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PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

B- Définition des concepts

1- Risque et gestion du risque environnemental : définition

La problématique du risque ne cesse d’attirer l’attention des chercheurs et des scientifiques de tous bords et l’intérêt qu’on lui accorde est grandissant dans les pays développés plus que dans les pays en développement. Le risque se définit comme « ce qui peut advenir et que l’on ne voudrait pas avoir à subir directement ou indirectement par ses conséquences » (Bourdin, 2003). Le risque est donc vu comme quelque chose d’incertain et de probablement dangereux, quelque chose qui n’existe pas encore mais dont la survenue est à craindre. Il est communément identifié comme la rencontre entre un aléa et une vulnérabilité comme le mentionne Dominique Bourg4. Pour cet auteur :

« L’aléa renvoie à la réalisation incertaine d’un événement, elle est la probabilité d’occurrence d’un phénomène, et la vulnérabilité à la possibilité de dommages concernant des personnes ou des biens, et collectivement la société. L’incertitude peut alors donner ou non lieu à des probabilités d’occurrence, les dommages pouvant quant à eux varier en termes de gravité. Ainsi défini, le risque est une notion nécessairement anthropocentrée : il ne saurait y avoir de risque sans implication humaine, sans une forme quelconque d’action. Une chute potentielle de pierres, à l’aplomb d’une falaise, ne constitue un risque que pour autant que peuvent y être exposés des passants ou une habitation »5

4 Dominique Bourg, www.lapartderisque.fr 5 Ibid

Vincent Herbert, Muriel Maillefert, Olivier Petit et Bertrand Zuindeau (2009) donne une définition très complète du risque. Pour ces derniers : « « Le risque s’appuie en règle générale sur deux composantes : l’aléa (probabilité d’occurrence d’un phénomène) auquel on associe, selon les auteurs, des enjeux ou des vulnérabilités (Dagorne, Dars, 2005, Dauphiné, 2001), Il est possible d’y intégrer d’autres critères, comme, par exemple, la résilience (D’Ercole, 1994). L’important est de comprendre que c’est la combinaison de deux éléments et non les éléments séparés - aléa et enjeux, par exemple, qui définit l’existence et la dynamique du risque (Meur-Férec, Morel, 2004) ».

Cependant, le risque ne doit pas se confondre avec l’accident qui, selon Xavier Guilhou et Patrick Lagadec, est un événement connu, répertorié, aisément isolable, dimensionné à l’intérieur d’hypothèses conventionnelles (Guilhou et al, 2002). Le risque est également différent du danger car le danger est une menace réelle à laquelle on est physiquement exposé. Selon l’article en ligne de Christian Thuderoz6, il y a toutefois, dans l’idée de risque, celle de danger, mais un danger que l’on peut maitriser et où parfois aucune faute (humaine notamment) n’est imputable à quiconque. D’où l’impression, ajoute l’auteur d’un danger sans cause, d’un « danger accidentel ».

Le risque se distingue enfin de l’incertitude si l’on se réfère aux écrits de Morgane Chevé et Ronan Congar. Pour ces auteurs, une situation de risque est une situation dans laquelle le décideur dispose d’une connaissance parfaite de la distribution de probabilités sur les états de la nature possibles. Au contraire, dans une situation d’incertitude, le décideur ne connaît pas précisément cette distribution. Néanmoins, les informations scientifiques dont il dispose lui permettent de localiser cette distribution dans un ensemble, plus ou moins grand, de distributions possibles. (Chevé et Congar, 2003, p. 1337).

b- Risque naturel, risque technologique, risque environnemental

On peut distinguer plusieurs catégories du risque qui peuvent avoir une influence sur l’environnement. Il s’agit notamment du risque naturel, du risque technologique ou du risque environnemental.

- Le risque naturel

Selon le Dictionnaire de l’environnement (Veyret, 2007), la définition du risque naturel a subit une évolution due notamment à l’interaction entre l’homme et son environnement. En effet, d’après ce dernier, cette expression renvoyait initialement à des risques dont les aléas étaient indépendants de l’homme : séismes, éruptions volcaniques), ou perçus comme tels (mouvements de terrain) (Veyret, 2007, p. 319).

