• Aucun résultat trouvé

femmes en bidonvilles

2. Conjoint incarcéré : un nouveau quotidien pour les femmes ?

L’incarcération a un impact sur l’entourage, dans la mesure où « la prison exporte sa pauvreté en déstabilisant continûment les familles et les quartiers soumis à son tropisme » (Wacquant 2015 : 148). La prison précarise les personnes incarcérées, mais affecte aussi directement l’entourage de ces personnes. J’aborde l’expérience de l’entourage à partir du point

139

de vue des conjointes, ce qui donne à voir une réalité genrée et hétérosexuelle de l’organisation de la vie conjugale et familiale pendant la période d’absence (Comfort 2008).

La question des compétences acquises dans la migration est souvent posée, et se pose à nouveau au cours de cette enquête. Compétences linguistiques, connaissances de l’administration, orientation dans les transports en commun, savoirs juridiques, le parcours migratoire est fort en apprentissages possibles. Pour Lina, Alina, Tania et Florentina, à toutes ces possibilités s’ajoutent les savoirs liés au monde de la prison. Pour compléter les portraits d’Alina et Tania brossés dans le chapitre 2, je présenterai dans ce chapitre les portraits de Lina et Florentina.

Portrait 3 : Lina

Lorsque je rencontre Lina, elle vit dans une baraque du fond du bidonville des Chênes, seule avec quatre enfants, et enceinte du cinquième. Son compagnon, Alexandru, est à la maison d’arrêt de Bois d’Arcy depuis quelques jours. Ses enfants ont 15, 13, 10 et 3 ans. Certains ne sont pas des enfants qu’elle a eus avec Alexandru, mais avec un premier mari, Ion, de qui elle est séparée. Avant de venir en France, elle a longtemps vécu en Espagne, où ses enfants plus âgés sont d’ailleurs nés. C’est avec Alexandru qu’elle fait sa vie en France, et avec qui elle attend son dernier enfant. Elle ne parle pas très bien français, et sollicite parfois son fils aîné, de 15 ans, pour l’aider à exprimer une remarque en français. Mais elle est aidée dans sa communication par sa connaissance de l’espagnol, et comprend bien ce qui est dit. Pour survivre, elle fait la manche avec ses enfants. Les enfants ne sont pas scolarisés. Les plus grands restent parfois sur le terrain en compagnie d’autres familles, mais elle garde avec elle les plus jeunes.

Lina est appréciée sur le terrain, et sa baraque est souvent visitée par d’autres femmes. Maman de quatre enfants, elle propose facilement des paroles rassurantes ou des conseils aux jeunes mères qui s’inquiètent auprès d’elle de divers soucis. Toutefois, elle n’a pas d’autre membre de sa famille sur le terrain. La peine d’Alexandru n’est pas longue, et Lina anticipe beaucoup son retour. À 31 ans, elle a quelques années de plus que lui, qui n’en a que 28, ce qu’elle m’explique apprécier beaucoup. Pendant ce séjour à la prison, elle est très impliquée dans le bon déroulement de l’incarcération : elle se soucie de lui rendre visite, de lui faire parvenir de l’argent, et de lui déposer des affaires et du linge. Elle est installée sur le bidonville depuis janvier 2018, mais elle le quitte pour le bidonville des Buissons au cours de l’été, puisque ce nouveau terrain bénéficie d’une attitude favorable de la mairie et d’un accompagnement associatif plus important. Elle s’installe sur ce bidonville avec Alexandru, qui est sorti de prison, et avec qui elle entame des démarches administratives (demande de domiciliation, démarches de scolarisation des enfants).

140 2.1 Entrer dans l’univers carcéral

L’incarcération d’un conjoint plonge les femmes dans un nouvel univers : il va falloir comprendre les rouages du système si elles veulent rester en contact avec leur compagnon. Dans des conversations de groupe, les femmes échangent les informations qu’elles possèdent, en particulier les noms des prisons, et les villes où elles sont installées. La carte mentale de l’Ile-de-France s’agrandit pour ces femmes qui y ajoutent Fresnes, Fleury-Mérogis, ou encore Bois-d’Arcy. Il y a aussi du vocabulaire à apprendre : prison, maison d’arrêt, service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), permis de visite, numéro d’écrou.

