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STRUCTURE DE LA PHRASE EN ARABE CLASSIQUE ET EN ARABE MODERNE

1.2 La phrase en arabe classique et en arabe moderne :

Les grammairiens arabes en déterminent deux types principaux selon la catégorie à laquelle appartient le premier élément énoncé au sein de celle-ci. La phrase « nominale » est une phrase dont le premier terme est un nom, et la phrase « verbale » est une phrase qui commence nécessairement par un verbe. Selon leur analyse, nous pouvons donc avoir une phrase nominale composée d’un nom suivi d’un syntagme verbal, comme dans cet exemple :

[zæjdun qaːmæ] ماق ديز zæjd/un qaːm/æ

Zayd/nominatif se lève+acc/p3m Zayd s’est levé.

L’inversion de place de ces deux unités donnera lieu à une phrase verbale :

[qaːmæ zæjdun] ديز ماق qaːm/æ zæjd/un

se lève+acc/p3m Zayd/nominatif il s’est levé Zayd

Zayd s’est levé.

Autrement dit, la distinction entre phrase nominale et phrase verbale repose chez tous les grammairiens arabes sur la différence de position du syntagme verbal et du syntagme nominal au sein de la structure. Mais elle ne tient pas compte de l’élément qui y joue le rôle prédicatif.

La question qui se pose désormais est de savoir s’il y a vraiment opposition entre phrase verbale et phrase nominale telles qu’elles sont définies dans la tradition grammaticale, c’est-à-dire en référence à la position des éléments dans la phrase, et si oui, cette différence entraîne une différence de structure syntaxique.

1.2.1 La phrase dite verbale :

Selon la grammaire arabe, on considère comme étant une phrase verbale l’exemple suivant.

[xaraʒæ lwælædu] ُدلولا جرخ

xaraʒ/æ l/wælæd/u

sort+acc+p3m déf/garçon/nominatif Il est sorti le garçon

Le garçon est sorti.

L’examen de cet exemple montre que :

1) La phrase est constituée de deux unités principales : un verbe (ou un syntagme verbal) xaraʒæ “il est sorti” et un syntagme nominal lwælædu “le garçon”.

2) La place initiale au sein de la phrase est occupée par le syntagme verbal xaraʒæ “il est sorti”.

3) Le syntagme verbal xaraʒæ “il est sorti” joue le rôle de prédicat au sein de la phrase.

4) Le rôle de ʔælmosnæd ʔelæjhi “l’élément auquel on attribue quelque chose” est assuré par le syntagme nominal lwælædu “le garçon”.

5) Selon les grammairiens arabes, le syntagme nominal lwælædu “le garçon” exerce la fonction de sujet vis-à-vis du syntagme verbal xaraʒæ “il est sorti”.

L’analyse des grammairiens arabes change lorsque le syntagme nominal lwælædu “le garçon” est antéposé au syntagme verbal xaraʒæ “il est sorti”, comme dans l’exemple suivant :

[ʔælwælædu xaraʒæ] جرخ ُدلولا

déf/garçon/nominatif sort+acc+p3m le garçon est sorti

Le garçon est sorti.

Nous remarquons, dans cet exemple, que :

1) Le rôle de ʔælmosnæd ʔelæjhi هيلإ دنسملا “l’élément auquel on attribue quelque chose” et celui de ʔælmosnæd دنسملا “l’élément que l’on attribue à quelque chose” sont respectivement assurés par les mêmes unités que dans l’exemple précédent, à savoir : le syntagme nominal lwælædu “le garçon” et le syntagme verbal xaraʒæ “il est sorti”.

2) Le rôle de prédicat est toujours assuré par le syntagme verbal xaraʒæ “il est sorti”, bien qu’il n’occupe plus la place initiale dans la phrase.

3) La place initiale au sein de la phrase est désormais occupée par le syntagme nominal lwælædu “le garçon”, ce qui est suffisant au regard des grammairiens arabes, pour considérer cette phrase comme étant une phrase nominale, bien que, comme nous venons de le montrer ci-dessus, le rôle de prédicat y soit joué par un verbe.

4) Les grammairiens arabes ne tiennent compte donc que du terme initial pour distinguer la phrase verbale et la phrase nominale.

