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INONDATIONS SUR LES POPULATIONS ET LE MILIEU NATUREL

SECTION 1 : L'EVOLUTION DU CLIMAT

2. Les unités climatiques

Le Sénégal est marqué par des unités climatiques basées sur le régime des précipitations et de la succession des saisons. Dans les climats tropicaux, les amplitudes thermiques s'accroissent et le total des précipitations diminue au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'équateur. L'alternance entre saison sèche et saison humide est la règle. En raison de la forme massive du continent, l'influence de la latitude est prépondérante dans l'hémisphère nord, où les différentes zones tropicales se succèdent en bandes parallèles à l'équateur. On note cependant

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la présence des reliefs à Dakar et dans le sud-est, qui perturbent localement cette répartition en constituant des barrières à la pénétration des flux de mousson. On distingue trois unités climatiques sur notre zone d'étude (jeune Afrique, 1993) :

- Le climat sahélien marque la transition vers le climat désertique. Les pluies sont de plus en plus rares (de 500-250 à 250-300 mm/an) et ne tombent que pendant trois à cinq mois (juin à octobre, avec un maximum centré sur juillet/août). Il faut remarquer que les pluies sont très irrégulières dans le temps et dans l'espace. Ce type de climat apparaît sur la partie septentrionale de notre zone d'étude, du Sénégal au Soudan. Monsieur Badiane M. un ancien de Yeumbeul explique :

P 2: « Autrefois, les pluies étaient plus espacées. De nos jours elles sont concentrées et en un seul jour il arrive qu’on reçoive 100 mm de pluies ».

- Le climat nord-soudanien, la saison sèche s'allonge au fur et à mesure que l'on s'approche du tropique. La sécheresse est accentuée par l'harmattan, vent chaud qui souffle du nord-est vers l'Atlantique. La saison humide, appelée hivernage, se situe entre juin et octobre. Les précipitations annuelles vont de à 500-1000 mm et couvrent la moitié sud du Sénégal ;

- Le climat sud-soudanien concerne la zone sud du pays et couvre les isohyètes 1000 à 1500 mm. Les hivernages sont pluvieux et vont de mai à octobre. La végétation est marquée par une forêt peu dense au sud et une savane plus au nord (cf. figure 3).

Figure 3 : Les Zones climatiques au Sénégal

71 2.1. Le Sahel

Les limites géographiques du Sahel sont floues. Les principales définitions de ses contours géographiques tiennent comptent de l'un ou de l'autre des critères suivants : le critère écologique, et le critère politique (Bernus et al., 1993). En effet, du point de vue écologique, le Sahel renvoie à une région encadrée au nord par les isohyètes (100 mm, 150 mm ou 200 mm) et au sud par les isohyètes 500 mm ou 700 mm ou même plus (Bernus et al., 1993 ; CEDEAO et CSAO/OCDE, 2006a). D'ouest en est, il s'étend de l'Atlantique à la Mer rouge ; cependant, sa limite orientale est parfois fixée à la frontière est du Tchad. Le Sahel écologique est bien différent du Sahel politique. Le Sahel politique regroupe, à travers le CILSS9, neuf pays que sont le Burkina, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, et le Tchad (CEDEAO et CSAO/QCDE, 2006a). La délimitation du Sahel politique pose problème, car, certains pays ou zones dits sahéliens tels que la Gambie la Guinée Bissau, et les régions méridionales du Sénégal, du Mali, du Burkina, et du Tchad n'en font pas partie (Bernus et al., 1993).

Même si géographiquement il est difficile d’établir de façon claire les frontières du Sahel, une unanimité est quand même faite autour de certains traits marquants : climat aléatoire, stabilité géologique, sols et végétation fragiles en proie à une dégradation, économie faible, forte croissance démographique, populations composées de cultivateurs, d'éleveurs et de producteurs forestiers entre autres (Bernus al., 1993 ; CILSS, 2005a). En outre, « la plupart, des États du Sahel partagent, outre une même religion, l'islam, une histoire commune au sens où ils ont été les lieux d'émergence de formations étatiques fort anciennes : Wagadou ou Ghana, Mali, Mossi, Songhay, Kanem-Bornou, où le phénomène urbain a parfois éclos au même moment qu'en Europe » (Bernus et al., 1993 : 307)

Le Sénégal a toujours été au cœur des dynamiques géopolitiques historiques de la région sahélienne. Depuis le XIIIe siècle, la région a été intégrée à l'empire du Mali qui avait l'essentiel de son territoire dans le Sahel actuel. Les premières populations, les Mandingues puis les Peuls, qui ont colonisé la région sont venus du Sahel. Puis, avec le déclin de cet empire, le centre a connu la même dynamique que les autres parties du Sahel. On assiste, en effet, à la recomposition politico-territoriale dans la région.

72 2.2. La Mousson ouest-africaine

La Mousson de l’Afrique de l’Ouest est particulièrement marquée par un climat très contrasté. En effet, la terre reçoit beaucoup plus d’énergie solaire au niveau de l’équateur qu’au niveau des pôles, alors que l’émission d’énergie est du même ordre de grandeur pour chaque latitude. Ce déséquilibre radiatif est à l’origine d’une partie de la circulation atmosphérique globale, qui tend à redistribuer l’excédent d’énergie de la bande inter-tropicale vers les zones déficitaires situées au niveau des pôles et des latitudes moyennes.

L’Afrique de l’Ouest est bornée au sud par le golfe de Guinée (autour de 5◦N) et au Nord par le Sahara. Durant l’hiver boréal, le maximum d’ensoleillement se trouve dans l’hémisphère sud, la Zone de Convergence intertropicale (ZCIT) est alors située au niveau de l’équateur météorologique vers 5◦ S. A cette période de l’année, l’harmattan (alizés de l’hémisphère Nord) qui est un vent sec et chaud provenant du Sahara souffle du Nord-Est vers le sud-ouest sur l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest. Pendant le printemps boréal, la ZCIT s’installe sur le continent en suivant le maximum d’insolation. Le flux de mousson d’alizés de l’hémisphère sud qui est chargé d’humidité provenant de l’océan Atlantique va alors pénétrer à l’intérieur des terres. Durant l’été boréal, la limite nord de la ZCIT est au-delà de 10◦N (Sultan & Janicot, 2003; Lebel & Ali, 2009). Il y a alors un fort contraste thermique entre l’océan et le continent surchauffé, créant de très forts gradients de température et d’énergie. La dépression thermique saharienne également appelée “heat low” (Lavaysse et al., 2009) causée par de la convection sèche vient renforcer le flux de mousson.

Parmi les grands systèmes de mousson (Asiatique, Amérique du Sud), la mousson ouest-africaine partage avec la mousson australienne la particularité d’une grande symétrie zonale. Cette symétrie se traduit notamment par un champ d’isohyètes annuelles dont le gradient est Nord-Sud. Cette symétrie zonale provient de l’orientation longitudinale du Golfe de Guinée et des gradients méridiens entre l’Océan Atlantique et le Sahara et de la topographie qui est relativement plate, hormis quelques massifs comme le Fouta-Djalon ou l’Atakora. La longueur de la saison des pluies diminue de huit mois sur la côte guinéenne (de février à octobre) à trois mois (de juillet à septembre) dans le nord du Sahel (Besson, 2009 ; Lafore et al. 2011 ; Nicholson 2013).

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