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Introduction

La croissance induite par les politiques de développement exprimées à travers le Plan triennal et les deux Plans quadriennaux, aboutit à couvrir le squelette de l'économie algérienne de viande, offrant l'exigence d'une étude plus approfondie de certains de ses aspects les plus fondamentaux. L'essor d'une analyse plus fouillée des diverses branches en édification, et de leur fonctionnement s'avérait comme un impératif incontournable.

Grâce à l'apport de la manne pétrolière, un pays nouveau se construisait, marqué par l'essaimage d'un tissu industriel dense, et par l'émergence d'infrastructures et d'équipements collectifs favorisant le développement social.

Mais si l' "or bleu" a impulsé une dynamique de transformation en profondeur de la société, il a été aussi la matrice pour l'éclosion et l'excroissance d'un appareil étatique qui a fini par contrôler toutes les ressources disponibles, les utilisant selon une logique faisant fi du pluralisme économique.

En déifiant l’Etat investi des rôles exclusifs de producteur, commerçant et répartiteur des richesses nationales et en soumettant totalement toute initiative ou décision économique significative à l'accord préalable du pouvoir politique, l’Algérie a volontairement privé tout son système d'organisation économique de la souplesse nécessaire à l'adaptation aux vicissitudes des conjonctures internes et internationales.

En effet, exporter massivement les hydrocarbures pour importer des usines "clés en main" ou "produits en main", ne participe pas réellement à la création d'un système productif cohérent et ouvert. Ce dernier se contentera, tout au long de sa progression, de se nourrir des apports technologiques, scientifiques, culturels voire même politiques des partenaires étrangers les plus avancés.

Ainsi l’Algérie se construisait presque exclusivement grâce à sa rente pétrolière, dans la mesure où toute son économie s'élevait sur cette unique source, alors qu'elle n'en maîtrisait ni l'offre, ni la demande, ni les prix. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette situation était porteuse d'une double contrainte pour toute l'économie. Elle devenait plus fragile avec toute augmentation de cette rente, comme

elle devenait plus sensible à tout choc et à toute baisse des prix, et cela au vu de la faiblesse de ses assises industrielles, du peu de développement de son agriculture et de l'insuffisance de ses activités de service.

Au lendemain de la mort de H. Boumedienne, et s'appuyant sur le bilan de la décennie 70 demandé une année auparavant, les dirigeants algériens commencent à envisager d'autres modalités de politique économique. Un aspect nouveau transparaît déjà. L'insertion dans les échanges internationaux est envisagée comme une des procédures idoines pour un approfondissement de l'expérience écoulée.

Le besoin d'adaptation comme l'impératif des réformes apparaissaient comme deux défis majeurs aux enjeux décisifs pour la poursuite du processus d'édification engagé. Le consensus se fit autour de cette double nécessité chez tous ceux concernés de près ou de loin par la problématique du développement dans le pays.

Dans la mise en place des aménagements structurels arrivés à maturité, il est bénéfique d'éviter la précipitation et d'accorder l'importance voulue aux nécessaires efforts théoriques, en appui sur les postulats propres à la méthode qui fonde l'approche interstructurelle. Cette approche nous apprend que des changements structurels dans un ensemble cohérent, peuvent avoir deux finalités opposées et antagoniques. L'évolution d'une ou plusieurs structures peut s'effectuer à l'intérieur de l'ensemble en restant compatible avec sa logique, contribuant même à la renforcer, comme elle peut déboucher sur la remise en cause de la cohérence interne par l'émergence d'un système autre. L'axe stratégique central qui doit guider toutes ces opérations doit être défini avec netteté afin de fixer le cap générique vers lequel seront canalisées toutes les énergies. La finalité attendue doit être affirmée et assumée dans toutes ses implications.

Néanmoins, la réalité du sous-développement continuait d'exister, maintenant d'actualité l'impérieuse nécessité d'actions coordonnées pour la dépasser. La tâche centrale du pays demeurait celle liée à cette problématique. Mais cette perception demeurait-elle prégnante chez ceux qui sont aux commandes du pays à partir de 1980 ? Et irrigue-t-elle leur imaginaire ? Si oui, quelles solutions alternatives entrevoient-ils pour surmonter les disparités par rapport aux pays développés ? Si non, quelles sont les composantes du projet dont ils sont porteurs et autour de quels fondamentaux théoriques se structurent-il ? A quelles représentations ont-ils

emprunté les concepts et les outils d'analyse pour élaborer leurs solutions et les faire accepter ? Peut-on affirmer, en toute conscience, que le changement d'orientation était objectivement justifié ?

En effet, dans tout pays rationnellement dirigé, toute politique de réorientation, partielle ou d'envergure plus ample, doit être précédée d'un débat pluriel en vue d'identifier les exigences nouvelles. A chaque fois qu'une phase est réalisée dans le cadre de la stratégie de développement retenue, il faut s'arrêter pour apprécier les résultats et se poser les questions à la base de toute démarche scientifique : les schémas théoriques retenus jusque là ont-ils ou non confirmé leur pertinence ? Demeurent-ils adaptés au nouveau contexte né des transformations entreprises ? Les outils de régulations établis gardent-ils leur caractère opératoire ? Sont-ils adaptés aux nouveaux besoins induits par la situation nouvelle créée ?

C'est une fois les réponses élaborées et fixées, qu'il devient possible de s'élever à un niveau supérieur de questionnements : Faut-il établir un nouveau cadre général d'interprétation ? Si oui, à partir de quelles hypothèses et avec quelles catégories analytiques ?

Chapitre 1