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un Frondeur attardé en Provence

Dans le document Mélanges Michel Péronnet. Tome I (Page 140-150)

Monique CUBELLS

(Université d’Aix-Marseille I)

La Fronde provençale, si elle connut son apogée de 1649 à 1652, donna lieu encore à des mouvements, souvent spectaculaires, à la fin des années 1650. Les plus connus sont ceux de Marseille, qui valurent à la ville le changement de son régime municipal, l’envoi d’une chambre de justice pour le procès des coupables, et l’entrée de Louis XIV comme dans une ville conquise. Mais il y eut aussi des « émotions » à Aix et à Draguignan. L’un des facteurs (non pas le seul, mais certainement le principal) de cette agitation prolongée fut la tension très forte entre le gouvernement royal et

l’administration provinciale : l’assemblée des communautés de Provence1,

qui devait consentir l’impôt, et les procureurs du pays, également consuls d’Aix, qui en constituaient l’exécutif permanent et le fer de lance. Le roi, à partir de 1656, renforça ses exigences fiscales. En même temps, poussé par les nécessités de la guerre avec les Espagnols, il fit déferler sur la Provence de nombreux régiments, que la province devait entretenir, auteurs de plus de diverses exactions. Dans cette période difficile, émerge en bonne place la figure du cardinal Jérôme Grimaldi, archevêque d’Aix.

1. La Provence est pays d’états. Mais les états de Provence ne sont plus réunis depuis 1639. Ils ont été remplacés par l’assemblée des communautés (en fait trente-sept commu-nautés seulement y sont représentées), que le gouvernement espérait plus docile, en grande partie à tort. L’administration provinciale gère elle-même la répartition et la perception des impôts directs.

Né à Gênes en 1597, le cardinal appartenait à la vieille famille génoise des Grimaldi. Son père, Jean-Jacques Grimaldi, était sénateur de la Répu-blique. Après des études à Pavie, Bologne et Rome, il entra dans les ordres, et exerça d’importantes fonctions dans les États pontificaux. D’abord réfé-rendaire de l’une et l’autre signature sous Grégoire XV en 1621, il fut ensuite sous Urbain VIII vice-légat de Romagne en 1625, puis gouver-neur de Rome en 1628. Le pape l’envoya en 1632 auprès de l’empereur Ferdinand II, en qualité de nonce extraordinaire. Il devint gouverneur de Pérouse en 1634, et vice-légat du duché d’Urbin en 1636. En 1641, Urbain VIII le désigna comme nonce en France, après l’avoir fait

arche-vêque in partibus de Séleucie. En 1643, Louis XIII demanda pour lui le

chapeau de cardinal, ce qui lui fut accordé, sous le titre de Saint-Eusèbe, qu’il quittera plus tard pour celui de La Trinité-du-Mont.

Jérôme Grimaldi était un serviteur de la famille Barberini, celle d’Ur-bain VIII. Tout comme Mazarin. De retour à Rome en 1644, il soutint le candidat de la France au trône de Saint-Pierre, vacant par la mort du pape Barberini. Non seulement le candidat pro-français ne fut pas élu, mais le nouveau pontife, Innocent X, un Pamphili, persécuta la famille de son pré-décesseur. Grimaldi en protégea les membres, jusqu’à faire sortir de Rome certains d’entre eux dans son propre carrosse. Ce n’était pas seulement par fidélité personnelle : il répondait à une demande du gouvernement français. Ce qui lui valut l’hostilité définitive d’Innocent X. De son côté, Mazarin, lié au cardinal par leurs communes relations romaines, et l’ap-préciant pour son action résolument favorable à la France, l’employa au service de sa diplomatie, notamment à Naples en 1648. Le 20 septembre de cette même année, le jeune Louis XIV écrivait au prélat, lui annonçant qu’il l’avait nommé à l’archevêché d’Aix, pour récompenser « ... le mérite que vous vous estes acquis par tant de services que vous avez rendus utiles et avantageux à cette Couronne, avec des tesmoignages de zèle et d’affec-tion qui sont si considérables que j’ay sujet de les recognoistre et de désirer les occasions de vous gratifier ; celle qui s’est présentée de la vacance de l’archevesché d’Aix m’a fait jetter les yeux sur vous pour remplir cette prélature1».

