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Les facteurs de la politique de développement

LA CONCEPTUALISATION DU DEVELOPPEMENT

2.4. STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT

2.4.2. Les facteurs de la politique de développement

La mise à nu théorique des facteurs propres à la politique de développement retire sa nécessité méthodologique de la possibilité qu'elle offre pour mieux situer et caractériser les résultats enregistrés.

Le premier facteur sera le niveau de développement économique et politique de la société, expression des contradictions existantes et à solutionner. L'Algérie est caractérisée, comme nous le savons, par l'existence de plusieurs structures économiques qui constituent la base objective pour l'apparition de contradictions sociales. Cette situation imposera à la politique économique de répondre certes aux intérêts des classes et couches dominantes, de constituer des réserves pour

affronter tout éventuel désastre économique, et aussi de tenir compte des intérêts de toutes les classes et couches sociales pouvant constituer une opposition, si ce n'est politique, tout au moins économique. Cette politique de développement avancera avec précaution, concédant des compromis ici et là, dans le souci d'éviter toute catastrophe qui pourrait remettre en cause l'avenir du mouvement.

Dans le même sens, une connaissance approfondie des conditions socio-économiques est indispensable pour connaître à quelle étape de son développement se trouve le pays, vu que le caractère des tâches à accomplir en surgit automatiquement. A ce niveau, la confusion permanente entre les deux étapes, celle de caractère national démocratique, et celle de nature socialiste, est porteuse de graves désillusions. La mise en avant de priorités non conformes aux besoins historiquement déterminés favorise le volontarisme et aboutit à des échecs.

Le deuxième facteur important concerne la place du pays dans la division capitaliste international du travail, et les niveaux et degrés de dépendance, tant il a été confirmé qu'ils connaissent des transformations en fonction des difficultés du système capitaliste et des efforts qu'il déploie pour s'y adapter. Cette dépendance gagnerait à être saisie aussi bien pour l'écoulement des produits nationaux que pour l'approvisionnement de produits industriels, alimentaires et technologiques particulièrement.

En relation, il est utile de connaître les perspectives du développement des relations internationales et d'apprécier à sa juste valeur le rôle et les possibilités offertes par les pays du système socialiste mondial.

Le troisième facteur réside dans la nécessité de connaître les ressources existantes et celles potentielles. Les possibilités de la science dans la découverte et l'utilisation des produits de remplacement en matières synthétiques doivent être minutieusement étudiées.

Le quatrième facteur qui retiendra notre attention a trait aux ressources financières. Le financement est la pierre angulaire de toute politique de développement. A ce niveau se posent deux gros problèmes :

Quel rôle est assigné au capital privé local et au financement extérieur ?

Quelle est l'origine des ressources internes? Si ces derniers proviennent exclusivement de la valorisation des ressources naturelles, il faut s'attendre à

des difficultés d'utilisation au moment des crises.

Schématiquement nous pouvons rappeler, à grands traits, les trois types de financement dominants :

Le premier prend appui sur la volonté de réduire rapidement l'appel à l'extérieur pour aboutir à une utilisation des sources exclusivement interne.

Le deuxième ne s'intéresse pas à l'origine des sources de financement, mais tend à développer des secteurs qui ramènent dans l'immédiat le plus de bénéfices, c'est à dire ceux qui offrent le plus de possibilités en devises.

Le troisième type recherche la spécialisation dans l'exportation, et les sources de financement découleront des positions conquises sur les marchés extérieurs.

L'objectif de la politique de développement consistera, dans le cadre des limites imposées par les facteurs ci-dessus, à penser aux meilleurs combinaisons, celles assurant l'optimum, pour lever les contradictions apparues dans la définition de l'objet du développement dans le chapitre précédent.

Nous avons eu à préciser que l'objectif stratégique poursuivi était la réalisation du plein emploi, pour faire du travail "un droit et un devoir". Pour y parvenir, il faut résoudre la contradiction principale : dépendance l indépendance, par l'édification d'un appareil productif national non vulnérable. Cette édification va se heurter à une série de contraintes liées à la nature même du phénomène de reproduction sociale.

La première contrainte sera celle qui naîtra entre l'accumulation et la consommation en relation avec le besoin urgent d'accumulation du revenu national.

La deuxième contrainte naîtra de la rareté des ressources, à toutes les phases du développement et imposera des choix pas toujours faciles à effectuer. La troisième contrainte a trait aux capacités d'organisation pour permettre une absorption sans dommage des équipements et infrastructures importés. La formation des cadres coûte cher et elle est un impératif pour une maîtrise productive de l'appareil de production à installer.

