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INONDATIONS SUR LES POPULATIONS ET LE MILIEU NATUREL

SECTION 2 : LA GRANDE SECHERESSE : CAUSE DE LA DESARTICULATION DES CAMPAGNES

1. Les sécheresses récurrentes au Sénégal

1.2. La ruralisation urbaine

Le terme de ruralisation urbaine, désignant un espace de transition, concerne les nouvelles formes d’implantation du bâti tantôt pour décrire les tendances récentes à l’étalement urbain dans l’espace rural ou encore à la redistribution de la population venue des zones rurales plus éloignées. La périurbanisation donne naissance à la banlieue autour de l’agglomération urbaine ou à la banlieue au sein de la région urbaine. A l’origine, communes à part, ces espaces subissent des transformations majeures au niveau de leur structure foncière afin de répondre à une logique de fonctionnalité urbaine, créant néanmoins un type d’espace nouveau. La ruralisation urbaine est un processus de transformations spatiales liées au desserrement des fonctions urbaines. Les espaces périurbains accueillent avant tout la fonction d’habitat alors que les activités restent concentrées dans les agglomérations. En conséquence, la périurbanisation désigne la formation de villes dortoirs. Cet exode fut facilité par l’accroissement de la mobilité des hommes, des marchandises et des idées générant, ainsi, un déséquilibre spatial. Depuis les années 1960, la périurbanisation est l’une des évolutions géographiques remarquables. Ce phénomène a connu donc, un rythme effréné. Cabanne définit la périurbanisation comme un :

« espace situé à la périphérie d’une ville et de sa banlieue et qui est le lieu de transformations profondes sur les plans démographique, économique, social, politique et culturel. Le déversement d’un nombre important de citadins qui viennent habiter dans les communes

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rurales, tout en continuant à travailler en ville, se traduit dans le paysage par une modification au niveau de l’habitat, de la voirie, des équipements (…). L’analyse de l’espace périurbain est très complexe à mener dans la mesure où il se situe aux franges de deux espaces eux-mêmes dynamiques et dans la mesure où les formes de périurbanisation varient…».

Dans les mots de la géographie, R.Brunet et al. 1997 stipulent que :

«….Le périurbain…est tout ce qui est autour de la ville, et en réalité fait partie de la ville par les activités et les modes de vie des habitants…(il) comprend tout l’espace d’urbanisation nouvelle par lotissements et constructions individuelles, même au prix du mitage…le terme est souvent synonyme de banlieue, espace majeur des navettes, l’emploi de ses habitants étant fourni essentiellement par l’agglomération urbaine ».

Ces définitions ne permettent pas de cerner les limites du phénomène, car ce dernier est mouvant dans le temps et dans l’espace. Une certaine continuité de peuplement existe. Au lieu de périurbanisation, certains parlent de rurbanisation ou d’urbanisation de l’espace rural, dans le sens où la ville envahit et transforme la campagne environnante. Cet étalement périurbain a des coûts importants pour les usagers à savoir : acheminement des services (eau, gaz, électricité, téléphone), routes, épuration des eaux usées. Quant aux processus d’urbanisation, les changements des échelles et des limites géographiques, dans les villes, au cours du demi-siècle passé, sont les plus déterminants (les frontières spatiales entre l’urbain et le rural, l’occupation du sol, sans oublier l’accumulation de personnes et de richesses).

Au Sénégal comme partout en Afrique, la périurbanisation naquit de l’attrait de la population rurale vers la capitale et pas d’une logique de fuite du centre-ville. Ainsi, la forme et le sens de l’espace périurbain sont différents. Dans les pays en voie de développement, notamment en Afrique, la densification de la population s’est effectuée en un temps record sur quelques années et de façon non structurée. Au contraire, dans les pays développés, ce processus s’est étalé, sur des siècles. L’urbanisation rapide des pays africains a commencé à se manifester depuis les années 1950, comme en témoigne la carte du processus d’urbanisation de Dakar (cf. cartes 7, 8,9).

