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ÉTAT DE LA QUESTION

I. LA QUESTION DE L’ARCHITECTURE ET DES MATÉRIAUX À ROME ET EN ITALIEÀ ROME ET EN ITALIE

Pour aborder l’apparition et la diff usion des matériaux de construction dans le Nord-Est de la Gaule, il est nécessaire de se référer à un espace géographique de base qui serait à l’origine de la perpétuation des modèles de construction. Ainsi, à partir des ouvrages de référence, nous allons dresser un bilan sur Rome et l’Italie en termes de références architecturales et de matériaux romains (Fig. 4). En eff et, les connaissances sur ce sujet concernant la région d’origine de diff usion des techniques, des savoir-faire, mais aussi des matériaux - comme le laisse supposer la découverte d’épaves transportant des tuiles (Ximénès et Moerman 1998) - mettent en évidence les moments d’apparition des normes de construction. Il est ainsi pertinent de comprendre ce phasage sur le territoire des Romains eux-mêmes pour mettre en exergue les phénomènes qui se déroulent dans notre zone d’étude.

Nous allons par conséquent nous intéresser, à partir d’une bibliographie non exhaustive, aux informations disponibles pour la période comprise entre le IIème siècle avant J.-C. et le IIème

siècle après J.-C., intervalle chronologique qui nous concerne pour le Nord-Est de la Gaule. Dans un premier temps, nous mettrons en évidence les formes canoniques de l’architecture publique et privée qui caractérisent les modes d’édifi cation romains. De fait, les bâtiments se défi nissent par des plans normés et réguliers qui répondent à une typologie et, par conséquent, permettent de caractériser les institutions qui y prennent place, les cultes qui s’y pratiquent ou encore la privatisation de l’espace. Pour exemple, un « modèle » a pu être mis en évidence à partir du plan du forum d’Auguste (Fig. 5), élément qui se voit diff usé et adapté en Italie et dans les provinces romaines (Gros 2006).

Dans un second temps, notre analyse portera sur les matériaux et les techniques de construction romains. Nous mettrons en évidence leurs origines, leur incorporation aux modes d’édifi cation dans les bâtiments de Rome et de l’Italie, et les diff érents agencements qui ont été répertoriés. Ainsi, selon la nature des matériaux employés et la forme que prend leur organisation, plusieurs opus sont défi nis en se référant à des modes de construction décrits par les auteurs anciens, notamment par Vitruve dans son traité d’architecture (Adam 1984, Ginouvès et Martin 1985 ; Montagni 1990).

Pour terminer, nous mettrons en évidence les diff érents axes de recherche autour de ce sujet pour Rome et l’Italie afi n de défi nir les points chronologiques fi xes avérés qui font état des modes de construction courants dans ces régions au moment de l’apparition et de la diff usion des matériaux romains en Gaule du Nord-Est.

1) Les formes canoniques de l’architecture romaine

1. L’architecture publique

L’architecture publique, monumentale ou non, se traduit par des formes multiples et complexes, pour lesquelles la diffi culté réside dans la distinction des fonctions attribuées aux bâtiments. En eff et, la coexistence des pratiques au sein d’un même édifi ce rend illusoire de vouloir séparer strictement les bâtiments consacrés aux cultes, de ceux à vocation de loisirs ou administratifs (Gros 1996, p. 17). Par ailleurs, les formes ne sont pas fi xées chronologiquement ni spatialement, amenant à la constitution de typologies en fonction des plans et apportant des éléments de comparaison entre des édifi ces parfois éloignés dans l’espace et le temps. Nous prendrons pour illustration de ce point les analyses menées sur divers exemples de curies et de bouleutérion à travers l’Espagne, les Gaules et les provinces orientales (Balty 2005). Ainsi, P. Gros catégorise les structures de l’architecture publique entre les édifi ces liés à la structuration de l’espace urbain, ceux qui constituent le centre monumental des agglomérations, les monuments liés au divertissement (spectacles et loisirs), à la gestion de l’eau ou encore au commerce et au stockage (Gros 1996).

Dans la première catégorie, concernant la structuration de l’espace, sont inscrits les enceintes et portes urbaines, les arcs honorifi ques et triomphaux, ainsi que les portiques et quadriportiques (Fig. 6).

