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Cadrage épistémologique de la recherche

1.3. Respect des critères de scientificité du PECP

Pour Avenier (2017), les façons dont sont élaborées et justifiées les connaissances dépendent du paradigme épistémologique dans lequel s’inscrit la recherche. Ainsi,

pour que la recherche soit considérée comme scientifique, il convient de rappeler quels sont les critères de scientificité de notre cadre épistémologique et comment nous veillons à leur respect.

Le PECP est construit sur une absence d’hypothèse ontologique, ce qui implique une impossibilité d’appliquer les critères de scientificité des autres grandes familles de paradigmes (positiviste et interprétativiste). Il est alors nécessaire de prendre en compte la réponse à la question éthique qui s’exprime dans le PECP via plusieurs éléments : l’explicitation des hypothèses et du processus d’élaboration des connais- sances, l’argumentation des décisions épistémiques, méthodologiques et techniques dans la recherche et la justification des inférences effectuées sur la base des connais- sances préalables et des matériaux empiriques mobilisés. Pris ensemble, ces éléments montrent que pour élaborer une connaissance valide le chercheur doit absolument montrer, expliquer et argumenter tout le processus de recherche. Girod-Séville et Per- ret (1999) proposent de cadrer les éléments de validité de la connaissance du PECP en deux critères de scientificité qu’il convient de respecter : l’adéquation (Glasersfeld, 2001) et l’enseignabilité (Le Moigne, 2012).

Le critère d’adéquation est respecté si la connaissance construite au cours de la recherche permet de comprendre finement une situation, à un moment donné et rela- tivement à son contexte. La réalité est donc construite par l’expérience du chercheur qui, à force de confrontations, va proposer une explication conjecturale de la situation étudiée. Le construit permet alors de résoudre un problème donné. Le critère d’adé- quation est en accord avec la nature de la connaissance dans le PECP comme étant phénoménologique et téléologique.

Le critère d’enseignabilité, lui, est respecté si la connaissance produite au cours de la recherche est transmissible. Les connaissances construites par la recherche ne sont pas démontrées mais argumentées, ce qui les rend à la fois constructibles et reproduc- tibles, et par là même intelligibles. L’enseignabilité de la connaissance permet de la rendre actionnable. Ce critère s’accorde avec la constitution des connaissances dans le PECP par le biais de la modélisation systémique et de l’action intelligente.

Tout au long de la recherche, nous nous attachons à respecter les deux critères de scientificité du PECP.

Pour ce qui est de l’adéquation et afin de répondre à une explication conjecturale satisfaisante de l’objet de recherche, nous développons de concert une littérature et des propositions de recherche par itérations successives avec le terrain de recherche, nous permettant d’être au plus proche des réalités des acteurs. Nous prêtons égale- ment attention à l’histoire du terrain afin d’en comprendre le fonctionnement et les changements, dans le but d’ancrer nos réflexions et nos résultats dans une compré- hension holistique du terrain, de ses acteurs et de ses enjeux. Quant à l’adéquation, Avenier précise : « Encore une autre idée reçue affirme que, dans toutes les recherches inscrites dans un paradigme épistémologique constructiviste, les connaissances doivent nécessairement être co-construites avec des praticiens impliqués dans le travail empi- rique (Charreire et Huault, 2001). Si les faits mis en forme sur la base des informations recueillies dans l’organisation où se déroule la recherche peuvent effectivement être considérés comme des co-constructions entre le chercheur et certains des acteurs inter- rogés, il n’en va pas systématiquement de même des conceptualisations effectuées à partir de ces faits mis en forme. » (2011, p. 387). Nous avons prêté attention tout au long de la recherche à écouter les problèmes et questions auxquels les acteurs étaient confrontés, ce qui nous a amené à passer de la question de la créativité dans une orga- nisation créative à l’étude de la friche culturelle qui encadrait notre terrain de départ dans sa totalité. En effet, ce sont bien les acteurs qui ont soulevé l’importance de l’en- vironnement qu’est la friche culturelle dès les premiers entretiens semi-directifs, ce qui nous a permis de recontextualiser notre recherche initiale et de mettre l’accent sur l’environnement de travail méta-organisé.

En ce qui concerne l’enseignabilité, nous faisons en sorte que le lecteur puisse appréhender le cheminement de la recherche de la manière la plus claire possible en argumentant nos choix et notre raisonnement tout au long de la démarche, de la problématisation à la discussion, en passant par la collecte de données et l’analyse des résultats. La connaissance construite a pour but de générer de l’intelligibilité vis- à-vis de notre situation donnée. Nous nous appliquons donc à décrire précisément le contexte social, politique et économique dans lequel se place notre recherche, de

façon à déterminer une question de départ qui ne soit pas désincarnée du contexte global et des propositions de recherche qui ne soient pas étrangères au contexte du terrain de recherche. De ce fait, notre réflexion peut être intelligible pour un lecteur qui n’aurait pas notre familiarité du contexte et du terrain. Nous donnons également une description détaillée de la façon par laquelle nous collectons et traitons les données issues du terrain, afin d’impliquer le lecteur dans la compréhension de l’expérience de recherche vécue.

Section 2 I