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DANS L'UNITE DE PRODUCTION

5.2. LES EXPLOITATIONS

5.2.2. COMPARAISON DES DIFFERENTES SOURCES

Il est clair que la comparaison que nous voulons faire des données des trois sources, semble un peu hasardeuse n’ayant pas été réalisées au même moment et avec des limites liées aux moyens mis à la disposition de chaque institution. Nous avons déjà parlé des moyens réduits dont disposait le cadastre, ce qui a entraîné un grand retard dans la réalisation, ainsi que la réticence des propriétaires et des exploitants à se livrer à la constatation des biens sur le terrain et à répondre aux différentes convocations des services du cadastre pour compléter les informations les concernant. Les listes du FNDA sont tronquées d’une partie de la population exploitante, celle qui n’a pas demandé de soutien. L’enquête, quant à elle, est biaisée dès le départ, une partie des exploitants étant absente de la base de sondage. Même si le choix de l’échantillon et la réalisation de l’enquête elle-même ont été faits de manière scrupuleuse, nous ne pouvons ignorer ce biais. Malgré toutes ces réserves, la comparaison vaut la peine d’être faite.

La carte n° 6 montre la distribution de la propriété privée à travers la commune. 5.2.2.1. Comparaison du nombre d'exploitants d'après les trois sources

Tableau n° 5.10 : Comparaison du nombre d'exploitants d'après les trois sources

Sources CADASTRE FNRDA Enquête

Classes/sup. Nombre % Nombre % %

1 à 5 ha 303 49 2 1 5 à 10 ha 118 19 27 9 2 10 à 20 ha 85 13 93 31 21 20 à 50 ha 71 12 130 43 31 50 à 100 ha 17 3 27 9 25 100 ha et plus 21 3 23 7 21 Total 618 100 302 100 100

Les données du cadastre qui embrassent la région dans sa quasi-totalité, donne une structure des exploitations agricoles où la micro et la petite exploitation constituent l’écrasante majorité. Pratiquement la moitié des exploitants (49 %) ne disposent même pas de cinq hectares et presque 20 % n’atteignent pas vingt hectares, superficie qui ne peut faire vivre une famille, même s’il s’agit d’un couple sans enfant, sachant qu’on est en culture extensive et que ce n’est pas cette catégorie d’exploitants qui peut améliorer l’itinéraire technique de préparation du sol ni investir dans une intensification de la production, le manque d’eau ne le permettant pas, il faut pour cela de gros moyens. Seulement 18 % des producteurs peuvent espérer vivre de l’agriculture. Il est utile de rappeler que la fourchette établie pour la région de Ain Abid tournait autour de vingt hectares. A ce propos, les attributaires qui étaient situés sur des terres pauvres ont bénéficié de superficies plus grandes. Par conséquent, les attributaires disposent de lopins de terres plus importants que 68 % des exploitants agricoles privés. Si on rajoute l’effectif de la classe d’exploitants qui ont plus de dix hectares mais n’atteignent

pas vingt hectares, la proportion s’élève à 81 %. Ce raisonnement peut nous mener à considérer que les attributaires seraient, dans les conditions presque équivalentes à celles du tiers de la population exploitante moyenne. La réalité est autrement différente puisque une bonne partie des attributaires que nous n’avons pas pu évaluer sur le terrain, s’est trouvée contrainte de louer les lopins attribués à d’autres exploitants privés ou à d’autres attributaires plus entreprenants. Selon les données du cadastre, seul un tiers des exploitants peut vivre décemment des revenus de l’agriculture. Les deux autres tiers sont en dessous du seuil de pauvreté. Cet état des faits est corroboré par les données du FNDA. En effet, la classe la plus représentée selon les données du FNDA, est celle qui dispose d’au moins 20 hectares avec 43 %, suivie de la classe qui lui est strictement inférieur avec 31 %. Ces deux classes totalisent à elles seules 74 % des demandes de soutien. La classe qui dispose de moins de 5 hectares n’est demandeuse de l’aide de l’Etat que dans une proportion de 1 % alors qu’elles constitue la classe la plus importante, avec 49 % des exploitants, soit quasiment la moitié de la population exploitante. Ce qui laisse supposer que nombreux sont les petits propriétaires et mêmes quelques attributaires qui n’exploitent pas, dans les faits, les terres leur appartenant ou dont ils disposent.

Une remarque attire notre attention à propos des grandes exploitations : les données du FNDA enregistrent une proportion plus importante d’exploitants disposant de 50 hectares et plus, par rapport aux données enregistrées par le cadastre. Ceci peut s’expliquer par les différences de superficies louées ou prises en association selon les années. En effet, d’une année à l’autre, ces superficies peuvent varier considérablement, et un exploitant peut se retrouver enregistré dans une classe et l’année suivante dans une autre classe selon qu’il loue plus ou moins de quantités de terre. C’est là tout le caractère aléatoire des agrandissements des exploitations par location ou par association, qui restent éphémères dans beaucoup de cas.

L’enquête fait apparaître, au contraire des deux autres sources, une distribution relativement plus homogène des classes, c’est là un tirage sur table de nombres aléatoire qui a mis en lumière une certaine homogénéité qui n’est qu’apparente. La comparaison entre quelques données, est édifiante à ce sujet.

