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Pour les pays en développement, il y a une grande variation dans l'adoption des TIC dans et entre les pays et les secteurs (World Bank, 2006). Cette variation peut être attribuée à une variété de facteurs, notamment les différences dans les politiques gouvernementales. Les changements dans les politiques économiques (telles que la privatisation, l'abaissement des barrières commerciales et la déréglementation) ont eu tendance à augmenter l'investissement dans les secteurs des communications et à améliorer l'accès aux TIC.

Peu d'études ont été consacrées à l'adoption des TIC dans les pays en développement13. Trois faits marquants sont observables au niveau des études empiriques citées ci-dessous. Premièrement, on constate une complexité croissante dans l'adoption et l'utilisation des TIC par les entreprises des PED. Deuxièmement, cette adoption exige l'amélioration des compétences par l'apprentissage explicite de l’utilisation des nouvelles technologies. Troisièmement, le rendement des entreprises est fortement associé aux capacités d'apprentissage, aux niveaux de technologies, de connaissances, de compétences et d’expérience de l’entreprise. Dans les pays en voie de développement les aspects juridiques et réglementaires, la faiblesse des stratégies technologiques, le manque de R&D ainsi qu’un recours excessif à la technologie étrangère constituent autant de faiblesses dans l’adoption et la mise en œuvre des TIC (Dutta et al., 2003).

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Nour, 2011 ; Apulu et Latham, 2011 ; Gallego et al., 2011 ; Mughal et Diawara, 2011 ; Machikita et al., 2010 ; Kossaï et al., 2010 ; Diawara et mughal, 2010 ; Alam et Nour, 2009 ; Tan et al., 2009 ; Verhoogen, 2008 ; Lal, 2007 ; Yeh et Chang, 2007 ; Ssewanyana et Busler, 2007 ; Mutula et Brakel, 2006 ; Kapurubandara et al., 2006 ; Indjikian et Siegel, 2005 ; Fuentes et Gilchrist, 2005 ; Temtime et al., 2003 ; Jennex et Amoroso, 2002 ; Travica, 2002 ; Mukti, 2000 ; Enns et Huff, 1999 ; Lal, 1999, 1995 ; etc.

Nour (2011) a étudié l’adoption et l’impact des TIC au niveau micro et macroéconomique dans les pays arabes du Golfe. Elle a constaté que l’adoption des TIC dans ces pays montre une tendance dynamique croissante au niveau macroéconomique mais une tendance à la baisse au niveau des entreprises. Au niveau macro, les dépenses en TIC, en pourcentage du PIB, montrent une corrélation positive significative avec le PIB et une corrélation positive significative avec le taux scolarisation de la population. Au niveau microéconomique, l’adoption des TIC augmente avec la taille des entreprises et de l'industrie. Gallego et al., (2011) ont mené une étude sur 3759 entreprises manufacturières colombiennes afin d'identifier les facteurs d'adoption des TIC au niveau de l'entreprise. Selon leur étude, l'adoption est facilité quand une entreprise est relativement grande, a un capital humain assez large et s'engage dans des activités innovantes. Ses déterminants sont plus significatifs pour les PME que pour les grandes entreprises. Mughal et Diawara (2011) ont étudié l'impact du capital humain sur l'adoption et la diffusion des TIC dans les entreprises pakistanaises. Ils ont conclu que le niveau de formation, le niveau de qualification des dirigeants et le niveau d’éducation des salariés sont positivement associés à l'adoption des TIC.

Dans une étude sur 25 PME nigérianes, Apulu et Latham (2011) ont révélé que les principaux moteurs d’adoption des TIC sont la réalisation d’un avantage concurrentiel, la satisfaction des clients et l’économie du temps et des coûts. Kossaï et al., (2010) ont montré que l’investissement dans le capital humain est le principal déterminant de l’adoption des TIC des PME tunisiennes du secteur électrique et électronique. Machikita et al., (2010) ont examiné l’adoption des TIC dans quatre pays de l'ASEAN (Indonésie, Philippines, Thaïlande et Vietnam) et ont montré que la taille de l’entreprise influe positivement sur la probabilité d'adoption des TIC. Dans une étude auprès de 625 PME sénégalaises, Diawara et mughal (2010) ont montré que le capital humain était important dans la décision des entreprises d’adopter ou pas les TIC. La formation des dirigeants et le niveau d'éducation des salariés étaient les déterminants les plus significatifs. Alam et Nour (2009) ont analysé les facteurs qui influencent l'adoption et l'utilisation des TIC par les PME en Malaisie. Leurs résultats montrent que les avantages perçus, une meilleure connaissance des TIC et le soutien du gouvernement sont significativement importants dans l'adoption des TIC.

La forte relation entre investissement informatique et de la taille du secteur public dans les pays en développement pourrait impliquer que, dans ces pays, les gouvernements comptent pour une grande part de l'investissement et ont une plus grande influence sur l'investissement privé que dans les pays développés (Shih et al., 2007). Fathian et al., (2008) ont montré que le plan du gouvernement iranien de développement des TIC a entraîné une amélioration

significative dans l'adoption des TIC dans les PME iraniennes. Tan et al., (2009) ont constaté qu’en Malaisie, le coût n’était pas considéré comme un obstacle majeur à l’adoption des TIC par les PME puisque le gouvernement fournissait les soutiens financiers nécessaires aux investissements en TIC. De même, les PME Malaisiennes ne perçoivent pas les coûts de la formation nécessaires pour réussir l'adoption des TIC comme une barrière puisque les organismes gouvernementaux fournissent et offrent un certain nombre de programmes de formation.

