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Richelieu et les Libertés de l’Église gallicane ou le ressentiment du clergé de France

Dans le document Mélanges Michel Péronnet. Tome I (Page 124-140)

Françoise HILDESHEIMER

(Archives nationales, Université de Paris I)

Comme les cardinaux Briçonnet et d’Amboise, Duprat et Tournon, de Lorraine, soubs Louis trei-siesme le cardinal de Richelieu des conseils duquel l’Église et la France auroient tousjours une très honorable mémoire1.

La défense de la mémoire du cardinal

Le 23 août 1656, l’assemblée générale du clergé fit supprimer de laGallia

christiana l’éloge de l’abbé de Saint-Cyran que le Père Denis de Sainte-Marthe y avait inséré pour, soi-disant, ne pas faire tort à la mémoire de Richelieu (mais aussi, il est vrai, dans le contexte de la querelle janséniste et à l’instigation des jésuites tout aussi maltraités dans le Petrus Aurelius) et ordonna de porter en marge que, si cet éloge se trouvait dans d’autres exemplaires déjà distribués, il y aurait été mis sans sa connaissance et son

approbation2. Quatre ans plus tard, elle se trouvait confrontée à nouveau

à la défense de la mémoire du cardinal :

1. « Abrégé historique des Conseils privés de nos rois », Bibl. nat. Fr., ms. fr. 16217 (copie duXVIIIesiècle provenant de Saint-Germain-des-Prés).

Du lundi cinquiesme jour de juillet [1660] à deux heures de relevée, Monsei-gneur l’archevesque de Rouen président, MonseiMonsei-gneur l’évesque d’Auxerre a dit que Mr l’abbé de Richelieu estoit à la porte qui suplioit très humble-ment la Compagnie de vouloir lui donner audience sur quelque advis qu’il avoit eu que dans un livre imprimé de nouveau, il y avoit quelque chose où la mémoire de feu Mgrle cardinal de Richelieu pouvoit estre blessée1.

Ainsi débutait une affaire dont l’importance jugée mineure ne justifiera pas la reprise dans la version imprimée des procès-verbaux des assemblées du clergé, mais qui mérite d’être exhumée par ce qu’elle révèle de l’écho durable qu’ont eu dans le clergé les positions du cardinal dans le domaine des relations de l’Église et de l’État. Son intérêt réside également dans ce qu’elle peut permettre d’apporter quelques précisions sur les positions gallicanes de Richelieu et sur ses rapports avec les frères Dupuy et leur entourage.

Narrons-en rapidement le déroulement. L’abbé en question est Emma-nuel-Joseph de Richelieu, l’un des fils de François de Vignerot, général des galères, le frère de la duchesse d’Aiguillon, donc un petit-neveu du cardinal. « On luy avoit mis dans la teste que ce seroyt la plus belle chose du monde

qu’il fist un peu de rumeur2». La contestation porte sur un passage de

l’ouvrage de Louis Doni d’Attichy, évêque d’Autun, intitulé Flores historiæ

sacri collegii S.R.E. cardinalium. À propos de Georges d’Amboise et de son parc de Gaillon, un parallèle y était esquissé avec Richelieu et sa propriété de Rueil appelée «haceldama, hoc est ager sanguinis3Abel justi qui injure clamat ad Deum de terra». Tel est l’objet du litige tenu pour négligeable dans la ver-sion imprimée, qui donne lieu à de subtiles tractations relatées en termes édulcorés dans le procès-verbal manuscrit officiel, mais dont nous avons conservé une version parallèle, reflet plus fidèle de la réalité4. C’est l’ar-chevêque de Rouen, le très politique François II Harlay de Champvallon, qui se charge, avec le beau-frère de l’auteur, le comte de Maure, préci-sément de passage fortuit à Pontoise où siège l’assemblée du clergé, de négocier l’accommodement pour éviter rumeur et scandale, étant entendu que ladite assemblée n’a point normalement à connaître de telles affaires qui ne relèvent en rien de la discipline ni de religion. On transige d’abord sur la procédure : l’abbé ne sera pas reçu par l’assemblée, mais sa plainte

1. Arch. nat., G8 656A*, fol. 49 v., Procès-verbal manuscrit de l’assemblée générale du clergé de 1660.

2. Bibl. nat. Fr., ms. fr. 3886, fol. 39. 3. Mt27, 8 et Act.1, 19.

y est évoquée en termes « doux et honnêtes », tandis que l’évêque d’Autun accepte le retrait des lignes incriminées1. Après dîner, les deux parties se rendent mutuellement visite et se complimentent. L’affaire semble close à moindre bruit et, le 6 juillet à huit heures du matin, l’abbé est admis à remercier l’assemblée de son heureuse médiation et y entend des paroles louangeuses pour son grand-oncle.