L’entente entre le cardinal-ministre et le cardinal-archevêque paraissait totale. Aix était aux mains d’un prélat romain, francophile et mazariniste. Mais les choses ne se passèrent pas comme on pouvait l’attendre. Pour

1. Arch. dép. Bouches-du-Rhône, G 154, Louis XIV à Jérôme Grimaldi, Rueil, 20 sep-tembre 1648. Louis XIV a alors dix ans, il est bien évident qu’il n’a pas écrit la lettre lui-même.

des raisons mal élucidées, Jérôme Grimaldi ne soutint pas Mazarin pendant la Fronde. D’une part, il ne semble pas avoir servi ses adversaires, mais s’être au moins abstenu de prendre parti, peut-être même un peu plus. Le 6 juin 1651, Mazarin écrivait à Lionne : « Je vous prie de dire à la Reyne qu’elle fasse froid à M. le cardinal Grimaldi, et que Sa Majesté ne lui accorde aucune grace ; car il en est indigne, n’y ayant jamais eu une ingratitude semblable à la sienne, ny une si mauvaise conduite. Il a déclaré dans mon malheur qu’il n’estoit pas de mes amis et condamnoit toutes mes actions en un temps et en un lieu où l’authorité du Roy sembloit tout à fait esteinte1. » D’autre part, le siège aixois attendit longtemps la prise de fonctions de son archevêque. Le pape Innocent X refusa de donner ses bulles au nouveau promu. Il affirmait qu’il avait le droit de nomination à Aix, les circonstances de la succession étant particulières : le prédécesseur de Grimaldi, Michel Mazarin (le frère de Jules), était en effet mort à Rome. À quoi le roi de France répondait qu’il y séjournait en qualité d’ambassadeur extraordinaire (ce qui n’était d’ailleurs pas vrai), donc comme en territoire français. Innocent X, qui défendait le droit canonique en même temps que ses propres inimitiés, tint bon jusqu’à son décès. C’est seulement en 1655, à l’avènement d’Alexandre VII, que Jérôme Grimaldi reçut ses bulles. Il fit son entrée à Aix le 26 novembre 1655.

Le nouvel archevêque fut bien accueilli par ses ouailles. Des conflits de préséances et de juridiction l’opposèrent au parlement dès 1656. Mais il fut soutenu par le Conseil du roi, et personne ne s’étonna de ces fric-tions, qui s’inscrivaient dans une longue tradition. Cependant, à partir de 1657, le cardinal commence à susciter des préoccupations sérieuses chez les deux principaux représentants du pouvoir royal dans la province : le duc de Mercœur, neveu par alliance de Mazarin, gouverneur de Provence, et le premier président du parlement, Henri de Maynier d’Oppède, « créa-ture » de Mazarin (c’est lui qui se désigne lui-même ainsi) et son plus fidèle agent. Leur correspondance avec les ministres et notamment avec le premier d’entre eux, est très éclairante. Manifestement, Grimaldi devient leur bête noire. Ils lui reprochent d’abord d’agir dans les assemblées des communautés pour encourager leur résistance à l’impôt, leurs préventions à l’égard des troupes du roi en séjour ou de passage dans la province, et leur mauvaise volonté pour leur donner la subsistance. Le cardinal avait des raisons précises de se mêler de ces questions temporelles, il était en

1. Lettres du cardinal de Mazarin pendant son ministère, Adolphe Chéruel et Georges d’Avenel (éd.), Paris, 1872-1906, Impr. Nat., t. IV, p. 246-247 (« Coll. de doc. inéd. sur l’histoire de France »).

effet président-né des états de Provence. Ceux-ci n’étant plus réunis, l’as-semblée des communautés en tenait lieu. Le prélat n’y assistait pas, mais il se tenait au courant, et se faisait représenter lors des sessions par son grand vicaire, Joseph Cordeil, docteur en théologie, qui prenait le premier la parole dans les débats et se trouvait en mesure d’influencer les députés. Le 26 septembre 1657, lors de l’assemblée d’Aubagne, le premier président d’Oppède, qui y était commissaire, écrit à Mazarin que le grand-vicaire « observe fort bien cest ordre [de Grimaldi], car il opiniastre avec challeur et emportement à ne rien donner », et le 7 octobre, il réitère ses plaintes : « [...] V. Ém. [Votre Éminence] agréera qu’en luy respondant... en ce qui regarde Mr le cardinal Grimaldy, je luy dise avec le respect que je vous doits que cetse Éminence a grand tort de sa fasson d’agir aux affaires qui regardent le service, son grand vicaire ayant mesme icy fait des choses

