• Aucun résultat trouvé

PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

A- Revue de la littérature sur le

« Les sciences sociales face aux questions d’environnement sont ambivalentes du fait de la difficulté à penser les objets du monde bio- physique. C’est que l’environnement fait apparaître dans le champ social une série d’incertitudes (prenant la forme de risques), mais ces incertitudes sont multiples : elles concernent aussi bien le domaine de la nature ou des objets qui relèvent traditionnellement des sciences de la nature ou de la technique que du domaine social qui relève de l’économie du droit ou des sciences sociales au sens large. L’environnement se spécifie encore par le fait qu’il concerne néanmoins des objets sur lesquels il y a à décider et à agir»

Plusieurs écrits ont approché la problématique du risque (Beck, 2001 ; Tubiana, 1998 ; Laurian, 2008 etc.). Le concept de risque est en effet commun à de nombreux champs disciplinaires en sciences sociales notamment.

Alain Bourdin s’interroge particulièrement sur le retard de la prise en considération du risque par la sociologie contrairement à l’économie (Bourdin, 2003). Ce à quoi Patrick Peretti-Wattel répond en attribuant l’intérêt récent de la sociologie à la notion du risque, à une conséquence de la prolifération de cette notion dans les discours savants et politiques, comme dans le langage courant. (Peretti-Wattel, 2005, p. .372).

Des auteurs tels que Kouabénan et al. (2007) Douglas et Wildavsky (2002) par contre ont abordé le problème du risque sous l’angle psychologique. Pour ces derniers, les sciences sociales sont pour partie responsables de la confusion existant sur le risque. La division erronée entre la réalité du monde extérieur et les tâtonnements du psychisme humain ont attribué la vraie connaissance aux sciences physiques et laissé les illusions et les erreurs au champ de la psychologie. Ce qui justifie le fait que les nombreuses questions posées par les controverses actuelles à propos du risque dénotent le manque de pertinence de diviser le problème, de séparer le risque physique calculé objectivement et les perceptions individuelles influencées subjectivement. Or, ces derniers sont indissociables. Ainsi, si l’on ne focalise plus le débat sur le risque et la sécurité mais sur le choix entre les institutions sociales, ajoute les auteurs, nous pouvons suggérer les qualités nécessaires pour gérer du risque.

Par ailleurs, même s’il fait référence dans son article aux risques sanitaires et notamment alimentaires, Gildas Appéré (2006, p. 71) montre dans son arcticle Gestion des risques et information endogène, l’importance de considérer la population comme acteur à part entière dans la prise de décision sur la gestion des risques. L’auteur s’appuie particulièrement sur la nécessité d’améliorer l’information destinée au public car : « l’individu n’agit pas en fonction d’un environnement « objectif » qui s’impose à lui, mais en fonction d’une perception subjective de cet environnement, elle-même dépendante en partie des désirs et des intentions de ce dernier ».

Chez les géographes, la question du risque à été largement traitée. Yvette Veyret (2007), en élaborant un Dictionnaire de l’environnement a abordé le risque de manière globale. Patrick Pigeon (2007), par contre, a traité la question des risques en s’appuyant

notamment sur les instruments réglementaires tels que les plans de prévention des risques (PPR) tandis que Johnny Douvinet et Stéphanie Defossez, se sont intéressés à la place et au rôle du maire dans les plans de prévention du risque inondation (PPRI) (Douvinet et Defossez, 2011).

Lucie Laurian (2008) quand à elle a abordé la question des risques environnementaux par rapport aux inégalités sociales. En prenant comme référence l’exemple français, cet auteur s’est inspiré des travaux menés dans de nombreux pays industrialisés. Le mérite des travaux de Laurian se trouve dans le fait que cette dernière montre à travers cet article la manière dont le chercheur peut appréhender, étudier les pollutions diffuses ou localisée ainsi que les risques sanitaires. Toutefois, cette approche est difficilement vérifiable au Gabon dans la mesure où l’absence remarquable des données affecte profondément ce genre d’étude. De plus, Lucie Laurian, ne met pas en avant dans son article le fait qu’une seule entreprise peut être à l’origine de pollutions diverses et que, c’est l’accumulation de ces pollutions qui peuvent accroître risques comme c’est le cas présentement avec CIMGABON. L’auteur se concentre spécialement sur l’aspect géographique de l’implantation des sites industriels.