5.2.2.2. Quelques différences de données entre Cadastre et Enquête

Tableau n° 5.11 : Différences de données entre Cadastre et Enquête

Exploitants X1 X2 X3 X4 X5 X6 X7 X8 X9 X10

Cadastre 0,94 4,3 5,59 5,86 11,41 12,84 26,75 31,9 94,45 103,4

Enquête 18 123,5 56 58 200 82,5 600 430 20 10

Il apparaît clairement, à travers les chiffres du tableau, que la différence entre les données du cadastre et celles de l’enquête est parfois très importante. Le tirage s’est fait sur les listes du cadastre, et certains enquêtés qui, au départ du tirage, faisaient partie de la classe de superficies « inférieur à 10 hectares » se sont retrouvés dans celles disposant de plus de 10 hectares. Le tableau fait bien ressortir ces différences.

5.2.2.3. Différences dans les superficies

Tableau n° 5.12 : Différences dans les superficies entre Cadastre et Enquête Enquête Cadastre < 5 ha 50 à 10 ha 10 à 20 ha 20 à 50 ha 50 à 100 ha ≥ 100 ha Total < 5 ha 0 0 0 0 0 0 0 5 à 10 ha 1 0 0 1 0 0 2 10 à 20 ha 6 5 9 1 0 0 21 20 à 50 ha 9 6 8 6 2 0 31 50 à 100 ha 4 4 4 12 1 0 25 ≥ 100 ha 3 3 4 6 2 3 21 Total 23 18 25 26 5 3 100

En effet, la distribution des exploitations et des exploitants diffère selon que l’on se base sur les données du cadastre ou sur les données recueillies par le biais de l’enquête. Il apparaît évident qu’on retrouve dans l’ensemble, la tendance générale du cadastre lorsqu’on se base sur les données de ce dernier à propos de nos enquêtés, à savoir, les classes en dessous de 50 hectares constituées de petits et moyens exploitants ne comportent pas de différences significatives quant à leur effectif. Au-delà de 50 hectares, l’effectif se réduit comme une peau de chagrin.

La superficie, quant à elle, présente des différences qui témoignent d’un renversement de la tendance d’une source à l’autre. Les données du cadastre évoluent de manière ascendante jusqu’à la limite de 50 hectares mais chute de manière brutale au-delà de cette limite ; l’enquête montre aussi une évolution des superficies relativement proportionnelle à l’évolution de la distribution en classe ; certes les données des classes supérieures à 50 hectares diminuent un peu mais restent relativement importantes quant à la distribution des parts de superficies.

5.2.2.4. Comparaison des superficies totales Tableau n° 5.13 Comparaison des superficies totales

Classes de superficie Cadastre Enquête

Superficies % Superficies % < 5 ha 992 12 51,66 2 5 à 10 ha 995,7 13 120,66 6 10 à 20 ha 1752,87 22 357,9 16 20 à 50 ha 3325 42 818,71 36 50 à 100 ha 408,2 5 401,32 18 ≥ 100 ha 436 6 502,7 22 Total 7909 100 2253 100

Cette différence de superficie enregistrée dans les deux déclarations représente en fait toutes les superficies prises en location ou en association et parfois même les superficies indivises, l’intéressé n’ayant déclaré que les superficies lui appartenant au cadastre. Cependant, on retrouve quand même certaines déclarations très peu différentes sur les deux listes. Cette mise au point permet de mieux comprendre la relative homogénéité des classes de superficie qui apparaît dans l’enquête.

5.2.2.5. Comparaison des superficies par classe d'après les trois sources

Tableau n° 5.14 Comparaison des superficies par classe d'après les trois sources

Classes/sup. Cadastre % FNRDA % Enquête/2000 %

1 à 5 ha 677,61 6 6,5 0,0005 5 à 10 ha 812,15 7 190 2 15 0 10 à 20 ha 1218,33 11 1394,5 12 313,59 4 20 à 50 ha 2311,38 20 3512,7 29 991,48 13 50 à 100 ha 12101,9 11 1869,55 15 1829,2 23 100 ha et + 5083,82 45 4730 42 4760,5 60 Total 11313,5 100 11122,75 100 7909,77 100

Les données concernant les superficies témoignent d’un grand morcellement des terres à travers les données du cadastre, dans les classes inférieures; et au contraire la concentration dans les classes supérieures est visible dans les trois sources. Les données du cadastre enregistrent 56 % des terres pour seulement 6 % d’exploitants tandis que 49 % se partagent 6 % des terres. L’enquête fait apparaître encore davantage ces différences : la petite exploitation occupe 21 % des exploitants qui se partagent 4 % des terres et la grande disposent de 60 % des terres que se distribuent 21 % des producteurs..

Certes les trois sources présentent des différences qu’on ne peut ignorer mais la tendance générale, c'est-à-dire un extrême morcellement des terres dans les classes inférieures et une importante concentration dans les classes supérieures, se retrouve dans les trois types de sources.

Chapitre VI

L’EXPLOITATION FAMILIALE,