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à l’époque de la Contre-Réforme

Dans le document Mélanges Michel Péronnet. Tome I (Page 106-124)

Jean BÉRENGER

(Université de Paris IV)

La « Hongrie historique », qui couvrait en 1526 une superficie de

350 000 km2 et s’étendait de l’Adriatique à la frontière russe et de la

Pologne à Belgrade, était un pays officiellement catholique, qui avait cessé de l’être au bénéfice de la Confession d’Augsbourg et des Églises

réfor-mées. Toutefois, durant tout le XVIe siècle, jusqu’à la paix de Vienne de

1606, les églises protestantes n’avaient aucun statut légal et paradoxalement le pluralisme confessionnel coïncide avec les débuts de la Contre-Réforme en Hongrie. Autre trait original de l’histoire hongroise : jusque dans les années 1680, la Grande Plaine était occupée par les Turcs, la capitale

his-torique, Buda, étant le siège d’un pachalik ottoman. De 1541 à 1688, la

« Hongrie royale » n’était qu’une mince bande de territoire comprenant la Croatie, la Transdanubie, (l’actuel Burgenland autrichien) et la Haute-Hongrie (l’actuelle Slovaquie). L’occupation ottomane créait des conditions de vie très particulières. Même si les Hongrois demeurés dans la Grande Plaine ne se convertirent jamais à l’islam, la présence des occupants turcs rendait nécessaire une zone de confins militaires destinés à prévenir les incursions ottomanes. Quant à la Transylvanie, elle fut, de 1568 à 1689, une principauté autonome, vassale de la Porte, mais gouvernée par un prince hongrois calviniste. Enfin la noblesse hongroise, en majorité pro-testante, était très jalouse de ses privilèges constitutionnels, résumés dans

l’Opus Tripartitum du juriste István Werböczi1. La nation hongroise s’est, au

XVIIe siècle, identifiée à la nation nobiliaire, les « états et ordres » (status & ordines), au nombre de quatre : prélats, aristocrates, nobles et villes royales. Pour les évêques, qui avaient la préséance, il y avait néanmoins contradic-tion entre leur place dans la hiérarchie sociale et leur pouvoir économique, voire politique. C’est pourtant le rôle de ce groupe social restreint, élite parmi l’élite (dix-neuf évêques catholiques pour une population totale

d’en-viron deux millions huit cent mille habitants auXVIIesiècle), que nous nous

proposons d’analyser.

Au Moyen Âge, le clergé catholique était, conformément à la tradition d’un pays chrétien, le premier ordre dans la hiérarchie sociale et politique, mais son influence avait beaucoup diminué après 1526, puisque 80 % de la

population étaient, au début duXVIIe siècle, convertis à la Réforme

protes-tante, alors que les Turcs occupaient 60 % du territoire national. Le haut

clergé avait souffert, au cours du XVIe siècle, de la Réforme protestante.

Dans la Hongrie royale, les grands seigneurs se sont appropriés une par-tie des revenus ecclésiastiques et dans la Hongrie turque, les évêques ont été totalement dépossédés. Vers 1580, la majeure partie des « régnicoles » appartenait soit à la Confession d’Augsbourg ou luthéranisme (Allemands, Slovaques et quelques Hongrois), soit à la confession helvétique ou calvi-nisme, (seigneurs et paysans hongrois). La question majeure qui se posait était de savoir si la Contre-Réforme avait quelque chance de succès, mais

ni les évêques formés à Rome au Collegium germanicum hungaricum2 ni les

jésuites ne doutaient de la victoire finale, de sorte que l’histoire de

l’épis-copat hongrois auXVIIe siècle est celle d’un long combat qui s’est achevé

sur un succès mitigé.

D’autre part, Soliman le Magnifique a vaincu l’armée féodale hongroise à Mohács en 1526 et conquis progressivement la Grande Plaine. Il a installé un pacha à Buda en 1541 et considéré la Hongrie comme un protectorat ottoman. Dans cette partie centrale du royaume, il a distribué les domaines du clergé comme ceux des nobles laïcs à des « timariotes », c’est-à-dire des cavaliers de l’armée régulière ousipahis. Seigneurs laïques et ecclésiastiques se réfugièrent dans la Hongrie royale, tandis que paysans et habitants des bourgades restaient sur place. En ce qui concerne le clergé catholique, l’administration ottomane, qui se comportait de manière tout

1. István Werböczi,Decretum latino-hungaricum sive Tripartitum Opus juris consuetudinarii inclyti Regni Hungariæ(appelé communémentOpus Tripartitum), 1reéd., Vienne, 1517.