Par ailleurs, André Dauphiné et Damienne Provitolo (2007), ont fait de la résilience, un concept de la gestion des risques. La résilience correspond selon les auteurs, à l’aptitude d’un écosystème à revenir à l’état d’équilibre après une perturbation. Pour André Dauphiné et Damienne Provitolo, une approche par la résilience est favorable à la mise en place de nouvelle pratique pour lutter contre le risque dans la mesure où elle permet de réduire les dommages d’une catastrophe ou de favoriser la récupération d’une situation initiale d’équilibre par exemple.

Un autre champ disciplinaire représenté par l’économie a également examiné la question des risques en grande majorité sous l’angle de sa gestion. Morgane Chevé et Ronan Congar (2003) réexaminent les problèmes liés à la gestion des risques environnementaux en réaffirmant et en exploitant la distinction entre risque et incertitude. Ils affirment dans leur article que : « l’incertitude qui entoure les risques environnementaux est élément essentiel à la compréhension des difficultés que rencontre la prise de décision dans le domaine de l’environnement, qu’il s’agisse de la controverse scientifique, des conflits entre les acteurs ou des difficultés à prendre des décisions efficaces du point de vue de la protection de l’environnement ».

Dorst Jean est l’auteur qui résume mieux les problèmes d’environnement de l’échelle locale à l’échelle mondiale. Même si son ouvrage, qui semble alarmiste, a été publié au milieu des années 1960, il n’en demeure pas moins qu’il est toujours d’actualité. Cet ouvrage semble intéressant pour nous dans la mesure où nous pouvons déjà nous rendre compte du niveau de prise de conscience des risques environnementaux à cette période de l’histoire.

L’auteur met en exergue la nécessité de préserver les ressources naturelles. Pour ce dernier, la détérioration des ressources naturelles est liée à l’explosion démographique de XXème siècle, car une augmentation de la population entraîne nécessairement une forte consommation et donc un épuisement progressif des ressources naturelles. Jean Dorst se sert de la théorie du banquet de Malthus pour expliquer les dangers d’un accroissement démographique. Le crédit qu’on peut accorder aux écrits de l’auteur est celui d’avoir montrer l’impact de certains polluants sur les organismes vivants. Toutefois, les solutions que préconise ce dernier pour conserver la santé de l’humanité nous semblent utopistes à l’heure actuelle.

+

Dans notre étude, à l’image de ce qu’à voulu faire le collectif de recherche Irénée Zwaterrook, (2010), nous tiendront comptes des apports de toutes ces disciplines à savoir l’économie, la géographie, la psychologie, la sociologie et même les sciences de gestion, dans la clarification du concept de risque environnemental car, comme le dit Christian Gollier (2005, p. 417) :

« Un des faits marquants de l’évolution récente de la Science est la chute inexorable des frontières classiques entre les disciplines traditionnelles. Les idées ont tendance à ignorer ces fractures issues du passé. Elles nourrissent de nouveaux débats et ouvrent de nouveaux champs d’investigation. Les conférences pluridisciplinaires font florès. Les sections du CNRS recrutent dans les interfaces. Cette évolution est particulièrement frappante aux marches de la sociologie, de l’économie et de la psychologie, comme nous le montre la lecture des articles de Peretti-Watel (PW) et d’Arrondel, Masson et Verger (AMV (…). On y trouve un champ commun d’investigation, un langage

commun, des outils d’analyse proches, des réflexions convergentes. ».