Mais, deux jours plus tard, prenant connaissance du procès-verbal pour-tant rédigé avec un maximum de modération, l’abbé prend derechef feu et flamme, découvre le caractère blessant pour son oncle de la réponse de Louis d’Attichy et accuse le médiateur de duplicité et de trahison. Or, il apparaît de la relations parallèle que nous avons conservée que la réponse faite de vive voix par l’évêque d’Autun était bien loin d’avoir la modération inscrite au texte officiel : après un plaidoyer pour la liberté de l’historien2

vient un règlement de compte bien asséné et passionné dont le texte semble être la transcription fort exacte :

[...] un cardinal de qui la mémoire luy doibt estre en abomination, et lequel, non content d’avoir persécuté à toute outrance des officiers de la couronne qui lui tenoient lieu de pères, a supposé des gens décriez pour escrire contre eux, par où il a voulu avoir leur honneur et leur vie. [...] Qu’il ne faut point dire que le cardinal ayt rendu des services signalez au clergé par lequel il en doive estre considéré, mais qu’au contraire jamais personne ne l’a plus sensiblement ny plus outrageusement offensé, mesme en la personne de ses prélatz qu’il a ignominieusement chassez de l’assemblée de Mantes et a fait faire le procès à d’autres, et à un nommément pour avoir presté son carosse à la reyne Mère de son Roy.

1. Texte de l’édition de 1660 : «Dynastæ sibi ob oculos imitandum proponerent, nostro præsertim hoc infelici sæculo ; optandumque maxime fuit in Cardinale Richelio, qui tantopere Ambrosiano nostro conferri ambivit, ut nihil ab assentatoribus suis gratuis audiret ; quem tamen in nemore sou ac vivario Ruello perficiendo norunt omnes terrea jugera plurima ab incolis loci, vili pretio, ac vi et auctoritate rapuisse potius quam sponte vendita coëmisse. » Cette édition de 1660 se termine avec la vie de Bérulle. Or le P. Jacques Lelong, Bibliothèque historique de la France..., (nouv. éd., Charles-Marie Fevret de Fontette éd., Paris, De l’impr. de Jean-Thomas Hérissant, 1768-1778), no 32511 signale qu’au deuxième volume de l’ouvrage figure une vie de Richelieu qui « contient plusieurs choses dites avec assez de hardiesse contre ce cardinal » dont nous n’avons point trouvé de trace dans les exemplaires que nous avons eu en mains ; le t. II s’achevant par la vie de Georges d’Amboise, c’est sans doute au passage litigieux concernant Richelieu que fait allusion le P. Lelong.

2. « [...] qu’on n’écrit pas des histoires pour plaire à tout le monde, puisque les loix au contraire de cette profession sont de n’espargner personne et de dire le bien comme le mal, ainsy qu’on faist des Roys mesmes et des papes après leur mort, autrement on n’escriroit que des panégyriques et jamais des histoires. »

De plus, le prélat menace, si on exige de lui davantage, de faire réimpri-mer son ouvrage à l’étranger ou, mieux, de faire prendre sa défense par le roi et le parlement qui n’hésiteront pas, selon lui, à voler au secours « d’un évesque qui a écrit par occasion pour la défense de son propre sang et de la grand-mère du Roy qui estant la mère, belle-mère et tante de tous les roys et grands princes de son temps et qu’on peut appeler Cybelle, la mère des dieux, à qui toute sa maison avoit voué ses services, d’autant plus qu’elle avoyt l’honneur de luy estre alliée, quoy que les roys non plus que les dieux n’ayent point de parents mortels. »