tout à fait surprenantes sur ceste mathière1. » De même, l’archevêque est

accusé de dresser les procureurs du pays contre les ordres du roi. En sa qualité de président des états, il participait aux réunions que ceux-ci

tenaient entre les sessions des communautés. MgrGrimaldi s’y est montré

fort assidu, conformément aux devoirs de sa charge. Et lorsqu’il était là, cas le plus fréquent, on s’assemblait à l’archevêché. Les conditions étaient donc favorables à un rôle actif du prélat.

Jusque-là, on ne pouvait dénier à l’archevêque d’Aix le droit de s’occuper des affaires de la province. C’était de ses attributions. Mais le duc de Mercœur et le premier président d’Oppède se plaignent à Paris d’une bien plus vaste entreprise. Le cardinal aurait été à la tête d’un véritable parti, rassemblé autour de lui, dont il était l’animateur. Avec lui, les principaux participants de cette « cabale » se trouvaient être le marquis de Gordes, comte de Carcès, lieutenant général de Provence, et en cette qualité le second peu apprécié du gouverneur, mais aussi le président au parlement de Régusse, l’ancien conseiller à la même cour Glandevès de Rousset, les procureurs du pays et plusieurs magistrats. Tous tenaient entre eux des conférences secrètes, où l’on complotait de résister aux injonctions royales, sous le drapeau de la défense des privilèges, statuts et coutumes de la province. Il est intéressant de voir le duc de Mercœur imputer à ces personnages de « soustenir le party populaire et de liberté », au début de

1658, et parler encore en septembre 1659 de « party des tribuns2». Les

accusations des représentants du roi ne sont pas sans fondement. Il est

1. Archives des Affaires étrangères (= Arch. Aff. étr.) Mémoires et documents, France [= M.D., France] 1721, fol. 222 et 233 v., 26 septembre et 7 octobre 1657.

exact que les protagonistes de cette véritable opposition se réunissaient entre eux, souvent à l’archevêché, en tout cas avec l’appui du cardinal. Beaucoup de témoignages le confirment. Mais ces menées n’étaient pas si secrètes, puisque nombre de gens les connaissaient. Il est par contre difficile d’affirmer, comme le dit Henri d’Oppède, que le prélat profitait de ses visites pastorales pour dresser les communautés contre le gouverneur, ou de déterminer quelle part de responsabilité il a pu avoir dans la diffusion de cantiques de Noël séditieux en décembre 1657.

Il y eut pire que des campagnes d’influence organisées. Le cardinal Gri-maldi se trouva mêlé à de véritables soulèvements survenus dans certaines villes, surtout à Aix. Pour Marseille et Draguignan, il était seulement en correspondance avec les séditieux, notamment avec Niozelles à Marseille, par les soins de la sœur de ce dernier, Madame de Cabris. Mais à Aix, il fut amené à intervenir directement. Le 25 février 1658, l’arrestation de Glan-devès provoqua une « émotion » ; le cardinal alla plaider sa cause auprès du gouverneur. Le 14 février 1659, jour de la Saint-Valentin, une violente émeute éclata dans la capitale provençale. La foule se porta au palais de justice pour réclamer qu’on lui livre le premier président d’Oppède, par-ticulièrement détesté. Le parlement fit prier Grimaldi de venir chercher son chef, pour le soustraire à ses assaillants. L’archevêque vint en effet, fit entrer le magistrat dans son carrosse et l’emmena à l’archevêché. On pouvait penser que c’était dans l’intention de le protéger, et c’est bien ce qui arriva. Mais ensuite le premier président se trouva véritablement prison-nier dans le palais archiépiscopal, assiégé encore le 15 février, gardé par la milice aixoise, ne recevant de visites que soigneusement filtrées. L’affaire fut réglée par le duc de Mercœur, qui fit venir des troupes, à la confu-sion des adversaires d’Oppède. Mais cette fois, Monseigneur se trouvait compromis dans une action attentatoire à l’autorité du roi et à la dignité de sa justice. Il se défendit en mettant en avant son rôle pacificateur, mais la partie devenait difficile à jouer. D’ailleurs, par la suite, il protégea des personnes inculpées, ne laissant aucun doute sur l’orientation de ses sympathies.