2. István Bitskey,Il collegio germano-ungarico di Roma. Contributo alla storia della cultura ungherese in età barocca, Roma, Viella, 1996, XIII-238 p.

à fait neutre, tolérait la présence des ordres mendiants (franciscains et capucins) mais préférait, pour encadrer ses sujets chrétiens, des pasteurs calvinistes, qui n’étaient pas soumis à l’autorité du Saint-Siège, puissance

alliée des Habsbourg et par conséquent ennemie de l’Empire ottoman1.

L’ordre des prélats comprenait les évêques, les chanoines des chapitres cathédraux, les membres de certaines collégiales (comme celle de Pres-bourg), ainsi que quelques abbés. Les archevêques et évêques catholiques étaient nommés par le roi (l’empereur n’est que roi en Hongrie), et le pape

ne pouvait que confirmer la proposition royale2. Cette prérogative

consi-dérable des rois de Hongrie était fondée sur le droit de patronat accordé à saint Étienne, qui était le premier et l’unique fondateur des églises de

Hongrie ; elle avait été confirmée auXVesiècle, de sorte que les Habsbourg

pouvaient aisément contrôler le clergé hongrois et s’en faire une clientèle, dans un pays où la haute noblesse n’était pas particulièrement docile. Ce privilège régalien, un des rares dont ait joui la maison d’Autriche dans ce pays au tempérament rebelle, n’était pas pourtant particulièrement agréable

au nonce apostolique à Vienne3.

Si l’épiscopat représentait une force politique réelle, toute dévouée aux Habsbourg, il se trouvait dans une situation économique très précaire, car la plupart des évêques, dépourvus de revenus propres, vivaient de pen-sions royales. Sur les quinze sièges que comptait l’ensemble de la Hongrie d’avant 1526, neuf étaient occupés par les Turcs ; seuls leur échappaient les évêchés de Nyitra, Zagreb, Veszprém, Györ et celui de Transylvanie — mais ce dernier était entre les mains des protestants. La ville d’Esztergom,

siège primatial depuis le XIIIe siècle, était aux mains des Ottomans ; bien

qu’une partie des biens situés dans les comitats de Presbourg et de Györ ait échappé aux Turcs, l’archevêque et les membres du chapitre vivaient comme des réfugiés non loin de Presbourg dans la petite ville slovaque de

Trnava (hongrois : Nagyszombat), où ils demeurèrent jusqu’au XIXe siècle,

ce qui explique que la cathédrale ait été reconstruite en style néo-classique, et non point en style baroque. Beaucoup plus précaire était la situation des titulaires des autres sièges — comme l’archevêque de Kalocsa, l’évêque de

1. Endre Zsindely, « Bullinger, Calvin et la Réforme en Hongrie », dansLe rayonnement de Calvin en Hongrie duXVIesiècle à nos jours, Genève, C.P.H.G., 1986, p. 56.

2. «Quod Papa in collationibus beneficiorum Ecclesiasticorum in hoc Regno nullam jurisdictionem retinuit præter confirmationis auctoritatem» István Werböczi,Opus Tripartitum, I, 11, Kolozvsár, 1698, p. 15-18.

3. « Nuntiaturberichte aus Deutschland », Arthur Levinson (éd.),Archiv für österreichische Geschichte, t. CIII, Wien, 1916, p. 711.

Pécs ou celui de Knin, en Croatie. L’empereur Léopold Iernomma en 1666 évêque de Knin un de ses hommes de confiance, le franciscain Don Cristo-bal Rojas y Spinola, futur cardinal. L’évêché rapportait si peu qu’il dut lui donner, l’année suivante, un bénéfice substantiel, la paroisse de Hartberg

