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ÉTAT DE LA QUESTION

II. ÉTUDES SUR LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ROMAINS EN FRANCEROMAINS EN FRANCE

1. Exemples les plus signifi catifs

En premier lieu, nous devons signaler l’existence d’un article de A. Ferdière (2012) qui recense exhaustivement l’ensemble des mentions portant sur ces matériaux de terre cuite dans la Gaule Lyonnaise et le nord de la Gaule Aquitaine, à travers le prisme particulier des ateliers de production et des estampilles. Cette référence enregistre ainsi toutes les études menées sur le

sujet qui nous intéresse, même si toute la littérature existante sur les matériaux de construction en terre cuite n’implique pas forcément des analyses en dehors de la simple indication de la présence de l’atelier, de la marque, de la mesure, etc.

En second lieu, nous devons cadrer les thématiques abordées lors de ces études sur les terres cuites architecturales en catégories distinctes. Les ateliers de production sont souvent caractérisés archéologiquement par l’élément le plus massif aisément identifi able : le four (Le Ny 1988). Toutefois, de nombreuses autres structures peuvent être présentes, dont l’aménagement semble assez caractéristique (Charlier 2011). De nombreuses marques peuvent être apposées sur les divers matériaux de construction en terre cuite. Parmi celles-ci, nous pouvons défi nir les estampilles, qui peuvent être d’origine militaire ou civile. Ces marques correspondent à l’apposition d’un nom à l’aide d’un timbre sur le matériau argileux, avant cuisson. La découverte de ces éléments marqués en Gaule, sur le site de production ou dans la région alentour, montre que si cette pratique est courante, elle ne concerne pas l’ensemble des matériaux fabriqués dans un atelier. Actuellement, à défaut d’avoir pu observer une fournée abandonnée, il est diffi cile de savoir quelle part en est estampillée, même si elle paraît a priori minime (Charlier 1999). Les autres marques identifi ables peuvent prendre diff érentes formes : volontaires (marques digitées, graffi ti, incisions, etc.) ou accidentelles (empreintes animales ou humaines). Un axe de recherche abordé par les divers chercheurs qui se sont penchés sur les éléments produits dans ces ateliers s’intéresse à la forme fi nie de l’objet et à son évolution. La métrologie des matériaux de construction en terre cuite observe divers paramètres, à commencer par les plus évidents, qui sont les longueurs et les largeurs. Cependant, nous ne recenserons pas ici toutes les mentions de mesures eff ectuées et nous nous concentrerons sur l’enregistrement seul des études qui portent sur une typo-chronologie des terres cuites architecturales ou sur une caractérisation de leurs modules. En eff et, des dimensions sont souvent fournies dans la publication des sites archéologiques, sans autre intention que de restituer l’architecture des toits des bâtiments concernés. Enfi n, les pâtes de ces matériaux peuvent être décrites par des analyses pétrographiques qui en caractérisent les éléments constitutifs.

Nous devons déterminer, dans le même temps, les études exclues de ce recensement. Ainsi, les terres cuites architecturales peuvent être employées comme élément datant grâce à la méthode appliquée de l’archéomagnétisme. Cette discipline n’est pas prise en compte ici puisqu’elle ne s’intéresse pas à l’objet fi ni lui-même, ni à son emploi, et qu’elle se démarque des autres études liées aux terres cuites architecturales. Dans ses principes, cette branche de l’archéométrie repose sur la possibilité que possèdent ces matériaux de conserver, grâce aux minéraux magnétiques, l’aimantation du champ magnétique terrestre au moment de leur cuisson (Lanos 1998, p. 125). Ainsi, l’étude d’un très grand nombre de structures de production et la constitution de corpus conséquents et bien datés provenant de nombreux sites archéologiques permettent, pour une région donnée, de connaître les variations du champ magnétique terrestre ancien. La courbe établie restituant ces variations peut ensuite être utilisée pour dater de nouveaux corpus ou

