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L’élément anaphorique ou ʕæʔːed دئاع “renvoyant” :

LES RELATIVES EN ARABE CLASSIQUE ET EN ARABE MODERNE CHEZ LES GRAMMAIRIENS ARABES

I. Quelle que soit la fonction que doit occuper ʔælʔesm ælmæws ʕ uːl “le nom

2. Ceux qui ont une forme invariable :

1.5.3 L’élément anaphorique ou ʕæʔːed دئاع “renvoyant” :

Du point de vue formel :

L’élément anaphorique ou ʕæʔːed “renvoyant” dispose de trois formes, selon la structure de la relative. Il se présente sous la forme d’une désinence, lorsqu’il s’agit d’un pronom qui peut s’attacher à un nom, à un verbe ou à une préposition, (cf. Sibawayh). Par exemple :

[jæʃrabuːnæ memmæ taʃrabuːnæ menhu]

هنم نوبرشت امم نوبرشي

jæ/ʃrab/uːnæ mem/mæ ta/ʃrab/uːnæ men/hu

p6m+boit+inacc prép (de)+Rel p5+boit+inacc de/p3m Ils boivent de que vous buvez de lui

Ils boivent de ce que vous buvez.

Ici, le rôle de pronom anaphorique est assuré par le pronom hu “p3m” qui se joint à la préposition men “de”.

L’élément anaphorique peut également se présenter sous forme de marque personnelle ajoutée au verbe (cf. Azzamakhchari). C’est le cas de tu “p1” dans l’exemple suivant.

[ʔænæ llæði ħædartu]

ترضحيذللا انأ

ʔænæ llæði ħædar/tu

p1 qui arrive+acc/p1

moi qui suis arrivé je C’est moi qui suis arrivé.

Contrairement à Azzamakhchari, la plupart des linguistes arabes ne parlent de marque personnelle amalgamée au verbe que dans un seul cas : lorsque le verbe concerné est à l’accompli, et est déterminé par la première personne au singulier et au pluriel, la troisième personne au duel et au pluriel, cf. tu dans l’exemple précédent.

Dans les autres cas, les grammairiens arabes préfèrent parler d’un pronom dit caché, c’est- à-dire qui n’apparaît pas dans l’énoncé mais qui est sous-entendu après le verbe. Par exemple :

[ʔæʃærtu ʕælæ llæði sæːfæra bemæː jænfæʕuhu]

هعفني امب رفاس

يذللا يلع ُترشأ

ʔæʃær/tu ʕælæ llæði sæːfar/a

conseille+acc/p1 prép Rel part+acc/p3m

be/mæː jæ/nfæʕ/u/hu

prép+REL p3m+profite+inacc/p3m

ai conseillé je sur qui a est parti il par ce qui il profite lui J’ai dit à celui qui était parti, ce qui peut lui être utile.

Dans cet exemple, au lieu de confier le rôle d’élément anaphorique à la marque personnelle

a “p3m” insérée au verbe sæːfar/a “il est parti” ou à celle amalgamée au verbe jæ/nfæʕ/u

“il profite”, les grammairiens arabes considèrent que ce rôle est assumé par un pronom

howwæ “p3m” sous-entendu après chacun de ces deux verbes.

Enfin, l’élément anaphorique ou ʕæʔːed “renvoyant” peut se présenter sous forme détachée, notamment lorsque la relative est de type non verbal et que la fonction de sujet y est exercée par l’élément anaphorique ; c’est le cas de howwæ “p3m” dans l’exemple suivant :

[ʔæxaðtu llæði howwæ ʔafdʕal]

لضفأ وھ

يذللا ُتذخأ

ʔæxað/tu llæði howwæ ʔafdʕal

Prend+acc/p1 qui p3m meilleur

ai pris je qui lui meilleur J’ai pris celui qui est meilleur.

Du point de vue sémantique :

Par définition, les grammairiens arabes désignent comme ʕæʔːed “renvoyant” ou pronom anaphorique une unité pronominale qui exerce une fonction anaphorique, très

souvent vis-à-vis du relatif (compte tenu du fait que ce dernier est analysé comme étant un nom), et rarement vis-à-vis de l’antécédent (Abbas Hassan). Cf. howwæ “p3m” qui réfère à

llæði dans l’exemple ci-dessus, et aussi hu “p3m” qui réfère à ʔælħæʒʒæːʒu dans l’exemple

suivant : (cf. Ebn Osfour, p. 181)

[ʔælħæʒʒæːʒu llæði raʔæjtuhu ebnu juːsuf]

فسوي نبإ هتيأر

يذللا جاجحلا

ʔælħæʒʒæːʒu llæði raʔæj/tu/hu ebnu juːsuf

Alhajjaj que voit+acc/p1/p3m Ebn Youssuf

Alhajjaj que ai vu je lui Ebn Youssuf

Alhajjaj que j’ai vu, est Alhajjaj Ebn Youssuf.

