• Aucun résultat trouvé

OPPIDUM GAULOIS

2. Analyses des matériaux de construction lithiques

En lien avec les recherches géologiques sur le mont Beuvray, et là aussi à l’initiative de F. Boyer pour les premières opérations, les études sur les matériaux de construction lithique ont pris rapidement de l’ampleur sur certains des chantiers archéologiques. Nous allons lister de manière exhaustive les sites concernés par ces études, du nord au sud (Fig. 51).

La Porte du Rebout est concernée par la description pétrographique des pierres employées dans les parements des diff érents remparts découverts au cours des fouilles (Buchsenschutz, Guillaumet et Ralston 1999). Ces déterminations sont eff ectuées dans un premier temps par M. Chabart en même temps que ses prospections géologiques sur le mont Beuvray (Chabart 1989), mais ses résultats ont ensuite été affi nés et complétés dans la publication des résultats du chantier archéologique (Boyer 1999). Ces derniers rejoignent point par point ce que J.-G. Bulliot a constaté lors de ces opérations sur le même site : l’origine des matériaux est strictement locale

(diff érents faciès de rhyolite et de microgranite) à l’exception de quelques blocs de granite (Peyre 1984 ; Chabart 1989 ; Aitchison et alii 1996 ; Boyer 1999).

Sur le site du Champlain et de la Côme-Chaudron, la pierre de construction n’a pas été particulièrement déterminée. Seuls les moellons en place dans les structures ont fait l’objet d’analyses métrologiques dans le cadre de l’étude technique des maçonneries (Lefèvre 2003). Le bassin monumental, mis au jour à la Pâture du Couvent, est composé de blocs de moyen appareil dont l’agencement et la nature pétrographique ont été observés par J.-C. Bessac (1991a). Il s’agit de parallélépipèdes de grandes dimensions en granite rose à deux micas - un des quatre faciès observés à l’est de Bibracte lors des prospections géologiques.

Les caves de la Pâture du Couvent ont été explorées par plusieurs équipes depuis 1984 dont l’Université Libre de Bruxelles (sous la direction de P.-P. Bonenfant), l’université de Madrid (sous la direction de M. Almagro-Gorbea) ou encore l’université de Bologne (sous la direction de D. Vitali). Les études concernent principalement les éléments lithiques pour ces structures, avec notamment des relevés pierre-à-pierre des parements mis au jour dont la nature des moellons a été déterminée. A l’instar de la Porte du Rebout, F. Boyer a développé ces premières études qui ont ensuite été poursuivies par plusieurs étudiants s’intéressant à l’ensemble des matériaux de construction, sous sa direction ou celle de P.-P. Bonenfant (Bonenfant 1989, 1994 ; Chabart 1989 ; Boyer 1991 ; Bussienne 1994 ; Capers 1996). Les principaux résultats obtenus pour les caves PCo2, PCo2bis et PCo3 sont retranscrits par les relevés pierre-à-pierre eff ectués par F. Boyer et M. Chabart qui y ont aussi noté exhaustivement la nature pétrographique des éléments lithiques en place (Chabart 1989). Plus de 90 % de ces blocs sont issus de la géologie locale avec divers faciès de rhyolite, auxquels sont associés des microgranites, des microdiorites, des grès - certains semblent correspondre au remploi d’éléments de colonne (Bussienne 1994) -, des granites aux faciès distincts et des éléments en calcaire oolitique blanc.

Un autre ensemble de structures de la Pâture du Couvent fouillées par les équipes universitaires de Budapest (sous la direction de M. Szabó) et de Leipzig (sous la direction de S. Rieckhoff ), l’Îlot des Grandes Forges, est largement concerné par les matériaux de construction lithiques. Ceux employés dans la domus, appartenant au dernier état d’occupation antique de ce site, ont été déterminés par F. Boyer dont les résultats ont été repris de manière synthétique dans un article pour transcrire l’emploi important des ressources locales et celui plus spécifi que du calcaire (Timár, Szabó et Czajlik 2005). Ces matériaux calcaires ont été analysés plus précisément à l’aide de lames minces qui ont permis d’observer les faciès microscopiques, les microfossiles directeurs et cela afi n d’en déterminer les origines possibles (Garcia et Petit 2005). Malgré quelques variations dans leur nature, ces calcaires semblent avoir une même provenance, qui peut être la région de Chagny mais pas exclusivement. Enfi n, une dernière étude qui peut être recensée concerne des matériaux spécifi ques : les éléments de colonnes en pierre. Ces objets, caractérisitiques de l’édifi ce à plan basilical, ont été mesurés exhaustivement (611 individus en 2004) dans l’optique de caractériser les diff érents modules et permettre la restitution architecturale du bâtiment. Trois natures ont été diff érenciées : les éléments en grès,

