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ÉTAT DE LA QUESTION

II. ÉTUDES SUR LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ROMAINS EN FRANCEROMAINS EN FRANCE

1. Recensements des études

Il nous est nécessaire tout d’abord de cadrer les thématiques abordées dans cette synthèse par rapport aux études qui traitent de la pierre à bâtir en raison de sa nature même et non pas pour sa fonction architecturale ou les caractéristiques stylistiques de sa mise en forme. Nous excluons ainsi toutes les publications et articles qui ont pour sujet la typologie et la stylistique liée à l’ornementation de la pierre dans la parure monumentale des villes (e.g. Janon 1986 ; Brunet-Gaston 2007, 2011 ; Maligorne 2011, 2014) ou encore l’emploi des ressources lithiques en tant qu’élément décoratif des murs et des sols (e.g. Brunet-Gaston 2006 ; Heckenbenner 2014 ; Leroux et Blanc 2014 ; Delferrière 2014, 2015) répondant clairement à des problématiques distinctes de la construction (Lorenz 1995, p. 87). En eff et, les revêtements architecturaux sont liés à des besoins spécifi ques et les pierres employées possèdent des propriétés techniques (en termes de débitage, de poli, d’emploi, etc.) que nous ne retrouvons pas pour la construction. Par ailleurs, même si ces champs de réfl exions n’intègrent pas cette synthèse, la pierre peut être l’objet d’analyses très spécialisées : caractérisation par cathodoluminescence des marbres (Blanc 1993b, 2014), analyses isotopiques des roches en complément des observations géologiques de terrain (Leroux 2014), détermination des pierres et des styles pour la sculpture (e.g. Deyts 2010 ; Lamy 2015) ou l’architecture des monuments funéraires (Moretti et Tardy 2006), mises en évidence des matériaux mis en forme pour l’outillage lithique (Pieters 2013) ou les meules

(Buchsenschutz et alii 2011), etc.

De même, pour ce qui concerne les carrières antiques, seules celles ayant fait l’objet d’une analyse complète de la roche exploitée, des matériaux produits ou encore de l’aménagement du site ont été prises en compte. En eff et, il a déjà pu être évoqué lors d’un premier inventaire des carrières gallo-romaines dans le Nord-Est de la France que « l’examen des carrières semble avoir été longtemps considéré comme annexe : on y faisait allusion à l’occasion de la publication d’un monument, mais les études consacrées spécifi quement à une exploitation sont rares » (Pinette 1978, p. 2). Nous n’avons pas pris en compte certains lieux d’extraction mentionnés dans cet inventaire si la matière exploitée a servi pour le façonnage de marbres (au sens carrier du terme), de statuaires ou d’outils de mouture (meules, molette va-et-vient, etc.).

L’ensemble des informations réunies, tendant à vouloir être le plus exhaustif possible, est rassemblé sous la forme d’un tableau chronologique (Fig. 23), où est consigné le sujet général de la publication, son appel bibliographique et les diff érents thèmes abordés lors des études mentionnées.

1. Les carrières antiques

La première véritable étude sur une carrière gallo-romaine, en dehors des mentions de lieux d’extraction2, correspond à un bref article de J. Bouvier (1963) sur le site de La Cléry, localisé à la limite départementale entre l’Isère et la Drôme près de Gresse-en-Vercors. Si la roche exploitée n’est pas caractérisée, ni déterminée, la morphologie de la carrière est décrite en s’attachant principalement aux mesures des zones d’extraction. L’observation des éléments cassés, dont l’extraction a par conséquent été abandonnée, permet de défi nir l’emploi des pierres travaillées sous forme de chapiteaux, d’entablements ou encore de stèles funéraires (?). La dimension de ces éléments, tous pondéreux, a ainsi amené l’auteur à émettre diff érentes réfl exions sur l’acheminement des blocs hors de la carrière et leur transport ensuite sur le(s) lieu(x) de mise en œuvre.

En préalable des recherches sur les carrières antiques de Savoie, il a été proposé une méthodologie afi n de caractériser les matériaux mis en œuvre sur les sites archéologiques (Broise 1977). La détermination des ressources lithiques employées permet ainsi de défi nir les affl eurements les plus probables ayant pu approvisionner les chantiers de construction et de fait cadrer la recherche des carrières.

