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dans le diocèse de Montpellier au XVII e et dans la première moitié duXVIIIe siècle

Dans le document Mélanges Michel Péronnet. Tome I (Page 174-178)

Xavier AZÉMA

(Montpellier)

En relisant l’intervention de Michel Péronnet dans les actes du XIIIe

col-loque du Centre d’histoire des Réformes et du protestantisme de Montpel-lier1, j’ai jugé fort utile de mieux discerner comment s’était organisée dans le diocèse de Montpellier la catéchèse des enfants, au lendemain du concile de Trente. Michel Péronnet notait nettement combien le catéchisme exi-geait un « enseignement graduel de la “vraie religion” ». Il constatait aussi qu’ayant « examiné d’assez près le catéchisme de Colbert, dit janséniste », il ne trouvait, sur quelques huit cent pages, qu’une page de changements : une élimination par Charency d’un paragraphe de Colbert sur la grâce et un rajout par Charency d’un paragraphe sur les droits du pape d’après une

nuance marquant sa soumission plus grande aux décisions pontificales2.

L’importance de Mgr Colbert, dans le domaine de la catéchèse est fort

connu, mais qu’avaient fait ses prédécesseurs dans le courant tridentin ? Avait-on déjà pensé aux petits enfants ?

Dès 1566, Pierre Canisius avait fait précéder saSomme de Doctrine chrétienne

d’un petit catéchisme destiné aux enfants, leminimus, ouvrage bientôt suivi

1. Michel Péronnet, « Catéchismes, confessions de foi et histoire », dansCatéchismes et confessions de foi, Marie-Madeleine Fragonard et Michel Péronnet (éd.), Montpellier, Univ. Montpellier III, 1995, p. 549-567.

2. Michel Péronnet, « Catéchismes... », dans Catéchismes et confessions de foi, Montpellier, 1995, p. 563-564.

d’un minor, à la portée des jeunes, plus instruits que les petits enfants1. Certes, la catéchisme romain du concile de Trente parut à beaucoup plus ecclésial, il n’en reste pas moins que le découpage de saint Pierre Canisius,

avec son minimus et son minor garde son importance pour de nombreux

catéchismes diocésains2.

Pour les diocèses du Languedoc, le concile de Narbonne invita, dès 1609, les vicaires perpétuels et autres pasteurs paroissiaux « à rassembler chaque dimanche les pères de famille avec leurs enfants » pour un enseignement « suivant l’ordre du catéchisme » ; ainsi « la jeunesse légère de leur enfant sera tenue et disciplinée dans la sainteté des mœurs [...] ». Et, l’évêque de Montpellier, Pierre de Fenouillet avait signé ce chapitre des ordonnances et décrets du concile. Cependant, bien que son ministère pastoral ait été

très actif, il ne semble point que Mgr de Fenouillet ait pu mettre en route

une catéchèse paroissiale3.

En revanche, les chrétiens réformés de Montpellier avaient publié, dès 1616, un Catéchisme en forme de dialogue pour l’instruction des petits enfants en la religion chrestienne4. Les paroisses catholiques tardaient, à se mettre en route dans ce domaine ; le souci paroissial, ainsi qu’en témoignent les visites pastorales, était de restaurer les églises, trouver au pasteur paroissial un logement plus décent que les ruines de la maison curiale...

Lorsqu’en 1655, François de Bosquet succède quasiment à Pierre de

Fenouillet5 il ne peut se consacrer que très partiellement aux paroisses

rurales où les petites écoles, très rarement, s’ouvrent ici et là. Son neveu, Charles de Pradel, lui succède en 1676, et, avec lui, s’organise enfin la catéchèse des enfants ; il rédige, en premier, un règlement pour les petites écoles et, dès 1687, y joint le Catéchisme du diocèse6... L’année suivante, le

1er janvier, commence par une importante visite pastorale, et les paroisses

visitées dans les trois premiers mois de l’année ont quasiment toutes — à l’exception de deux — des écoles. L’évêque devant l’église « interroge les enfants qui vont à l’école, sur le catéchisme ; il donne des images à ceux et celles qui lui répondent bien [...] ». Au prêtre, curé de la paroisse, il est demandé « de visiter les écoles deux fois par semaine et de rendre

1. Xavier-Marie Le Bachelet S. J., art. « Canisius », dans Dictionnaire de théologie catholique, t. II, 1905, vol. 1524-1525.

2. Concilium provinciale Narbonnensis..., Biterris, Apud J. Pech, 1612, p. 15. 3. Cf. Jean Segondy,Pierre de Fenouillet, 1608-1652 (mémoire dactyl. inéd.). 4. À Montpellier, Par Jean Gilet. 1616, 80 p. (Bibl. mun. Montpellier, 53761). 5. Renaud d’Este est évêque de Montpellier de 1652 à 1655.

