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Projet étudié : la résidence d’écriture numérique portée par Alphabetville et La Marelle

4.3. Historique et description du projet de résidence d’écriture numérique

Le projet de résidence d’écriture numérique est né en 2012 de la rencontre entre La Marelle, Alphabetville et l’éditeur Le Bec en l’Air, par le biais d’une proposition faite par le chargé de mission régional pour le livre et la lecture de la DRAC. Après le lancement de l’appel à projet, la première résidence d’écriture numérique a lieu en 2013. Très vite, Le Bec en l’Air se retire du projet, peu à l’aise avec l’édition numérique. C’est donc La Marelle qui prend en charge l’édition des œuvres créées durant les résidences. Le projet est soutenu par les financements généraux que reçoit La Marelle de la part de la Région PACA et la DRAC pour ses projets ; les financements ne sont pas à la date de l’étude du projet fléchés sur le projet. Cependant, La Marelle est en cours de signature d’un accord trilatéral avec la DRAC et la Région PACA pour diriger des financements sur le projet de résidence d’écriture numérique spécifiquement. Les résidences d’écriture numérique ont lieu tous les ans, au premier trimestre. À la date de l’étude du projet (2018), cinq résidences d’écriture numérique ont eu lieu :

• 2013 : Jean-François Magre Nanodrames

• 2016 : Matthieu Duperrex Sédiment(s)

• 2017 : Camille de Chenay / Samuel Leader / Célio Paillard L’Observatoire • 2018 : Antoine Hummel La personne perd en général

Il convient de décrire la spécificité de la résidence d’écriture numérique relative- ment à une résidence littéraire classique. Le projet de résidence d’écriture numérique est un projet de résidence littéraire classique auquel s’ajoute un aspect spécifique : le fait que le projet littéraire est mené sur l’outil numérique. Par cette utilisation spéci- fique de l’outil, la qualité de l’écriture change et devient de l’écriture numérique. La position théorique de laquelle part le projet est que l’écriture et le langage diffèrent selon l’outil d’édition utilisé. Par exemple, on écrit de manière distincte un roman et un site Internet. La particularité des supports numériques s’observe aussi au niveau de l’édition : le dispositif d’écriture se confond avec celui de l’édition, c’est-à-dire que l’on peut se servir d’un ordinateur à la fois comme machine à écrire et comme support éditorial (grâce au web). C’est là que réside une innovation à la fois pour l’auteur qui sera confronté à son œuvre et à l’édition instantanée de celle-ci, mais aussi pour l’édi- teur qui prend une position différente vis-à-vis de l’œuvre, une position qui n’est pas l’édition classique d’un livre (mise en page, impression, distribution), mais celle d’un objet éditorial qui possède déjà sa propre caractérisation.

La collaboration entre La Marelle et Alphabetville se focalise sur plusieurs moments stratégiques. Elle intervient surtout lors de la rédaction de l’appel à projets et lors du choix des projets. En effet, le choix des artistes admis en résidence d’écriture numé- rique se fait via un appel à projets lancé conjointement par La Marelle et Alphabetville (cf. Annexe 2). Ces dernières se rassemblent au mois de février pour déterminer ensemble les modalités de l’appel à résidence, qui est publié au mois de mars. Après réception des projets, les sélections se font en juin : les artistes qui soumettent leurs projets sont évalués collectivement par les deux structures selon leurs critères en termes de recherche sur le thème de l’écriture et des langages numériques, mais aussi et surtout en termes de faisabilité matérielle. La résidence commence alors au premier semestre de l’année qui suit. Les résidences sont des périodes de six semaines durant

lesquelles des artistes ou groupes d’artistes sélectionnés développent un travail de création d’un objet éditorial numérique. Tout au long de la résidence, l’artiste est sou- tenu financièrement et matériellement par La Marelle, dont les locaux sont dotés d’un appartement aménagé pour accueillir les résidents. Les caractéristiques de l’accueil en résidence sont énoncées dans l’appel à projets ainsi que dans le contrat de résidence que signent les parties concernées. Nous notons que, passée la phase d’évaluation, La Marelle reste le principal opérateur : c’est en effet elle qui prépare et suit le travail et l’accueil des résidents à la Villa des Auteurs, et qui finalise avec eux le travail d’édition de leur œuvre à proprement parler. L’apport d’Alphabetville au projet est un apport théorique et réflexif sur l’écriture numérique, qui a permis à La Marelle d’opérer aussi une réflexion sur ses résidences littéraires.

Dans ce cinquième chapitre, nous présentons notre terrain de recherche, la Friche la Belle de Mai, à Marseille (France). Nous décrivons tout d’abord son histoire, de 1989 à nos jours, en cinq séquences de développement distinctes. L’évolution de la Friche la Belle de Mai est ponctuée de déménagements et d’aménagements successifs des locaux. Elle possède depuis sa création et tout au long de son existence des relations actives avec les collectivités territoriales, qui lui permettent de se faire une place dans les politiques culturelles de la ville.

Puis, nous présentons les organisations créatives installées dans cette friche cultu- relle. Nous les classons en quatre macro-types pour nous servir de guide tout au long de cette recherche, notamment pour visualiser le type d’acteurs en place et pour le classement des entretiens : (1) les artistes, (2) les producteurs, (3) les services et (4) la formation. Nous décrivons par le biais de cette macro-typologie l’évolution de l’occu-. Nous décrivons par le biais de cette macro-typologie l’évolution de l’occu- pation de la Friche la Belle de Mai. Nous en retirons qu’il y a une forte augmentation du nombre de résidents, avec une augmentation plus forte chez les producteurs et les services que les autres macros-types. La place des artistes tend à décliner. La rotation des résidents est faible, ceux-ci s’installant généralement pour des périodes longues.

Nous exposons ensuite le fonctionnement général de la Friche la Belle de Mai, en précisant ses missions, le fonctionnement de sa gouvernance et ses relations contrac- tuelles avec ses partenaires (organisations créatives résidentes et non résidentes). Le site est régi par une SCIC, dont la gouvernance est partagée entre institutions, rési- dents et personnes alliées au projet. Trois contacts sont pratiqués : la convention d’oc- cupation, la convention d’objectifs et la convention ponctuelle de mise à disposition.

Nous décrivons enfin un projet d’acteurs étudié, la résidence d’écriture numérique portée par Alphabetville et La Marelle, deux producteurs résidents de la Friche la Belle de Mai. Ce projet met en avant les relations entre les deux producteurs, la SCIC, l’ar- Ce projet met en avant les relations entre les deux producteurs, la SCIC, l’ar- tiste invité et les autres résidents du site.

Après avoir présenté notre méthodologie de recherche (chapitre 4) et notre terrain de recherche (chapitre 5), nous décrivons désormais la façon dont nous avons col- lecté et analysé nos données qualitatives. Cette collecte s’est effectuée dans le cadre de notre étude de cas sur la Friche la Belle de Mai, de juin 2017 à juillet 2019. Elle s’est déroulée en trois temps, durant lesquels nous avons utilisé trois méthodes de col- lecte : l’analyse documentaire, l’observation passive et les entretiens semi-directifs. Les données ainsi collectées ont été par la suite analysées par le biais de deux vagues de codage multithématique, qui nous permettent d’en tirer cinq thèmes de premier niveau (dont un thème émergent) et trente-trois thèmes de second niveau.

Dans ce sixième chapitre, nous explicitons les méthodes utilisées dans les trois temps de notre collecte de données qualitatives (section 1). Puis, nous montrons com- ment nous traitons ces données par deux vagues de codage successives (section 2).

Section 1 I