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DANS L'UNITE DE PRODUCTION

5.1. LES EXPLOITANTS

5.1.2. RESIDENCE DES EXPLOITANTS

L’exploitation agricole peut être matérialisée par des constructions autour desquelles s’effectue l’activité agricole. Ces constructions sont constituées par des bâtiments servant d’habitation à la famille de l’exploitant avec des dépendances dont l’utilité varie selon les cas. Il peut s’agir d’étables, de docks, de hangars servant d’ateliers et de garages, ce dernier terme est l’expression utilisée pour désigner les locaux où est entreposé tout le matériel nécessaire à l’activité agricole ; il peut désigner aussi, mais l’appellation est plus récente, les nouvelles constructions nécessaires à l’aviculture. Il n’y a pas d’expression en arabe, du moins dans la région de notre étude, pour désigner les poulaillers, on parle alors de « garages des poulets ». Pourquoi cette assimilation du garage avec le poulailler ? On peut supposer que, traditionnellement, on n’avait pas besoin de construction en dur pour l’élevage des volailles parce que cette activité servait à l’autoconsommation surtout, mais pouvait constituer un petit appoint en argent pour les femmes. C’était une activité de femmes. Depuis qu’elle est passée à l’échelle industrielle, il a fallu construire en dur des locaux assez vastes pour ressembler à des garages. L’expression date des années soixante dix et est liée au développement de l’élevage de poulets de chair et de poulettes pondeuses à l’échelle industrielle.

Partant de cette conception de l’exploitation agricole, nous avons essayé de savoir si les exploitants agricoles enquêtés vivaient sur leurs terres. Il semble que ce n’est pas la règle.

5.1.2.1. Lieu de résidence

Tableau n° 5-1 : Lieu de résidence des exploitants enquêtés

Exploitation/Douar Village Wilaya Constantine Total

48 32 7 13 100

En effet, seulement 48 % des enquêtés vivent dans les douars, le reste réside dans les agglomérations urbaines ou semi urbaines. Un tiers de la population, soit 32 %, vit dans le chef-lieu de commune et 13 % dans le chef-lieu de la wilaya, Constantine. Le reste, soit 7 %, réside dans les communes limitrophes. On peut en conclure que 20 % des exploitants ne vivent pas dans la commune où sont situées les terres qu’ils exploitent. Il s’agit, dans la majorité des cas d’exploitants aisés qui ont le moyen de se déplacer aussi souvent qu’il est nécessaire. Nous avons rencontré cependant, deux cas qui habitaient Constantine et qui faisaient régulièrement le trajet en car pour les besoins de leur activité. En fait, ils n’ont pas de pied-à-terre sur les lieux de leur activité, c’est pourquoi, ils font le va-et-vient entre le lieu de résidence et le lieu d’activité. Il n’y a pas de ferme à proprement parler, seules quelques constructions sommaires pour entreposer le matériel ou les animaux, laissés à la charge ou sous la

surveillance d’un employé qui habite sur place, constituent un semblant de ferme. L’exploitation peut aussi constituer une résidence secondaire. C’est le cas pour

39 % des exploitants, ce qui veut dire que ces derniers disposent de structures d’habitation et d’activité acceptables qui leur permettent une certaine facilité des déplacements entre les deux espaces, celui où ils vivent, la majeure partie de l’année, surtout l’hiver, et celui réservé à l’activité agricole et considérée comme résidence d’été où l’utile et l’agréable se rejoignent. Pour d’autres encore, les résidences, première et secondaire, sont fréquentées simultanément. La famille se partage en deux, une partie dans chaque résidence. Ces situations sont assez récentes et concernent les familles assez aisées pour se permettre une double prise en charge. En général, l’exploitant, sa femme et une partie des enfants, restent à la ferme. Le reste de la famille, constitué des grands parents ou de collatéraux avec le reste des enfants scolarisés. En fait, c’est la scolarité des enfants qui a poussé les parents à opter pour ce genre de solution.

Nous avons rencontré une famille où c’est le frère aîné et la sœur aînée, non scolarisés tous les deux, qui sont responsables de leurs frères, sœurs et cousins scolarisés au village, mais le père leur rend visite quotidiennement.

Près de la moitié des exploitants, soit 46 %, n’ont pas de résidence secondaire, qu’ils soient installés sur l’exploitation ou ailleurs.

Parmi ceux qui habitent sur les lieux de leur activité, 10 % possèdent une résidence secondaire dans le chef lieu de la commune. Il s’agit, dans tous les cas, d’une résidence d’hiver, les bâtiments de

5.1.2.2. Les résidences secondaires

5.1.2.2.1. Résidences secondaires et exploitations

Tableau n° 5-2 : Distribution des résidences secondaires (R 2)

par rapportau lieu d’implantation de l’exploitation

R 2

R 1 Ahssassna 0 1 0 2 0 0 3 6 M’ hiris 1 1 0 5 0 0 11 18 Stittira 0 0 0 0 0 0 2 2 Merachda 0 0 0 1 0 1 0 2 Kehalcha 0 0 0 1 0 0 10 11 Oued Djebnoune 0 1 0 0 0 0 1 2 Zenatia 0 1 0 1 0 0 5 7 Ain Abid Ch-L 1 22 1 0 0 0 8 32 El Khroub 0 4 0 0 0 0 1 5 Oued Rahmoune 0 0 0 0 0 0 1 1 Constantine 0 8 0 0 0 1 4 13 Oued Zenati 0 1 0 0 0 0 0 1 Total 2 39 1 10 0 2 46 100