affi ner les chronologies déjà existantes (Lanos 1998, p. 125). Les connaissances appliquées sur la capacité de l’argile cuite à s’aimanter sont appliquées de deux manières distinctes en archéologie. Dans un cas, l’archéomagnétisme permet la datation des fours (Goulpeau et alii 1982 ; Charlier et Ducomet 1995), ainsi que celle des matériaux (Goulpeau et Langouet 1980 ; Charlier et Ducomet 1995), comme le montre l’exemple des habitats ruraux en Haute-Bretagne (Lanos 1991). Dans l’autre cas, les fours de tuiliers présentent une trace énergétique caractéristique liée aux diverses chauff es qui peut être détectée par les outils de prospection géophysique. Il est ainsi possible de localiser les lieux de production des tuiles (Charlier et Ducomet 1995). Les courbes établies par les analyses archéomagnétiques sont souvent améliorées et affi nées grâce à l’apport de nouvelles structures dont la chronologie est bien connue, permettant ainsi d’obtenir des datations de plus en plus précises (Hervé 2012b ; Hervé et alii 2014).

À l’instar de la pierre à bâtir et des carrières, nous avons réuni, dans un tableau chronologique, les références concernant les matériaux de construction en terre cuite selon le sujet général de la publication, son appel bibliographique et les diff érents thèmes abordés (Fig. 26). S’il nous est impossible d’être le plus exhaustif possible, en raison de la dispersion des études sur divers supports (notamment dans les rapports d’opérations archéologiques pour les dernières années), nous avons répertorié les études les plus signifi catives et les plus pertinentes portant sur ces matériaux.

1. Les ateliers de production

Dès les premières fouilles archéologiques, les ateliers de production sont mentionnés dans la littérature. Cependant, nous ne prenons pas ici en compte ces évocations qui ne sont pas liées à l’étude des structures, mais plutôt à la caractérisation des sites archéologiques. Les structures observées sont souvent celles des fours, qui diff èrent complètement de ceux utilisés par les potiers (Hofmann 1975, p. 120), ou sont localisables par les nombreux déchets surcuits et/ou vitrifi és des matériaux produits.

La première véritable analyse des fours de tuiliers que nous pouvons mentionner correspond à la caractérisation des structures et des conditions nécessaires en termes de ressources pour la production des matériaux de construction en terre cuite (Hofmann 1975, p. 120). La taille des fours est conditionnée par la masse du matériau enfourné, de plusieurs dizaines de kilogrammes, qui est cuit à plus de 900 °C en atmosphère oxydante. La description faite de cette structure repose sur les nombreuses découvertes archéologiques eff ectuées notamment en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne.

Après ses premiers travaux universitaires (Le Ny 1985, 1986), F. Le Ny présente un premier inventaire des ateliers tuiliers de l’Est de la Gaule, la question étant traitée principalement à partir des données archéologiques (Le Ny 1987). Le caractère technique du fonctionnement des fours y est décrit, fondé sur le principe du tirage vertical, ainsi que la matière employée pour

leur construction, l’importance de son orientation, etc. (Le Ny 1987, p. 180). Ces recherches sont un préalable à la publication dans les Documents d’Archéologie Française de l’inventaire complet et de la mise en place d’une typologie pour les fours de tuiliers gallo-romains (Le Ny 1988). Le recensement mené repose sur un questionnaire détaillé qui précise les structures déterminables de l’atelier (aires de préparation de l’argile, de moulage, de stockage, ainsi que fosses-dépotoirs ou encore habitats), la caractérisation de sa production et les éléments descriptifs de son contexte. La typologie des fours de tuiliers est, quant à elle, établie à partir de la morphologie de la structure, ainsi que par la détermination de ses éléments constitutifs caractéristiques. Ainsi, F. Le Ny a classé les fours gallo-romains connus selon qu’ils soient de formes circulaires, rectangulaires ou en couloir. Un quatrième type est défi ni pour les structures qui ne peuvent être catégorisées dans un des trois types précédents.

Ces recherches se sont ensuite poursuivies plus précisément dans certaines régions avec l’application de cette nouvelle typologie. C’est le cas notamment pour la Haute-Bretagne, peu représentée dans l’ouvrage précédent (Le Ny 1991).

Si après ces recherches intensives sur la question, qui se concrétisent avec la thèse de F. Le Ny (1992), peu de références apparaissent dans la littérature, les ateliers de production sont toutefois davantage abordés par la recherche archéologique. Ainsi, ponctuellement, les ateliers de production peuvent faire l’objet d’un inventaire dans une région particulière, comme le Nord/Pas-de-Calais (Thuillier 1993), ou d’études précises sur la morphologie des fours et des structures attenantes. C’est le cas, par exemple, pour l’agglomération de Mandeure-Epomanduodurum (Charlier 1996).

