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ANALYSE MULTISCALAIRE DES MODES DE CONSTRUCTION

II. EMPLOI ET PRODUCTION DE MATÉRIAUX À L’ÉCHELLE DE SITES DE RÉFÉRENCEDE SITES DE RÉFÉRENCE

2. Les ressources lithiques comme matériaux de construction 1. Mise en place des corpus et des référentiels

La pierre mise en œuvre dans la construction n’a que rarement été l’objet d’études dans les diverses opérations archéologiques qui ont pris place à Autun. En eff et, cette matière première a souvent été prise en compte pour son emploi dans la décoration architecturale luxueuse (e.g. Chardron-Picault et Lamotte 2004 ; Brunet-Gaston et alii 2006, 2009), mais la pierre à bâtir est beaucoup plus rarement étudiée, et seulement pour des monuments particuliers (Blanc et alii 1985). Par conséquent, les échantillonnages lors des fouilles archéologiques sont restés très faibles, voire inexistants. Le plus souvent, les matériaux de construction lithiques ont été prélevés dans des contextes où la roche décorative est présente en abondance et non pas comme support d’analyses. Ainsi, les relevés pétrographiques des maçonneries et les analyses de ces matériaux sont restés ponctuels (Brunet-Gaston et alii 2006) jusqu’à notre intervention sur plusieurs opérations récentes (Labaune et alii 2013 ; Delencre 2013b, 2014b, 2014c, 2015b ; Delencre et Garcia 2014a).

En l’absence d’autres études préalables à l’échelle de la ville, nous nous sommes donc attaché à développer un unique axe de recherche pour les matériaux de construction lithiques d’Autun-Augustodunum, à savoir la reconnaissance et la détermination des divers faciès pétrographiques. En conséquence, l’échantillonnage pouvant être particulièrement faible sur certains secteurs de fouilles, nous avons eu la possibilité d’enregistrer directement sur le terrain certaines structures immobilières pour avoir un aperçu plus juste des diff érentes lithologies mises en œuvre dans la construction.

L’apport des contextes chronostratigraphiques permet aussi d’observer l’emploi de la pierre à bâtir dans les diff érents chantiers archéologiques considérés. Neuf corpus ont ainsi été intégrés à cette étude permettant de disposer de 1509 fragments ou objets liés à la construction,

caractérisés selon leur fonction architecturale et leur nature pétrographique.

Lors de cet inventaire exhaustif, nous avons choisi d’établir pour norme la classifi cation des fonctions architecturales établie pour les matériaux de construction lithiques de l’oppidum de Bibracte (cf. supra). Ces catégories bien distinctes se défi nissent comme telles : éléments de maçonneries (moellons, blocs de fondations, éléments de conduits et de canalisation, etc.), éléments de grand appareil (chaînages d’angle, piédroits, etc.), colonnes (bases, fûts et chapiteaux), éléments architecturaux (moulurés ou sculptés), dalles, certaines roches décoratives (tesselles de mosaïque, opus sectile, etc.) et blocs informes.

À partir de cet inventaire et des maçonneries étudiées, nous avons constitué un référentiel pétrographique grâce à l’examen macroscopique (à l’œil nu, puis à la loupe x10) des diverses roches mises en œuvre. Nous avons ainsi classé ces matériaux de construction lithiques selon deux catégories : ceux produits à partir de roches d’origine strictement locale et ceux issus d’affl eurements plus éloignés.

- Le grès permien

La caractérisation de cette roche sédimentaire est assez diffi cile en raison de la spécifi cité de son emploi et de sa rareté en tant que matériaux de construction. En eff et, cette pierre n’a pour l’instant pas été observée dans les bâtiments de la capitale antique, sinon mentionnée en blocage (Rat 1996, p. 473), mais elle a seulement été identifi ée dans le quartier de la Genetoye (Delencre 2013b, 2014b). Ceci peut être toutefois dû aux études relativement récentes s’intéressant à la pierre à bâtir. Ce grès est de couleur sombre, noir à gris-anthracite, et est constitué de grains de quartz fi ns, homogènes, de la taille des sables fi ns, même si de rares éléments plus grossiers peuvent être présents. D’autres observations montrent des roches beaucoup plus grossières, presque conglomératiques.

- Le gneiss

Il s’agit d’une roche métamorphisée, de couleur rose-orangée, dont les minéraux de quartz, de feldspaths plagioclases et de micas noirs sont bien cristallisés, et qui possède une foliation marquée par l’alternance de lits clairs et de lits sombres (Fig. 177a). Ces lits sont dus à l’orientation des minéraux de cette roche.

