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LA QUESTION EMINENTE DES MARCHES PUBLICS LOCAUX A L’ERE DE LA CONCRETISATION CAMEROUNAISE DE LA DECENTRALISATION

PARAGRAPHE I : LES RAPPORTS ENTRE ACTEURS DE LA GESTION URBAINE DANS LES SERVICES DES MARCHES ET DES GARES ROUTIERES ET DANS

LES MARHES PUBLICS

B- LA QUESTION EMINENTE DES MARCHES PUBLICS LOCAUX A L’ERE DE LA CONCRETISATION CAMEROUNAISE DE LA DECENTRALISATION

La logique de passation, de contrôle et de gestion des marchés publics au Cameroun obéit à une double configuration règlementaire et opérationnelle. Le code des marchés publics stipule clairement dans toutes ses dispositions des questions liées à la logique de passation de contrôle et de gestion des marchés tant au niveau national qu’au niveau local, plus encore tous les acteurs impliqués ce circuit179. Dans le cadre des villes qui sont soumises au décryptage

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Les raisons évoquées par les associations des commerçants du marché Nkol-biteng à Kribi sont de l’ordre du réseautage qui a eu lieu pendant l’attribution des postes de commerce avec des grands commerçants venus de Douala et de Yaoundé, ne respectant plus les clauses que les autorités avaient signé avec les commerçants qui avaient perdu toutes leurs marchandises lors des incendies qui avaient décimé tout le marché.

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Jaglin (S.), Op.cit., p.42.

179 Lire à ce sujet le code des marchés publics du Cameroun pour avoir d’amples informations dans le domaine du circuit des marchés publics sur le plan national que local.

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territorial dans cette analyse, la réalité de la question des marchés publics pose de nombreuses interrogations parfois qui même le cadre règlementaire du mode de gestion de ces services. D’abord il est indispensable de noter qu’avec le phénomène accru d’octroie des compétences aux CTD, on distingue désormais dans un cadre général d’émergence des marchés publics dans la ville : la voie de production nationale des politiques publiques et donc des marchés publics, généralement cette voie est réservée aux décideurs de la nation, à travers des structures spécialisées comme le MINMAP, le MINTP, le MINATD ainsi que des agences créées à cet effet telles que l’ARMP et autres. La seconde voie quant à elle est la production locale ou territorialisée des politiques publiques et des marchés publics telle que présenté et analyser par Muller180, dont les CTD servent de centre d’impulsion et d’émergence.

Ensuite, dans la procédure dite des marchés publics, notamment en ce qui concerne les modes de passation et d’attribution des marchés publics que ce soit sur le plan national ou local, ils obéissent à une logique formelle d’appel d’offre. Plusieurs entreprises et organes nationaux et internationaux font à cet effet office de candidature pour se discuter des services urbains qui participent de la transformation du profil urbain et à l’amélioration des conditions de vie des populations urbaines. Les enjeux spécifiques qui sou tendent l’offre de ces services sont ceux de la qualité en terme de capacité de chacun de ces acteurs postulants de mobiliser à leurs faveurs toutes les ressources et les informations nécessaires pour peser d’un poids considérable et significatif et influencer ainsi les prestataires à leurs octroyer ces services. Mais une fois le marché passé, son exécution soulève des conflits et des contradictions entre tous les acteurs qui intègrent le processus. La ville de Kribi a fait l’objet de vives contestations en 2012, lors de la construction du marché moderne entre les acteurs de la communauté urbaine de Kribi et les sociétés telles que MMG construction, WATAT society and construction et bien d’autres entreprises locales, nationales ou internationales181

. On peut en outre évoquer la construction actuelle des voiries dans toute la ville de Kribi qui intègre une communauté d’acteurs impliqués fortement dans le processus de transformation des

180

Lire Muller (P.), 1985 : « Un schéma d'analyse des politiques sectorielles », in Revue française de science

politique, 35e année, n°2, Pp. 165-189.