Dès lors, le gouverneur et le premier président n’auront de cesse d’ob-tenir l’éloignement du prélat. Leurs lettres à Mazarin reviennent constam-ment à la charge : c’est une véritable obsession. Le duc de Mercœur, le 5 août 1658 : « [...] et certainement tant que le cardinal Grimaldi sera en ce païs, VÉ [Votre Éminence] doit se le tenir pour dit quil nen perdera

aucune occasion [...]1. » Henri de Maynier d’Oppède, le 18 mars 1659 : « Et pour mettre ce dernier repos, sans quoy il ny aura jamais seureté, il

est de toute necessité de finir laffaire de M. le cardinal Grimaldi [...]2. » On l’a vu, depuis les événements de la Fronde, Mazarin en voulait à Grimaldi. Il est d’ailleurs significatif que le roi n’ait pas tenu vis-à-vis de l’archevêque une promesse incluse dans la lettre du 20 septembre 1648 citée plus haut, où il lui annonçait sa nomination à Aix. Dans cette missive, le jeune souverain assurait à son correspondant la perspective du premier diocèse vacant dans le royaume, si le pape faisait des difficultés pour l’accepter. C’est bien ce qui se produisit. Mais le cardinal dut attendre la mort d’Urbain VIII pour entrer en fonctions. Et il ne semble pas que le gouvernement français ait fait grand-chose pour lui éviter cette attente.

Pourtant, Mazarin se montre d’abord très circonspect devant les accu-sations du gouverneur et du premier président. Le 26 septembre 1657, il écrit à Mercœur : « Mais vous m’obligerez fort de faciliter toutes les choses qui pourront establir une bonne correspondance avec M. le cardinal Gri-maldi, parce qu’outre sa dignité et l’amityé que j’ay avec luy, c’est le service

du Roy3. » Cette prudence continue en 1658. Mieux même : en 1659,

alors que le premier président s’est trouvé retenu à l’archevêché pendant plusieurs jours, le ministre l’incite à « bien vivre » avec le prélat4. Henri d’Oppède accède à cette demande, mais à contrecœur : il poursuivra ses respects à l’archevêque, tout en soulignant que « l’air de Rome luy seroit fort salutaire5».

En fait, on s’inquiétait en haut lieu, et les conseils d’observer une bonne intelligence étaient largement le résultat de la tactique souple adoptée par le premier ministre dans les affaires de Provence à ce moment-là. À partir de 1658, la correspondance échangée avec la province révèle les soucis de Mazarin. Il ne doute guère des agissements de Grimaldi, même s’il ne fait pas confiance aveuglément à ses informateurs. Et il demande des preuves, afin de fonder une éventuelle intervention sur des bases sûres. L’arche-vêque d’Aix a des amis à la cour, notamment Brienne. Et l’on ne peut agir qu’avec tous les atouts en main. Le 8 septembre 1658, Mazarin fait savoir au président d’Oppède qu’il serait bon d’avoir des lettres interceptées, pour

1. Arch. Aff. étr., M.D., France 1723, fol. 106 v., 5 août 1658. 2. Arch. Aff. étr., M.D., France 1723, fol. 420 v., 18 mars 1659. 3. Arch. Aff. étr., M.D., France, fol. 311, Metz, 26 septembre 1657. 4. Arch. Aff. étr., M.D., France, 1724, fol. 30 v., 20 février 1659. 5. Arch. Aff. étr., M.D., France, 1723, fol. 388, 4 mars 1659.

mettre à jour les relations du cardinal Jérôme Grimaldi avec Marseille1. Il faudrait aussi obtenir les témoignages nécessaires. Le tout dans le plus grand secret. Le gouverneur et le premier président affirment leur zèle pour confondre le prélat, et déclarent agir avec la discrétion nécessaire.