Aujourd’hui, on évolue vers une définition plus large car la complexité des interactions homme-environnement apparaît de plus en plus. L’homme peut créer un aléa (ruissellement urbain), provoquer sa réalisation (avalanche préventive sur les domaines skiables), influer peut-être sur son intensité et sa fréquence de manière très indirecte (et encore bien mal connue) par sa contribution au réchauffement climatique (cyclone, inondation). La limite du naturel devient donc très difficile à préciser. Pour parler de risque naturel, il suffit maintenant que des processus naturels entrent en action et constituent l’agent d’endommagement essentiel (par exemple les lois de l’hydraulique de crue, la dynamique des fluides, la résistance mécanique des sols, les processus d’érosion …) (Ibid.). Ce qu’il faut retenir du risque naturel, c’est la rencontre entre un phénomène naturel et une vulnérabilité qui, quand à elle relève de plus en plus de l’Homme.

- Le risque technologique

Le Dictionnaire de l’environnement nous apprend que les risques technologiques sont « liés au fonctionnement d’un système technique de production et d’échanges d’énergie, de bien et de services » (Ibidem, p. 324). Pour parler de risque technologique, il faut, affirme Dominique Bourg (Op. Cit.), que la technologie conditionne la possibilité de l’aléa. L’origine d’un tremblement de terre ne doit rien à l’urbanisme, alors qu’on ne saurait concevoir d’explosion sans installation dangereuse ; dans les deux cas, l’origine du flux de danger change de nature. Le flux de danger peut provenir, sous certaines conditions, de la technologie elle-même ; ce fut par exemple le cas pour des accidents célèbres comme ceux d’AZF à Toulouse en septembre 2001, de Tchernobyl en avril 1986 ou Three Mile Island en mars 1979. Tel serait encore le cas, pour revenir à nos maisons situées en contrebas d’une falaise poursuit Bourg, si la falaise était fragilisée par les galeries d’une ancienne mine (Bourg, ibid.). Ainsi, contrairement au risque naturel, le risque technologique est directement lié à l’action de l’Homme.

- Le risque environnemental

Barraqué et Kalaora (1994) ont, en introduction de leur ouvrage Risque environnement et modernité, relevé la difficulté à cerner le vécu du risque environnemental et à évoquer des situations ou les individus se sentent concernés ; c’est que le risque environnemental par son caractère incertain est souvent considéré par les principaux concernés comme quelque chose que l’on ne peut saisir directement, quelque chose dont on se sent presque étranger.

Vincent Herbert, Muriel Maillefert, Olivier Petit et Bertrand Zuindeau (Op. Cit.) affirment que si l’on retient la définition du risque comme associant un aléa à des enjeux (la combinaison des deux déterminant un degré de vulnérabilité), le risque environnemental résulterait alors, de manière générale, de la conjonction d’un aléa (naturel ou humain) et d’enjeux (humains ou environnementaux). Dominique Bourg admet cependant à cet effet qu’il n’y a guère d’aspect de nos modes de représentation et d’organisation qui ne soit affecté par la catégorie de risque environnemental, et tout particulièrement global (Bourg, Op. Cit.).

Le risque environnemental pour Dominique Bourg (Ibid.), relève de la catégorie plus générale des risques technologiques.

« On peut alors affirmer qu’il y a risque environnemental lorsque les modifications induites au sein du milieu par une ou plusieurs technologies apparaissent, directement ou indirectement, potentiellement dommageables. Considérons en premier lieu, [poursuit Bourg], les situations où le lien entre la modification du milieu et les dommages subis peut être direct. Tel est par exemple le cas de la pollution de l’air due au trafic routier : c’est la présence de certains polluants dans l’air – fumées noires ou particules, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote, ozone oxydant, monoxyde de carbone – qui expose directement ceux qui les respirent à d’éventuels dommages sanitaires. »

L’auteur poursuit en affirmant qu’ Il y a un lien direct, avéré désormais, entre la teneur journalière de ces polluants et la fréquence d’événements de santé comme les crises d’asthme, les bronchites et bronchiolites, les pathologies cardio-vasculaires, etc. La relation est du type

dose-effet, l’excès de risque suivant mécaniquement l’augmentation de la concentration de ces polluants de 10 µ g par m3. Les effets de ces polluants en termes de mortalité anticipée ont également été établis.

Ainsi, conclut Dominique Bourg, « les risques environnementaux tels qu’ils sont apparus durant la seconde moitié du siècle dernier, les dommages auxquels ils ont pu et pourront à l’avenir correspondre, nous ont contraints à élargir et à repenser la catégorie de risques. Ces risques, [écrit Bourg], interrogent nos croyances et nos représentations ainsi que les fondements de notre organisation sociale et politique. Ils pourraient même toucher au sens ultime de nos actions » (Bourg, Op. Cit.).