- Le granite à deux micas

Cette roche magmatique plutonique (Fig. 177b) est caractérisée par des minéraux de quartz, de feldspaths rosâtres et de micas, blancs (muscovite) et noirs (biotite). Ce granite se reconnaît

aisément par les minéraux de muscovite qui ont un refl et « métallique ». Sa description n’est pas sans rappeler le faciès du granite « rose » largement employé sur l’oppidum de Bibracte (cf. supra).

- Le schiste bitumineux

Cette roche est identique à celle que nous avons pu défi nir comme employée dans les constructions de l’oppidum de Bibracte. Sa description est donc tout à fait semblable pour cette pierre de couleur noire (Fig. 177c) qui se débite sous forme de feuillets (cf. supra).

- Le Grès blond du Rhétien

Parmi les diff érents matériaux de construction lithiques observés, certains sont produits à partir d’une roche issue de la formation géologique du Grès blond du Rhétien. Ce grès est constitué de grains de quartz très fi ns et porte ce nom en raison de sa couleur jaune pâle très homogène (Fig. 177d).

- Le Calcaire à Gryphées arquées

Cette pierre correspond à un calcaire de couleur sombre, gris-bleu, fi n, compact et très fossilifère (lamellibranches, plagiostomes, ammonites, etc.) dont des ostréidés particuliers (Fig. 177e) qui donnent leur nom à cette formation, datant du Jurassique inférieur (Sinémurien).

- Le grès triasique

Plusieurs faciès ont été distingués dans cette roche sédimentaire, qui sont notamment fonction de la granulométrie des constituants et de leur nature pétrographique (cf. supra), à partir des éléments de colonne découverts sur l’oppidum de Bibracte (Fig. 177f).

- Le Calcaire oolitique de Fontaines

Ce calcaire oolitique (Fig. 177g) daté du Jurassique supérieur a largement été reconnu et décrit sur l’oppidum de Bibracte (cf. supra).

- Le Calcaire de Givry

Ce calcaire est une roche oolitique qui se caractérise habituellement par la présence d’oncolithes centimétriques à pluricentimétriques. Cette pierre possède une teinte rouge, mais certaines passées ont une teinte jaune-beige. Les deux faciès de calcaire ont été utilisés sous

forme de tesselles de mosaïque, emploi déjà attesté à Autun (Chardron-Picault 1999). - Le Calcaire de Comblanchien

Il s’agit d’un calcaire micritique de teinte rose, beige ou grise et à cassure conchoïdale, dans lequel de très rares oncoïdes peuvent être observées, ainsi que la présence de bioturbations (Fig. 177h). Cette roche est datée du Jurassique moyen (âge bathonien).

- Le Calcaire de Germolles

Le Calcaire de Germolles est un calcaire biomicritique de couleur blanc-gris dans lequel de nombreux oncoïdes sont observables, ainsi que des bivalves. Au niveau de certains fossiles, la roche peut être particulièrement oxydée (Fig. 177i).

- Le Calcaire à entroques de Pouillenay

Cette roche correspond à un calcaire très fossilifère constitué de petites entroques jointives à facettes brillantes et de bioclastes (brachiopodes, bivalves, etc.) pris dans un ciment sparitique de couleur rouge sombre (Fig. 177j).

- Le tuf calcaire, travertin

Il s’agit d’une roche sédimentaire calcaire continentale de couleur blanc-jaunâtre qui se caractérise par l’encroûtements d’éléments végétaux (feuilles, bois, mousses, etc.). Cette est légère en raison de la présence de vacuoles de dimensions parfois importantes (Fig. 177k).

2. Localisation des affl eurements

À défaut d’avoir caractérisé exhaustivement le substrat local du bassin autunois et des roches affl eurant à ses alentours, diff érentes provenances ont pu être déterminées pour les roches employées dans les constructions d’Autun-Augustodunum. Certains affl eurements possibles de pierres à bâtir ont été abordés dans le cadre du Programme Collectif de Recherches, mené par V. Brunet-Gaston, sur le lapidaire architectonique et décoratif (Brunet-Gaston et alii 2006).Toutefois, la démarche est restée particulièrement centrée sur les pierres marbrières - aux sens carrier et géologique du terme - et sur une recherche à l’échelle régionale de ces roches. Par ailleurs, nous avons pu prospecter par nous-mêmes afi n de trouver la localisation de certains affl eurements dont l’exploitation s’est révélée ponctuelle sur tel ou tel bâtiment de

la capitale antique.