en Styrie, dont le souverain avait le patronat1. Le dernier évêque chassé

par les Turcs fut celui d’Oradea (hongrois : Nagyvárad), dont le siège fut occupé par l’armée ottomane en 1662. Les évêques s’apparentaient donc à des évêques titulairesin partibus Infidelium, qui menaient un train de vie fort modeste, soit à la cour impériale, soit en Haute-Hongrie. Leurs revenus, qui dépendaient de la munificence impériale, consistaient soit en modestes bénéfices, soit en pensions sur le Trésor impérial, irrégulièrement versées. C’est pourquoi l’épiscopat était le meilleur soutien de la politique des Habs-bourg en Hongrie et le moteur de la Contre-Réforme : seuls la reconquête de la Grande Plaine et l’écrasement des protestants pourraient leur rendre leur richesse et leur puissance temporelle. Cette situation précaire explique en partie l’attitude de l’épiscopat hongrois, partisan fervent de la Contre-Réforme et de la reconquête sur les Turcs. Pour cette croisade antihérétique et antimusulmane, l’épiscopat hongrois ne marchandait pas son appui à la maison d’Autriche. Il était prêt en particulier à proclamer l’hérédité de la couronne de saint Étienne en faveur de la maison d’Autriche et à appuyer toute campagne de recatholicisation, même brutale. Ce n’est pas par hasard si un évêque chassé de son diocèse, György Bársony, qui vivait, après 1662, des seuls revenus de prévôt de la collégiale de Presbourg, formula dans son ouvrageVeritas toti mundo declarata, publié en 16722, une théorie radicale de la Contre-Réforme : les Églises issues de la Réforme n’avaient pas leur place en Hongrie, parce qu’elles n’y avaient aucune existence légale, en dépit de paix de religion concédées par les Habsbourg ; il fallait seulement ramener tous les Hongrois, de gré ou de force, dans le giron de l’Église romaine. Ce comportement ne doit pas tromper sur les origines d’un clergé qui socialement appartenait à la noblesse : les évêques se recrutaient dans les familles de magnats, par exemple les primats Forgách, Pázmány, Lippay, Szelepcsényi, Kollonich ou l’évêque d’Eger, Tamás Pálffy.

1. Samuel J. Miller & John P. Spielman Jr,Cristobal Rojas y Spinola cameralist and irenicist, 1626-1695, Philadelphia, American Philosophical Society, 1962, 108 p. Outre ses intérêts pour le mercantilisme et l’économie politique, Don Cristobal Rojas s’est engagé à fond dans la tentative de rapprochement des Églises chrétiennes et fut à ce titre un interlocuteur privilégié du philosophe Leibniz.

2. György Bársony,Veritas toti mundo declarata : Sacram Cæsaream Regiamque Majestatem non obligari ad tolerandam in Ungaria Lutheranos et Calvinistas. Nous utilisons la réédition de Sopron, 1681, 220 p.

Ferenc Forgách1, qui appartenait à l’une des plus grandes familles de l’aristocratie hongroise, fut nommé en 1607 sur le siège d’Esztergom, vacant depuis plusieurs années. Il se consacra, avec un grand zèle, à la

réorganisation du clergé. Forgách lui-même était allé à Rome au Collegium

germanicum hungaricum et il fut l’un des représentants les plus aguerris de la Contre-Réforme militante, que ce soit à la cour ou dans le conseil royal, il poussait le roi à combattre la noblesse protestante. Il considérait comme nulle la paix de Vienne, conclue à la suite de la révolte de Bocs-kai, et demanda au roi d’abroger les privilèges concédés aux protestants. Il utilisa tous les moyens possibles pour faire triompher la cause de la Contre-Réforme et les cinq élèves envoyés à Rome faisaient partie d’un plan précis, même si trois d’entre eux se montrèrent indisciplinés. Pourtant la paix signée à Zsitva Torok à la fin de l’année 1606 créait les conditions d’un renouveau de l’Église catholique : la Hongrie allait connaître pour plus d’un demi-siècle (exactement de 1606 à 1660) une paix relative avec l’Empire ottoman ; toute grande guerre était exclue, même si les razzias turques troublaient le repos des régions de la frontière2.

Faustus Verancsics, évêque de Csanád, polygraphe, lexicographe, his-torien et physicien, nous fournit une bonne description de la situation

confessionnelle au début du XVIIesiècle. Nommé évêque en 1598, il vint à

Rome en 1606 et fit, à la demande du pape Paul V, un rapport sur la Hon-grie3. Dans la première partie (Dello stato ecclesiastico), il décrivait la situation politique, sociale et confessionnelle du pays, dans la seconde, il cherchait les moyens d’y porter remède (Il modo di restaurare la religione in Ungheria). Verancsics soulignait la nécessité de trouver des prêtres d’un haut niveau et pensait qu’il faudrait en permanence douze élèves hongrois à Rome au

Collegium germanicum hungaricum, conformément au quota qui avait été établi par Grégoire XIII, alors que, de 1600 à 1608, on n’avait envoyé à Rome que treize séminaristes, alors qu’on aurait pu en envoyer quatre-vingt-seize, soit en moyenne chaque année un seul au lieu des douze prévus. Et la majorité des séminaristes hongrois s’en retournait avant d’avoir accompli le cycle prévu.

1. Poncrac Sörös,Forgach Ferenc Esztergomi biboros [François Forgách, cardinal d’Eszter-gom], Budapest, 1901.

2. Jean Bérenger,Les « gravamina ». Remontrances des diètes de Hongrie de 1655 à 1681. Recherches sur les fondements du droit d’État auXVIIIesiècle, Paris, PUF, 1973, 333 p. (« Publications de la Sorbonne », série « Documents », 23). Cf. « Introduction », p. 11.

