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AUX ORIGINES DE AIN ABID

3.2. AIN ABID, COMMUNE CREEE DE TOUTE PIECE PAR LA COLONISATION

3.2.1. DIVISION DE LA TRIBU EN QUATRE DOUARS

Une commission administrative a procédé à la délimitation des douars et des terrains communaux de chacun d’eux.

Les renseignements statistiques de l’époque, qui ont été recueillis par les enquêtes de terrain, de manière exhaustive, ont conduit cette commission à diviser les arch des Ameurs Cheraga en quatre douars seulement au lieu de dix comme il était prévu dans les projets antérieurs.

Pour la commission, « cette division accueillie sans difficultés par les indigènes intéressés, a pu être mise à exécution sans soulever d’objections de la part des représentants de la tribu et des douars». Les populations ainsi spoliées et divisées elles-mêmes, pouvaient-elles contester quoi que ce soit ? Et, en avaient-elles les moyens ?

Les fractions de Bechebcha et Stitira, des Ouled Soltan M’Hiris, des Ouled Abdennebi, auxquelles il faut ajouter la population immigrante des Ouled Chergui, des Ouled Bel Achter et des Ouled Bach Bacha ont formé un douar qui, sur leur demande a été dénommé : Ahssassna.

Un second douar a reçu, dans les mêmes conditions que le précédent, le nom de Ameur S’raouia. Il comprendra les fractions et les territoires des Ouled Djelila, des Ouled Soltan S’raouia et les anciens azels de Ain Hadjar et de Ain El Mers.

Les Ouled Nasser, l’azel Bier Et Tin et les Ameurs Et Tlet formeront le troisième douar qui portera le nom de la première de ces fractions : Ouled Nasser

Enfin le douar de Merachda sera composé de fractions des Ouled El Ouaer, Ouled Djedi, Ouled Guouam, grossis des Ouled Embarek et des Ouled Djebnoun.

Le douar de Ahssassna aura une superficie totale de 4468, 50 hectares, une population de 2397 habitants y compris les fractions que le douar doit recevoir.

Le douar des Ameurs S’raouia aura une population de 1223 âmes, labourant 150 charrues et demi sur une surface de 3139,15 hectares.

Le douar des Ouled Nasseur, d’une superficie de 3810 hectares a une population de 1869 âmes y compris la fraction des Ameurs Et Tlet.

Enfin le douar d’EL Merachda possède un territoire dont l’étendue est de 5327, 50 hectares qui nourrira 3118 âmes y compris les Ouled Chergi, Ouled El Achter, Ouled Bachbacha qu’il doit recevoir

3.2.2. Détermination des communaux

A cette première partie du travail a succédé la tâche plus délicate qui avait pour but de classer les terrains communaux sur un sol livré dans sa presque totalité à l’agriculture, par une population si dense et tellement à l’étroit sur son territoire que 5977, 90 hectares de terres azels lui ont été cédés par le décret du 14 juillet 1865, comme indispensables à son avenir et à sa prospérité.

« Il a donc fallu obtenir des indigènes la cession librement opérée, par eux, de ceux de leurs terrains qui, impropres à la culture ou de qualité inférieure, pouvaient utilement servir au parcours des troupeaux. Grâce à la bonne volonté déployée par les intéressés qui ont compris bientôt le but bienfaisant de cette opération, les résultats ont été meilleurs qu’on ne pouvait le supposer d’abord » (29). Peut-on vraiment parler de liberté, de bonne volonté, dans les conditions qui étaient celles des populations autochtones de l’époque ?

A ces groupes de terres, ont été joints, conformément aux instructions du Gouverneur Général du 1ier mars 1865, les emplacements du marché et des cimetières compris dans le périmètre de chacun des douars.

En opérant ainsi, il a été délimité 20 parcelles communales dont les numéros d’ordre et les dénominations distinctes sont consignés dans les légendes annexées aux plans et dont voici les totaux (marchés et cimetières exceptés).