En septembre 1658, le gouvernement invite Grimaldi à se rendre en cour, sous prétexte de conférer avec lui des affaires de la province. Mazarin en prévient le duc de Mercœur, en lui recommandant de ne pas ébruiter les

raisons véritables de ce voyage, dans une lettre du 13 du mois2. Comme ce

n’était pas un ordre exprès, l’intéressé se dispense d’y obéir. En 1659, les intentions du ministère se précisent avec lenteur. L’idée de l’éloignement du cardinal fait son chemin, soutenue avec insistance par les représentants du roi en Provence. On prend des gants avec lui. On envisage de le faire partir pour Rome comme chargé de mission : il s’en irait ainsi avec honneur. D’après une lettre de Lionne à lui adressée le 4 décembre 1659, l’archevêque se serait engagé à faire ce déplacement3. Mais en fait, il se fait tirer l’oreille. À l’été, il n’est toujours pas parti. Le premier ministre écrit au duc de Mercœur, le 30 septembre 1659, qu’il a cette fois l’ordre formel de

quitter son diocèse4. Monseigneur n’entend pas davantage. Finalement, le

roi lui ordonne, le 5 décembre 1659, de se retirer dans son abbaye de Saint-Florent-les-Saumur, s’il refuse d’aller à Rome conformément à sa promesse. Toutefois, la mansuétude royale est grande : il pourra s’arrêter en chemin,

hors de la Provence, jusqu’à la belle saison5. Le 17 décembre, Grimaldi

quitte Aix, et va s’installer à la chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, sur la rive languedocienne du Rhône, mais à portée de la Provence, au grand dam de ses adversaires. Finalement, après avoir vu le roi à Avignon, il se résigne à l’exil romain. Il part au printemps, après avoir réglé les affaires de son diocèse, et ne reviendra, autorisé par Louis XIV, qu’après la mort de Mazarin. Pour un long exercice : il mourra le 4 novembre 1685, toujours titulaire du siège d’Aix.

Quels étaient les motifs du cardinal Grimaldi de se montrer aussi peu docile à l’égard du pouvoir royal ? La brouille avec Mazarin a certainement contribué à cette attitude. Des contemporains attestent sa gravité. Le car-dinal de Retz, parlant du rôle de l’archevêque d’Aix lors du conclave de

1. Arch. Aff. étr., M.D., France, 1722, fol. 207, 8 septembre 1658. 2. Arch. Aff. étr., M.D., France, 1722, fol. 215 v., 13 septembre 1658.

3. Arch. Aff. étr., M.D., 1725, fol. 171, 4 décembre 1659. Il aurait pris cet engagement en rencontrant le roi et Mazarin à Lyon, en janvier 1659.

4. Arch. Aff. étr., M.D., 1724, fol. 222 v., 30 septembre 1659.

1655, écrit dans sesMémoires : « Grimaldi, qui haïssait Mazarin autant qu’il en était haï, n’agissait presque en rien1. » L’historien provençal de la fin du XVIIe siècle, Pierre-Joseh de Haitze, souligne aussi cette hostilité dans son Histoire de la ville d’Aix2. De plus, Jérôme Grimaldi se méfiait, non sans quelque raison, des capacités politiques du duc de Mercœur, qui avait épousé la nièce de Mazarin. Ce dernier n’avait pas non plus d’illusions sur son neveu, mais il le soutenait.

Cependant, cette explication n’est pas suffisante. Le cardinal Grimaldi était président-né des états, comme le voulait la tradition, et il portait de ce fait le titre de premier procureur du pays. Cette fonction le mettait au cœur des affaires de la province. On sait qu’il se montra fort assidu à assister aux assemblées particulières de la procure du pays, et qu’il s’intéressa de près aux réunions de l’assemblée des communautés. Les dirigeants de l’administration provinciale, s’adressant au gouverneur au nom des intérêts locaux, disaient agir par le « deub [le dû] de leur charge ». L’archevêque d’Aix agissait lui aussi par le dû de sa charge. Elle impliquait la défense des privilèges de la province et des sujets provençaux du roi. Le prélat s’est soigneusement acquitté de ses obligations en la matière. Il a régulièrement écrit à Mazarin et aux ministres pour leur représenter la misère du peuple, et stigmatiser les excès commis par les gens de guerre. À Brienne, le 27 mars 1657, il décrivait les suites de la présence prolongée de nombreuses troupes dans la région, évoquant les « marques funestes de leur séjour par la désolation qu’elles y ont faites, soit par les violences qu’elles y ont

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