• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 : Exposé et interprétation des résultats

5.3 Définition du DIY responsable : une deuxième version améliorée

Dans le deuxième chapitre de ce mémoire, il a été question de définir ce que représente la pratique du DIY responsable. Cette définition était basée sur une analyse de différentes définitions, d’articles scientifiques et de critères d’évaluation issus de la littérature. Cette définition théorique souhaitait permettre une meilleure compréhension du sujet et est présentée ci-dessous afin d’en faire un rappel.

Le DIY responsable est une activité de conception et de fabrication qui est faite par et pour le praticien lui-même afin de répondre à un besoin. Tout en minimisant les ressources et l’énergie nécessaires, les déchets générés et les risques sanitaires potentiels liés à la fabrication, cette pratique permet l’autonomisation des praticiens et le développement de communautés axées sur l’échange et le partage. Par la création, transformation, réutilisation, réappropriation ou réparation, cette pratique vise la réalisation d’un produit utilitaire, de qualité, robuste, facile à entretenir et à réparer afin d’en augmenter la durée de vie. L’approvisionnement en ressources doit privilégier les circuits parallèles soutenant le partage, l’échange, l’emprunt, la location ou l’usagé, et lorsqu’un achat s’avère nécessaire, préconiser des entreprises locales reconnues pour leurs pratiques éthiques.

Toutefois, à l’égard des résultats empiriques qui ont émergé du terrain de recherche, la définition formulée au chapitre 2 mérite d’être améliorée. Pour ce faire, elle devra tenir compte des avancées obtenues dans l’article ainsi que de l’ébauche de définition réalisée dans la discussion de ce dernier. D’une part, les résultats de l’article présentés au chapitre 4 précédent ont permis de relever certaines des opportunités qui font que le DIY peut être considéré dans une approche de PCR. Issues de certaines des étapes du processus de DIY, ces opportunités responsables ont été

énoncées à la section 5.2.2 précédente sous la forme de recommandations à l’attention des praticiens. Ces recommandations permettent d’ajouter aux aspects devant être considérés pour la définition du DIY responsable. Ainsi, même si la sélection de projets utilitaires, l’utilisation de matériaux réutilisés, récupérés, recyclés, usagés, locaux et éthiques ainsi que l’utilisation d’outils partagés, loués et usagés sont des aspects qui ont déjà été pris en compte dans la première version de la définition, d’autres restent à être ajoutés. C’est notamment le cas pour ce qui est de la validation du concept du projet avant d’entamer sa fabrication ainsi que la réalisation de tests pour valider la méthode, les matériaux et le design.

D’autre part, les résultats de l’étude ont montré qu’il ne s’agissait pas uniquement de considérer les opportunités de faire du DIY responsable qui sont issues du processus. En effet, il s’avère tout aussi important de comprendre les motivations des praticiens et le type de projet réalisé que leur façon de faire du DIY. Ces trois éléments doivent être considérés dans la définition du DIY responsable. À cela s’ajoutent les notions de conscience et d’inconscience environnementales, aussi appelées compétences consciente (conscious competence) et inconsciente (unconscious

competence) à adopter des comportements pro-environnement (Geller, 2002). Bien souvent, les

praticiens qui s’identifient comme des consommateurs responsables auront une conscience de l’impact de leur pratique. Ces derniers aborderont une attitude explicite à adopter des pratiques plus responsables (Wilson et Smith, 2017). Toutefois, il ne faut pas négliger pour autant les praticiens qui ne présentent pas cette même conscience et qui peuvent avoir une attitude implicite, et donc inconsciente, qui se transpose à des pratiques responsables automatiques (Wilson et Smith, 2017). Il sera donc important de regarder les motivations à faire du DIY, signe d’une pratique responsable consciente, mais également le type de projets et les façons de faire du DIY qui peuvent montrer une pratique responsable inconsciente. Ces pratiques inconscientes se retrouvent notamment à travers la réparation d’objets afin d’en augmenter la durée de vie, la réutilisation de produits ou l’utilisation de matériaux recyclés et l’utilisation d’outils empruntés ou loués. Quant aux pratiques conscientes, elles transparaissent notamment par les motivations d’ordre environnemental, social et éthique des praticiens et la réalisation de produits réutilisables. Le tableau 10 ci-dessous permet de résumer les aspects responsables qui doivent être pris en considération pour la définition du DIY responsable améliorée à l’égard des résultats empiriques de l’étude.

