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III. Impact des TIC sur la performance des entreprises

2. Impact des TIC sur les autres mesures de la performance des entreprises

Les effets des TIC sur la performance de l'entreprise sont soumis à débat, car toutes les études n’ont pas démontré clairement des retombées existantes des investissements en TIC (Kohli et Devaraj, 2003 ; Chan, 2000). En outre, les résultats varient en fonction de la manière la performance et les effets des TIC sont mesurés et analysés.

2.1.Les TIC et la performance financière des entreprises

Les études au niveau des entreprises n'ont pas réussi à identifier une relation claire entre l'investissement en TIC et la rentabilité financière de l'entreprise. Il n’existe pas de consensus quant à l'impact des TIC sur les mesures de performance financière de l’entreprise comme la rentabilité ou la valeur de marché. Bien que les investissements en TIC puissent affecter directement la production d'une entreprise et de nombreux indicateurs opérationnels (par exemple la rotation des stocks, la productivité et la qualité du produit), la performance financière d'une entreprise est déterminée par un plus large éventail de facteurs stratégiques et concurrentiels qui vont au-delà de la productivité. Les études reliant l'investissement en TIC et la performance financière sont rares et les éléments de preuve reliant directement l'investissement en TIC à la performance financière sont moins clairs.

En outre, les études empiriques sur l’impact des investissements en TIC sur la performance financière de l’entreprise sont controversées. L’échec constaté de montrer une relation positive significative entre l’investissement en TIC et le rentabilité ou d’autres mesures de performance financière a incité Dedrick et al., (2003) à parler du paradoxe de la rentabilité19. Kohli et Devaraj (2003) ont soutenu cette qualification et ont indiqué que l'impact des investissements en TIC sur les mesures de la rentabilité est au mieux mitigé.

Hitt et Brynjolfsson (1996) ont montré que si les investissements informatiques affectent la productivité et contribuent au bien-être du consommateur (à travers la baisse des prix ou un meilleur service), ils ne vont pas nécessairement améliorer la rentabilité. D’une part, les gains de productivité associés à l'utilisation des TIC peuvent être répercutés sur des prix plus bas et

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ne pas conduire à une plus grande rentabilité. D’autre part, il est possible et même probable que les investissements en TIC aient un effet sur la rentabilité, mais les techniques de modélisation utilisées dans ces études ont été incapables de mesurer les impacts. Dans une autre étude, Prasad et Harker (1997) n’ont pas trouvé d’impact positif des investissements en TIC sur la productivité, tandis que la main d’œuvre qualifiée a positivement contribué à la performance mesurée par le taux de profit (la rentabilité économique). En étudiant la rentabilité des investissements dans les TIC en prenant en considération la dynamique concurrentielle, Stoneman et Kwon (1996) ont montré que les bénéfices des entreprises qui n’ont pas adopté des TIC étaient inférieurs à ceux des entreprises utilisatrices de TIC. En plus, l'augmentation du profit brut due aux TIC est liée aux caractéristiques de l'industrie et le nombre des autres utilisateurs de la technologie (Stoneman et Kwon, 1996). Pour Weill (1992), les premières entreprises à adopter des TIC seraient les grandes bénéficiaires mais une fois la technologie devenue commune, l’avantage concurrentiel est perdu. Brynjolfsson et Yang (1997), en montrant un lien entre les TIC et la performance financière, ont calculé qu'un dollar investi en capital informatique est associé à entre 5 et 20 USD (selon les hypothèses retenues dans les modèles) de la capitalisation boursière supplémentaire pour les entreprises publiques. Les auteurs ont interprété ce résultat comme une preuve non mesurée de l’importance des pratiques organisationnelles complémentaires, ou des actifs incorporels, non inclus dans la comptabilisation de l'investissement au niveau des entreprises, et non pas comme une preuve que l'investissement en TIC a entraîné une augmentation de la capitalisation boursière. Brynjolfsson et al., (2000) ont constaté que lorsque le capital organisationnel (c.à.d. les pratiques complémentaires) est inclus dans l'analyse, il augmente la valeur financière de l’entreprise et diminue le gain attribué aux TIC. Ils ont également constaté que les effets de valorisation financière du marché sont plus élevés pour les entreprises qui ont des niveaux élevés d'investissement dans les TIC et de capital organisationnel, en soulignant la complémentarité de ces deux facteurs.

Toutefois, Melville et al., (2004) ont confirmé l'effet positif des TIC sur les performances de l'entreprise en termes de productivité, de rentabilité, de valeur de marché et de part de marché. De même l’OCDE (2002) a confirmé l’impact des TIC sur l’augmentation du chiffre d'affaires et/ou de la rentabilité des entreprises. Baldwin et Sabourin (2002) ont montré que les entreprises canadiennes qui ont adopté en moyenne 20 % de plus de TIC ont vu leur rentabilité augmenter de 5,8 % en moyenne.