Lors d’une visite au le bidonville des Buissons en mai, je note :

Quand j’arrive, plusieurs personnes profitent de l’immobilité de notre petit groupe pour venir poser des questions. Alina filtre qui parle en premier. D’abord elle donne la parole à une femme qui pose des questions sur son mari en prison à Fleury, et la possibilité d’un parloir. Suzanne sort son carnet pour retrouver les informations, et noter ce que la femme propose en plus. Deux autres femmes veulent parler, et dans la conversation Suzanne et Etienne décrivent rapidement différentes prisons : à Fleury ils sont rapides, Dijon plus sympa… plus sympa que la prison en Normandie où est Adrian, rigole Etienne. Suzanne partage ces informations avec les femmes, et note aussi les instructions utiles sur un morceau de papier. Pour la deuxième femme, la situation est plus compliquée, car elle ne sait pas dans quelle prison est son mari. Suzanne a appelé le tribunal, qui a indiqué Fresnes, mais à Fresnes on dit qu’il est reparti ailleurs, sans précision. Le numéro d’écrou n’est plus le bon. Comment alors le retrouver ? La femme explique qu’elle est prête à faire le tour des prisons, mais elle est frustrée. Alina pense que cela n’est pas une bonne idée, mais cet avis agace cette femme, qui dit qu’on la prend pour une imbécile. Elle repart du groupe sans que nous décidions ensemble du meilleur moyen de retrouver son mari.

Les incarcérations arrivent parfois par surprise, et les femmes ne savent pas pourquoi elles ont lieu, ni pour combien de temps. Les téléphones portables aux forfaits qui se rechargent progressivement font souvent défaut pour communiquer de manière fluide sur ce qui se passe, surtout dans le cadre d’une arrestation qui est suivie d’une comparution immédiate au tribunal.

La première fois que Lina me parle d’Alexandru, elle sait juste qu’il est en prison, mais elle ne peut pas dire de combien de temps sera sa peine. Après avoir appelé une première fois la prison pour obtenir le numéro d’écrou, elle sollicite de l’aide pour appeler à nouveau et obtenir plus de précisions. Nous apprenons qu’Alexandru a une peine courte (moins de trois mois), et

141

l’interlocutrice de la maison d’arrêt explique ce que Lina peut apporter lors de ses futures visites, comme du linge, ainsi que la possibilité de faire parvenir de l’argent.

On répète « SPIP » à l’infini dans ces conversations, sans nécessairement savoir à quoi correspond l’acronyme. Les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation sont des services de l’administration pénitentiaire qui s’occupent du contrôle et de suivi des personnes en milieu fermé (ainsi que les personnes sous la main de la justice en milieu ouvert). Suzanne explique simplement à ses interlocutrices que chaque prisonnier aura une personne qui s’occupe de faire le lien avec l’extérieur. Chaque prisonnier dispose d’un numéro d’écrou qui permet de l’identifier. C’est ainsi qu’il est possible de distinguer les femmes qui ont déjà un certain niveau de connaissance : elles viendront voir Suzanne en parlant avec facilité du SPIP, et elles ont déjà avec elle le numéro d’écrou de leur conjoint. Elles peuvent expliquer à d’autres femmes comment obtenir ce numéro d’écrou, ce qu’il représente, et quelles informations il faut préparer pour ce faire.