Le taux d’accroissement de la population urbaine en Afrique occidentale passe de 5,77 % en 1955 à 4,54 % en 2000 alors que les pays développés enregistrent 0,5% en 2000). Cette

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période correspond à la naissance, mais surtout à l’expansion, des grandes villes situées sur les zones littorales. Cette situation est née de la concentration dans les centres urbains des services administratifs, des entreprises et des marchés. Elle a entraîné d'importants flux migratoires et a abouti à une macrocéphalie du tissu urbain. Le phénomène urbain est, en Afrique, à la fois massif et irréversible et la croissance urbaine démesurée. En Europe, plusieurs notions y sont associées tels le front avancé d’urbanisation, les nouvelles formes d’habitats, une ex-urbanisation des activités, une dé-densification de la ville, une frange urbaine alors qu’en occurrence la périurbanisation, dans les pays sous-développés, apparaît comme un phénomène de désengorgement de la capitale avec une extension spatiale, à la périphérie des grandes villes. Cette périurbanisation s’est effectuée invariablement au détriment des espaces sensibles ou sur des zones non aedificandi avec « l’aide » de l’assèchement climatique des années 1970. La forte croissance urbaine, dans les zones côtières, des pays en voie de développement a entraîné la création de très grandes agglomérations comme Lagos, Accra, Abidjan, etc. Et ces villes sont situées à proximité des zones humides côtières qui sont assez dégradées par la pollution et l’eutrophisation (CRDI, 1996).

Au Sénégal, un déséquilibre existe entre Dakar qui se modernise et les villes de l’intérieur déclinantes. En 1980, sur les 270 entreprises industrielles du pays, 242 sont installées dans la région de Dakar soit 90% du tissu industriel. L’agglomération regroupait aussi 20% de la population du pays. Entre 1970 et 1988 la population est passée de 724 462 à 1 488 941. En 2015, la capitale concentrait 94% des entreprises industrielles commerciales nationales. En 2014, 54% de la population urbaine vivait à Dakar (DPS, 2014). Avec un taux de croissance annuel de 4%, la demande foncière est devenue insoutenable : 100 000 nouveaux arrivants chaque année, soit une demande 10 000 nouvelles parcelles (PASDUNE, 2002). Selon Ndong (1990), « 74,6 ha en moyenne sont conquis chaque année par l'urbanisation entre 1973 et 1980 ». Ce fait entraîne l'augmentation des constructions par les sociétés immobilières, de l’auto construction à Pikine et le développement de l’habitat irrégulier. Il y a aussi la construction des infrastructures nées de la demande sociale telles que les écoles, les réseaux d'adduction d'eau, les hôpitaux, les marchés, les stations d'épuration des eaux et les routes. Mais aussi d’autres infrastructures comme le futur technopôle à Pikine. Et, par contre, que dire de Dakar que la carte d’urbanisation de 1953 montre comme une grosse bourgade au bout de la péninsule du Cap-Vert, et qui est devenue une agglomération au moins vingt fois plus

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grande, alors que les voies de communication avec l’espace environnant ne se sont nullement développées (cf. figure 6,7,8,9,10).

La population de Dakar est passée de moins de 135 000 habitants en 1945 à plus de 3 500 000 habitants en 2013 (cf. figure 6,7,8,9,10). Avec un taux d’urbanisation estimé à près de 41% en 2005 (alors il était de 35% en 1980), le Sénégal fait partie des pays les plus urbanisés en Afrique. Depuis longtemps, la population était plutôt concentrée sur la façade atlantique, mais l'exode rural a accru l’inégalité de cette répartition. Désormais un Sénégalais sur quatre vit dans la presqu'île du Cap-Vert et la capitale est au bord de l’asphyxie. La course effrénée aux espaces menace, donc, les Niayes et pose aussi le problème des normes urbanistiques et du cadre de vie. Il convient, dès lors, de s'interroger d’abord sur l’évolution de cet écosystème, ensuite sur les facteurs de changement et enfin sur les problèmes qui sont associés aux changements d’occupation dans les Niayes de la région de Dakar.

SECTION 3 : LA CROISSANCE URBAINE, CONSÉQUENCE DE LA