L’affaire qui menace de tourner au scandale remonte alors jusqu’à Maza-rin qui se prononce pour l’étouffer en imposant silence aux parties, notam-ment à l’évêque d’Autun qui a encore « force matériaux tous prêts ». Le cardinal successeur ne se montre à cette occasion, si l’on en croit le procès-verbal de l’assemblée du clergé, que fort peu zélé pour la défense de la mémoire de son prédécesseur, estimant que l’intervention de l’abbé de Richelieu a eu pour conséquence de lui faire dire des vérités « qui ne pou-voient estre que fascheuses et injurieuses à la mémoire de son oncle » et que, par ailleurs, on ne saurait empêcher l’évêque d’Autun d’avoir raison « quand il feroit voir qu’il n’a rien dit de vray et que sur de bons mémoires et qu’il a défendu son sang et la mémoire de la mère du roy, et tous les juges favoriseroient cette cause contre une personne dont la mémoire est odieuse, et qu’il y a trente auteurs dans leurs livres, prédicateurs dans leurs sermons et advocats dans le bareau qui ont dit pis [...] ». On reviendra

sur cette prise de position a priori surprenante de la part d’un successeur

désigné et introduit au pouvoir par Richelieu qui en aurait récolté cette ingratitude critique.

En dépit des belles et louangeuses paroles (« ce grand cardinal de Riche-lieu dont le mérite et la gloire seront immortelles ») proférées devant l’abbé par les représentants du clergé, la mémoire du cardinal en cette année 1660 n’est donc pas une valeur sur laquelle il y a unanimité. Cette année-là, elle est précisément sur la sellette et Doni d’Attichy, l’attaquant, est en rivalité et opposition avec Antoine Aubery, le défendeur. Auteur comme lui de biographies de cardinaux (Richelieu et Mazarin, cardinaux-ministres, mais aussi Du Perron et Joyeuse) et d’une Histoire générale des cardinaux1. qui le place sur le même terrain littéraire, ce dernier publie, à l’instigation de la duchesse d’Aiguillon, fidèle gardienne des papiers et de la mémoire de son oncle, la première biographie fort louangeuse du cardinal augmentée

1. Antoine Aubery, Histoire générale des cardinaux, À Paris, Chez Jean Jost, 1642-1649, 5 vol. Dédiée à Mgrl’Éminentissime Cardinal duc de Richelieu

de nombreux documents originaux1. Tandis que les ressentiments d’At-tichy se donnent libre cours avec une certaine complaisance du pouvoir, s’appuyant sur trois points forts : la défense de la mémoire de Marie de Médicis — thème récurrent qui avait tracassé jusqu’à la conscience de

Richelieu2 et pour lequel Attichy était familialement bien placé — et du

sang royal, le contentieux de l’assemblée du clergé de Mantes en 1641, dont

Montchal nous a livré le récit passionné3, l’aspiration à une légation ou à

un patriarcat des Gaules avec la visée d’assujettir l’Église de France, mais aussi la dénonciation de ces « gens décriez » dont Richelieu aurait utilisé la plume. Pour les identifier, l’évêque d’Autun va nous servir de guide. D’une famille marchande florentine, Louis Doni d’Attichy était fils du

surinten-dant des finances de Marie de Médicis, Octavien, mort en 16144et neveu

des Marillac. Ce proche du parti dévot (son œuvre littéraire comporte aussi un De vita et rebus gestis Petri Berulli5...) avait fait ses études à La Flèche et au collège de Navarre ; minime, il avait été évêque de Riez de 1629 à 1652

avant d’être transféré à Autun6. Il meurt en 1668 ayant conservé toute

sa vie vis-à-vis de Richelieu et de sa mémoire tous les ressentiments qui avaient pu prendre naissance au soir de la Journée des dupes et se forti-fier à l’occasion de la disgrâce du chancelier et du procès du maréchal de Marillac7. Un lourd et durable contentieux...

1. Antoine Aubery,Histoire du cardinal duc de Richelieu, À Paris, Chez Antoine Bertier, 1660, etMémoires pour l’histoire du cardinal duc de Richelieu, recueillis par le sieur Aubery..., À Paris, Chez Antoine Bertier, 1660, 2 vols.

2. Françoise Hildesheimer, « Pardonner ou châtier ? Richelieu ou l’impossible clémence », Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique, no3, 1999, p. 425-463.

3. Charles de Montchal,Mémoires, Rotterdam, Gaspard Fritsch, 1718, 2 vol.

4. Jean-François Dubost,La France italienne.XVIe-XVIIesiècle, Paris, Aubier, 1997, VI-524 p. 5. Louis Doni d’Attichy,De vita et rebus gestis Petri Berulli Cardinalis..., Parisiis, Apud Sebast. Cramoisy, 1649.