Du point de vue fonctionnel :

1) Les grammairiens arabes sont unanimes pour confier à l’élément anaphorique le rôle de lien anaphorique ou raːbetʕطبار qui relie la relative et le dit relatif.

2) Ils estiment également que l’élément anaphorique est capable d’exercer tout type de fonction nominale au sein de la relative, cf. hu “p3m” qui exerce la fonction d’objet vis-à-vis de raʔæjtu “j’ai vu” dans l’exemple précédent. Ebn Yaïch précise que l’élément anaphorique occupe, dans la relative, la même fonction ainsi que la même place que le nom auquel renvoie le relatif ou ʔælʔesm ælmæwsʕuːl “le nom auquel est

relié quelque chose”.

3) L’élément anaphorique ou ʕæʔːed دئاع “renvoyant” peut être supprimé dans les conditions suivantes :

a. Quand il se présente sous forme de pronom personnel, dit attaché, qui occupe la fonction d’objet par rapport au verbe principal de la relative ou ʔæsʕsʕela “la

suite”. (Ebn Jenni)

[kællæmtu llæði kællæmtæhu]

ُهَتملك

يذللا ُتملك

kællæm/tu llæði kællæm/tæ/hu

Parle+acc/p1 Rel parle+acc+p2m/p3m

J’ai parlé que tu as parlé lui

J’ai parlé à qui tu as parlé.

b. Lorsqu’il se manifeste sous forme de pronom attaché à une préposition. (Ebn Maalek)

[jæʃrabuːnæ memmæ taʃrabuːnæ menhu]

هنم نوبرشت امم نوبرشي

jæ/ʃrab/uːnæ mem/mæ ta/ʃrab/uːnæ men/hu

p6m+boit+inacc prép (de)+Rel p5+boit+inacc de/p3m Ils boivent de que vous buvez de lui

Ils boivent de ce que vous buvez.

Dans cet exemple, le pronom hu “p3m”, exerçant le rôle d’élément anaphorique, peut être supprimé. La suppression de celui-ci entraîne celle de la préposition men “de”, étant donné qu’une préposition ne peut fonctionner sans nom ou pronom, ce qui donne l’énoncé suivant :

[jæʃrabuːnæ memmæ taʃrabuːnæ]

نوبرشت امم نوبرشي

jæ/ʃrab/uːnæ mem/mæ ta/ʃrab/uːnæ p6m+boit+inacc prép (de)+Rel p5+boit+inacc Ils boivent de que vous buvez

Ils boivent de ce que vous buvez.

c. Lorsque la relative est composée d’un adjectif qui exerce le rôle de xabar “l’élément qui apporte l’information”, tandis que le rôle de mubtædæʔ “le terme initial de la phrase” est assuré par le pronom anaphorique. C’est le cas de howwæ “p3m”, qui peut être supprimé dans l’exemple suivant : (Ebn Maalek)

[ʔæxaðtu llæði howwæ ʔafdʕal]

لضفأ وھ

يذللا ُتذخأ

ʔæxað/tu llæði howwæ ʔafdʕal

Prend+acc/p1 Rel p3m meilleur

J’ai pris celui qui est meilleur.

Toutefois, il existe des énoncés où le pronom ne peut pas être supprimé, notamment lorsque ceci risque de détruire la structure de la phrase.

[ʔællæði marartu behi zæjdun]

ٌديز هب ُتررميذللا

ʔællæði marar/tu be/hi zæjd/un

Rel passe+acc/p1 prép (par)/p3m Zayd/cas nominatif Qui je suis passé par lui Zayd

Celui par lequel je suis passé est Zayd. Celui que j’ai croisé est Zayd.

Dans l’exemple précédent, la suppression du pronom hi “p3m” est impossible, parce que la préposition be “par” à laquelle il s’attache et avec laquelle il forme un syntagme ne peut ni exister toute seule, ni être supprimée. Ce qui est différent du cas de hu dans l’exemple suivant, où la suppression de la préposition est possible, en raison du fait que le verbe principal de la phrase et celui de la relative sont les mêmes.

[jæʃrabuːnæ memmæ taʃrabuːnæ menhu]

هنم نوبرشت امم نوبرشي

jæ/ʃrab/uːnæ mem/mæ ta/ʃrab/uːnæ men/hu

p6m+boit+inacc prép (de)+Rel p5+boit+inacc de/p3m Ils boivent de que vous buvez de lui