Entamées en 1971, et publiées en 1977, les recherches archéologiques pionnières sur la carrière gallo-romaine de Saint-Boil en Saône-et-Loire ont permis de mettre en évidence la morphologie de ce lieu d’extraction, tout en analysant l’enregistrement stratigraphique de son temps d’exploitation (Monthel et Pinette 1977). Les opérations archéologiques ont ainsi permis 2 Voir le catalogue du mémoire de maîtrise soutenue par M. Pinette (1978) pour les mentions et suppositions d’extractions antiques dans le Nord-Est de la France.

de défi nir sur le temps long les diff érentes phases d’utilisation de cette carrière, tout en observant les traces laissées au droit des fronts de taille par les outils et les éléments abandonnés en cours d’extraction. Là encore, la nature de la roche n’est pas caractérisée.

Dans le cadre d’un mémoire de maîtrise à l’université de Bourgogne, M. Pinette (1978) dresse l’inventaire des diff érentes carrières antiques d’exploitation de la pierre, connues dans le

Nord-Est de la France. S’appuyant largement sur la bibliographie ancienne, ce travail universitaire

recense aussi bien les carrières dédiées à la statuaire et aux meules que celles exploitées pour la pierre de construction. Si les informations évoquées sont disparates (Pinette 1978, p. 1-2), entre les données assurées par l’archéologie comme pour la carrière de Saint-Boil et celles non vérifi ées, seulement connues par la littérature, elles ont l’avantage de montrer le potentiel que représente l’extraction et le travail de la pierre en Gaule romaine. Par ailleurs, pour chacune des mentions, la nature pétrographique de la roche est décrite plus ou moins fi nement.

À partir des années 1980, la région autour de Nîmes-Nemausus, colonie de droit latin en Gaule méditerranéenne, est fi nement analysée par J.-C. Bessac. Ainsi, en 1981, plusieurs carrières sont étudiées pour caractériser leur fi abilité comme exploitation datée de l’Antiquité (Bessac 1981). Dans le même temps, les faciès observés dans ces lieux d’extraction sont particulièrement bien caractérisés et mis en relation avec les pierres employées dans la construction de Nîmes-Nemausus. Les carrières antiques du « Bois des Lens » à Montmirat (Gard) ont ainsi été l’occasion de faire un point méthodologique sur les problématiques liées à ce type de recherche (Bessac 1986a) en parallèle d’une première publication des résultats obtenus lors des prospections archéologiques (Bessac 1986b). De plus, une synthèse permet de mettre à disposition des chercheurs l’ensemble des connaissances sur ce domaine (Bedon 1984).

Lors du 108ème Congrès National des Sociétés Savantes, tenu en 1983 à Grenoble et publié en 1986, deux communications précisent les données déjà mentionnées plus haut pour la carrière de La Cléry, en indiquant que celle-ci exploite un calcaire jurassique (Blanc 1986), et pour celle de Saint-Boil (Monthel 1986).

En 1989, la formation miocène de la Pierre du Midi a particulièrement attiré l’attention des chercheurs, notamment pour son emploi dans les colonies de Lyon-Lugdunum et de Vienne-Vienna (Philippe et Savay-Guerraz 1989, p. 158-159). Si de nombreuses carrières sont recensées, trois seulement sont véritablement attestées comme antiques dans les environs de Glanum (Bessac et Lambert 1989, p. 12-13).

Le 115ème Congrès National des Sociétés Savantes aborde des thématiques similaires à celles du colloque international de Grenoble déjà mentionné sur Les ressources minérales et l’histoire de leur exploitation (Braemer 1986 ; Monthel 1986 ; Blanc 1986). Le C.T.H.S. a ainsi organisé, à Strasbourg en 1988, un colloque amplement axé sur l’étude des pierres et notamment sur les carrières exploitées à diff érentes périodes historiques. C’est à cette occasion que deux communications ont porté sur l’exploitation de la pierre du « Bois des Lens » à Montmirat (Bessac, Blanc et Blanc 1991) et sur un calcaire daté du Portlandien exploité vers le hameau de « Fay » à Peyrieu dans l’Ain (Savay-Guerraz 1991). Dans le même temps, une autre

communication montre que les méthodes défi nies précédemment dans la reconnaissance des carrières antiques sont aisément applicables hors de la France, avec l’exemple de la carrière romaine d’Olèrdola près de Barcelone (Batista-Noguera et alii 1991).

