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LE ROLE DE CES ORGANISATIONS DANS LA DYNAMIQUE DE DEVELOPPEMENT URBAIN

LES ACTEURS NON INSTITUTIONNELS DANS LA GOUVERNANCE URBAINE AU CAMEROUN

GOUVERNEMENTAL DANS LA STRUCTURATION DE L’ACTION URBAINE

B- LE ROLE DE CES ORGANISATIONS DANS LA DYNAMIQUE DE DEVELOPPEMENT URBAIN

Devant la croissance de la demande et l’insuffisance de l’offre en matière de fourniture de services sociaux, les sociétés civiles locales s’organisent en marge des structures de la décentralisation formelle et, notamment, des municipalités. On assiste ainsi à une prolifération et à une nouvelle dynamique d’associations se donnant comme objectif de résorber le déficit d’offre de services sociaux123

. La nouvelle vitalité des associations est encouragée par les bailleurs de fonds internationaux124. Les ONG sont sans doute les plus connus parmi ces nouveaux acteurs mais n’en constituent pas les seuls intervenants.

On peut aussi citer les différentes formes d’associations, d’origine traditionnelle ou moderne, réunissant les ressortissants d’une zone (village, unité administrative, communauté ethnique, etc.) et dont les objectifs et les actions concrètes contribuent de façon non négligeable au développement local : associations délites, comités de développement, etc.125. Ainsi par exemple, dans les domaines de la santé et de l’éducation, en dehors de l'Etat, des collectivités locales et de la coopération bilatérale et multilatérale, on peut recenser de nombreux acteurs agissant de façon plus ou moins formelle.

Au Cameroun généralement, les ONG pour la majorité étrangère interviennent généralement hors des limites communales dans le but, selon elles, de toucher directement les populations les plus démunies. Dans cette stratégie d'intervention, les secteurs de la santé et

122 Www. Legicam.org.

123 PDM, 1999, « Décentralisation, acteurs locaux et services sociaux en Afrique : L'impact de la

décentralisation sur les services de la sante et d'éducation en Afrique de L’Ouest et du Centre », CRDI IDRC Canada, p.80.

124 Ibi, P. 81.

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de l'éducation peuvent être considérés comme les parents pauvres de l'appui des ONG dans les communes. Leurs activités dans ces domaines sont marginalisées au profit d'autres activités dans des secteurs comme l'agriculture, l'artisanat, l'hydraulique villageoise, la sauvegarde de l'environnement, le petit crédit. Pour les élus le diagnostic est clair : les ONG ne s'intéressent pas beaucoup aux populations urbaines elles préfèrent mener des activités vers des zones rurales car elles estiment que les populations des zones urbaines sont plus nanties. Ainsi, même si des ONG sont présentes dans la zone, la plupart de leurs interventions sont en réalité plus orientées vers les populations de « l'intérieur » que vers celles vivant dans l'espace territorial de la commune. De plus, elles interviennent soit directement auprès des populations, soit par l'intermédiaire des structures déconcentrées de l'Etat. Par ailleurs, aujourd’hui plus que jamais, les organisations de la société civile sont de plus en plus présentent dans les villes pour des raisons évidentes que la réduction du de la capacité de l’intervention de l’Etat sur son territoire a entrainé une pauvreté considérable avec pour corollaire un accroissement exponentiel des bidonvilles, ainsi qu’un développement anarchique.

Pour palier donc à cette situation, les populations en zone urbaine se sont réunies soit en micro groupement ou petites associations, soit en plusieurs associations regroupées au sein d’une grande organisation, pour agir ensemble sur tous les problèmes qui peuvent sévirent dans ces villes. Cette paupérisation de villes africaines et camerounaises en particulier a incité également l’intervention des autres organisations et associations étrangères qui, chacune dans un domaine spécifique tente d’apporter des solutions aux différentes sollicitations de la population urbaine et des réponses aux questions de développement local. On peut ainsi par exemple observer les actions que mènent par toutes les organisations et associations internes et externes dans la gestion des conséquences de la guerre à l’extrême-Nord du Cameroun actuellement, notamment sur le plan alimentaire, sanitaire, environnemental et bien évidement économique et social. L’on a constaté une forte mobilisation des associations pour venir en aide aux personnes victimes des massacres, aux réfugiés etc.