Les murailles, au-delà de leur aspect défensif, possèdent une symbolique forte pour l’espace urbain car elles constituent la marque matérielle de ce qui est compris dans la ville et de ce qui en est exclu, c’est-à-dire une limite entre l’urbs et l’ager (Gros 1996, p. 26). Les plus anciennes traces à Rome semblent pouvoir être attribuées à la fondation romuléenne de la ville, soit vers le milieu du VIIème siècle avant J.-C., tandis que pour l’Italie - par conséquent à partir de la conquête de la péninsule - les enceintes romaines apparaissent autour des Vème et IVème siècles avant J.-C. (Gros 1996, p. 27 et 30).

Les arcs honorifi ques et triomphaux sont, d’après P. Gros (1996, p. 56), parmi les « éléments les plus représentatifs de la monumentalité proprement romaine ». Le contrôle par le pouvoir central de ces monuments et leur caractère strictement offi ciel semblent récents dans l’histoire romaine et peuvent être associés au règne d’Auguste, qui leur donne leur rôle représentatif dans l’urbanisme. L’origine de ces monuments repose toutefois sur l’ancienneté de la construction d’édifi ces commémoratifs. Ainsi, les auteurs anciens rapportent la construction d’arcs pour la commémoration de victoires (Gros 1996, p. 56-57).

Le portique a pour rôle principal la limitation des îlots urbains dont il constitue les bordures. Ces constructions mises en œuvre d’abord dans le monde hellénistique sont très vite adoptées dans Rome, dès le début du IIème siècle avant J.-C. (Gros 1996, p. 95).

Concernant le centre urbain d’une agglomération, le forum est l’élément le plus caractéristique de la monumentalité de la ville. Celui-ci est constitué par un groupement d’édifi ces qui délimite un espace « où se concentrent tous les signes de la dignité municipale et autour duquel les générations successives, quel que soit leur statut juridique, acquièrent ou entretiennent la conscience d’appartenir à une communauté » (Gros 1996, p. 207). Ce lieu se caractérise par la forme canonique d’une place bordée de portiques où l’un des côtés est occupé par un temple et celui opposé par une basilique civile (Fig. 7). Il est aussi considéré comme le centre civique placé au croisement du cardo et du decumanus. Toutefois, de nombreuses exceptions existent aussi bien pour la disposition des bâtiments constituant le forum que pour sa localisation centrale (Bouet 2012, p. 13). De nombreux éléments peuvent s’agréger à la périphérie de l’ensemble (curie, tribunal, prison, etc.). Cet édifi ce monumental est donc bien présent dès la fondation des villes romaines dont il constitue l’espace civique par excellence (Gros 1996, p. 208). Il représente sans conteste le centre de la ville et de la cité sur le plan institutionnel, politique et religieux (Bouet 2012, p. 13).

« Parmi les bâtiments civils organiquement liés au forum, aucun n’est plus représentatif du mode de vie des communautés romaines, italiennes ou provinciales, que la basilique » (Gros 1996, p. 235). L’analyse des sources antiques, par des auteurs historiens ou dramaturges, permet de dater l’apparition de ces édifi ces à Rome au plus tard au début du IIème siècle avant J.-C., mais ils pourraient remonter déjà à la fi n du IIIème siècle avant J.-C. (Gros 1996, p. 236-237). Le caractère monumental de ces bâtiments prend toute son ampleur à partir de la construction de la basilica Aemilia en 179 avant J.-C. (Gros 1996, p. 238). C’est aussi au IIème siècle avant J.-C. que ces édifi ces sont bien authentifi és dans la péninsule italique. De nombreuses formes peuvent être attestées pour ce monument en lien avec la disposition de ses espaces, mais aussi en fonction de son emplacement dans le forum.

Un autre élément d’importance de l’espace civique correspond à la curie, fondée probablement dès le VIIème siècle avant J.-C., qui constitue le centre névralgique de la vie publique tout en étant indissociable du comitium (Gros 1996, p. 261). Ce schéma qui caractérise l’espace politico-judiciaire est attesté archéologiquement dans les fora républicains d’Italie à partir du IIIème siècle avant J.-C. (Gros 1996, p. 261-262).

Une autre catégorie de monuments publics est représentée par les édifi ces de spectacle et de loisir. Si nous ne détaillerons pas toutes les formes observées, plusieurs édifi ces semblent être caractéristiques et aisément reconnaissables quant à leur fonction (Fig. 8).