Suite à tous ces travaux, la mise en forme des nouvelles recherches sur des carrières connues et déjà explorées (Bessac 1996), et la découverte de nouveaux sites analysés selon les mêmes axes de réfl exions envisagés précédemment, montrent que l’étude de ces lieux d’extraction est dorénavant bien ancrée dans la recherche archéologique à partir de la fi n des années 1990 (Éveillard et alii 1997 ; Demarolle 1999 ; Pichon et Lorenz 2000 ; Éveillard et Maligorne 2000). La prise en compte des carrières lors des opérations archéologiques a ainsi permis d’identifi er plus facilement les lieux d’extraction antiques. En 2002, un dossier complet a été publié sur l’avancée des problématiques archéologiques portant sur ce sujet, qu’il s’agisse des grandes synthèses des années 1980 (Adam 1984 ; Bedon 1984) ou des études ponctuelles en Gaule issues des opérations archéologiques (Bessac et Sablayrolles 2002, p. 3-9). Ainsi, les résultats des diff érents travaux avancés, depuis les premières recherches pionnières sur les carrières en

Gaule romaine, sont présentés dans le détail et montrent le potentiel pour comprendre l’aspect

technique de l’approvisionnement des chantiers de construction (Bessac et Sablayrolles 2002). À partir des années 2000, les quelques exemples de lieux d’extraction cités près du Pont du

Gard (Bessac et Vacca-Goutoulli 2002), à La Roche Vineuse (Cognot 2002), à Saint-Quirin

(Heckenbenner et Meyer 2002), à Ploërdut (Maligorne, Éveillard et Chauris 2002), à Langres-Andemantunum (Durost 2004, 2008b), à Thénac (Gaillard 2004), à Besançon-Vesontio (Gaston 2007a), dans la région autour de Nîmes-Nemausus (Bessac 2008), au niveau des plateaux

gréseux lorrains et alsaciens (Jodry 2010), les carrières de Pierre du Midi à Saint-Gabriel

qui semblent avoir fourni plusieurs villes antiques par le biais du Rhône (Bromblet et alii 2014) et à Bierre-lès-Semur (Devevey 2015) sont tout à fait signifi catifs. En eff et, les carrières sont devenues un sujet de recherche à part entière, depuis les premiers travaux des années 1970, et elles permettent d’appréhender les aspects techniques de l’extraction de la pierre pour la mise en œuvre de cette matière dans les constructions en dur de l’époque gallo-romaine.

2. Les traces d’outils

L’étude des traces d’outils amène à une précision importante pour comprendre ce que recouvre ce domaine. En eff et, il faut distinguer deux catégories précises et bien séparées dans ces marques, qui correspondent à deux actions distinctes du travail de la pierre. Ainsi, les premières traces sont liées à l’extraction de la ressource lithique et au détachement des blocs dans les carrières (Bessac 1991b, 1999), dont les outils utilisés sont adaptés à la nature du substrat exploité (Bessac 1999, p. 23). Les secondes sont, quant à elles, associées au façonnage de la pierre, à sa mise en forme, à l’aide de diff érents outils dont l’emploi et le geste peuvent être restitués (Bessac 1987, 1999).

sur les carrières. Ainsi, la description des traces d’outils liées à l’exploitation de la pierre sur le site de La Cléry, près de Gresse-en-Vercors, permet de déterminer l’existence de rainures ouvertes dans les zones d’extraction, afi n de sortir des blocs de diff érentes tailles (Bouvier 1963, p. 416). Par ailleurs, des monolithes en cours de dégagement ont été abandonnés, comme le prouvent certains éléments encore visibles. Dans le même temps, des blocs présents au pied des fronts de taille témoignent du dégrossissage sur place des pierres extraites (Bouvier 1963, p. 416).

Une première synthèse est présentée dans la collection « Que sais-je ? » en 1965 qui concerne l’ensemble des périodes historiques (Lambertie 1965). La distinction est bien faite entre les outils liés à l’extraction de la pierre et ceux destinés à sa mise en forme.

En 1974, un premier travail académique fondamental prend pour objet d’étude la taille de la pierre aux périodes antique, médiévale et moderne (Varène 1974). Dans une volonté diachronique, et à travers plusieurs cas d’analyses, cette publication présente de manière technique l’outil, dans sa représentation et dans les traces qu’il laisse, afi n de restituer au plus proche le geste qui permet son utilisation la plus performante. Le même auteur revient sur cette question en 1977 pour la période antique, en séparant bien les diff érentes actions du carrier et du tailleur de pierre (Varène 1977). Ainsi, les outils et leurs traces sont recensés selon qu’ils s’appliquent à l’extraction d’un bloc, à son dégrossissage, à sa mise en forme ou aux fi nitions.

