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Chapitre 4 : Exposé et interprétation des résultats

5.2 Le DIY selon une approche de production et consommation responsables

5.2.1 Retour sur les opportunités d’inscrire le DIY dans une approche de PCR

Comme il a été question dans l’article, il a été possible d’explorer les résultats sous un angle responsable. Parmi les neuf étapes du processus de conception et de fabrication du DIY, quatre peuvent représenter une opportunité de s’inscrire dans une approche de PCR. Premièrement, en commençant par l’identification du projet, les praticiens qui abordent une pratique responsable choisiront des projets ayant une grande composante utilitaire et fonctionnelle. Les projets à caractère uniquement décoratif, générant une consommation de ressources inutiles, seront évités. Cette façon d’approcher l’étape de l’identification de projet augmente l’efficience des ressources utilisées (Kohtala, 2017), ce qui correspond à un des impacts positifs définis à la section 2.4.1. Également, elle évite de générer des produits inutiles qui pourraient occasionner plus de déchets à long terme (Barros et Zwolinski, 2016). Cet aspect du processus de conception et fabrication s’inscrit dans une optique de réduction de la consommation et correspond aux valeurs mises de l’avant par les mouvements environnementalistes sociaux de simplicité volontaire et de minimalisme détaillés à la section 2.2.

Deuxièmement, la validation du concept s’avère être une étape importante pour certains de ces praticiens afin d’éviter la réalisation d’erreurs qui engendreraient un gaspillage de matériaux et d’énergie. Cette façon de faire s’inscrit donc dans une approche de PCR en cherchant à réduire la consommation des ressources nécessaires à la réalisation du projet (Kohtala et Hyysalo, 2015). Également, en évitant le gaspillage de ressources, cette étape s’inscrit dans la lignée des actions du guide Goodlife Goals des Nations Unies, présentées à la section 2.5.4, qui visent à promouvoir une approche de PCR (PNUE, 2018).

Troisièmement, lors de la planification, ces mêmes praticiens auront davantage tendance à considérer des matériaux recyclés et réutilisés ainsi que des outils partagés, loués ou de deuxième main. Cet aspect a notamment été développé plus en détail lors de la présentation des résultats supplémentaires1. À cet effet, lorsque les praticiens planifient d’utiliser des matériaux ou produits récupérés pour réaliser leur projet de DIY, ces derniers prolongent la durée de vie des ressources employées (Salvia et Cooper, 2016). De plus, ils augmentent l’efficience des matériaux (Kohtala, 2017). Ce geste, comme celui d’opter pour des outils usagés, permet de réduire la consommation

de ressources neuves et, plus largement, de tendre un peu plus vers une approche de PCR. En effet, avoir recours à des ressources réutilisées et recyclées ainsi qu’à des outils partagés et empruntés correspond directement à l’une des cinq actions identifiées dans le guide Goodlife Goals afin de tendre concrètement vers une PCR (PNUE, 2018).

Quatrièmement, la réalisation de tests avant d’entamer la fabrication du projet final représente, pour beaucoup de praticiens, un moyen de valider leur méthode de fabrication et les détails de leur projet sans avoir à générer trop de déchets en cas d’erreur. Ceux-ci sont amenés à tester uniquement certaines composantes de leur produit ou certains aspects de leur fabrication. Bien que cette approche puisse sembler générer, aux premiers abords, une consommation de ressources et d’énergie plus grande que si le projet avait été réalisé du premier coup, celle-ci vise plutôt à produire l’effet inverse. En effet, plus du tiers des participants2 finissent par réaliser un prototype complet de leur projet ne répondant pas à leurs attentes avant de se voir fabriquer leur produit final. La réalisation de tests, en partie ou à petite échelle, permet donc aux praticiens de confirmer leurs méthodes de fabrication et d’éviter le gaspillage de ressources que peut entraîner une fabrication par essai-erreur, une approche qui est souvent préconisée par les praticiens du DIY (Salvia, 2015). De ce fait, l’étape de réalisation de tests vise à réduire les ressources et l’énergie consommées ainsi qu’à minimiser la production de déchets que peut engendrer la pratique du DIY (Kohtala et Hyysalo, 2015). Encore une fois, cette étape du processus de conception et de fabrication des praticiens s’inscrit comme une action visant l’atteinte d’une production et consommation responsable par sa minimisation du gaspillage des ressources (PNUE, 2018). En cherchant à éviter la réalisation de déchets que pourrait engendrer un prototype inadéquat, l’opportunité de réaliser des tests concorde avec les valeurs de réduction des déchets promues par le mouvement de zéro déchet.

Ainsi, en correspondant à certains des éléments de la définition du DIY responsable présentée au chapitre 2 ainsi qu’aux valeurs des mouvements environnementalistes sociaux présentés à la section 2.2, ces quelques actions peuvent être considérées comme des opportunités d’inscrire la pratique du DIY dans une approche de PCR. Les étapes du processus de conception et de fabrication qui leur sont associées ont alors été identifiées par un drapeau vert portant la mention « PCR » dans la figure 3 suivante.

Figure 3 : Processus de conception et de fabrication du DIY - étapes responsables identifiées

À partir de ces informations, il est possible d’amener la réflexion plus loin quant à la mise en pratique des actions précédemment identifiées comme responsables. Dans cette optique, la formulation de recommandations à l’intention des praticiens s’est avérée pertinente afin de les aider à tendre vers une pratique du DIY qui se veut plus responsable. Permettant également de s’inscrire parmi les contributions visées par la réalisation de ce projet d’étude, les recommandations formulées ainsi que les conseils pour leur mise en application sont présentés à la section suivante.