Organiser les visites

Lorsque les premières semaines passent après l’incarcération, et que les femmes connaissent mieux les détails de l’incarcération, et le fonctionnement de la prison, un système peut se mettre en place. L’obtention du permis de visite est souvent la prochaine étape. Les femmes transmettent les informations nécessaires, et reçoivent les autorisations obligatoires pour rendre visite à leurs conjoints. La communication peut s’organiser, et le calendrier des visites aussi. Pour le permis de visite, il faut remplir un formulaire, mais il faut surtout l’accompagner de photos d’identité, d’une enveloppe affranchie avec une adresse de retour, une photocopie de sa pièce d’identité et un document qui prouve le lien familial avec la personne détenue. Pour les femmes qui n’ont pas de domiciliation, et donc ne savent pas quelle adresse indiquer sur le formulaire, le soutien associatif est ici crucial. Il faut trouver une personne qui accepte de partager son adresse et de transmettre le permis une fois obtenu. Au bidonville des Chênes, c’est sans surprise Suzanne qui joue ce rôle. Quelques semaines après le début de mon enquête, je croise Lina qui me demande l’adresse de la maison d’arrêt de Bois d’Arcy, où elle souhaite aller prochainement. Suzanne lui explique qu’il faut attendre la réponse pour le permis de visite. Lina a peiné pendant les démarches pour le permis, surtout pour trouver le temps (et les ressources) pour faire les photos d’identité. Ce temps d’attente supplémentaire semble très long. Plus tard, Suzanne m’avoue qu’elle est inquiète de savoir si ce permis pourrait être refusé

142

à Lina du fait de son concubinage avec Alexandru. Dans une conversation que j’observe avec Etienne, il lui rappelle que d’autres femmes du bidonville des Chênes ont reçu leur permis alors qu’elles ne sont « que » en concubinage. Sur cet aspect, l’administration pénitentiaire n’oppose pas de différence entre des modalités de mise en couple hétérosexuel, du moins pour ces familles vivant en bidonville. Par contre, pour les femmes, ce permis de visite est une marque forte de légitimité : Florentina se plaint à un moment de la jalousie qu’elle peut ressentir envers son conjoint qui entretient des relations avec d’autres femmes. Je remarque que malgré cette jalousie, ou énervement, Florentina continue à lui rendre visite. Oui, m’explique-t-elle, parce que c’est elle qui a le droit au parloir. À l’inverse, Tania ne rend pas visite au père de Nicu en prison, et on lui en fait la remarque dans le bidonville. Mais elle se protège de ces remarques en insistant qu’elle doit s’occuper de Nicu, ce qui est un argument qui fonctionne bien, puisque c’est un très jeune bébé souvent malade.

Portrait 4 : Florentina

Florentina a 20 ans. Mariée avec Cosmin depuis quelques années, quand je la rencontre, elle vit sur le bidonville depuis l’expulsion d’un autre bidonville à Porte de la Chapelle, pendant l’hiver 2017. Ils n’ont pas d’enfant. Florentina m’explique que son mari est souvent en prison. Cette fois, c’est la prison de Meaux, mais elle sait nommer beaucoup d’autres prisons en Ile-de-France, du fait des nombreuses expériences d’incarcération.Sur le terrain, elle est entourée de membres de la famille de Cosmin, notamment son grand frère, qui vit avec sa femme et ses enfants. Ils reçoivent aussi souvent la visite d’autres frères, qui vivent dans des villes voisines, en majorité dans des bidonvilles ou des squats. Au quotidien, elle survit grâce aux efforts collectifs des membres de la famille de Cosmin, efforts auxquels elle participe. Même si Florentina n’est pas seule, elle semble isolée selon Suzanne et Etienne, puisqu’elle n’est pas avec son conjoint, et qu’elle n’a pas d’enfant. Elle parle bien français, elle exprime auprès des bénévoles l’envie d’être aidée pour une recherche d’emploi. Suzanne et Etienne entament alors des démarches pour l’aider à trouver du travail. Suzanne souhaite que Florentina participe à des sessions de recrutement pour des emplois de service.

Au retour de Cosmin, Florentina cesse de s’investir dans les conversations animées par Suzanne autour de l’emploi, et elle ne rendra pas aux sessions collectives de recrutement. Le couple déménage sur le bidonville Eau en même temps que le frère de Cosmin. Toutefois, ils n’apparaissent pas dans les familles qui entament des démarches administratives sur ce nouveau terrain. Malgré ma présence sur ce terrain, je perds progressivement le contact avec Florentina après son déménagement. J’apprends que son mari est retourné en prison, et qu’elle continue à être aidée au quotidien par son beau-frère.