L’élément le plus pertinent pour la tenue des spectacles à Rome correspond au théâtre. Si l’activité théâtrale se tient régulièrement dans l’Urbs, et ce très tôt, ce n’est qu’à la fi n du Ier siècle avant J.-C. qu’elle prend place dans un lieu permanent et construit en dur avec l’édifi cation du théâtre de Pompée (Gros 1996, p. 274-275). Auparavant, les théâtres sont des scènes temporaires en bois dont la mise en place est souvent liée aux politiques édilitaires ou à la mise en scène de la puissance des notables de Rome (Gros 1996, p. 275).

Par ailleurs, de nombreux autres édifi ces peuvent être identifi és. L’odéon correspond à des édifi ces de spectacle fermés dont le plus ancien est attesté à Pompéi et édifi é autour de 70 avant J.-C. (Gros 1996, p. 308-309). L’amphithéâtre se défi nit par un bâtiment qui accueille les combats de gladiateurs ou de bêtes sauvages, dont la forme pérenne, à l’instar de ce que nous avons noté pour les théâtres, apparaît plus tardivement que l’activité elle-même (Gros 1996, p. 317). Nous pouvons nommer par ailleurs, sans entrer plus loin dans les détails, les cirques, les bibliothèques ou encore les sièges d’associations qui constituent toute la diversité des édifi ces caractérisés comme lieux de spectacle et de loisir.

Enfi n, des constructions participant à l’architecture monumentale sont intimement liées à l’eau - telles que les thermes publics, les fontaines ou encore les latrines publiques - ainsi qu’au commerce et stockage - sous la forme des macellum, des greniers ou encore des entrepôts (Gros 1996).

2. L’architecture privée

Le caractère privatif des édifi ces peut là encore prêter à discussions dans la mesure où certains bâtiments disposent de pièces dédiées à l’accueil (communia loca) qui sont de véritables mises en scène de la gens y résidant et où la représentation de son importance occupe une place importante (Gros 2001, p. 20). P. Gros (2001) défi nit dans son second ouvrage sur l’architecture romaine plusieurs typologies liées à l’habitat privé. Ainsi, il y intègre les maisons dans les villes, les palais impériaux, les uillae et les monuments funéraires. Pour notre cas, nous nous intéresserons seulement aux maisons urbaines (et plus particulièrement aux domus), ainsi qu’aux établissements ruraux (Fig. 9 et 10). En eff et, les palais impériaux à Rome peuvent être considérés comme de véritables monuments publics par les surfaces concernées et les logiques de représentations à l’œuvre (Gros 2001, p. 17). De même, les monuments funéraires sont particuliers dans le sens où ils se défi nissent principalement comme un élément commémoratif (Gros 2001, p. 382) et, par conséquent, répondent à des processus bien distincts de ceux liés à la construction pour les vivants.

Pour ce qui concerne la maison urbaine, il est nécessaire au préalable de faire la distinction entre les édifi ces des populations les plus modestes et ceux où résident les nobles. En eff et, dans le premier cas, les bâtiments sont à usage strictement privé avec des pièces destinées au repos, au stockage, à la vie quotidienne, etc., répondant donc bien à la notion d’abri (Gros 2001, p. 20). Dans le second cas, nous avons déjà mentionné que pour les élites certains espaces sont destinés à l’accueil. Ainsi, « la demeure des puissants est donc aussi et peut-être d’abord le symbole d’un statut et l’instrument d’un pouvoir » (Gros 2001, p. 20). De plus, P. Gros constate que la défi nition juridique de la domus est très claire et rigoureuse, considérant la maison comme une entité bien distincte des édifi ces des espaces publics et civiques (Gros 2001, p. 21). Là encore

une typologie peut être mise en place pour caractériser les diff érentes formes de la maison urbaine selon la disposition des pièces, la caractérisation des espaces de représentations ou encore la présence attestée ou non d’étages (immeubles collectifs par exemple). Ce modèle est formalisé dès le IVème siècle avant J.C. et est largement diff usé dans toute la péninsule italienne (Gros 1996, p. 238).