3. Archivio Vaticano, Roma, Fondo Borghese II/v et III/7c ; rapport analysé par István Bitskey,Il collegio germano-ungarico..., Roma, 1996, p. 53-54.

Le cardinal Pázmány (autre aristocrate élevé au siège d’Esztergom) a fait ses études à Rome au noviciat des jésuites de 1593 à 1597, où il termina sa théologie avant d’aller enseigner à Graz, dans l’université fondée en 1582 par le père de Ferdinand II, la philosophie et la théologie. Rentré en Hon-grie en 1607, il devint conseiller de l’archevêque Forgách. À la mort de ce dernier, en 1616, Pázmány, après avoir quitté formellement la Compagnie de Jésus, fut à son tour promu archevêque d’Esztergom avec pour tâche de reconstruire l’Église catholique hongroise. Les études romaines et les expé-riences italiennes eurent un rôle essentiel dans sa volonté de développer les contacts avec leCollegium germanicum hungaricum. Il fut le plus grand

promo-teur des études humanistes dans la Hongrie duXVIIe siècle. Sa production

littéraire lui a valu le titre de « père de la prose de langue hongroise ». En 1622, Pázmány profita d’une session de la diète, à Sopron, pour réunir le synode des évêques hongrois, parmi lesquels on trouve les évêques de Nagyvárad, Nyitra, Zagreb et l’archevêque de Kalocsa. Ils rédigèrent un mémorandum pour le pape Grégoire XV sur la situation de l’Église en Hongrie ; dans la première partie, ils décrivaient les misères de la guerre ; dans la seconde, ils proposaient des remèdes, en particulier l’envoi d’un plus grand nombre d’élèves à Rome. En 1624, Pázmány fonda à Vienne un

séminaire, le Pazmaneum, placé sous la direction d’un jésuite, pour donner

une formation préparatoire aux séminaristes hongrois de Vienne, de Graz ou d’Olmütz, avant de les envoyer à Rome ; le premier qui fut désigné fut

le jésuite Guillaume Lamormain, le célèbre confesseur de Ferdinand II1.

À partir de 1634, les heureux élus s’engagèrent à servir trois ans le diocèse d’Esztergom. Parmi eux, il faut citer cinq futurs évêques : István Bosnyák, György Lippay, Benedek Kisdi, György Szelepcsényi et György Jakusich.

István Bosnyák fut évêque de Pécs, puis de Veszprém et de Nyitra et il occupa le poste de chancelier de la cour.

Né en 1600, György Lippay a fait une belle carrière ; d’abord évêque de Veszprém, il devint en 1635 chancelier de Hongrie et conseiller d’État deux ans plus tard, avant d’être nommé par Ferdinand III en 1642, à l’âge de quarante-deux ans, primat de Hongrie, poste qu’il devait occuper

jusqu’à sa mort en 16662. C’est un magnat par ses origines, — deux de ses

parents, János et György, siégeaient à la diète de 1662 comme ils ont siégé

1. Andreas Posch, « Guillaume Lamormain, 1570-1648 », Alphonse Sprunck (trad.), dans Biographie nationale du pays de Luxembourg, depuis ses origines jusqu’à nos jours, fasc. VI, Luxembourg, 1954, p. 265-297.

2. Henry Frederick Schwarz,The Imperial Privy Council in the Seventeenth Century, Cambridge, Harvard University Press-London, H. Milford, Oxford University Press, 1943, p. 288.

à celles de 1655 et 16591 —, tandis qu’un autre de ses parents, Gáspár

Lippay fut président de la Chambre hongroise2, de 1646 à 1652. Élève du

cardinal Pázmány, qui l’envoya à Rome auCollegium germanicum hungaricum, il

fut favorable aux Habsbourg jusqu’à la conclusion de la malheureuse paix de Vasvár où l’empereur vainqueur des Ottomans leur céda pourtant deux places indispensables à la sécurité de la Hongrie et de la Transylvanie : Oradea et Nové Zámky (hongrois : Érsekújvár). Furieux de voir bafouer les intérêts de son pays, il prit immédiatement contact avec les principaux

chefs de la noblesse hongroise3. Il s’engagea ensuite dans la conjuration

dirigée par le palatin Wesselényi, bien que les deux hommes aient eu peu

de sympathie l’un pour l’autre. Grémonville, résident français à Vienne4,

prononça en ces termes l’éloge funèbre du prélat en 1666 : « ce bon vieillard ne respirait que vengeance contre les mauvais traitements qu’il prétendait avoir reçu de cette cour. Il avait créance et considération parmi

les plus grands seigneurs du Royaume5». En fait sa volte-face n’était

qu’apparente. Il tenait autant à la croisade contre l’islam qu’à la croisade contre l’hérésie et ne pouvait admettre que le gouvernement eût sacrifié les intérêts de la Hongrie à la politique dynastique de la maison d’Autriche ; il réagissait donc comme l’immense majorité de la noblesse hongroise.