Shih et al., (2007), en étudiant les déterminants des investissements en TIC au niveau de plusieurs pays, ont trouvé des impacts significatifs de la présence d'actifs complémentaires, de l'intensité de l'information dans l'économie, de l'ouverture au commerce extérieur et de la protection de la propriété intellectuelle. D’après leurs calculs, les facteurs déterminants des investissements en TIC sont très différents dans les pays développés par rapport aux pays en développement. Les taux d’intérêt, la taille du secteur financier, l’intensité technologique, l'infrastructure des télécommunications et la protection de la propriété intellectuelle sont les principaux déterminants dans les pays développés. En revanche, l'investissement en TIC dans les pays en développement est influencé par l'ouverture au commerce extérieur, la taille du secteur public, et le niveau de scolarité de la population active. Selon Shih et al., (2007), le fait que l'éducation ait plus d'impact dans les pays en développement est de plus en plus soutenu étant donné que le niveau d'instruction est déjà relativement élevé dans les pays développés. Par conséquent, l'impact marginal de l'augmentation des niveaux d'éducation sur les investissements en TIC sera plus fort dans les pays en développement où il y a plus de marge de manœuvre pour l’améliorer.

Lal (2007), dans une étude sur les entreprises manufacturières nigérianes, a prouvé que la capacité d'absorption des employés a joué un rôle important dans l'adoption des TIC. La capacité d'absorption est mesurée par le nombre d'employés techniques dans une entreprise. Il a également constaté que les PME adoptent les TIC pour obtenir des informations commerciales plus appropriées et précises, qui concernent les tendances du marché en termes de spécifications de produits, des informations sur les technologies de production nouvelles, et l'échange d'informations commerciales. Lal (2007) a attribué ce comportement des entreprises à la mondialisation et a indiqué la pertinence stratégique des TIC dans la transformation rapide du développement économique. Le principal bénéficiaire étant le pays qui saura tirer le meilleur profit de l’utilisation de ces nouvelles technologies.

Dans une étude sur les PME en Ouganda, Ssewanyana et Busler (2007), ont relevé le retard enregistré par rapport aux pays développés. Ils ont enregistré une faible adoption des TIC en

raison du coût élevé des investissements nécessaires, du manque des connaissances et des compétences limitées des employés. Leurs résultats suggèrent qu'il est nécessaire d'élargir la formation à l’usage des TIC pour les employés, de permettre aux entrepreneurs de tirer profit des opportunités liées aux TIC et de réduire leur coût de d'acquisition. Les principaux obstacles à l’adoption des TIC par les PME en Ouganda sont les coûts élevés du matériel, des logiciels et des services internet.

Oyelaran-Oyeyinka et Lal (2004) ont mené une enquête auprès des PME de l'Ouganda, du Nigeria et de l'Inde. Ils ont trouvé que les PME utilisaient les TIC suivantes: le système de fabrication flexible (Flexible Manufacturing System FMS), les machines à commandes numériques (CNC Computerized Numerically Controlled machines), la conception assistée par ordinateur CAO, la fabrication assistée par ordinateur FAO (CAD Computer-Assisted-Design

/CAM Computer-Assisted-Manufacturing) et les systèmes de messagerie électronique (Email).

Ils ont examiné le lien entre le niveau académique de l’entrepreneur dirigeant et le type de formation dispensée au sein de l’entreprise ainsi que le lien entre mode d’acquisition des connaissances et la performance sur les marchés domestiques et à l’exportation. Pour Oyelaran- Oyeyinka et Lal (2004), il existe une corrélation positive entre les entreprises utilisant des technologies avancées et le niveau d'éducation des entrepreneurs et entre les différents modes d'apprentissage et la complexité d’utilisation des TIC. De même il existe une association entre le niveau d’adoption des TIC et le niveau des capacités technologiques nationales. Pour Oyelaran-Oyeyinka et Lal (2004), l'apprentissage par la pratique est le mode le plus efficace d'acquisition des connaissances. Leurs résultats suggèrent également que les entreprises qui ont adopté des technologies complexes telles que les TIC ont dû recourir à des formations à l'étranger pour une utilisation efficace de ces technologies. Ils ont également constaté que les processus d'apprentissage ont considérablement influencé les trajectoires technologiques des entreprises. Les entreprises de l'échantillon indien ont adopté des TIC dans leurs processus de production. Deux facteurs pourraient avoir contribué à l'adoption de technologies de pointe par les PME indiennes. Premièrement, l'accessibilité effective de la connectivité Internet et deuxièmement, la disponibilité des infrastructures technologiques requises dans les grappes où les entreprises de l'échantillon ont été localisées. Pour Lal (1996), les entreprises adoptent des technologies de pointe, comme les TIC, pour atteindre une plus grande efficacité dans la production. Une autre raison de l'adoption des TIC est la flexibilité dans la conception de nouveaux produits grâces à ces nouvelles technologies.

Tous ces résultats sont généralement conformes à la théorie de la diffusion technologique et aux recherches empiriques antérieures, y compris celles de Kraemer et Dedrick (1994), Caselli et Coleman (2001), Oxley et Yeung (2001).