Les uillae sont, par défi nition, localisées en dehors de la ville et correspondent à des édifi ces se plaçant comme le centre de l’exploitation d’une propriété foncière (fundus). Tous les établissements ruraux n’entrent pas dans cette catégorie, celle-ci se caractérisant par des éléments nécessaire à l’identifi cation d’une uilla. En eff et, si le schéma modèle correspond bien à une exploitation agricole, il doit réunir certaines conditions comme la taille recouverte par les édifi ces composant l’exploitation ou encore la mise en œuvre d’une architecture monumentale - ou tout au moins luxueuse - pour la pars urbana (Gros 2001, p. 265). Les sources anciennes ont permis d’avancer la distinction de ces établissements ruraux selon les types d’exploitation qui y prennent place (Gros 2001, p. 265-266). Toutefois, les faits archéologiques, notamment dans des zones d’études restreintes hors de l’Italie, permettent de caractériser divers établissements ruraux en fonction de la superfi cie, de l’organisation des espaces et des formes architecturales (Nouvel 2009, p. 366-375). Les édifi ces au plus fort statut semblent pouvoir être rapprochés des uillae telles que défi nies par P. Gros.

Pendant longtemps, il a été communément admis que les plus anciennes uillae dataient de la fi n du IIIème - début du IIème siècles avant J.-C., ces établissements ruraux répondant aux normes établies par Caton (d’où le nom de type catonien pour des édifi ces qui paraissaient être les précurseurs des uillae). Ils sont largement implantés dans les campagnes de la Campanie et du Latium (Gros 2001, p. 271). Toutefois, la recherche archéologique a mis en évidence dès le IVème siècle avant J.-C. les traces d’ « un modèle d’établissement agricole qui se caractérise par une position élevée à caractère défensif, englobant des constructions et un domaine dont la production restait sans doute, pour les phases initiales, limitée à l’agriculture de subsistance » (Gros 2001, p. 271).

2) Origine et emploi des matériaux de construction à Rome et en Italie

1. La pierre à bâtir

L’emploi de la pierre est irrémédiablement attaché aux premières constructions de la ville de Rome. En eff et, dès la mise en place de l’enceinte du milieu du VIIème siècle avant J.-C., le mur se caractérise par un socle de tufs, tandis que l’élévation est constituée d’argiles et qu’une palissade en bois semble pouvoir être associée à cette structure (Gros 1996, p. 27).

La pierre devient prépondérante dans la construction avec le développement de l’opus caementicium et l’emploi massif du mortier de chaux en tant que liant structurel des maçonneries (Fig. 11). La mise en œuvre de moellons en parements, sans recherche d’assises et de motifs

réguliers, les murs ayant un cœur constitué par du mortier de chaux et des matériaux tout-venant est tout à fait caractéristique (Adam 1984, p. 139). Cette forme d’agencement des matériaux lithiques correspond à l’opus incertum, tel qu’il a été reconnu à Rome et à Pompéi, dès le IIIème

siècle avant J.-C. (Adam 1984, p. 139).

Pour ce qui concerne la nature des ressources lithiques employées dans le gros-œuvre des édifi ces de Rome, plusieurs faciès de tufs volcaniques et un faciès de travertin ont été reconnus (Adam 1984, p. 24). L’origine de ces matériaux est particulièrement bien identifi ée, ainsi que les diverses formes que prennent leur emploi dans la construction (Blot et Paicheler 1991 ; De Rita et Giampaolo 2006). De fait, l’emploi de la pierre à bâtir, ainsi que sa rationalisation, caractérise le développement de la monumentalisation de l’architecture, et notamment des édifi ces publics (Gros 1978, p. 14).

De même, pour Pompéi, plusieurs roches volcaniques et tufs calcaires sont exploitées et particulièrement bien connus dans les constructions de la ville fossilisée (Adam 1984, p. 24). L’emploi très largement majoritaire du tuf volcanique de Nocera, roche éruptive présente dans l’ensemble du golfe de Naples (Kastenmeier et alii 2010), a même amené certains auteurs à considérer une phase dans les édifi ces de Pompéi, appelée la « période du tuf », qui s’étend entre 200 et 80 avant J.-C. (Richardson 1988). La mise en œuvre de cette roche volcanique semble attestée dès le début du IIIème siècle avant J.-C. et a servi à la mise en forme de nombreux éléments architectoniques (Chapelin, Vincent et Covolan 2014). Dès le début du IIème siècle avant J.-C., certains édifi ces publics font ainsi appel au petit appareil pour leurs élévations avec des moellons liés au mortier de chaux (Dessales 2011, p. 50). Les affl eurements sont bien connus à une dizaine de kilomètres de la ville de Pompéi et le transport par voie navigable paraît probable (Vincent et alii 2016). Si ce tuf n’est pas la seule source d’approvisionnement en ressources lithiques - la présence du Calcaire de Sarno, de la Pierre de Tivoli ou encore du basalte dans les constructions le montre - il témoigne de l’utilisation massive de la pierre à bâtir pour cette période (Richardson 1988 ; Dessales 2011 ; Chapelin, Vincent et Covolan 2014 ; Vincent et alii 2015).