6. Joseph Bergin, The Making of the French Episcopate, 1589-1661, New Haven, Yale Uni-versity Press, 1996, p. 610-611.

7. On conserve la copie d’une lettre qu’évêque de Riez retiré sur ordre du roi dans son diocèse pour l’empêcher de solliciter pour les deux frères Marillac, il écrivit, le 12 mars 1632 à Richelieu ; il s’agit d’un vibrant plaidoyer pour « nos oncles qui nous tiennent lieu de pères [...]. J’espère tant de vostre générosité que vous ne voudrez pas permettre que nous les voyons souffrir plus longtemps. Je vous en conjure au nom de Dieu, Monseigneur, et par vostre propre gloire qui vous oblige à exercer plutost vostre douceur et débonnai-reté en nous aydant que vostre puissance et authorité en nous accablant. » Bibl. nat. Fr., ms. fr. 3922, fol. 3. Cf. F. Hildesheimer, « Pardonner... », Cahiers de l’Institut d’anthropologie juridique, 1999.

Autour desLibertés de l’Église gallicane

Le 25 octobre de la même année 1660, Doni d’Attichy s’exprimant longuement devant l’assemblée du clergé sur le thème de la juridiction ecclésiastique, y présentait douze moyens pour « faire fleurir l’Église de

France1». Il y dénonçait « les livres pernicieus des Libertez de l’Église

gallicane déjà censurés par l’Assemblée » et proposait

qu’il seroit bien à propos d’employer et bien payer quelque homme savant et versé dans la doctrine des Pères et des saints canons, comme seroit quelque docteur de Sorbonne ou autre, et les obliger de répondre au livre des Libertez de l’Église gallicane, prenant garde que ceux qui seroient ainsi choisis par le Clergé ne se contentassent pas d’ébaucher simplement la matière ou faire quelques effays qui passassent d’une assemblée à une autre et dont on ne visse jamais la fin et la perfection, mais qu’ils y travaillassent à bon escient. Comme aussi il faudroit prier et convier Mon-seigneur l’évesque de Montpellier de donner ce qu’il a préparé sur ce sujet, qui ne peut qu’estre excellent partant d’une si bonne plume, et que le Clergé le fist imprimer à ses dépens2.

Il s’agit naturellement du Traité des droits et libertés de l’Église gallicane de Pierre Dupuy, suivi des Preuves des libertés de l’Église gallicane, l’un des grands scandales des années 1640 : une collection de traités antérieurs collationnés par Dupuy et eux-mêmes pourvus lors de leur publication de privilèges, complétée par un volume de « preuves » composé de documents tirés des archives ; les volumes imprimés sans privilège (Rouen, 1638) connurent un grand succès et furent épuisés en trois mois, mais un arrêt du Conseil privé

du 20 décembre 16383en interdit l’impression, la vente et la diffusion sous

peine d’une amende de 10 000 livres applicable aux hôpitaux, tandis qu’il fut censuré le 9 février 1639 lors d’une assemblée particulière de prélats à laquelle avait participé Doni d’Attichy traitant d’une publication « dans laquelle ils [les prélats] ne disconviennent pas qu’il y ait à la vérité quelques droits légitimes de nos rois et quelques vrais privilèges de l’Église gallicane

1. Pierre Blet S. J.,Le clergé du Grand siècle en ses assemblées, 1615-1715, Paris, Éd. du Cerf, 1995, p. 241-243 (« Histoire religieuse de la France »).

2. Arch. nat., G8 657B*, p. 394.

3. Arrêt non motivé dont la minute écrite d’une seule main sans ratures ni corrections et ne porte pas la signature du rapporteur qui est de règle et qui figure sur les autres arrêts du même jour rapportés par le même Verthamont. Arch. nat., V6 135 (20 décembre, no 51). Revêtu de lettres patentes du même jour et complété d’un formulaire de procès-verbal de signification en blanc, il fut imprimé (exemplaire notamment dans Bibl. nat. Fr., ms. fr. 15503, fol. 202-203).

fidèlement rapportés dans ces livres, mais ils se plaignent de ce que l’auteur y mêle une infinité d’entreprises sur les droits de l’Église qu’il ne craint

point d’avancer sous le titre spécieux de libertés de l’Église gallicane1».