181Le problème de construction du marché moderne de NKOL-BITENG entre la communauté urbaine et les autres parties a été à l’origine du retard constaté depuis la mise à disposition des financements par un don spécial du chef de l’Etat en 2011. Mais fort heureusement, cette situation s’est soldée par un compromis entre toutes les parties prenantes. Ce qui a permis et a vu la construction dudit marché partagée par plusieurs entreprises locales et nationales, chacune exerçant une tache particulière.

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voiries et routes de la ville. On y retrouve, puisqu’il s’agit ici d’une politique nationale territorialisée, les acteurs impliqués comme le MINMAP et ses services déconcentrés dont le rôle de prestataire national du projet a été rempli, le MINTP ainsi que ses services déconcentrés qui selon la nouvelle règlementation en vigueur joue le rôle de la maitrise d’ouvrage, le CNR et FNR (conseil national de la route et fond national routier) qui servent d’agents de contrôle et de pourvoyeurs des fonds à l’exécution des travaux routiers, sur le plan national et l’entreprise multinationale RAZEL qui s’occupe de l’exécution des travaux de bitumage de toute la voirie urbaine de Kribi. Et sur le plan local, sont impliqués des acteurs comme les CTD qui partagent sur le plan local la maitrise d’ouvrage avec le MINTP, le sénateur du département de l’océan qui assure la coordination des travaux et la représentation parlementaire des CTD, les élites politiques influents du RDPC et celles traditionnelles qui assurent la représentation locale des populations. Mais le plus important de tout ce qui ressort de ces interactions est le caractère conflictogène relevé ici d’abord entre les pouvoirs publics qui conservent la tradition de la tutelle sur la réalisation des politiques publiques urbaines et les CTD qui sont désormais maitre dans la gestion locale ; ensuite entre les élus parlementaires, les élites et l’entreprise en charge de l’exécution de ces travaux182

.

Enfin, fort de ce qui en résulte au vu de tout ce qui précède, la question des marchés publics dans toutes ses dimensions territoriales ou territorialisées au Cameroun est une procédure impliquant toute une chaine d’acteurs qui, que ce soit sur le plan local, national ou international, jouent un rôle éminemment important dans la structuration de l’environnement urbain et dans la construction de la nouvelle gouvernance des villes du pays. Ces acteurs interagissent de manière constante et le plus souvent conflictuelle pour le contrôle des politiques de développement urbains. Cette situation fait que dans les villes comme celle de Yaoundé ou s’entremêlent les zones diversifiées de pouvoir et de puissance, l’on constate souvent dans certains cas une traine dans l’exécution de certains travaux qui participent de la construction de la ville, chacun voulant poser de son influence dans ces politiques considérées ici avec Crozier comme gain qui structure et alimente le jeu entre les acteurs et dont chacun profile ses stratégies183. Cependant, comme dans ceux sus mentionnés, la plupart des services

182 Comme exemple palpable, l’on a vu le sénateur porter main sur un directeur de la société RAZEL pour des raisons de l’étroitesse du tronçon reliant le carrefour BELLO et le quartier DOMBE à Kribi. Selon les propos du sénateur, cette route n’obéit pas aux dimensions règlementaires d’une route normale à deux sens.

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Lire à ce sujet le célèbre ouvrage de Michel Crozier et Erhard Friedberg, L'acteur et le système : Les contraintes de l'action collective Editions du Seuil, 1981. Première parution en 1977, dans la collection "Sociologie politique".

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qu’offrent les villes au Cameroun font de plus en plus objet des convoitises de la part des acteurs tant nationaux qu’internationaux. Et ces convoitises font émergées des luttes constantes pour le contrôle de ces services et tout ceci participe des maux qui entravent la gestion efficace de nos villes.

PARAGRAPHE II : L’EXPRESSION DES RAPPORTS DE FORCE ENTRE

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