Pour la région de la vallée du Guadalquivir, en Bétique, les structures des ateliers de production elles-mêmes ne sont pas reconnues, mais localisées grâce à la prospection archéologique (Rico 2000). L’étude en question porte principalement sur la répartition des ateliers et la détermination des contextes. En eff et, la plupart des sites sont des lieux de production ruraux souvent à caractère domanial (Rico 2000, p. 180-183). Quelques-uns correspondent toutefois à des ateliers urbains, même s’il s’agit des vestiges les moins nombreux et les moins bien connus (Rico 2000, p. 183). À partir des années 2000, des ateliers de production sont découverts lors des opérations d’archéologie préventive et les diff érentes composantes liées à la mise en forme, à la chauff e, etc. des matériaux de construction en terre cuite sont bien identifi ées. Nous pouvons citer les exemples de Moissey (Charlier 2005), d’Hermalle-sous-Huy (Frébutte et Gustin 2006), de

Vrigny (Ferdière, Guillemard et Lanos 2012) ou encore de Saint-Valérien (Driard et Noël

2012).

En 2007, une méthodologie de reconnaissance de ces zones de production a été proposée et testée par la prospection archéologique (Louis et Thuillier 2007). Les éléments les plus révélateurs sont, outre l’abondance du matériau, la caractérisation d’éléments surcuits et/ou présentant des traces de vitrifi cation (Louis et Thuillier 2007, p. 135). Les prospections ont ainsi permis de reconnaître quinze ateliers de tuiles (et plus ponctuellement de briques) dans la basse vallée de la Scarpe (Douaisis), dont certains on pu être associés à des fosses d’extraction de l’argile.

En 2011, une thèse de doctorat a été soutenue avec pour sujet la caractérisation technologique des ateliers et des productions de matériaux en terre cuite dans l’espace des Gaules et des Germanies (Charlier 2011). L’ensemble de la chaîne opératoire est décrit, de l’extraction de l’argile à la cuisson, en passant par le moulage et le séchage. Dans le même temps, les structures de l’atelier sont caractérisées, qu’il s’agisse des fours, bien sûr, mais aussi des divers bâtiments en matériaux périssables et espaces qui correspondent à des aires de stockage, des halles de séchage, etc. L’observation diachronique et régressive des structures associées à la production des matériaux de construction en terre cuite de l’époque moderne jusqu’à l’Antiquité apporte des données complémentaires pour comprendre les gestes et l’économie liés à cette pratique technique.

Nous avons déjà mentionné l’existence d’un article fondateur de A. Ferdière (2012) qui retrace la totalité de l’historiographie concernant la production et la caractérisation des matériaux de construction en terre cuite. Cet article s’intéresse très largement aux ateliers de production, qu’il s’agisse d’études comme celles que nous avons mentionnées précédemment ou de notes informant la communauté scientifi que de leur découverte en tel ou tel lieu. La question traitée est de montrer l’aspect domanial de ces ateliers qui sont principalement localisés en contexte rural, fait toutefois déjà bien connu par la littérature (Ferdière 2012, p. 18 et 72-73).

Enfi n, des aspects particuliers de la structure des fours peuvent être étudiés, comme c’est le cas récemment pour les fours avec évents latéraux bas (Charlier 2015).

2. Les matériaux estampillés

La question des estampilles apposées sur les éléments de couverture, mais aussi sur les autres matériaux de construction en terre cuite, a souvent attiré l’attention des chercheurs, d’autant plus quand elles présentent des noms associés à l’armée romaine. En eff et, ces marques caractérisent l’installation d’une légion sur un territoire et la diff usion des matériaux estampillés à leur nom peut se faire sur une vaste zone autour du camp permanent (e.g. von Gonzenbach 1963 ; Delencre et Garcia 2011b).

Ainsi, une des premières études sur le sujet concerne le camp militaire de Windisch-Vindonissa dans lequel la XXIe légion a séjourné (von Gonzenbach 1963). L’analyse de la dispersion de ces éléments, parfois découverts sur de grandes distances, a soulevé de nombreuses questions sur les raisons de leur diff usion. Les contextes de découverte sont principalement civils, correspondant à des établissements ruraux localisés sur les plateaux suisses de la région autour du camp. La question posée par V. von Gonzenbach (1963) est de savoir quelle valeur réelle possède cette espace déterminé par la diff usion des tuiles militaires estampillées et s’il peut être assimilé à un territoire vivrier (Nützungsgebiet), où s’approvisionne la légion.