143

Les visites aux prisons et maisons d’arrêt ouvrent un espace de la mobilité à ces femmes, qui font le plus souvent le voyage seules. Par bus, train, RER, elles se rendent à ces destinations lointaines qui sont au minimum à 1h30 de voyage depuis le bidonville des Chênes. Lorsque Lina va à Bois d’Arcy pour la première fois, je passe du temps avec elle en amont pour revoir les instructions pour se déplacer entre le bidonville et la maison d’arrêt. Nous révisons toutes les étapes dans les transports en commun, puis les procédures une fois sur place. Par la suite, elle saura y aller sans aide, voire elle pourra expliquer à d’autres comment y aller. Pour Florentina, dont le mari a déjà été en prison, il est possible de se vanter de bien savoir comment se rendre dans les différentes prisons d’Ile-de-France. Elle se renseigne auprès des bénévoles au sujet des grèves, et prépare soigneusement ses visites. Alina est ici confrontée à la difficulté pour visiter Iulian, qui est en prison en dehors de l’Ile-de-France. Le trajet vers la Normandie est plus compliqué, et plus coûteux. Elle m’explique qu’il lui reproche de ne pas venir plus souvent, et de ne pas venir avec les enfants. Mais les billets coûtent cher, et Alina trouve que d’avoir pu y aller une fois a été un effort très important. Elle se décide pour une seconde visite après quelques semaines, et c’est au cours du trajet retour qu’elle reçoit une amende, car elle voyage sans billet. Après cet incident, elle ne retourne plus lui rendre visite en personne.

Participer aux efforts de la défense

Puisque les peines varient, les suivis aussi : pour Alina ou Florentina, dont les maris ont des peines plus longues, il s’avère rapidement utile d’avoir le contact d’un·e avocat·e. En prison, leurs conjoints reçoivent parfois des courriers qu’ils peinent à déchiffrer, et qu’ils transmettent alors à leurs femmes. Ainsi, c’est par un courrier transmis à Alina, et ensuite confié à Suzanne, que Iulian apprend qu’il a reçu un allongement de peine. Florentina oriente plutôt ces démarches vers la famille de son mari, en particulier son beau-frère. Autant elle accepte d’aller le voir au parloir, autant elle ne va pas plus loin dans les démarches. À l’inverse, Alina est très investie, et parle souvent au téléphone avec l’avocate de Iulian. Cette avocate accepte l’aide juridictionnelle, et vit en Seine-Saint-Denis : c’est une personne en qui Alina a confiance.

Pendant l’été, Alina apprend que Iulian a reçu un document signalant son obligation de quitter le territoire français, OQTF96, et que le délai de recours est dépassé. La raison de son

96 L’OQTF, ou Obligation de quitter le territoire français, est une mesure administrative d’éloignement des étrangers, prévue par l’article L. 511-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).

144

incarcération fournit un motif pour expulser hors du territoire français. Lorsqu’Alina me parle de ce nouvel obstacle à leur réunion, elle a déjà pris rendez-vous avec l’avocate pour fournir les pièces d’un éventuel recours déposé tardivement. L’avocate a expliqué que si Iulian était effectivement expulsé, la situation serait critique pour cette famille, puisque l’OQTF était accompagné d’une interdiction de territoire pendant trois ans. Sous pression, Iulian sollicite beaucoup Alina pour qu’elle active son réseau afin de l’aider.

Mettre en place un circuit pour l’argent

Les habitant·es du bidonville font face à un obstacle de taille pour faire parvenir de l’argent à leur conjoint en prison. Cet argent doit parvenir à l’institution pénitentiaire par virement, ce qui nécessite un compte bancaire. Sans compte bancaire, il est impossible de faire le virement sur le compte bancaire indiqué par la responsable du SPIP. Or, l’ouverture d’un compte bancaire pour les habitant·es de bidonvilles est compliquée. Selon le droit, toute personne physique résidant en France a droit à l’ouverture d’un compte dans un établissement bancaire. Toutefois, dès 2013, des rapports de Romeurope signalent des occurrences de refus d’ouverture de compte par différentes banques.