En outre, Lippay est un des prélats qui jetèrent les bases de la culture baroque en Hongrie ; il fonda de nombreuses écoles ; il organisa le collège des jésuites à Trencsén et fut à l’origine de la création de la faculté de droit à l’université de Nagyszombat. Il a publié de nombreux ouvrages en latin et entretenu une vaste correspondance, mais dans le domaine de la littérature hongroise il reste loin derrière le cardinal Pázmány.

1. Acta diætalia, 1655, 1659, 1662. Arch. mun. K ˇosice, 2636-I Ed.

2. Hofkammerarchiv, Wien,Familien Akten. Gyözö Ember,Az újkori magyar közigazgatás története, 1526-1711[Histoire administrative de la Hongrie moderne], Budapest, 1946, p. 141. 3. « Le bruit court toutefois icy [à Vienne] que l’Archevêque de Presbourg (sic) a escrit aux comtes de Serin, Bathiany et Nadasti que l’on ne devait pas faire un grand fondement sur cet armistice, mais plutôt se préparer à résister aux ennemis ». « Lettre anonyme », Vienne, 12 octobre 1664, Arch. Aff. étr., Paris, Correspondance politique (= C.P.), Autriche, vol. 19, Supplément, fol. 317.

4. Jacques Bretel, chevalier de Grémonville, fut ministre de France à la cour impériale de 1664 à 1673. Chevalier de Malte, il appartenait à une famille parlementaire rouennaise ; son frère fut ambassadeur à Venise ; il fut d’abord capitaine au régiment de Champagne avant d’aller combattre les Turcs au service de Venise.

5. Grémonville au roi, Vienne, 7 janvier 1666, Arch. Aff. étr., Paris, C.P., Autriche, vol. 24, fol. 10. Jean Bérenger, « Francia magyar kapcsolatok a Wesselényi nador összes-küvése idéjen, 1664-1668 » [Les relations franco-hongroises au temps de la conjuration de Wesselényi],Történelmi Szemle, X, 1967, p. 275- 279.

Benedek Kisdi, à son retour de Rome, devint membre du cercle étroit des collaborateurs du cardinal Pázmány, dont il fut le chapelain. Il servit ensuite la cause de la reconquête catholique comme évêque d’Eger. Il installa le siège épiscopal à Košice, en Slovaquie orientale. Le collège des jésuites fut transformé en académie, au développement de laquelle il veilla tout particulièrement ; il lui légua 30 000 florins dans son testament. Il était considéré comme un excellent prédicateur, mais nous n’avons aucune trace de ses sermons. Il fit publier un recueil de cantiques, les Cantus catholici, à Levoˇca en 16511.

György Szelepcsényi, au terme de ses études romaines, devint chanoine d’Esztergom, puis évêque de Veszprém. En 1659 il était administrateur du diocèse de Nyitra, archevêque de Kalocsa et chancelier de Hongrie. En

jan-vier 1666, après la mort de Lippay, il fut promu primat de Hongrie2, poste

qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1685. De 1670 à 1685, il fit fonction de palatin en tant que président du Conseil de lieutenance en contravention avec la loi 3 de 1608. Il vécut donc l’une des périodes les plus drama-tiques de l’histoire hongroise, la conjuration des magnats et l’insurrection de Thököly et mourut après la constitution de la Sainte Ligue, avant la reconquête de la Grande Plaine. Comme archichancelier et président du Conseil de lieutenance, il eut un rôle politique important dans ces temps troublés, mais il fut à la différence de son prédécesseur, György Lippay, un soutien inconditionnel des Habsbourg. C’est pourquoi la lieutenance générale du royaume lui fut confiée de 1670 à 1681, jusqu’à ce que la diète de Sopron rétablisse la constitution et élise un palatin. Ainsi pen-dant que la constitution du pays était suspendue, trois évêques occupèrent des positions essentielles dans le gouvernement hongrois : Thamás Pálffy, chancelier, György Szelepcsényi, primat et lieutenant général du royaume, enfin Lipót Kollonich, président de la Chambre hongroise. Ils en ont

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