Les travaux pionniers menés dans la carrière gallo-romaine de Saint-Boil (Monthel et Pinette 1977) ont permis d’observer et d’enregistrer les traces liées à l’exploitation de la pierre. Ainsi, de nombreux blocs en cours d’extraction, abandonnés sur place, ont été photographiés et étudiés. L’enregistrement de ces données a eu pour but principal de défi nir comment la carrière a été gérée au cours du temps, afi n de comprendre l’optimisation de son exploitation.

Par ailleurs, l’ensemble des outils utilisé par les tailleurs de pierre a été recensé dans un ouvrage à destination des artisans-compagnons (Aladenise 1983). La fonction de ces outils y est ainsi précisée et peut servir d’aide pour l’analyse des traces anciennes.

Une première synthèse pour la période antique est proposée en 1984 dans l’ouvrage La construction romaine (Adam 1984), à travers diff érents exemples en Gaule, dont celui de la carrière de Saint-Boil, mais principalement sur le pourtour méditerranéen. Si les techniques et outils liés à l’extraction sont largement abordés, la taille de la pierre et les instruments employés pour sa mise en forme ne sont pas pour autant négligés.

L’aboutissement des recherches menées sur ce sujet prend forme avec la publication d’un ouvrage détaillé pour chaque outil concernant la taille de la pierre à diverses périodes historiques : L’outillage traditionnel du tailleur de pierre de l’Antiquité à nos jours (Bessac 1987). Chaque outil est décrit précisément selon sa nature et sa morphologie, la forme que prend son emploi, ainsi que les traces laissées sur la pierre. Cette étude diachronique se veut un outil pour le spécialiste et le non-spécialiste dans la mesure où la lecture des pierres peut être eff ectuée dans de bonnes conditions (Bessac 1987, p. 9). L’enregistrement exhaustif des contextes bien datés permet de mettre en avant l’outil chronologique que peuvent représenter

ces traces (Bessac 1987, p. 280-282), même s’il est nécessaire de bien cadrer les diff érents moments d’utilisations sur le temps long et les groupes fonctionnels (défi nis par J.-C. Bessac) sur lesquels ces instruments sont appliqués. L’examen diachronique de ces outils est nécessaire pour comprendre l’évolution de cette technique qu’implique la taille de la pierre.

À partir de ce moment, l’étude de l’outil entre volontiers dans les diverses recherches archéologiques, qu’elles prennent place au niveau des carrières ou sur les édifi ces eux-mêmes. Pour Glanum, les traces observées dans les carrières et sur les blocs employés dans les constructions, ainsi que la découverte d’outils, permettent de caractériser les méthodes d’extraction, de façonnage et de mise en œuvre (Bessac et Lambert 1989). Le bassin monumental de Bibracte est aussi analysé dans sa conception, notamment pour comprendre la mise en forme des blocs de granite rose à deux micas (Bessac 1991a).

Une étude détaillée de l’emploi de l’escoude pour l’extraction des pierres, faisant appel à une enquête ethno-archéologique, est publiée dans le 115ème Congrès National des Sociétés Savantes (Bessac 1991b).

Au-delà des années 1990, les carrières sont le principal objet des études des traces d’outils, dans lesquelles elles sont souvent mentionnées en prenant appui sur les travaux de J.-C. Bessac (Bessac 1996 ; Éveillard et alii 1997 ; Éveillard et Maligorne 2000 ; Gaillard 2004 ; Bessac 2008). Dans le même temps, elles peuvent être recensées pour la publication des sites où la pierre à bâtir est analysée (Rioult et Vipard 1999 ; Demarolle 1999) ou être mentionnées dans des synthèses générales sur le sujet des chantiers de construction (Bessac et alii 1999 ; Bessac 2005).

3. La pierre à bâtir

L’analyse des matériaux de construction romains peut prendre plusieurs aspects selon l’intérêt des chercheurs pour cet objet d’étude. Nous avons vu précédemment que les questions économiques et techniques sont largement abordées par l’étude complète des carrières, ainsi que des traces d’extraction, de façonnage et de mise en œuvre. Par ailleurs, l’aspect technique des pierres concernant notamment les choix appliqués pour leur mise en œuvre ont pu être évoqués (Blanc 1993a, Bessac 2014). Pour ce qui concerne la matière première lithique, nous pouvons distinguer plusieurs catégories pour recenser les diff érentes études. La caractérisation pétrographique des matériaux prend souvent appui sur les échanges avec des géologues, qui connaissent particulièrement bien la géologie régionale et sont à même de décrire tous les éléments constitutifs des roches. Leurs observations se font souvent directement dans les carrières propres à la production de matière ou par l’étude des corpus échantillonnés sur les sites archéologiques. De ces résultats, la provenance et le transport des éléments de construction peuvent être évoqués, à défaut d’identifi er les carrières antiques d’origine. La connaissance des affl eurements probables exploités est nécessaire pour comprendre l’acheminement des ressources sur les chantiers de construction et mettre en évidence la capacité des sites de mises

en œuvre à s’approvisionner auprès de diverses sources lithiques. Enfi n, l’emploi de la pierre dans la construction peut être caractérisé, en défi nissant les diff érentes fonctions architecturales que peuvent revêtir ces matériaux.