A ce titre, il est important de noter l’ampleur de leur contribution à l’amélioration de la qualité de vie des populations de nos villes, à la promotion de la gouvernance urbaine et au développement durable de la ville. Mais comme les ONG et associations, certains acteurs parfois individuels posent aussi des actes qui contribuent de manière significative à la gestion de nos villes. Ils sont entre autre soit des individus possédant un capital financier conséquent,

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soit des autorités dites traditionnelles. Qui sont-ils et quel est le rôle qu’ils jouent dans la structuration de l’action au niveau urbain ?

PARAGRAPHE II : L’INFLUENCE DE L’ELITE LOCALE DANS LA DYNAMIQUE DE LA GOUVERNANCE URBAINE

Le concept d’élites a connu ces trente dernières années de profonds renouvellements et a suscité des débats historiographiques féconds. Il s’insère en effet dans la problématique plus générale de l’analyse historique des catégories sociales, objet d’enjeux idéologiques et de contestations virulentes126.

On apprend des dictionnaires classiques de la langue française que « Elite » s’est construit à partir du mot féminin élit, ancien participe passé d’élire (eligere), déjà en usage au XIIème siècle127. Il vient du latin classique legere renvoyant l’action d’élire (cueillir, enlever, trier, choisir), et avait donné legio caractérisant ainsi le fait que les soldats de cette division de l’armée romaine étaient recrutés au choix. D’après Giovanni Busino, c’est à partir du XIVème siècle que le vocable prend le sens de « élu », de choisi », « éminent », « distingué », qualifiant ce qu’il y a de meilleur dans un ensemble d’être ou de choses, dans une communauté ou parmi divers individus. Progressivement, on parle de l’élite de la noblesse, d’une profession ou d’un métier, bref de « faire élite ». Au début du XIXème on trouve dans le très prestigieux Dictionnaire de la conversation et de la lecture, dont Honoré de Balzac a été le directeur d’édition (1832-1839) la définition suivante : « Elite. Ce mot fait du latin

electus, choisi, indique ce qu’il y a de mieux, de plus parfait dans chaque espèce d’individus ou de choses, et désigne aussi cette opération mentale ou physique par laquelle on sépare d’un tout ce qui est de nature à en former l’élite (…). Ce n’est pas toujours chose facile qu’on pourrait croire, que de faire l’élite de ce qu’il y a de mieux dans un objet ou dans un sujet quelconque ». Sous la Troisième République dans le Littré (Dictionnaire de langue française,

Paris, éd. Librairie Hachette, 1872)128, l’élitisme, n’est pas encore défini même si l’on peut voir dans la définition du « Mandarinisme » une première version de l’élitisme à la française :

126Leferme Falguière (Frédérique), Van Renterghem (Vanessa), 2000-2001, « Le concept d’élites. Approches historiographiques et méthodologiques ». Hypothèses, Pp.57-67.

127D’après le dictionnaire en ligne, édité par le CNRS, le TLF, c’est en 1176 à vostre eslite « à votre choix » (CHR. De Troyes, Cligès, éd. Micha (A.), 4233) que le mot apparaît. À la fin du XIVème, élite désigne « ce qu’il y a de meilleur » (CHR. De Pisan, Livre du duc des vrais amans, éd. M. Roy, t. 3, 71, 396).

128 « Elite. 1° Ce qu’il y a d’élu, de choix, de distingué. L’élite de la noblesse (…). D’élite, qui est de premier choix. 2° Il se dit aussi des choses. J’ai eu l’élite de ses livres. Syn. Elite, fleur. Ces deux mots expriment ce qu’il y a de meilleur entre plusieurs objets de même sphère : l’élite de l’armée (…) et l’élite emporte toujours l’idée d’une élection ».