Ahssassna 256,75 ha

Ameur S’raouia 354,47 ha Ouled Nasseur 650,55 ha El Merachda 1 389,20 ha

Parmi ces résultats, deux attirent l’attention, le total du communal de Ahssassna par son exiguïté relative et celui d’El Merachda, au contraire, par le chiffre élevé qu’il atteint. A ces disparités évidentes, la commission donne les explications suivantes : « Nous devons faire remarquer en ce qui touche le premier, que dans une contrée où le moindre pli est livré à la charrue, il est très difficile d’obtenir d’un indigène quelconque, malgré son bon vouloir, une cession volontaire, de telle ou telle parcelle dont il jouit depuis longtemps et sur laquelle il compte par la suite faire valoir un jour ses droit de propriété. Ces considérations, énoncées déjà précédemment, sont surtout vraies pour les habitants de la fertile vallée d’El Oued M’Hiris, aux besoins desquels le communal proposé suffira strictement, il est vrai, mais qui souffriraient beaucoup plus de la moindre distraction de territoire, fût-elle faite pour augmenter le terrain commun au douar ». Et plus loin la commission poursuit ses commentaires : « Il n’y a pas lieu d’insister sur les chiffres qui représentent les communaux des Ameurs S’raouia et des Ouled Nasser. Effectivement, grâce aux dispositions bienveillantes du décret du 14 juillet 1865, le resserrement de population, autrefois si sensibles dans ces régions, a disparu et a laissé place à un seul besoin, satisfait par les conséquences de la classification actuelle, celui d’échapper aux émigrations coûteuses que ces indigènes devaient faire annuellement pour aller chercher les pâturages de la vallée de l’Oued Zenati » (30).

Enfin, en ce qui concerne le communal d’El Merachda, il importe de faire remarquer qu’il serait à peine élevé à 320 hectares malgré la superficie considérable de ce douar, s’il n’existait dans les Ouled Guouam, un pâté montagneux, abrupt et aride en maints endroits, dénommé : Djebel Mazelab. C’est sur ce sol impropre à toute

culture agricole et destiné à rester forcément commun à tous les propriétaires de troupeaux, qu’un communal de 1389, 20 hectares a été délimité, ce qui porte la somme des terrains enlevés à la culture individuelle au chiffre de 2650, 97 hectares.

Pour la classification de ces groupes, comme aussi pour la répartition des douars, « il a été tenu compte des exigences topographiques et il n’a surgi ni difficulté

ni contestation de la part des membres de la Djemâa ou de ses habitants. Cette entente et ce bon vouloir ont pour cause la commune origine de ces indigènes,

l’identité de leurs besoins, de leurs mœurs, de leurs habitudes locales et de leurs constantes relations de parenté et de bon voisinage que n’altère aucune haine ancienne de fraction à fraction » (31) l’explication concernant la bonne entente entre les différentes fractions de la tribu, lors de ces expropriations de ces nouvelles répartitions, qui auraient résidé dans leur commune origine, leur bon vouloir et leur adhésion au projet des colonisateurs, restent contestables. A.NOUSHU, rapporte l’extrait d’un témoignage qui en dit long sur la situation des populations spoliées de leur unique source de revenus.

« Depuis l’arrivée des Français qui ont occupé les terres beylik, nous avons été refoulés sur de territoires dont la plus grande partie n’était pas défrichée. Du temps des turcs, nous n’avions jamais été aussi malheureux parce qu’alors, une grande partie de nos populations étaient établies sur ces terres beylik qui ont toujours été les meilleures et les plus arrosées. Nous n’avions, il est vrai, que la jouissance de ces terres ; mais en définitive, nous les cultivions et elles rapportaient beaucoup plus que les surfaces que nous occupons aujourd’hui. Nous les travaillons, mais nous ne sommes point encore arrivés à les mettre dans de bonnes conditions de culture (32). Ce témoignage exprime l’impuissance, la révolte et en même temps la résignation devant une occupation qu’ils subissaient difficilement.

3.2.3. DETERMINATION DES TERRAINS COLLECTIFS DE CULTURE