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LES RELATIVES CHEZ LES GRAMMAIRIENS FRANÇAIS

1.5 Riegel, Pellat et Rioul 1 :

1.5.1 Le relatif :

Les auteurs de la Grammaire méthodique du français (GMF) adoptent la même analyse que la GFF à propos des relatifs. Ceux-ci sont ainsi identifiés par leur faculté d’assumer les trois rôles suivants :

1) Le rôle de démarcatif : il consiste à marquer la subordination de la proposition relative tout en introduisant celle-ci.

2) Le rôle d’anaphorique : il s’agit de la relation référentielle que, dans le cas de la relative adjective, le relatif entretient vis-à-vis de l’antécédent.

3) Une fonction casuelle : il s’agit de sa vocation à exercer une fonction dans la relative.

1.5.2 Les relatives :

Les auteurs de la GMF distinguent plusieurs types de relatives en fonction de différents critères :

1) Relatives adjectives :

Il s’agit des propositions relatives qui exercent un rôle syntaxique identique à celui joué par un adjectif épithète vis-à-vis de l’antécédent, par ex : « Il ne nous annonce rien

qui soit vraiment nouveau » et « Il ne nous annonce rien de vraiment nouveau »2.

2) Relatives périphrastiques :

Ce sont les relatives précédées par un pronom démonstratif celui, ceux… ou un locatif là. Les auteurs de la GMF estiment que ces derniers éléments ne représentent pas un

1 M. Riegel, J. Pellat, R. Rioul, 2009, [1ère éd.1994], Grammaire méthodique du français, Paris, Puf. 2

véritable antécédent, mais qu’ils expriment un sens catégoriel très général : des traits animé, inanimé ou locatif, et l’indication éventuelle de genre ou de nombre. Quant au pronom relatif qui les introduit, il peut avoir une valeur générique ou spécifique selon le contexte, par ex : « Ceux qui casseront les verres les payeront » et « Voici celui dont je

vous ai parlé ». Ils expliquent que, dans le premier exemple, il s’agit d’une valeur

générique puisque l’énoncé a le même sens que celui de Les casseurs de verres seront les

payeurs, alors que dans le deuxième exemple, il s’agit d’une valeur spécifique.

3) Relatives substantives :

Il s’agit des relatives non précédées d’un antécédent, et qui jouent dans la phrase un rôle tout à fait identique à celui d’un substantif, cf. qui voulait bien l’entendre dans « Il

répétait cela à qui voulait bien l’entendre1. »

4) Relatives prédicatives :

Ce sont celles qui ne sont ni des adjectives, ni des substantives. Les auteurs expliquent que ce type de relatives ne forme pas « un syntagme avec leur antécédent par rapport auquel elles ne sont ni épithètes, ni apposées, ce qui peut être mis en évidence par la pronominalisation de celui-ci2 ». Elles sont toujours introduites par le relatif qui représentant le sujet vis-à-vis duquel elles jouent le rôle de prédicat. Seront regroupées sous ce type les relatives suivantes :

a) Celles qui dépendent des verbes de perception : Cf. qui chantait dans « J’ai

entendu un oiseau qui chantait. (Je l’ai entendu qui chantait) »3

b) Celles utilisées après les présentatifs il y a et voici : Cf. qui pleure dans « Il y a un

bébé qui pleure. (Il y en a un qui pleure) »1 et qui arrive dans « Voici le train qui

arrive. (Le voici qui arrive) »2

1 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 816. 2 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 818. 3

c) Celles utilisées, dans certains contextes, après le verbe avoir : Cf. qui lui fait mal dans « Il a un genou qui lui fait mal. »3

d) Celles utilisées dans certains tours exclamatifs : Cf. qui n’arrive pas dans « Midi

passé, et Pierre qui n’arrive pas ! »4

5) Relatives constituantes d’une expression concessive :

Il s’agit des relatives exprimant un sens concessif. Elles peuvent être précédées par

quelque suivi d’un adjectif ou d’un nom, cf. quelque vite qu’il coure dans « Quelque vite qu’il coure, il arrivera en retard. »5 ; et quelques efforts que je fasse dans « Quelques

efforts que je fasse pour parler, pour écrire avec calme… »6

Elles peuvent aussi avoir comme antécédent quoi ou où : cf. quoi que Pierre fasse dans « Quoi que Pierre fasse, on l’aime bien. »7 et où qu’il aille dans « Il est bien reçu, où qu’il

aille. »8

En ce qui concerne le sens exprimé par la relative :

Les auteurs de la GMF estiment que le sens de la relative dépend du fait que son antécédent est « une expression définie (nom propre ou nom commun précédé d’un déterminant défini)9 » ou bien « une expression non définie (un nom commun précédé d’un déterminant indéfini)10 ».

1

Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 819.

2

Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 819.

3 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 820. 4 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 821. 5 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 821. 6 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 821. 7

Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 822.

8 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, 4ème éd., p. 822. 9 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, p. 804.

10

1) Dans le premier cas, la relative peut, en fonction du rôle qu’elle joue dans l’identification référentielle de son antécédent, être déterminative ou explicative.

a. Elle est déterminative lorsqu’elle est nécessaire à l’identification de son antécédent, et que son effacement aurait pour conséquence d’altérer le sens de la phrase, par exemple : « Les Alsaciens qui boivent de la bière sont obèses » / « Les Alsaciens sont obèses »1. Dans le premier exemple, il s’agit d’une seule catégorie d’Alsaciens, ceux qui boivent de la bière, et non de la totalité ; tandis que dans le deuxième exemple l’énoncé signifie que tous les Alsaciens sont obèses.

b. En revanche, la subordonnée relative est explicative lorsqu’elle ne joue aucun rôle dans l’identification référentielle de son antécédent, cf. les deux exemples suivants : « Les Alsaciens, qui boivent de la bière, sont obèses » / « Les

Alsaciens sont obèses ». Dans ces deux exemples, les auteurs estiment que « les

deux phrases ont la même valeur générale2 » puisque, dans le premier exemple, la subordonnée relative ne joue aucun rôle sémantique dans l’identification du référent de son antécédent.

2) Dans le second cas, étant donné qu’il s’agit d’un antécédent dont le référent n’est pas identifiable (au moins pour le récepteur), et qui, selon le contexte, peut recevoir les deux types de relatives, la distinction de celles-ci en essentielles et accidentelles sera conditionnée par le contexte. En d’autres termes, l’identification du rôle sémantique joué par la relative ainsi que son importance dans l’identification référentielle de l’antécédent restent conditionnées par le sens fourni par le contexte. Le seul critère qui est à retenir lors de ces opérations, est de prendre en compte les différents paramètres de la situation d’énonciation, par exemple : Il y a des

moments dans l’histoire où tout bascule / Il y a des moments dans l’histoire3. Ils expliquent que, dans le premier exemple, la présence de la subordonnée relative où

tout bascule joue un rôle important dans la signification référentielle de l’élément des moments dans l’histoire dont la suppression risque de changer le sens de la

1 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, p. 804. 2 Riegel, Pellat, Rioul, La GMF, p. 805. 3

phrase, ce qui fait que le sens exprimé par les deux énoncés n’est pas le même. Voici un autre exemple où il s’agit d’une subordonnée relative jouant un rôle accidentel dans l’identification du référent de l’antécédent ; la suppression de celle- ci peut n’entraîner aucun changement au niveau du sens de la phrase, par ex : Un

livre, qui se trouvait sur la table, attira mes regards. (cf. p. 806)