Le développement du petit appareil dès le IIIème siècle avant J.-C. aussi bien à Rome que dans certaines régions d’Italie (Gros 1978, p. 25), et l’emploi du mortier de chaux comme liant de maçonnerie, permettent l’usage de matériaux mis en œuvre très variés, ainsi que de nombreuses possibilités concernant leur agencement (Adam 1984, p. 137). Il est ainsi possible de caractériser le parement en diff érentes catégories, non exclusives, qui se défi nissent selon l’aspect des murs.

Nous avons déjà décrit le premier type de maçonnerie, l’opus incertum (Fig. 12), qui est lié à la mise en œuvre classique de la pierre à bâtir en parements sans recherche particulière de motif. Les moellons restent toutefois relativement taillés. (Adam 1984, p. 139). Cet agencement des matériaux, très simple à intégrer à la construction, présente un gain de temps non négligeable pour un chantier, notamment pour des édifi ces où le soin n’est pas la priorité première (Adam

1984, p. 140-141). Pour les édifi ces publics, ou cherchant à mettre en avant une richesse dans la représentation matérielle, d’autres opus sont privilégiés.

Très rapidement, la mise en place d’un motif par l’agencement de moellons de forme losangique disposés sur la pointe montre un grand soin dans les modes de construction avec l’opus reticulatum (Adam 1984, p. 142-143). Cet appareil est très largement identifi é pour des édifi ces présents dans plusieurs villes romaines aux IIème et Ier siècles avant J.-C. (Fig. 13). Ainsi, c’est le cas d’un bassin, de temples et de maisons à Rome, de temples à Ostie, ainsi que de thermes, d’un amphithéâtre et d’un odéon à Pompéi (Adam 1984, p. 142-143).

L’agencement le plus simple et le plus logique est celui de moellons parallélépipédiques réglés sous forme d’assises linéaires. Ce mode nommé opus vittatum (Fig. 14) peut être observé ponctuellement dans certains édifi ces construits à la période républicaine, mais il n’est très largement répandu qu’à partir de la période augustéenne (Adam 1984, p. 148).

Un autre agencement particulier est celui des moellons disposés en arêtes de poissons nommé opus spicatum (Fig. 15), qui peut aussi caractériser certains sols à tomettes, présent dans des régions où la pierre se délite en petits blocs allongés (Adam 1984, p. 156).

Enfi n, de nombreux parements peuvent présenter diff érents agencements, mais avoir en commun un mélange de matériaux de nature diff érente en moellons, à savoir de la pierre avec des terres cuites architecturales par exemple. Ce mode de construction, nommé opus mixtum (Fig. 16), se caractérise par une alternance où les assises en pierres se succèdent à celles en briques ou en tegulae retaillées (Adam 1984, p. 152-153).

Ainsi, la pierre est présente sous diff érentes formes dans les constructions à Rome et en Italie. Souvent d’origine locale, la diversité des faciès et les qualités techniques permettent un emploi large et varié pour répondre aux besoins de la construction.

2. Le mortier de chaux

L’appellation mortier de chaux désigne le résultat d’un mélange de granulat (d’origine minérale, végétale ou anthropique), d’eau et de chaux qui possède une fonction de liant ou de revêtement dans la construction romaine. La chaux vive est obtenue lors de la calcination de roches calcaires à des températures élevées (près de 1000 °C) dans des fours destinés à sa production. Ceux-ci ont été décrits précisément par les sources anciennes (Caton l’Ancien, De Agricultura, XVIII), ainsi que la manière de les construire, tout en les insérant dans la chaîne