Les ressources lithiques identifi ées dans les constructions d’Autun-Augustodunum ont ainsi fait l’objet de recherches spécifi ques pour reconnaître les affl eurements les plus proches du lieu de mise en œuvre, qui ne sont pas forcément ceux exploités à l’époque gallo-romaine. De même, la reconnaissance de certains faciès pétrographiques dans des carrières exploitées actuellement n’induit pas une origine précise pour des matériaux de construction lithiques reconnus dans les structures immobilières de la capitale.

Ainsi, de nombreuses lithologies sont présentes à proximité directe de la capitale de cité. C’est le cas des grès permiens qui sont mentionnés, mais pas décrits, dans la carte géologique d’Autun (Delfour et al.1991, p. 35) à propos du remplissage du bassin autunien. Par ailleurs, cette roche constitue probablement le substrat du bassin, notamment au niveau des sites du quartier péri-urbain de la Genetoye où elle est particulièrement employée. C’est dans ce même bassin que le schiste bitumineux affl eure en plusieurs points, comme nous avons déjà pu le mentionner plus haut.

Parmi ces roches proches du site, nous pouvons aussi ajouter le gneiss qui est, en eff et, connu au sud d’Autun, en bordure du bassin permien, et appartient à une formation qui se nomme Orthogneiss de Morlet.

De plus, le granite à deux micas a été reconnu au nord-ouest de la ville d’Autun et il affl eure sur plusieurs kilomètres jusqu’à la commune de Saint-Léger-sous-Beuvray. Par ailleurs, au sud du bassin, il a été reconnu en affl eurements près du hameau de Couhard où un front de taille montre son exploitation encore récemment (Blanc et alii 1985, p. 17).

Pour ce qui concerne les autres lithologies identifi ées, il faut rechercher les premiers affl eurements entre 5 et 15 kilomètres à vol d’oiseau d’Autun-Augustodunum. Ainsi, le Grès blond du Rhétien et le Calcaire à Gryphées arquées sont à rechercher dans la région de Runchy, au sud-ouest d’Autun, mais aussi à proximité de Curgy, cette fois au nord-est.

Les diff érents faciès appartenant au grès triasique affl eurent, comme nous l’avons vu précédemment pour Bibracte, sur le plateau d’Antully-Planoise, soit entre une dizaine et une vingtaine de kilomètres d’Autun-Augustodunum.

De même, le Calcaire oolitique de Fontaines possède plusieurs provenances possibles qui sont localisées en diff érents endroits des côtes beaunoise et chalonnaise (cf. supra), à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville antique. C’est dans les diff érentes formations calcaires constitutives de ces côtes qu’il faut aussi chercher le Calcaire de Givry, le Calcaire de Comblanchien et le Calcaire de Germolles.

Enfi n, le Calcaire à Entroques de Pouillenay et le tuf calcaire sont deux ressources lithiques qui peuvent être exploitées sur les côtes beaunoise et chalonnaise, mais dont les affl eurements sont aussi connus dans la région de l’Auxois.

3. Caractérisation des matériaux employés sur les diff érents secteurs considérés

Les matériaux de construction lithique ont été étudiés selon les diff érents corpus considérés correspondant à plusieurs secteurs de fouilles à l’intérieur de la ville ou dans le quartier périphérique de la Genetoye. L’analyse pétrographique a porté sur 1509 fragments, dont les contextes de découverte nous sont connus. Le choix des secteurs de fouilles, au vu des biais mentionnés précédemment, a été motivé par la présence d’un prélèvement sélectif conséquent pour les matériaux lithiques, par l’intérêt des contextes stratigraphiques et, pour un cas, la publication d’une étude sur les matériaux d’un monument d’Autun-Augustodunum. Pour certains chantiers, notre intervention a permis de compléter des relevés pierre-à-pierre avec les déterminations pétrographiques réalisées par nos soins.

Les neuf corpus considérés sont issus pour la grande majorité des opérations archéologiques récentes et nous ont été accessibles au Service Archéologique de la Ville d’Autun et à la base Grand-Est sud de l’Inrap. Nous nous sommes intéressé aux sites de la Porte d’Arroux, de la Porte Saint-André, du théâtre intra-muros (Blanc et alii 1985), du Lycée militaire (193 fragments), de la tranche A du parking de l’Hexagone (578 fr.), des tranches B et C du même site (682 fr. et étude de F. Delencre en 2011), de la rue Carion (52 fr.). Pour ce qui concerne le quartier de la Genetoye, nous avons enregistré les corpus provenant du temple dit de Janus (3 fr. et étude de F. Delencre en 2013 et 2014) et du théâtre (1 fr. et étude de F. Delencre en 2013 et 2014).

