d'être en jupe."

Les femmes partagent avec Anna à quel point la question de la tenue est visiblement importante dans leurs interactions avec des employeurs potentiels, et la manière dont le port du pantalon ou non vient orienter ces interactions. Elles sont renvoyées à un port de la jupe longue

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comme une pratique identitaire, ce qui conduit Anna à le comparer au port du voile. Dans les expériences qu’Anna partage avec moi, il n’y a pas qu’une seule conduite adoptée par les femmes vis-à-vis de cette question vestimentaire. Elles font des choix à partir de l’espace qu’elles occupent, la position de leur famille, leur conjoint, leur propre ressenti, ainsi que le contexte de l’interaction. L’adhésion à une féminité respectable en jupe longue est en constante négociation.

Dans le bidonville, j’assiste en tant que femme principalement à la socialisation genrée que reçoivent les filles et les jeunes femmes. Soin de l’apparence et pratiques vestimentaires

Dans le bidonville, j’assiste en tant que femme principalement à la socialisation genrée que reçoivent les filles et les jeunes femmes. Soin de l’apparence et pratiques vestimentaires