0 = Pas de réponse 4 = Autre commune 3 = Chef lieu de commune 1 = Sur l’exploitation 5 = Constantine

2 = Au douar 6 = Pas de résidence secondaire

Lorsqu’on croise les variables du lieu d’implantation de l’exploitation avec les résidences secondaires, des précisions apparaissent. En effet, on peut remarquer que les exploitants qui habitent Ain Abid centre (32 %), possèdent pour une large majorité une résidence secondaire sur les lieux de leur activité, c'est-à-dire à la ferme, mais une part non négligeable ne possède pas de résidence secondaire. Ces derniers doivent se déplacer régulièrement sur leurs terres pour mener à bien leur activité agricole. Il en est de même pour ceux qui habitent Constantine dont environ un tiers ne possède pas de résidence sur le lieu d’activité.

La majorité des exploitants qui possèdent une résidence secondaire dans les agglomérations, est soucieuse de la scolarité des enfants et partage son temps entre les obligations familiales et l’activité agricole. Une question s’est alors posée à nous, à savoir : Les jeunes agriculteurs ont-ils un comportement particulier concernant le lieu de résidence ?

Les tableaux suivants montrent qu’il n’y a pas de corrélation significative entre ces variables.

5.1.2.2.2. Implantation des résidences secondaires et âge des exploitants

Tableau n° 5-3 : Distribution de l’âge des exploitants par rapport à la résidence secondaire Résidence 2 / Age < 30 ans 30 à 40 40 à 50 50 à 60 ≥ 60 ans Total

1 2 3 8 11 17 41 2 1 1 3 1 4 1 4 10 4 1 2 5 5 12 8 9 12 46 Total 8 16 22 21 33 100

Signification des codes du tableau :

1 = Sur l’exploitation 4 = Constantine

2 = Au douar 5 = Pas de résidence secondaire 3 = Chef lieu commune

5.1.2.2.3. Situation géographique des résidences secondaires et âge des exploitants

Tableau n°5-4 : Distribution des lieux de la 2ème résidence par rapport à l’âge

Résidence 2 /Age < 30 ans

30 à 40 ans 40 à 50 ans 50 à 60 ans ≥ 60 ans Total Ahssassna 21 3 1 2 6 M’ hiris 22 5 4 3 6 18 Stittira 23 1 2 2 Merachda 24 3 1 2 Kehalcha 25 3 4 1 11 O.Djebnoune 26 1 1 2 Zenatia 28 3 1 1 5 7 Ain Abid CL 30 5 7 8 9 32 El Khroub 40 2 1 2 5 O.Rahmoune 41 1 1 1 Constantine 50 1 3 3 5 13 O.Zenati 65 1 1 Total 8 16 22 21 33 100

La lecture de ces deux tableaux confirme que l’âge n’a aucune influence sur le choix de la résidence, qu’elle soit principale ou secondaire. D’autres contraintes, comme la scolarité des enfants, ou le fait de n’avoir jamais habité la campagne, ou l’inexistence de structures d’habitation et d’autres encore, ne permettent pas à ces exploitants d’habiter sur les lieux de leur activité. Au moment de cette rédaction, la situation a encore évolué grâce au développement des transports : il y a en effet de

plus en plus de structures et de moyens de transport qui relient certains endroits retirés au chef-lieu de commune, il reste quand même beaucoup d’efforts à faire sur ce plan là ; grâce aussi à certaines facilités accordées par les autorités étatiques ( vente de lots de terrain à bâtir à des prix abordables et plus de facilités d’accès au crédit ), on construit de plus en plus de pied-à-terre dans les agglomérations. Il faut cependant rappeler que la commune échantillon se trouve dans une région d’agriculture extensive où la pratique de la céréaliculture est la première activité, l’élevage ovin qui, lui aussi, continue d’être pratiqué de manière traditionnelle (du moins en grande partie), étant la seconde activité importante. La céréaliculture n’exige pas une présence permanente toute l’année et l’élevage ne nécessite pas la présence de beaucoup de personnes, ce qui laisse du temps libre aux exploitants. La majorité des exploitants ne possède même pas une vache pour la consommation familiale en lait. La multiplication des points de ventes, même dans des endroits retirés, surtout des épiceries bien fournies en produits de première nécessité mais aussi en produits qui, il y a quelques années seulement, n’entraient pas dans la consommation des familles rurales comme le chocolat, les biscuits, les yaourts, le pain boulanger, le lait conditionné, les fromages etc., a entraîné un changement dans les habitudes culinaires des familles. La diversité des produits présents sur le marché est telle qu’on pu constater sur le terrain, la disparition sinon le désintéressement de certaines activités jusque là nécessaires comme la préparation de la semoule, du pain, la traite des vaches qui participaient pour une large proportion à la consommation de la famille. Aujourd’hui, habiter sur le lieu d’activité n’est plus une nécessité pour beaucoup d’agriculteurs.