Nous avons à nouveau fait le choix de représenter les données enregistrées pour les divers chantiers d’Autun sous la forme de deux tableaux. Ces derniers permettent de mettre en évidence les moments d’apparition, pour chaque fonction architecturale, des diff érentes lithologies identifi ées dans les constructions. Pour la présentation des secteurs ci-dessous, nous nous reportons à celle eff ectuée dans la partie portant sur les terres cuites architecturales (cf. supra), exception faite bien sûr des secteurs uniquement concernés par l’étude lithique.

- La Porte d’Arroux

Concernant cette porte (Fig. 178) que nous avons déjà largement décrite, nous nous reporterons aux identifi cations des matériaux par une équipe de géologues constituée autour d’A. et P. Blanc (Fig. 2) pour les diff érents éléments de cette construction (Blanc et alii 1985, p. 11) et que nous avons mentionné en introduction de cette recherche. Nous devons toutefois être prudent concernant l’authenticité des blocs mis en œuvre, la porte ayant connu plusieurs phases de restauration (Barrière 2012).

- La Porte Saint-André

Cette même équipe de géologues a répété cette analyse sur la porte est de l’enceinte d’Augustodunum (Blanc et alii 1985, p. 11-12). La Porte Saint-André (Fig. 179), dont l’une des tours de fl anquement est encore debout, a subi de nombreuses restaurations rendant malaisé de déterminer les éléments antiques encore en place (Barrière 2012). Ainsi, le massif interne de la porte est constitué de blocs de granite à deux micas et de gneiss. Les piédroits de la porte reposent sur des blocs monolithiques en grès triasique, déterminés sous le nom d’arkose dans l’étude de 1985 (Blanc et alii 1985, p. 11). C’est cette même roche qui constitue les arcatures de la galerie supérieure de la Porte Saint-André, même si cette partie a visiblement été remaniée et restaurée. À l’instar de la Porte d’Arroux, les parements sont en Calcaire oolitique de Fontaines. Enfi n, la tour de fl anquement, qui est remaniée, possède encore des élévations antiques constituées de petits moellons, sensiblement de même module, en Grès blond du Rhétien (Fig. 180).

- Le théâtre intra-muros

Une autre intervention a eu lieu sur le théâtre (Fig. 181), en même temps que pour les deux portes de l’enceinte, où certains gradins présentent encore des parties d’origine (Blanc et alii 1985, p. 12). Les moellons déterminés sont principalement en granite à deux micas, en Grès blond du Rhétien et en grès triasique, même si un élément, en remploi probablement, est en Calcaire oolitique de Fontaines. Par ailleurs, des éléments architectoniques liés à la parure monumentale de ce théâtre sont en grès triasique et en Calcaire oolitique de Fontaines.

- Le Lycée militaire

Nos premières observations (Annexe.80) nous permettent de constater que ce sont principalement les dernières phases de construction de ce quartier artisanal (Fig. 145) qui sont documentées en termes de fonctions architecturales et de faciès pétrographiques pour les matériaux (Fig. 182 et 183). En eff et, le premier état daté entre 40 et 70 après J.-C. n’est concerné que par deux matériaux lithiques (un élément mouluré et un bloc informe), quand aucun n’a été répertorié pour l’état 0 concernant le mobilier résiduel augusto-tibérien.

Ainsi, dès la phase 2 datée de la fi n du Ier siècle - début du IIème siècle après J.-C., une grande diversité de fonctions est reconnue dans l’architecture pour les matériaux de construction lithiques. En eff et, ces matériaux concernent des maçonneries, des blocs de grand appareil, des éléments architecturaux, des dalles diverses, des fragments de colonnes (bases et chapiteaux) et des éléments de décoration du sol (baguettes et éléments d’opus sectile). Une partie importante du corpus est représentée par des blocs informes. Cette même diversité est présente pour les phases de construction suivantes avec les mêmes fonctions identifi ées pour l’emploi de la pierre.

Pour ce qui concerne la nature pétrographique de ces matériaux de construction, l’élément mouluré et le bloc informe liés à l’état 1 sont respectivement en Calcaire oolitique de Fontaines et en schiste bitumineux.