L’ouvrage, qui sera encore l’objet d’une censure de la faculté de théologie2

et d’une mise à l’Index le 26 octobre 1640, n’en continue pas moins de circuler en toute liberté au grand dépit de Rome. Le nonce Scotti écrit, le 13 janvier 1640 : «benche suppresso dall’assembla de vescovi, si legge da chi vuole, non havendo il cardinale di Richelieu voluto che si prohibisca giuditialmente3. »

L’association de Richelieu à l’affaire est généralement affirmée sans que sa position apparaisse comme étant d’une parfaite clarté. On dit que l’ou-vrage a été publié soit malgré lui ou à son insu, soit sur son ordre désireux qu’il était de mortifier les prélats4 et les historiens ont adopté la version

de Montchal5qui situe la publication des Libertés dans le contexte de son

ambition contrariée de faire créer à son profit un patriarcat des Gaules et d’assurer sa domination sur l’Église de France et qui correspond à l’image machiavélique ordinairement donnée du cardinal : il aurait fait écrire par ses créatures, puis aurait condamné leur production pour ne pas déplaire au clergé, tout en la laissant en circulation... Il est vrai que l’affaire est ambiguë dans la mesure où la sanction — au demeurant non motivée — du Conseil privé (par un arrêt pris selon la tradition dont le Père Lelong se fait l’écho « à la sollicitation du cardinal de la Rochefoucauld et de

Bolo-gnetti, nonce du pape, et par complaisance pour le Cardinal de Richelieu6»,

1. Arch. nat., G8 649* et Antoine Duranthon, Collection des procès-verbaux des assemblées générales du clergé de France depuis 1560 jusqu’à présent, Paris, G. Desprez, 1767, t. III, pièce justificative no1 de l’assemblée de 1641 (texte français et latin de la censure).

2. Bibl. nat. Fr., ms. fr. 15503, fol. 204-277.

3. Correspondance du nonce en France Ranuccio Scotti, Pierre Blet S. J. (éd.), Rome, Presses de l’Univ. grégorienne, 1965, no189 (Acta nuntiaturæ gallicæ, 5).

4. Gabriel Demante, « Histoire de la publication des livres de Pierre Du Puy sur les libertés de l’Église gallicane »,Bibliothèque de l’École des chartes, t. V, 1843-1844, p. 585-606.

5. « Le Cardinal cependant ne se lassant pas de mal faire, fit publier deux volumes qui avoient pour titre Les Libertés de l’Église gallicane, mais pour but sa destruction, puisque c’étoient des recueils de toutes les entreprises que la puissance séculière a jamais faites contre l’Église même en tems de schismes ou dans ces contentions qui portent les parties de part et d’autre à faire tout ce qu’elles peuvent et ce qu’elles ne peuvent pas » (Montchal, Mémoires, Rotterdam, 1718, t. I, p. 45). Une version à laquelle donnent autorité les tables des procès-verbaux des assemblées du clergé qui y font renvoi (Arch. nat., G8 707H*) et qui a inspiré l’historiographie classique affirmant que Richelieu a inspiré son dessein à Dupuy (notamment Henri Sée,Les idées politiques en France auXVIIesiècle, Paris, 1920, M. Giard, p. 78-81 ou René Pintard,Le libertinage érudit dans la première moitié duXVIIesiècle, Paris, Boivin, 1943, p. 93).

dont on notera que le rapporteur était Verthamont, un ami de Dupuy, qui

a curieusement omis d’y apposer sa signature1) précédait la réclamation

épiscopale et qu’il est fort invraisemblable que le cardinal-ministre n’y ait point été associé. Il est vrai aussi qu’il ne s’agissait que d’une interdiction de vente sous prétexte de défaut de privilège et non d’une condamnation, et que Henri Arnauld fait mention du mécontentement cardinalice à pro-pos de la condamnation épiscopale, un mécontentement modéré qui ne vise expressément que le fait qu’elle ne lui ait pas été soumise avant d’être

divulguée2. Il est vrai enfin que Rome via le nonce, le clergé de France

pourvoyeur de subsides et le gallicanisme politique sont les trois termes que le cardinal avait à ménager avec toute sa prudence politique. Ajoutons

Dans le document Mélanges Michel Péronnet. Tome I (Page 124-140)