Pour ce qui concerne les estampilles civiles, l’exemple des matériaux marqués [CLARIANUS] est tout à fait pertinent par l’extension de l’aire géographique concernée entre le Jura et la mer Méditerranée (Verguet 1974, p. 244). La plupart des éléments découverts sont localisés en rive

gauche du Rhône, axe qui semble être le principal vecteur de circulation. En plus de la diff usion des matériaux, une typologie des marques est établie en fonction du texte et de la dimension des estampilles (Verguet 1974).

En dehors de notre cadre géographique, le cas du Nord de l’Afrique montre l’intérêt porté aux estampilles militaires. Une démarche similaire est appliquée pour les marques apposées sur les briques de la IIIe légion Auguste, permettant ainsi leur inventaire, avec un intérêt particulier pour les surnoms de la légion (Le Bohec 1981). Dans le même temps, la diff usion de ces matériaux peut être appréciée dans cette zone géographique par les mentions sur divers sites.

Les estampilles peuvent aussi être l’occasion de réfl échir à l’implantation des ateliers de production. Ainsi, c’est le cas de plusieurs marques découvertes dans le département actuel du Tarn, [RUFINI], [CARPI], [NIGRI]/[NIGRIN] et [DAMA], toutes présentes le long de la rivière du même nom (Rico 1987). Sans pouvoir préciser la localisation exacte des ateliers de production de matériaux où sont apposées ces estampilles, des aires de diff usion restreintes sont déterminées par les exemplaires connus. Dans le même temps, le statut des tuiliers n’est pas évident à défi nir à partir des seules estampilles, qui permettent tout de même de connaître les cognomen (Rico 1987, p. 49).

Les estampilles intègrent par ailleurs des synthèses générales dans les années 1980, qu’il s’agisse de La construction romaine (Adam 1984) ou de toutes les informations recueillies pour l’Empire romain sur les matériaux de construction en terre cuite (Brodribb 1987).

Pour la Belgique, un inventaire complet des estampilles, à partir de la littérature et par l’observation d’exemplaires complets dans les musées, a été fourni avec la répartition géographique pour chaque marque (De Poorter et Claeys 1989).

La thèse de doctorat de F. Le Ny (1992) a permis de recenser 130 ateliers de production bien attestés en Gaule par la fouille et dont seulement 34 ont estampillé à un moment de leur histoire des matériaux de construction en terre cuite. Cet inventaire prend aussi bien en compte les tuileries militaires que civiles.

En 1992 également, Y. Le Bohec donne quelques points méthodologiques et réfl exologiques sur la production des terres cuites architecturales estampillées (Le Bohec 1992). Dans le même temps, il montre l’importance du réseau routier pour l’action militaire, même s’il est diffi cile de défi nir un territoire d’infl uence à partir des seules tuiles estampillées (Le Bohec 1992, p. 56). Enfi n, la question des contextes de découverte est traitée dans la mesure où ces matériaux ne sont pas toujours employés en lien avec des structures militaires. En dehors des camps, ces tuiles sont principalement observées dans l’aménagement de thermes, de monuments religieux et de sépultures (Le Bohec 1992, p. 53).

C. Rico (1993), à partir des estampilles, s’intéresse aux questions que problématise cette pratique sur la production et la diff usion des matériaux de construction en terre cuite. Il évoque ainsi pour la première fois la fréquence de l’estampillage sur les matériaux et l’aspect chronologique que peut revêtir ces marques en Tarraconaise. Par ailleurs, il poursuit ses réfl exions entamées à l’échelle du département actuel du Tarn concernant la fonction de cette estampille et ce qu’elle

peut nous apprendre sur le statut, juridique notamment, des tuiliers.

