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LES RELATIVES EN ARABE CLASSIQUE ET EN ARABE MODERNE CHEZ LES GRAMMAIRIENS ARABES

I. Quelle que soit la fonction que doit occuper ʔælʔesm ælmæws ʕ uːl “le nom

2. Ceux qui ont une forme invariable :

1.4.2 Abbas Hassan 1 :

1. Comme ses prédécesseurs, Abbas Hassan considère ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom

auquel est relié quelque chose” comme étant un nom déterminé par la proposition dite

ʔæsʕsʕela “la suite”. Cette définition évidemment est fondée sur le fait que ʔælʔesm

1 Abbas Hassan, 1999 14ème édition, 1ère éd. 1970, Alnaħw Alwaafi يفاولا وحنلاLa grammaire complète”,

ælmæwsʕuːl a souvent vocation à exercer une fonction nominale au sein de la phrase.

(cf. Abbas Hassan, p. 338-340)

2. Abbas Hassan ajoute que ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom auquel est relié quelque chose”

est capable d’avoir deux types de comportement syntaxique bien différents, selon qu’il est précédé ou non d’un nom (un antécédent).

A. Lorsque ʔælʔesm ælmæwsʕuːl est précédé d’un nom, il a un comportement

syntaxique identique à celui d’un adjectif qualificatif vis-à-vis du nom qui le précède. Prenons cet exemple :

ا

ِلجرلا نم سرتح

يذللا

ًاريثك ُملكتي لا

[ʔeħtæres men ærraʒole llæði læ jætækællæmu kæθiːræn]

ʔeħtæres men ær/raʒol/e llæði læ

Se méfie+impératif+p2m de déf/homme/cas ind Rel négation

jæ/tækællæm/u kæθiːræn

p3m+parle+inacc beaucoup

Méfie toi de l’homme qui ne pas il parle beaucoup Méfie-toi de l’homme qui ne parle pas beaucoup.

Dans cet exemple, Abbas Hassan estime que la proposition læ jætækællæmu

kæθiːræn “il ne parle pas beaucoup” détermine ʔællæði, qui à son tour

détermine ærraʒole “l’homme”. Donc, nous pouvons considérer que c’est la proposition ʔæsʕsʕela “la suite” qui détermine l’antécédent et non ʔælʔesm

ælmæwsʕuːl ; ce qui rejoint la position d’Ebn Yaïch. Abbas Hassan considère

que ʔælʔesm ælmæwsʕuːl représente le noyau central par rapport à la propostion ʔæsʕsʕela “la suite” qui le détermine tel qu’un adjectif. Le syntagme composé

de ʔælʔesm ælmæwsʕuːl et de ʔæsʕsʕela “la suite” fonctionne à son tour comme

un adjectif vis-à-vis de l’antécédent.

B. En revanche, lorsque ʔælʔesm ælmæwsʕuːl est utilisé sans antécédent, Abbas

Hassan le considère comme un nom capable de jouer un rôle actanciel au sein de la proposition dite principale. Par exemple :

a) En fonction de sujet :

[sæːfæra llæði jarɣabu fessejæːħæ]

ةحايسلا يف بغري

يذللا رفاس

sæːfær/a llæði ja/rɣab/u f/es/sejæːħæ part+acc/p3m Rel p3m+veut+inacc prép/déf+tourisme Il est parti qui il veut au tourisme

Il est parti, celui qui voulait faire du tourisme. Celui qui voulait faire du tourisme est parti.

Dans cet exemple, Abbas Hassan estime que llæði occupe la fonction de sujet vis-à-vis du syntagme verbal sæːfæra “il est parti” et non « p3m » incorporé au verbe.

b) En fonction d’objet :

[wæddæʕtu llæði sæːfæra]

رفاسيذللا ُتعدو

wæddæʕ/tu llæði sæːfær/a dit au revoir+acc/p1 Rel part+acc/p3m ai dit je au revoir qui est parti il

J’ai dit au revoir à celui qui est parti.

Ici, Abbas Hassan considère que llæði exerce la fonction d’objet à l’égard du syntagme verbal wæddæʕtu “j’ai dit au revoir”.

c) Au cas indirect :

يلع ُترشأ

يذللا

هعفني امب رفاس

[ʔæʃærtu ʕælæ llæði sæːfæra bemæː jænfæʕuhu] ʔæʃær/tu ʕælæ llæði sæːfar/a conseille+acc/p1 prép Rel part+acc/p3m

prép+Rel p3m+profite+inacc/p3m1

ai conseillé je sur qui est parti il par ce qui il profite lui J’ai dit à celui qui est parti, ce qui peut lui être utile.