De tout ce qui précède, il ressort qu'une politique de développement rationnelle serait celle qui, s'appuyant sur les contradictions et contraintes soulevées, réaliserait la connexion et l'unité entre les facteurs et les objectifs économiques définis.

subir aux différentes alternatives présentées par le trois textes, des analyses par rapport aux "contraintes et aux objectifs assignés" (1). Nous tâcherons de voir dans quelle mesure chaque proposition ou alternative contribuerait ou non à faire avancer le dépassement de ces contradictions et/ou en créerait d'autres.

Cette démarche est, nous semble-t-il la plus adaptée à la situation d'un pays à économie pluri-structurée et elle se distingue des deux approches traditionnellement utilisées, celle issue de l'Ecole classique et celle apparue au lendemain de la Révolution d'Octobre et qui a connu par la suite une forme de généralisation.

La première s'appuie sur trois hypothèses. A la base il y a l'initiative privée qui fait que l'allocation des ressources s'effectue spontanément. Cette dernière obéit au mobile de la recherche du taux de profit le plus élevé, l'instrument de mesure est représenté par les comptes nationaux. Le marché a un rôle primordial car doté de la fonction de réaliser les équilibres globaux relatifs aux objectifs de croissance fixés. La vérification se fait après coup, ex-post.

La deuxième organise la répartition des ressources en fonction de l'objectif de croissance optimale, qui tend à maximaliser le taux de croissance en fonction de la satisfaction toujours croissante des besoins des travailleurs. La priorité est ici accordée à l'investissement productif qui est à l'origine du revenu national et de la consommation. "Le prolétariat usera de sa suprématie politique ... pour accroître au

plus vite les masses disponibles des forces productives" (2).

Ces deux méthodes sont inadaptées à l'analyse de la situation de l'Algérie, économie pluri-structurée en phase de transition, pour un certain nombre de raisons.

Parmi les plus évidentes

- Beaucoup d'éléments constitutifs de l'état national au sens moderne sont absents ou à l'état embryonnaire.

- L'élément de cohésion sera le marché international et non le marché national en voie de formation.

- La détermination du revenu national s'en trouvera atténuée et elle manque de précision.

1

) Cf cours de Post-graduation. Université de Constantine, donnés par Mr Benhassine et son équipe (1978).

2

- Et dans le domaine de l'investissement, l'apport de l'extérieur est souvent décisif.

Ceci démontre que de quelque côté que nous prenons le problème, nous nous heurtons à un ensemble d'obstacles, compréhensibles quand nous gardons en tête les effets du sous-développement.

A cette situation concrète, il faut une solution concrète, ayant pour ambition de lever les obstacles répertoriés. La méthode tendant à effectuer des tests de contraintes est celle qui présente le plus d'atout et celle qui favorisera le mieux les efforts de caractérisation de cette politique économique de développement.

Définir la méthode est un pas nécessaire mais non suffisant, devant être complété par la clarification des assises théoriques. Toute politique de développement a pour base l'utilisation productive d'une partie du surplus, et nous partageons pleinement les propos de Bettelheim :

"Nous pouvons dire que le surplus économique représente finalement cette fraction du produit annuel de la société que celle-ci est libre d'utiliser selon les fins qu'elle choisit, du moins lorsque ce processus économique est réellement dominé par la planification ... Le surplus économique est disponible. Son utilisation est libre. En ce sens, plus le surplus est important, plus la société est libre de décider de son propre avenir. C'est pourquoi le surplus a un rôle stratégique dans toute politique de développement" (1).

L'importance du rôle de surplus reconnu, il s'agira de saisir le support et le fondement de sa création. L'expérience historique nous enseigne qu'une alternative peut s'offrir à nous. Le financement de l'accumulation à partir de l'agriculture, comme cela s'est fait à l'aube du capitalisme et dans les pays socialistes, isolés économiquement du reste du monde, ou alors le financement à partir de l'industrie, en s'appuyant sur les possibilités qu'offre à un secteur d'Etat la liquidation du capital étranger.

Face à ces deux éventualités, nous nous devons de caractériser la voie algérienne, ou plus exactement de suivre le développement pratique des deux

1

conceptions du développement, celle commune au Programme de Tripoli et à la

Charte d'Alger, et celle propre à la Charte Nationale.

2.4.3. La politique de développement dans le Programme de Tripoli et la Charte