Les premières caractérisations pétrographiques des roches employées dans la construction antique sont le fait d’analyses portées sur des carrières attestées ou probablement gallo-romaines (Pinette 1978). Ainsi, les divers faciès exploités peuvent être sommairement décrits, d’autant plus que nous pouvons constater un soin particulier apporté pour les divers faciès de calcaires au détriment d’autres natures pétrographiques.

De même, les recherches lancées par J.-C. Bessac sur l’emploi de la pierre à Nîmes-Nemausus et les carrières d’extraction ont apporté une bonne connaissance des ressources lithiques exploitées (Bessac 1981). Les faciès observables dans les lieux d’extraction ont été décrits principalement pour les caractéristiques techniques de ces pierres dans la construction de la colonie, sans forcément faire appel à tous les éléments descriptifs applicables par les géologues. L’ajout des connaissances et des méthodologies d’études issues des disciplines géologiques aux questions archéologiques est de plus en plus prégnant dans les années 1980, comme le montrent les exemples de l’oppidum de Bibracte et la ville d’Autun-Augustodunum. Dans le premier cas, F. Boyer (université de Paris VI) a entamé toute une série de recherches sur la caractérisation précise du substrat du mont Beuvray, en parallèle à celle des matériaux de construction, avec la reprise des fouilles sur le site en 1984 (e.g. Boyer et Chabart 1990 ; Boyer 1996). Dans le second, A. Blanc et ses collaborateurs se sont intéressés à la détermination des faciès rencontrés dans de nombreux monuments de la ville d’Autun, caractéristiques de l’époque antique (Blanc et alii 1985).

Faisant suite à la publication de 1981 sur les carrières de Nîmes-Nemausus, l’inventaire des carrières antiques du « Bois des Lens », à une vingtaine de kilomètres de la colonie, permet de décrire brièvement les caractéristiques de ce calcaire oolitique employé largement pour les blocs architecturaux ornementés et la statuaire (Bessac 1986b, p. 159, 177 et 181).

Dans la même démarche, la description de la Pierre du Midi est associée à la reconnaissance des carrières antiques exploitées autour de Glanum (Bessac et Lambert 1989). La description des faciès à l’affl eurement permet ainsi de défi nir les propriétés techniques des pierres extraites pour leur emploi dans la construction en fonction des bancs.

Les réfl exions méthodologiques entamées dans les années 1980 (Lorenz et Benoit 1991) se concrétisent par un ensemble de communications autour de la pierre et de sa caractérisation technique lors du 115ème Congrès National des Sociétés Savantes (Bessac, Blanc et Blanc 1991 ; Lorenz et Lorenz 1991 ; Savay-Guerraz 1991). Ainsi, la pierre des carrières du « Bois des

Lens », sujet déjà mentionné et issu des recherches de J.-C. Bessac, est précisément caractérisée

par des études en laboratoire sous forme d’analyses de lames minces et de résultats apportés par la cathodoluminescence (Bessac, Blanc et Blanc 1991, p. 404-409). Ces techniques, issues de l’analyse des roches en géologie, montrent qu’il existe des diff érences latérales de faciès pour

cette pierre, dépendantes des affl eurements observés dans les carrières. Elles permettent ainsi une reconnaissance plus précise des lieux d’extraction par la détermination des matériaux de construction lithiques.

Le 117ème Congrès National des Sociétés Savantes (Lorenz 1993) fait la suite directe du colloque mentionné précédemment. Cette fois-ci les communications abordent un nouvel axe d’étude autre que celui déjà bien développés des carrières, à savoir les corpus de matériaux de construction prélevés sur les sites archéologiques ou observés en place. C’est ainsi que sont concernés le théâtre de Lyon-Lugdunum (Savay-Guerraz et Desbat 1993), les thermes de Cimiez (Mazeran 1993) et l’emploi de l’arkose de Blavozy à l’échelle régionale (Lorenz,