La question des estampilles militaires est reprise lors de la publication des fouilles du camp légionnaire de Mirebeau-sur-Bèze, occupé par la VIIIe légion Auguste (Bérard, Le Bohec et Reddé 1995). C’est à partir de l’inventaire des diverses empreintes qu’une typologie est créée. Cette dernière se fonde sur la forme de l’estampille (taille des lettres, ligatures, ponctuations, etc.), mais aussi sur le texte lui-même. Par ailleurs, la diff usion des matériaux est abordée par une critique de Y. Le Bohec relative à la fi abilité des découvertes eff ectuées dans une région assez large autour du camp (plusieurs dizaines de kilomètres). L’auteur reprend par ailleurs ce sujet (Le Bohec 2000), d’autant plus que la découverte des tuiles estampillées par cette légion est un bon marqueur pour suivre son histoire et ses déplacements.

Si cette marque pose souvent les mêmes questions pour les matériaux découverts, à savoir la diff usion de la production et la fonction de la marque, celle de l’identité des signataires est plus complexe à traiter (Charlier 1999). F. Charlier montre que l’acte de marquer le matériau est lié à une production destinée au commerce et non pas à la simple utilisation domaniale (Charlier 1999, p. 188). Par ailleurs, l’étude des noms apposés montre qu’elles ne semblent pas être des signatures qui défi nissent les artisans, mais correspondent le plus souvent au propriétaire de l’atelier ou encore au responsable de la production (Charlier 1999, p. 193).

Le cas de la vallée du Guadalquivir (Rico 2000) montre que cette production de terres cuites architecturales peut être associée à celles d’autres objets nécessitant l’argile pour leur fabrication. Dans cette région, les estampilles sur matériaux de construction et sur amphores témoignent de l’utilisation d’un même schéma de diff usion des produits. Toutefois, il est tout à fait remarquable de constater l’indépendance des estampilles entre amphores et matériaux de construction : les artisans qui les produisent sont bien distincts et spécialisés, quand bien même ils peuvent faire appel à des ressources, voire des structures, identiques (Rico 2000).

À partir des années 2000, plusieurs études portent sur la diff usion des matériaux estampillés ou sur l’inventaire des marques découvertes sur un site particulier. Nous pouvons ainsi nommer les exemples de la basse vallée de la Scarpe (Louis et Thuillier 2007), d’une partie de la Gaule

Belgique (Bontrond, Marian et Balhawan 2013), du sud est de l’Entre-Sambre-et-Meuse

(Luppens et Cattelain 2014) ou encore de la région d’Orchies (Lebrun et alii 2012 ; Lebrun et Fronteau 2014) pour l’analyse de la répartition géographique de certaines estampilles. Pour le cas des sites où ces marques sont apparues en abondance, nous pouvons citer la tuilerie d’Hermalle-sous-Huy (Frébutte et Gustin 2006), de Biesheim-Oedenburg (Biellman 2009) et de Strasbourg-Argentorate (Waton et Dardaine 2010). Dans le même temps, l’article déjà mentionné d’A. Ferdière (2012) fait l’inventaire complet et exhaustif de toutes les mentions de matériaux estampillés en Gaule, et plus particulièrement dans la province de Lyonnaise.

Pour terminer, la question de la diff usion des matériaux de construction a fait à nouveau l’objet d’une étude mettant en œuvre les Systèmes d’Informations Géographiques (Delencre et Garcia 2011b). L’analyse spatiale des tuiles de la VIIIe légion Auguste montre la forte relation qui existe entre les sites de découverte et les voies romaines connues ou présumées. De plus,

l’identifi cation des contextes de découverte permet la discussion des modes de diff usion de ces matériaux : si le commerce semble pouvoir être exclu, il reste diffi cile de défi nir quels sont les vecteurs qui infl uencent la répartition et l’emploi de tuiles estampillées en dehors des sites militaires attestés.

3. Les marques digitées et autres inscriptions

La marque digitée, comme le rappelle F. Charlier, est « une marque réalisée d’un coup de doigt, juste après le moulage, sur la surface supérieure du matériau et généralement à son extrémité avant » (Charlier 2000b, p. 265). Elles peuvent revêtir diff érents aspects dont l’exécution se fait selon un geste rapide et facile (Goulpeau et Le Ny 1989, p. 109 et 111 ; Charlier 1995b). Les premières études sur les marques digitées, ainsi que les autres formes d’inscriptions observables sur les matériaux de construction en terre cuite, correspondent plutôt en réalité à des inventaires des diverses formes répertoriées.