D’autres études ont noté qu’au lieu d'affecter directement la performance financière d'une entreprise, l'impact des investissements en TIC est indirect à travers une performance

opérationnelle intermédiaire liée à la gestion de la rotation des stocks, la qualité du produit et la productivité des usines (Chen et al., 2005 ; Vickery et al., 2003 ; Barua et al., 1995 ; Banker et al., 1990). Elles ont constaté que l'augmentation des investissements en TIC a entrainé une meilleure rotation des stocks et la baisse des coûts de stockage (Chen et al., 2005 ; Vickery et al., 2003 ; Frohlich et Westbrook, 2002 ; Barua et al., 1995; Mukhopadhyay et al., 1995). Chen et al., (2005) ont trouvé que les TIC ont permis la réduction des jours de stocks des entreprises manufacturières américaines qui sont passés de 96 jours à 81 jours entre 1981 et 2000. Barua et al., (1995) ont constaté que l'investissement en TIC affecte les mesures intermédiaires telles que la rotation des stocks, mais n'ont trouvé aucun impact complémentaire sur la performance telle que mesurée par le rendement des actifs. Mukhopadhyay et al., (1995) ont constaté chez un constructeur automobile américain que les TIC ont réduit les coûts d'inventaire et de l'obsolescence des stocks. Bresnahan et al., (2002) ont lié l’investissement en TIC à la valeur ajoutée de l’entreprise.

2.2.Les TIC et les autres mesures de la performance des entreprises

Les effets positifs des investissements dans les TIC sur la croissance des ventes ont été trouvés parmi les entreprises manufacturières (Koellinger, 2008, 2005 ; OCDE, 2002 ; Weill, 1992). Pour Pilat (2003), les TIC permettent une augmentation des parts de marché en raison de l'efficacité accrue et une baisse des coûts unitaires. Koellinger (2008), en utilisant des données pour 25 pays européens, a analysé les facteurs déterminants du succès des nouvelles technologies et des activités innovantes. Tous les types d'innovations étaient positivement associés aux variables de performance (emploi, ventes et taux de rendement). Byrd et al., (2006) ont utilisé des mesures objectives de performance en analysant l’impact de TIC sur la performance de 275 entreprises métallurgiques américaines. Ils ont utilisé le chiffre d'affaires par employé et le bénéfice par employé comme variables dépendantes, et les dépenses en TIC par employé comme variable indépendante. Leurs résultats montrent l’existence d’un lien significatif positif entre les TIC et les deux mesures de performance choisies. Koellinger (2005) a constaté une relation positive entre les TIC et l'innovation liée et la croissance du chiffre d'affaires. Les effets positifs des investissements dans les TIC sur la croissance des revenus ont été démontrées (Devaraj et Kohli, 2000).

Lopez-Acevedo (2002) a montré que les entreprises manufacturières mexicaines qui ont adopté les TIC ont présenté des performances supérieures en termes de salaires, de productivité, de création et de destruction des emplois, à celles des entreprises qui n'ont pas

adopté les nouvelles technologies. Audretsch et al., (2001), ont utilisé les salaires, la productivité et l'emploi comme mesures de performance pour un panel d'entreprises aux Pays- Bas. Ils ont constaté que l’adoption des TIC, les investissements en R&D et une main-d'œuvre qualifiée permet d'améliorer les performances des entreprises. Aw et Batra (1999) ont montré que l’adoption des nouvelles technologies (mesurée par la R&D et la formation des travailleurs) a un impact sur les performances des entreprises (mesurée par les salaires). Dans d’autres études consacrées aux entreprises d’autres pays, Rischel et Burns (1997), et Ten Raa et Wolff (1999) ont constaté l’existence d’une relation positive entre l’utilisation des TIC et un rendement supérieur dans les entreprises. Baldwin et al., (1995) ont observé que les entreprises canadiennes qui ont utilisé les technologies de pointe étaient plus performantes comparées aux autres entreprises. Les indicateurs de performance utilisés dans leur étude, les chiffres des ventes, la productivité du travail et le taux de salaires versés, ont augmenté plus rapidement. En outre, la part de marché a augmenté. Ces indicateurs de performance sont plus élevés chez les entreprises qui utilisent plusieurs technologies de pointe à la fois et des TIC alliant la conception, la fabrication, les communications, l’intégration et le contrôle. Les entreprises qui ont réussi à incorporer des TIC dans leur processus de production ont vu leur productivité augmenter.

Dans une étude sur les entreprises manufacturières américaines Doms et al., (1995), ont constaté que les entreprises, ayant adopté des TIC telles que les systèmes CAO, les robots, les ordinateurs et les réseaux, ont présenté des performances supérieures.

Dans le même registre, la relation entre adoption des TIC et efficacité technique a été examinée dans plusieurs études au niveau des entreprises (Becchetti et al., 2003 ; Milana et Zeli, 2002 ; Lee et Barua, 1999) et certaines études récentes au niveau des pays (Henry et al., 2009 ; Repkine, 2008;Thompson et Garbacz, 2007). Repkine (2008), dans une étude portant sur un échantillon 50 pays développés et en développement, a indiqué que le capital des TIC a un effet positif sur l'efficacité de la production dans les pays en développement. En revanche de tels effets n'existent pas dans les pays développés, parce que les gains d'efficacité ont été épuisés. En utilisant un échantillon de 93 pays développés et en développement, Thompson et Garbacz (2007) ont montré l’impact positif des TIC sur l'efficacité technique. Ils ont trouvé qu’une forte utilisation des TIC permet d’améliorer de manière significative l'efficacité technique dans l'ensemble du groupe de pays.