« Les familles en bidonvilles font face à des refus de banques de leur ouvrir un compte prétextant des arguments illégaux : la carte d’identité roumaine n’est pas reconnue ou d’autres établissements bancaires invoquent l’impossibilité de demandeurs de justifier leurs revenus. La question de la domiciliation administrative, nécessaire afin d’ouvrir un compte en banque, est également régulièrement invoquée par les établissements bancaires pour refuser l’ouverture de compte en banque. » (Rapport Romeurope 2013, p.30)

La carte d’identité roumaine n’est pas signée, à la différence d’une carte d’identité française. Certaines banques refusent l’ouverture au motif de l’absence de signature. Pourtant, une recommandation du Défenseur des Droits n°MLD/2013-10 du 28 février 2013 rappelle que les cartes d’identité́ roumaines sont des documents reconnus par l’Union Européenne et valables pour ouvrir un compte. Il existe des comptes dont les conditions d’ouverture sont plus flexibles, comme le compte Nickel ou le compte C-Zam. Ce sont des services payants, sans conditions de ressources, qui permettent de déposer ou retirer de l’argent en espèces. Sur le bidonville des Chênes, Suzanne et Etienne accompagnent parfois des personnes pour l’ouverture d’un compte, en estimant que leur présence servira pour limiter les risques de discrimination au guichet. Ils ont identifié une agence d’une banque en particulier où ils pensent que les démarches sont plus faciles. Malgré ces quelques accompagnements, beaucoup

145

d’habitant·es du bidonville des Chênes n’ont pas de compte bancaire (ou alors un service qui ne permet pas les virements).

En l’absence de possibilité de virement, mais avec la nécessité de trouver un moyen de faire parvenir de l’argent aux conjoints, un circuit alternatif se met en place. Sur ce bidonville, comme j’ai pu l’évoquer plus haut, Suzanne joue un rôle très particulier. Les femmes lui font confiance sur ces sujets, et abordent avec elle l’obstacle de comment faire circuler de l’argent.

Pour Alina, qui est celle qui ose le plus facilement poser ces questions, Suzanne accepte de prendre de l’argent en liquide lors de ses visites sur le terrain, et ensuite faire le virement depuis son propre compte. À partir de là, la nouvelle se propage vite : à chaque visite, Suzanne reçoit de l’argent, toujours confié par des femmes pour des hommes, le plus souvent des conjoints, parfois des frères ou un fils. Les sommes varient, allant de 30 euros à plus de 200 euros.

Ce système demande à Suzanne de tenir des comptes très précis, et la fait parfois quitter le bidonville avec des sommes importantes sur sa personne. Progressivement, elle m’explique se sentir dépassée par ce système. Tout en restant critique des obstacles qui rendent difficile la circulation de l’argent entre les femmes vivant dans les bidonvilles et les hommes en prison, elle commence à refuser de jouer l’intermédiaire. Toutefois, pendant un temps, les femmes avaient fait travailler leur capital relationnel pour mettre au point un circuit alternatif permettant de remplir leurs obligations auprès des hommes en prison, prenant appui sur les liens noués avec Suzanne dans un contexte où l’accès au compte bancaire est compliqué.

2.2 Contrôle et rôle de l’entourage

Sur le terrain, le plus souvent, je constate que l’incarcération n’est pas évoquée explicitement, voire qu’elle est cachée : on dira que telle ou telle personne est malade, ou repartie en Roumanie. C’est après une présence régulière de plusieurs mois que je vais

Sur le terrain, le plus souvent, je constate que l’incarcération n’est pas évoquée explicitement, voire qu’elle est cachée : on dira que telle ou telle personne est malade, ou repartie en Roumanie. C’est après une présence régulière de plusieurs mois que je vais