Pour approfondir notre analyse, nous allons examiner les exemples suivants :

Ex : 1

[zæjdun qaːmæ] ماق ديز

zæjd/un qaːm/æ

Zayd/nominatif se lève+ part actif/p3m Zayd s’est levé.

Ici, le rôle de prédicat principal de la phrase est assuré par le verbe qaːmæ “ il s’est levé”.

Ex. 2

[ʔænæ ʔæːkolu] لكآ انأ ʔænæ ʔæː/kol/u

p1 p1+mange+inacc

Je mange.

Dans cet exemple, c’est le verbe ʔæːkolu “je mange” qui assure le rôle de prédicat principal de la phrase vis-à-vis du pronom ʔænæ “p1”.

Ex. 3

[ʔællæði jæʃɣælukæ jæʃɣæluni] ينلغشي َكلغشييذللا

ʔællæði jæ/ʃɣæl/u/kæ jæ/ʃɣæl/u/ni

Rel p3m/ préoccupe+inacc/ p2m p3m/ préoccupe+inacc/ p1m Qui il préoccupe toi il préoccupe moi

Quoi te préoccupe me préoccupe. (ou mieux : Ce qui te préoccupe me préoccupe.)

Pareillement, dans cet exemple, le rôle de prédicat principal est joué par le syntagme verbal jæʃɣæluni “il me préoccupe” vis-à-vis de la proposition relative

ʔællæði jæʃɣælukæ “ce qui te préoccupe” qui exerce la fonction de sujet.

Ex. 4

[honæː nælʕæbu] بعلن انھ honæː næ/lʕæb/u

ici p4/joue/inacc ici nous jouons Ici, nous jouons.

Dans cet exemple, le rôle de prédicat principal de la phrase est assuré par le verbe

nælʕæbu “nous jouons”, tandis que la fonction de sujet est exercée par la marque

personnelle « p4 » jointe au verbe.

Ces exemples sont considérés dans la grammaire arabe comme étant des phrases nominales pour la seule raison que le terme initial dans celles-ci n’est pas un verbe, bien que l’analyse montre que le rôle de prédicat dans tous ces exemples est assuré par un verbe (ou un

syntagme verbal), à savoir, respectivement : qaːmæ “ il s’est levé”, ʔæːkolu “je mange”,

jæʃɣæluni “il me préoccupe” et nælʕæbu “nous jouons”.

En ce qui nous concerne, nous considérons que la phrase verbale en arabe est celle où le rôle de prédicat est assuré par un verbe, quelle que soit la catégorie à laquelle appartient le terme initial dans celle-ci.

1.2.2 La fonction de sujet dans la phrase verbale :

Une des caractéristiques linguistiques du verbe en arabe est qu’il peut être utilisé dans une phrase sans être accompagné d’un (pro)nom en fonction de sujet, par exemple :

Ex : 1

[ðæhæbtu ʔelæ nnæːdi] يدانلا يلا تبھذ

ðæhæb/tu ʔelæ n/næːdi

va+acc/p1 prép (à) déf+club

Je suis allé au club.

Toutefois, nous estimons que, dans cet exemple, la fonction de sujet est assurée par la marque personnelle « p1 » jointe au verbe ðæhæbtu “je suis allé”.

Ex : 2

[ðæhæbæ ʔelæ nnæːdi] يدانلا يلابھذ

ðæhæb/æ ʔelæ n/næːdi

va+acc/p3m prép (à) déf+club Il est allé au club.

Il en va de même dans cet exemple où la fonction de sujet est exercée par la marque personnelle « p3m » amalgamée au verbe ðæhæbæ “il est allé”.

La question qui se pose désormais est de savoir si nous pouvons considérer que la fonction de sujet est toujours assurée par la marque personnelle, même lorsque le verbe est

accompagné d’une autre unité nominale capable d’assurer cette fonction, ou si c’est cette dernière qui s’en charge, et dans quels contextes.

Pour répondre à cette question, nous allons examiner certains exemples représentant quatre possibilités de réalisation de la phrase verbale :

- Lorsque le verbe est précédé d’une unité (pro)nominale capable d’occuper la fonction de sujet.

- Lorsque l’unité en question se trouve après le verbe. - Lorsque le verbe est suivi d’un pronom.

- Lorsque le verbe n’est ni précédé ni suivi d’une unité capable d’assurer la fonction de sujet.