6. Catéchisme du diocèse de Montpellier..., À Montpellier, Chez Pierre et Daniel Peronnet, 1697, 431 p.

compte, chaque mois, au prélat, de la conduite du maître et s’il y a lieu de la maîtresse, du progrès des enfants ». Dès le mois de février, il est de plus demandé au prêtre-curé qu’il « s’assure que les maîtres et maîtresses

d’école ne se servent que de notre catéchisme1».

Charles de Pradel meurt le 17 septembre 1696. Dès le 17 novembre, la nomination de son successeur, Charles-Joachim Colbert de Croissy est approuvée par Rome. Et aussitôt, le nouvel évêque de Montpellier appelle auprès de lui François-Aimé Pouget, oratorien bien connu et apprécié de Colbert. Ensemble au cours de visites pastorales, ils élaborent le plan de

leur nouveau catéchisme diocésain2. Dès le 2 juin 1701, le mandement

épiscopal annonçant la parution du grand catéchisme ne manque pas de revenir sur l’éducation de l’enfance : « on n’apprend originairement aux enfants que quelques vérités spéculatives ; on se contente de leur donner des termes dont ils chargent leur mémoire sans qu’on n’en fasse com-prendre le sens. Les explications que donnent quelquefois les maîtres ne

sont pas assez digérées ni assez exactes. Ainsi se passe l’enfance3. » À la

suite des Instructions générales4, le « règlement pour les catéchistes du dio-cèse de Montpellier » s’adresse « aux prieurs, vicaires, catéchistes, maîtres, maîtresses d’école de notre diocèse ». Il annonce « les deux catéchismes ci-après imprimés ». La différence est aussitôt marquée entre les différentes églises paroissiales où se fait le catéchisme tous les dimanches et fêtes et les écoles pour lesquelles « on suivra le règlement qui est dressé par l’autorité de feu Mgr de Pradel notre prédécesseur [...] ».

Il y aura dans les villes ou les gros bourgs, des catéchismes séparés pour les garçons et pour les filles, car il n’est pas bienséant « que les enfants de différents sexes soient dans la même classe mais dans les paroisses où il n’y a point assez d’enfants pour faire quatre catéchismes, on séparera, s’il est possible le groupe des garçons de celui des filles ». Par ailleurs, il faut que les maîtres et maîtresses d’école conduisent les enfants de l’école à l’église pour y faire le catéchisme. Il semble bien précisé que sous Colbert, le rôle des curés et vicaires est plus fort que celui des maîtres, d’autant que

1. Arch. dép. Hérault, G 1155.

2. Cf. Jean Segondy, « Joachim Colbert de Croissy, évêque de Montpellier, avant la bulle Unigenitus», dans Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, XXXIIIe, XXXIVeet XXXVIecongrès (Bagnols, Narbonne, Lodève, 1959, 1960, 1963), Mont-pellier, F.H.L.M.R., s. d., p. 29-30.

3. « Mandement de Monseigneur l’évêque de Montpellier », dans Instructions générales en forme de catéchisme..., À Lyon, Chez Claude Plaignard, 1739, p. VI.

le directeur général des écoles et du catéchisme assisté de deux préfets de catéchisme est chargé de veiller au bon ordre des choses.

Un examen général est prévu en fin d’année ; cependant, les enfants moins bons ou plus petits ne sont pas oubliés, s’il y a pour eux difficulté pour passer d’une classe à l’autre. Il faut penser bien fort que c’est « Dieu seul qui fait atteindre l’accroissement » et les différents enseignants doivent « prier avec ferveur pour obtenir sa miséricorde, sans oublier qu’il faut

pra-tiquer ce qu’on a enseigné aux autres pour être grand dans le Royaume1».

À la mort de Colbert, son successeur, Mgrde Charency, crut devoir, avec

les quelques modifications signalées par Michel Péronnet, rééditer à son nom les Instructions générales de son prédécesseur2. Et les deux catéchismes destinés aux enfants demeurent, eux, sans modification à quelques mots près dans les chapitres sur la grâce et la pénitence.

Étant donné que le catéchisme de Charency va perdurer pour le diocèse de Montpellier jusqu’à l’Empire, on peut vraiment estimer que l’œuvre de la Réforme tridentine, de Charles de Pradel à Berger de Charency, a bien mené les enfants sur la route tracée par le Christ.

1. Instructions générales..., Lyon, 1739, p. 678-679.

2. Instructions générales en forme de catéchisme... Nouv. éd., revue, corrigée et argumentée par ordre de MgrGeorges-Lazare Berger de Charency, À Toulouse, Chez Jean-François Crosat 1748, XVIII-672 p.

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