Page 73 « Mandarinisme : Néologie, système d’épreuves et de concours que l’on fait subir, en Chine, à ceux qui aspirent aux grades de lettrés, et par suite aux charges de l’Etat. Par extension, tout système dans lequel on prétend subordonner la classification des citoyens aux épreuves d’instruction aux concours». Ce mot aussi polysémique va trouver son vaste champ d’analyse

dans les sciences sociales au début du XXe siècle, notamment avec des précurseurs tels que : Vilfredo PARETO (1848-1923) et Gaetano Mosca, qui en ont d’ailleurs fait une théorie. L’économiste et sociologue italien, utilisait en 1916 dans son Traité de sociologie

générale le terme d’élite(s), au singulier et au pluriel, pour définir plusieurs classes

d’individus. Il définissait ainsi « les élites » comme des « catégories sociales composées

d’individus ayant la note la plus élevée dans leur branche d’activité »129

.Quant à « l’élite », elle apparaissait comme un groupe dont la définition même était fondée sur l’exercice du pouvoir : « les individus qui exercent les fonctions dirigeantes ». Pour Vilfredo Pareto, cette élite se divisait en deux catégories : « l’élite gouvernementale » ou classes dirigeantes, qui détient effectivement le pouvoir, et « l’élite non gouvernementale » ou classes dominantes, qui sans exercer le pouvoir soutient la précédente et sert éventuellement d’intermédiaire entre l’élite dirigeante et la masse.

Au final, il ressort de tout ce qui précède que la notion d’élite bien qu’étant polysémique, trouve une signification approximative dans le cadre de cette analyse, en ce sens qu’elle se construit à la fois par le haut et par le bas. Elle trouve ainsi une légitimation de son rôle social dans sa reconnaissance par les autorités en place. Cette instance légitimante peut être politique, religieuse, intellectuelle etc. par ailleurs deux critères peuvent ici caractérisés une élite, il s’agit entre autre de la fortune et de la culture. Le critère économique est toujours prépondérant, une élite se devant de paraître, de consommer, d’affirmer sa supériorité par des signes extérieurs. Norbert Elias130 a ainsi démonté les mécanismes de consommation et démontré l’obligation de la dépense pour la haute noblesse et son importance dans une logique de compétition aristocratique.

Le niveau économique sert toujours de marqueur social. Dans une société ouverte, la fortune a une fonction supplémentaire : elle devient une preuve incontestable d’une réussite individuelle, une récompense du mérite et du talent. Elle n’est plus seulement le révélateur d’une position acquise par d’autres critères, mais devient un critère en soi.

129Boudon (Raymond), 1990, Dictionnaire critique de la sociologie, Paris.

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La culture est le second critère de différenciation pour définir une élite. L’acquisition du savoir, l’éducation, sont ainsi des valeurs fondamentales qui structurent une élite et assurent sa reproduction sociale. Pour la période contemporaine, l’étude devenue classique de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les héritiers131, démontre parfaitement les processus de reproduction sociale par l’éducation et la culture. Ces recherches ne mettent pas seulement en évidence l’existence d’une élite intellectuelle, mais soulignent que la culture et l’éducation, le

« capital culturel » accumulé par un individu, constituent des critères de sélection en soi.

Cette analyse pose clairement deux alternatives. Premièrement, elle amène à comprendre le degré d’influence d’une catégorie d’élite ayant forgé un pouvoir politique et/ou économique, dans la structuration de l’action publique urbaine (A), et deuxièmement, la reconnaissance d’une autre catégorie dotée un patrimoine culturel, capable de se mobiliser et d’influencer dans le développement local (B).

A- L’ELITE POLITICO-ADMINISTRATIVE ET ECONOMIQUE DANS LA

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