Tableau 10 : Synthèse des critères responsables issus des résultats empiriques pour chaque source considérée

Sources considérées Critères pouvant s’appliquer au DIY responsable

Section 5.2.2 : Recommandations Recommandations

(seulement celles qui ne font pas déjà partie de la première version de la définition)

• Lorsqu’un achat est nécessaire, préconiser des ressources biologiques

• Valider le concept du projet avant d’entamer sa fabrication • Tester, en partie ou à échelle réduite, la méthode de

fabrication, le choix des matériaux, et les détails du projet Section 5.2.3 : Conscience et inconscience environnementales

Conscience environnementale • Motivations : environnementales, sociales et éthiques • Types de projets réalisés : produits réutilisables Inconscience environnementale • Types de projets réalisés : réparation de produits

• Actions issues du processus : réparation, réutilisation, utilisation de matériaux recyclés, revalorisés, d’outils empruntés ou loués

Ainsi, ces aspects de la pratique du DIY sous le regard d’une approche de production et consommation responsables amènent à bonifier la définition qui a été formulée au second chapitre du mémoire. À noter que pour faciliter sa compréhension, les nouveaux critères ajoutés ont été identifiés en bleu :

Le DIY responsable est une activité de conception et de fabrication qui est faite par et pour le praticien lui-même, guidé par des motivations environnementales, sociales ou éthiques, afin de répondre à un besoin. Tout en minimisant les ressources et l’énergie nécessaires, les déchets générés et les risques sanitaires potentiels liés à la fabrication, cette pratique permet l’autonomisation des praticiens et le développement de communautés axées sur l’échange et le partage. Par la création, transformation, réutilisation, réappropriation ou réparation, cette pratique vise la réalisation d’un produit utilitaire ou réutilisable, de qualité, robuste, facile à entretenir et à réparer afin d’en augmenter la durée de vie. L’approvisionnement en ressources doit privilégier les circuits parallèles soutenant le recyclage, la revalorisation, le partage, l’échange, l’emprunt, la location ou l’usagé, et lorsqu’un achat s’avère nécessaire, préconiser des entreprises locales, biologiques et reconnues pour leurs pratiques éthiques. Le processus de conception et de fabrication doit comprendre une validation du concept du projet et un test des aspects incertains de la fabrication, réalisé en partie ou à échelle réduite, afin de minimiser les pertes énergétiques et matérielles qui peuvent être engendrées.

Cette définition combine à la fois des critères théoriques et empiriques qui forgent son identité. Celle-ci permettra d’identifier plus facilement le sujet du DIY responsable et augmentera la

compréhension de ce sujet de recherche en pleine émergence. Son caractère détaillé permettra de promouvoir sa mise en pratique grâce aux recommandations permettant de faciliter son usage. Elle pourra être amenée à se peaufiner en fonction des recherches qui agrémenteront les connaissances acquises au sujet du DIY responsable.

Conclusion

Bien que les résultats de l’étude ont été discutés dans l’article présenté au chapitre 4, ceux-ci ont fait l’objet d’une discussion plus approfondie dans ce chapitre. D’une part, les implications que peut apporter la connaissance du processus de DIY ont été exposées. Cette dernière permettra de mieux indiquer ce que les praticiens font dans leur pratique, une information qui sera pertinente pour les entreprises œuvrant à fournir des matériaux et outils pour les praticiens du DIY. Également, il pourrait être envisageable de considérer le DIY comme une approche d’apprentissage à l’école, notamment pour les nombreuses habiletés et compétences que cette pratique permet de développer. Enseigner les fondements d’une pratique responsable du DIY pourrait aider à former des citoyens acteurs du changement dans une transition écologique et solidaire.

D’autre part, les opportunités responsables qui ont été identifiées à partir du processus ainsi que le volet de la responsabilité consciente ou inconsciente chez certains praticiens ont apporté une nouvelle perspective quant à la pratique du DIY selon une approche de PCR. D’abord, les opportunités ont permis la formulation de recommandations à l’intention des praticiens et de conseils quant à leur mise en application afin d’aider ces praticiens à tendre vers une approche de PCR. Ensuite, un regard sur les motivations, les projets et les pratiques des trois personas générés dans l’article a permis de relever différents niveaux pour pratiquer un DIY s’inscrivant dans une approche de PCR. Ces niveaux représentent une pratique responsable explicite, qui est faite de façon consciente, ou implicite, qui peut être faite de façon inconsciente.

Par ailleurs, ces constats ont permis de revoir la définition du DIY responsable qui avait été érigée lors du deuxième chapitre. En ajoutant l’information provenant des recommandations et de l’impact de la conscience et de l’inconscience environnementales dans la pratique du DIY, la définition du DIY responsable a pu être améliorée à l’égard des résultats empiriques de cette étude. L’implication de ces résultats amène à considérer leur impact sur l’avancement des connaissances, autant pour le domaine du DIY que celui plus spécifique du DIY responsable. Ces avancements, ainsi que les limites de l’étude et les pistes de recherche futures qui en émergent, sont discutés au chapitre suivant.