C’est avec la deuxième phase de construction que la plus grande diversité de lithologies employées est recensée avec le schiste bitumineux, le grès triasique, le Calcaire oolitique de Fontaines et le Calcaire à Entroques de Pouillenay. Le schiste bitumineux est particulièrement présent dans cet état de construction sous forme d’éléments d’opus sectile et de déchets de taille (chutes de sciage, ratés de débitage, etc.). Ces éléments semblent mettre en évidence une production de ces matériaux liés à la décoration avec l’utilisation d’autres lithologies marbrières dans ce quartier artisanal de la capitale, plus qu’un emploi réel en tant que pavement des sols (Brunet-Gaston et alii 2006, p. 185). Le grès triasique est représenté par un faciès feldspathique à grains fi ns façonné en un bloc de grand appareil qui porte des traces d’un trou de louve et de mortier de tuileau. Le Calcaire oolitique de Fontaines possède des fonctions plus variées et il est attesté sous forme de colonnes engagées (?), d’éléments sculptés et de blocs informes. Enfi n, le Calcaire à Entroques de Pouillenay est identifi é pour une dalle qui pourrait être en lien avec la production d’éléments d’opus sectile.

Cette même diversité des faciès déterminés est observée dans les phases de construction suivantes et nous pouvons noter que la production d’éléments d’opus sectile perdure pour l’état 3 (milieu du IIème siècle après J.-C.) comme le montrent d’autres déchets de taille.

Nous pouvons noter par ailleurs qu’un bloc informe brûlé de granite à deux micas a été recensé, mais qu’il n’a pu être attribué à l’une des phases de construction. Il semble toutefois probable que ce bloc soit représentatif d’une des lithologies mises en œuvre dans les diff érentes maçonneries.

- Le parking de l’Hexagone, tranche A

Seuls les contextes (Annexe.81) appartenant aux diff érents moments de la vie de la domus du IIIème siècle après J.-C. (Fig. 151) sont caractérisés par le mobilier découvert (Fig. 184 et 185). Peu d’éléments de construction ont été échantillonnés sur ce site et la grande majorité des matériaux est liée à un emploi décoratif pour le pavement des sols. Ces derniers se présentent ainsi sous la forme de tesselles de mosaïque complètement disjointes et de dalles agencées en opus sectile. Trois moellons ont été recueillis mais ils ne peuvent pas être associés à une phase de construction de par leur découverte au moment du décapage.

La nature pétrographique de ces diff érents matériaux est très variée. En eff et, les tesselles de mosaïque correspondent à des faciès de schiste bitumineux, de Calcaire oolitique de Fontaines et de Calcaire de Givry qui, agencés ensemble, off rent une polychromie axée sur les teintes de rouge, jaune, blanc et noir. Les éléments d’opus sectile recensés sont tous en schiste bitumineux et associés à des dalles de marbres méditerranéens (Labaune et alii 2013, p. 199 et 204) que nous n’avons pas pris en compte lors de notre étude. Les moellons observés hors stratigraphie sont

de lithologies atypiques pour cette fonction, ayant été déterminé comme du grès triasique et du Calcaire oolitique de Fontaines. Un bloc informe en gneiss, prélevé lui aussi hors stratigraphie, peut être rapproché de ces matériaux de maçonnerie. Lors du décapage, deux dalles de sol épaisses ont aussi été observées, l’une en Calcaire de Comblanchien et l’autre en Calcaire de Germolles.

- Le parking de l’Hexagone, tranches B et C

Les structures du second îlot mis au jour par les opérations archéologiques (Fig. 151) sont aussi concernées par la pierre à bâtir. Si aucun matériau n’a été prélevé dans les phases de construction 1 et 2 concernant les habitations du Ier siècle après J.-C., l’étude par nos soins d’une maçonnerie a permis de défi nir les moellons liés au mortier de chaux mis en œuvre et nous avons par ailleurs eff ectué des observations ponctuelles lors des sondages.

Pour les phases suivantes, liées au bâtiment monumental édifi é au début du IIème siècle après J.-C., les fonctions architecturales des matériaux employés ont pu être défi nies à partir d’un corpus conséquent de 682 éléments lithiques (Annexe.82) et par l’analyse directement sur le terrain d’une maçonnerie associée à des observations ponctuelles lors des sondages. Ainsi, en dehors des moellons mis en œuvre dans les murs, en piédroits et en chaînages d’angle, le mobilier échantillonné montre un emploi très varié pour les matériaux de construction lithiques. Ainsi, des éléments sculptés ont été observés, des dalles et pavements de sol, des colonnes ou encore de nombreux blocs informes avec des nature pétrographiques bien distnctes (Fig. 186 et 187).