en granite et en calcaire (Lefèvre 2004).

Les matériaux lithiques découverts au Couvent des Cordeliers ont été les supports principaux des analyses menées sur ce site. Le but de ces études est de caractériser le remploi, à l’époque médiévale, d’éléments mis en forme pendant l’occupation de l’oppidum. Un premier inventaire des diff érentes lithologies utilisées dans la construction a été mis en place par F. Boyer et ses étudiants (Chabart 1989 ; Büttner, Buzàs et Saint-Jean-Vitus 1992 ; Büttner 1992, 1996a ; Boyer et Anglès 1994b). Les ressources lithiques sont principalement locales (avec la reconnaissance des diff érents faciès identifi és sur le mont Beuvray lors des prospections géologiques) et un emploi ponctuel existe pour le grès, le granite, le calcaire et le marbre. Les deux recherches de S. Büttner (1992, 1996a) ont cherché à caractériser les diff érents faciès de granite et il a ainsi pu être mis en évidence que le granite de «Laroche Mourron» est employé uniquement pour les constructions appartenant au couvent. Les blocs calcaires étudiés en lames minces pour ce site semblent être caractéristiques d’un remploi. En eff et, une même origine que les matériaux attestés comme mis en œuvre à l’époque antique a pu être confi rmée (Garcia et Petit 2005). Le chantier de PC1 a fait l’objet de deux mémoires d’étudiants de l’université de Lausanne (sous la direction de D. Paunier) pour observer la diversité des matériaux de construction lithiques (Zwald 1996 ; Oberli 1998). Les roches sont principalement issues du mont Beuvray en ce qui concerne les maçonneries (divers faciès de rhyolite, de microgranite et de microdiorite). Des emplois plus spécifi ques sont notés pour les emmarchements, les seuils, les piédroits sous forme de diff érents granites et calcaires. L’ensemble de ces résultats est publié dans l’ouvrage consignant les fouilles de l’université de Lausanne sur ce chantier entre 1988 et 2000 (Paunier et Luginbühl 2004). Avant cela, lors des premiers rapports de fouilles, seul le calcaire est mentionné (Paunier 1989). Ces matériaux calcaires ont aussi été étudiés en lames minces par J.-P. Garcia et C. Petit (2005) en obtenant là encore le même résultat concernant leur provenance : à savoir, une extraction probable de roches de la côte chalonnaise. Toutefois, une tesselle de mosaïque a permis l’observation d’un foraminifère caractéristique d’un calcaire diff érent, originaire de la vallée du Rhône, ce qui laisse supposer l’emploi d’une roche spécifi que pour les éléments de décoration des sols de cette domus luxueuse.

Le sommet du Theurot de la Roche, en cours de fouilles en 2011 avant notre intervention, n’avait pas fait l’objet de synthèse à cette date concernant les éléments lithiques. Seuls des placages en schiste bitumineux et de blocs calcaires ont été mentionnés et leur présence confi rmée par J.-P. Garcia (Hoznour et Bernal 2008).

Aucune étude sur les matériaux de construction n’a pu être répertoriée pour les fouilles de la

Fontaine Saint-Pierre. Il faut toutefois noter l’indication de blocs de granites sur les plans et

coupes publiés (Barral et Richard 2009).

Enfi n, malgré l’absence de géologues lors des toutes premières années de fouilles sur le mont Beuvray, des déterminations pétrographiques ont été proposées pour certains éléments lors de l’exploration du site de La Chaume (Brunet et Pigeau 1986). Celles-ci n’ont toutefois pas été confi rmées par la suite, ni reprises.