Dans cet exemple, llæði est au cas indirect marqué par la préposition ʕælæ ىلع“sur”. Il en va de même pour mæː qui est au cas indirect, marqué par la préposition be “par”.

3. En ce qui concerne ʔæjj ىأ, Abbas Hassan rejoint le point de vue de son prédécesseur Mostafa Alghalayini qui considère que ʔæjj ىأ peut avoir soit une forme qui varie uniquement selon la fonction qu’elle occupe au sein de la phrase, soit une une forme invariable ʔæjju ﱡىأ , quelle que soit sa fonction.

4. Quant à ʔæl, Abbas Hassan le considère comme étant ʔesm mæwsʕuːl , qui ne peut ni

porter de marque casuelle, ni jouer, à lui tout seul, une fonction syntaxique à cause de sa forme qui ressemble à celle de l’article défini ʔæl. En revanche, il estime que le segment constitué de ce dernier et du participe actif qui le suit est un syntagme nominal, capable d’exercer une fonction syntaxique auprès du verbe principal de la phrase, et par suite, de porter la marque du cas auquel il se trouverait. En d’autres termes, ʔæl est analysé de deux manières différentes :

a. Comme étant ʔesm mæwsʕuːl qui ne peut pas, à cause de sa forme contrainte,

profiter du même statut que les autres unités utilisées comme ʔesm mæwsʕuːl, il

n’est pas considéré comme un nom à l’instar des autres unités de ʔælʔesm ælmæwsʕuːl ; et par suite il n’est pas apte à exercer des fonctions syntaxiques au

sein de la proposition dite principale.

b. Comme un article faisant partie d’un syntagme nominal, composé de ʔæl et du participe actif considéré comme un nom.

Par exemple :

1

Le pronom personnel « p3m » est présent deux fois dans le syntagme verbal jæ/nfæʕ/u/hu “il lui profite” : une première fois sous la forme discontinue jæ…u d’un pronom imbriqué dans la forme du verbe, et une deuxième fois sous forme d’un pronom attaché hu qui est attaché au verbe et qui assure la fonction d’ « objet »

[ʔæʕrefu ssæːkenæ hæːðæ lbæjtæ]

َتيبلا اذھ َنكاسلا ُفرعأ

ʔæ/ʕref/u s/sæːken/æ hæːðæ

p1+connaît+inacc (ʔæl) +habite+part actif+cas dir dém l/bæjt

déf/maison

Je connais qui habitant (l’habitant) cette maison Je connais celui qui habite cette maison.

Dans cet exemple, ssæːkenæ “l’habitant” est analysé à la fois comme un syntagme composé de s (forme assimilée de ʔæl et considéré comme ʔesm

mæwsʕuːl) et du participe actif sæːkenæ “habitant”, et comme un syntagme

nominal qui assure la fonction d’objet vis-à-vis du syntagme verbal ʔæʕrefu “je connais”, ce qui implique que ce dernier soit déterminé par la marque du cas direct « æ ».

5. Quant à ʔæsʕsʕela “la suite”, Abbas Hassan estime que l’on ne peut pas la considérer

comme une ʒomlæ “phrase”, du fait que ce terme doit désigner une structure autonome et indépendante, tandis que la proposition ʔæsʕsʕela “la suite” est une structure qui n’est

pas autonome, et qui dépend du ʔælʔesm ælmæwsʕuːl . Il préfère donc l’appeler ʔæsʕsʕela “la suite” ou sʕelat ælmæwsʕuːl “l’unité qui suit (le relatif)”. Ceci veut dire

que pour Abbas Hassan, ʒomlæ “phrase” et ʔæsʕsʕela “la suite” ne désignent pas une

même unité. ʒomlæ “phrase” désigne une unité autonome et indépendante qui correspond à ce que l’on appelle traditionnellement « phrase » ; ʔæsʕsʕela “la suite”, en

revanche, désigne un segment (une proposition, un syntagme prépositionnel ou adverbial) non autonome et qui dépend syntaxiquement de ʔælʔesm ælmæwsʕuːl .

