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LES RELATIVES CHEZ LES GRAMMAIRIENS FRANÇAIS

1.2 Damourette & Pichon 1 :

1.2.2 L’analyse des relatives chez Damourette et Pichon :

1.2.2.3 Type de relatives :

1.2.2.3.1 Les substantiveuses :

Ce sont les subordonnées relatives qui jouent dans la phrase un rôle fonctionnel identique à celui des substantifs, cf. Qui verra dans Qui verra saura et qui cela regarde

dans Mon ami, voulez-vous prévenir qui cela regarde…1. Selon Damourette et Pichon, ces relatives dites « statives » sont considérées, compte tenu de leur forme et du rôle fonctionnel joué par le strument qui les introduit, comme faisant partie à la fois des subordonnées conjonctives et prépositivo-conjonctives. En d’autres termes, le strument qui les introduit se caractérise par le fait qu’il

- exerce la fonction subordinative, ou autrement dit, le rôle de marque de subordination ;

- peut être précédé par une préposition ;

- joue un autre rôle. C’est-à-dire qu’il peut, selon le contexte, jouer le rôle de conséquent, ou d’article statif, cf. Les relatives de type articulo-jointives (ci- dessous), comme à titre d’exemple : Allez, allez, vous pourrez avec eux avoir quel

mal il vous plaira, ils vous trouveront des raisons pour vous dire d’où cela vient2. Dans cet exemple, quel joue le rôle d’article statif par rapport à la subordonnée, il

vous plaira joue celui de substantif.

Les substantiveuses, selon leur analyse, se répartissent en deux types suivant le rôle fonctionnel du strument qui les introduit :

a) les claviculo-jointives :

Se trouvent regroupées sous ce type les relatives introduites par un strument relatif jouant le rôle de « conséquent ». Ce type de relatives se divise formellement en quatre sous-types dont les trois premiers représentant des substances animées sont introduits par

Qui, Quiconque et Celui qui ; le quatrième, en revanche, représente des substances

inanimées et sera introduit par Ce qui.

i. Le premier sous-type est introduit par Qui :

Dans ce sous-type, le strument subordinatif jouant le rôle de cheville (en l’espèce : le rôle de conséquent) ne peut occuper dans la subordonnée relative que

1 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 119, § 1250. 2

les fonctions de « régime direct, soubassement ou ayance », c’est-à-dire sujet et objet direct ou indirect. Par exemple :

- Qui n’a pas le temps de bien vivre trouve malaisément le temps de bien

mourir.1

- C’était une âme charmante… et dévouée à qui elle aimait.2

- … et vos haleines rapprochées cherchent les trous de votre haine pour aimer qui vous déchirez.3

Le conséquent peut aussi jouer le rôle d’écart par rapport au verbe de la subordonnée, à condition qu’il joue ce rôle en même temps vis-à-vis du verbe principal. Dans ce cas, Qui sera précédé d’une préposition occupant la même place dans la phrase. Par exemple : Je veux devoir le sceptre à qui je dois le jour.4

ii. Le second sous-type est introduit par Quiconque :

Par exemple :

1. Quiconque aime le corps aime les honneurs ou les richesses.5

2. …en léchant…celui [le dos] de quiconque pouvait servir son arrivisme.6

iii. Le troisième sous-type est introduit par Celui qui :

Dans ce sous-type, l’« article » celui, d’après Damourette et Pichon, prendra place devant la cheville, qui, à son tour, peut « jouer vis-à-vis du verbe subordonné le rôle d’un régime quelconque ». Par exemple :

1 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, §1277, p. 155. 2 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, §1278, p. 156. 3

J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, §1278, p. 156.

4 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, §1279, p. 156. 5 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 157. 6

1. « Celui qui parle. »1 2. « Celui que je vois. »2 3. « Celui dont je parle. »3

4. « Celui du père de qui je parle »4, etc.

Il arrive de même que celui puisse jouer un rôle anaphorique par rapport à un substantif nominal antérieurement exprimé, par ex : Sois assuré qu’à proportion

qu’il me rentrera de l’argent, je te l’enverrai par la poste, je ne suis que fâché de ne pouvoir t’envoyer tout celui que tu pourrais désirer.5

Les auteurs font remarquer que, dans ce genre de contexte, la subordonnée relative peut être analysée comme étant du type « adjectiveuse ».

Il existe une variante de ce sous-type où le rôle de cheville sera assuré par celui

lequel, par ex : Ce me sera un autre trésor plus précieux que celuy lequel nous avons trouvé.6

iv. Le quatrième sous-type concerne les subordonnées exprimant des substances inanimées ; celles-ci sont introduites par des struments relatifs soit du type qui,

que, dont précédés par l’article ce, soit par quoi précédé par une préposition

appropriée, par exemple : ce à quoi, ce sur quoi, ce pour quoi, etc. Par exemple :

1. Fais de moi che que tu dois faire.7

2. Rien ne lui échappait de ce à quoi les enfants ne prêtent d’habitude

que peu d’attention.8

3. C’est ce à quoi je pensais.9

1

J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 158.

2 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 158. 3 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 158. 4 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 158. 5 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 158. 6

J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 159.

7 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 159. 8 J. Damourette & E. Pichon, E.G.L.F., tome iv, p. 159. 9

b) Les articulo-jointives :

Sont regroupées dans ce sous-type les relatives statives introduites par un strument relatif jouant le rôle d’article statif vis-à-vis de la subordonnée dans laquelle réside la substantivosité et, par suite, fonctionnant comme substantif. Par exemple : Allez, allez,

vous pourrez avec eux avoir quel mal il vous plaira, ils vous trouveront des raisons pour vous dire d’où cela vient.1

Ils expliquent que dans une subordonnée relative « stative » introduite par Ce qui ou Celui qui, les struments Ce et Celui fonctionnent comme des articles vis-à-vis des subordonnées relatives substantiveuses qui les suivent. En d’autres termes, ils trouvent plus homogène de considérer que, dans Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, la substantivosité réside uniquement dans la subordonnée relative qui se conçoit bien et non pas dans ce qu’ils considèrent comme un article statif. De plus, ils estiment que la relation liant le strument à la subordonnée est la même que celle unissant l’article la et le substantif

fureur dans l’ensemble la fureur. C’est-à-dire qu’ils considèrent Ce qui se conçoit bien

comme un ensemble substantiveux, autrement dit un groupe nominal dans lequel qui se

conçoit bien joue le rôle du substantif tandis que ce joue le rôle d’article2.