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Enjeux et contraintes des mesures infrastructurelles

DEUXIEME PARTIE : UN ETAT IMPUISSANT FACE AUX INONDATIONS

SECTION 2 : LA GESTION DES INONDATIONS PAR LES COMMUNAUTÉS COMMUNAUTÉS

1. Mesures infrastructurelles pour maîtriser les inondations

1.1 Enjeux et contraintes des mesures infrastructurelles

La protection de la zone périurbaine de Dakar contre les inondations est une opération très lourde en raison des nombreuses difficultés liées à son contexte physique et urbain. La zone est caractérisée par une nappe affleurante et une faible déclivité. Le tissu urbain y est irrégulier et la voirie insuffisante et peu organisée. L’expansion de l’habitat anarchique a

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occupé des dépressions naturelles et certaines infrastructures routières entravent l’écoulement normal des eaux pluviales.

Carte 21 : Le Réseau de drainage

La réponse infrastructurelle nécessite des investissements lourds, car il y a une interdépendance fonctionnelle des différentes natures d’ouvrages. On ne peut assurer le drainage des eaux pluviales sans l’assainissement des eaux usées, sinon des raccordements clandestins d’eaux usées seront effectués sur les drains. En outre, l’absence d’assainissement des eaux usées dans les zones périurbaines de Dakar contribue à la recharge de la nappe ce qui aggrave la vulnérabilité aux inondations. Enfin, on accorde souvent la priorité à l’assainissement des eaux usées en raison des implications sanitaires et environnementales. De même, le réseau de drainage des eaux pluviales est indissociable de la voirie qu'il draine

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(cf carte 21). Il ne peut fonctionner s’il n’y a pas de voirie et inversement, la voirie ne peut être réalisée sans le drainage. Enfin, le drainage est assuré par une chaîne d’ouvrages (primaire, secondaire et tertiaire) qui doit assurer la continuité de l’écoulement jusqu’à l’exutoire. Toute planification de l’infrastructure doit respecter cet enchaînement (ADM, 2012).

La zone périurbaine de Dakar doit donc faire l’objet d’une opération globale de restructuration urbaine avec ouverture des voies et une desserte en Voiries et Réseaux Divers (VRD) telle que celle planifiée pour Pikine Irrégulier Sud. Cependant, il faut noter la complexité de toute intervention de restructuration. Au niveau du foncier trois régimes de propriété sont possibles (les terrains du Domaine public, les terrains immatriculés au nom de l’Etat et les terrains privés, et certains revendiqués par des chefs coutumiers) avec une diversité des statuts d’occupation du sol (d’un simple droit d’habiter, donné par les maires, jusqu’au titre foncier). Cette opération d’envergure doit s’insérer dans un processus de planification urbaine à long terme de la région de Dakar et nécessitera la mobilisation de financements importants (ADM, 2012).

La protection que peut apporter l’infrastructure n’est pas absolue et le risque zéro dans ce domaine est une utopie. Il est donc important de statuer sur le niveau de risque qu’on pourrait considérer comme acceptable dans le contexte sénégalais. Ce niveau résulte généralement de l’optimisation entre les coûts des ouvrages de protection (investissement et exploitation) et le coût capitalisé des dommages et pertes évités. Mais cet exercice se heurte souvent à l’absence de données fiables sur les dommages et les pertes que la présente évaluation contribue à combler.

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P 1 « : les chapelets de la communique à travers la nappe. Le fait de pomper un bassin revient à vouloir pomper la nappe, ce qui est impossible ».

P 17 « Mais l’état ne joue pas le jeu, il s’inscrit dans une dynamique d’approfondissement du problème et non de la solution. Les bassins bétonnés ne sont pas des solutions, et à un moment ils ne peuvent plus contenir l’eau ».

P 19 : « Moi j’habite Malika qui est aussi menacée par l’avancée de la mer à cause de la longue exploitation du sable à des fins de construction. Aujourd’hui, on pompe l’eau vers la mer, cela pose un autre problème. En deux ans la mer de Malika a avancé deux fois plus que cela n’était prévu ».

« P 10 : (…) Il faut donc du drainage par système gravitaire, mais dans les bas-fonds, il faut nécessairement pomper avec des motopompes ».

P 10 « je ne suis pas d’accord pour les tuyaux. On vous a montré un caniveau aux alentours, qui a fait que beaucoup de problèmes sont évités. Quand il pleut, la nappe monte, mais on voit qu’en quelques minutes, l’eau diminue en une heure.

L’évaluation des risques d’inondations est un exercice complexe qui aboutit à des arbitrages difficiles à faire entre précision et pragmatisme. En effet, un tel exercice est souvent entaché d’incertitudes importantes liées notamment :

ü À la qualité et à l’insuffisance des données hydrologiques ainsi qu’au contexte actuel de variabilité climatique ; 


ü Aux modèles de simulations permettant de transformer la pluie en débit (écoulement) ; ü À l’imprécision des données sur la vulnérabilité (aménagement du territoire et

urbanisation, 
Valeurs des biens exposés, etc.) ; 


ü À la difficulté à estimer les dommages environnementaux et sociaux. 


Dans la pratique, le choix de la période de retour (crue décennale, de 25 ans, etc.) a des répercussions financières importantes. Il est fréquent de constater un dimensionnement des ouvrages primaires pour une fréquence décennale ou de 20 ans selon l’importance socioéconomique de la zone et les ressources disponibles ou mobilisables. En tout état de cause, la détermination du niveau de risque acceptable devrait être un exercice découlant

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d’une large concertation et empreint de beaucoup de réalisme. Une fois le niveau de protection fixé, il s’agit de documenter les incertitudes et de communiquer et informer sur les risques résiduels ainsi que sur la façon de les gérer (ADM, 2012).

Enfin, fixer des niveaux de risque très élevés sans avoir les ressources pour entretenir les ouvrages correspondants conduit à une situation de fausse sécurité et serait un non-sens économique. L’entretien concerne notamment l’évacuation du sable et des ordures ménagères qui sont jetés dans les canaux de drainage par les populations riveraines qui n’ont souvent pas d’autres choix, faute d’un système de ramassage d’ordures efficace dans les banlieues. Dans le contexte sénégalais, il n’existe pas de système pérenne de financement des charges d’exploitation pour les ouvrages d’eaux pluviales. L’ONAS ne reçoit pas de dotations régulières pour cette activité et les collectivités locales n’ont pas les ressources financières pour y faire face (ONAS, 2010).