1.5 SYNTHÈSE :

Ce qui peut être interprété comme une relativisation en arabe est perçu par les grammairiens arabes d’un seul point de vue, celui de la détermination. Il s’agit d’un type d’unité, appelé ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom auquel est relié quelque chose”, qui a

vocation à déterminer un nom, au sein de la phrase, tout en étant parallèlement déterminé essentiellement par une proposition (un syntagme à noyau secondaire), appelée ʔæsʕsʕela

“la suite”. ʔælʔesm ælmæwsʕuːl et la proposition ʔæsʕsʕela “la suite” sont ainsi considérés

comme formant une seule unité équivalant à un nom. Celle-ci peut soit déterminer, en tant qu’adjectif, un nom qui fait partie de la proposition dite principale, soit exercer une fonction nominale au sein de cette dernière. Ce phénomène a été analysé par les linguistes arabes comme étant un des moyens linguistiques permettant la détermination d’un nom (défini) par une proposition, comparé au nom indéfini qui ne peut pas l’être, comme dans l’exemple suivant. Par exemple :

[ʔæqraʔu ketæːbæn eʃtæræjtuhu belʔæms]

هُتيرتشإ ًاباتك ُأرقأ

ʔæ/qraʔ/u ketæːb/æn e/ʃtæræj/tu/hu belʔæms

p1+lit+inacc livre+cas dir p1+achète+acc+p3m prép (à)/déf/hier Je lis un livre j’ai acheté lui hier

Je lis un livre que j’ai acheté hier.

Dans cet exemple, ketæːbæn “un livre” est déterminé par la proposition eʃtæræjtuhu

belʔæms “je l’ai acheté hier”.

1.5.1 L’antécédent :

1) Il convient de noter qu’en arabe classique, il est rare que ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom

auquel est relié quelque chose” soit utilisé après un nom (antécédent). Ce dernier est très souvent absent, et nous pensons que ceci peut être dû à la valeur démonstrative de

ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom auquel est relié quelque chose” et aussi au fait qu’il soit

considéré comme un nom auquel est relié quelque chose. Cependant, dans les rares énoncés où apparaît une unité (pro)nominale devant ce dernier, celle-ci doit être

« définie » : elle peut être un pronom, un nom propre ou un nom déterminé par l’article défini ou par un possessif. Par exemple :

[ʔeʃtæræjtu θθæwbæ llæði tæʔrefuhu]

هفرعت

يذللا بوثلا ُتيرتشإ

ʔe/ʃtæræj /tu θ/θæwb/æ llæði tæ/ʔref/u/hu

achète+acc/p1 déf+vêtement+cas dir Rel p2m+connaît+inacc/p3m ai acheté je le vêtement que tu connais lui

J’ai acheté le vêtement que tu connais.

2) L’emploi d’un antécédent est absolument impossible devant les unités de ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom auquel est relié quelque chose” provenant des interrogatifs, à

savoir : mæː, mæn et ʔæjj. Par exemple :

[dʕarabtu ʔæjjæhom howwæ ʔækbar]

ربكأ وھ مھَيأ ُتبرض

dʕarab/tu ʔæjj/æ/hom howwæ ʔækbar

frappe+acc/p1 Rel/cas dir/p6 p3m superlatif+grand ai frappé je lequel eux il plus grand

J’ai frappé lequel d’entre eux est le plus grand.

En revanche, ʔællæði, grâce à sa valeur démonstrative, peut être utilisé avec et sans antécédent. Par exemple :

[ʒæːʔæ llæði jæʔrefu lħaqiːqa]

ةقيقحلا فرعييذللا ءاج

ʒæːʔ/æ llæði jæ/ʔref/u l/ħaqiːqa Vient+acc/p3m Rel p3m+connait+inacc déf/vérité est venu il qui il connait la vérité

Il est venu, celui qui connaît la vérité. Celui qui connaît la vérité est venu.

Ici, llæði peut être précédé par ʔrraʒol “l’homme”.

3) Du point de vue syntaxique, l’élément qui joue le rôle d’antécédent est considéré comme étant déterminé par la proposition ʔæsʕsʕela “la suite” par l’intermédiaire de

ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom auquel est relié quelque chose” ; l’antécédent exerce une

fonction syntaxique au sein de la proposition qans laquelle il est intégré.

1.5.2 Les éléments qui correspondent à ce que nous pouvons désigner comme relatifs en