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Les représentations sociales sur les OMD : (Objectifs du Millénaire pour le

TERRITORIAL AU MALI

LA COOPERATION DECENTRALISEE A L’EPREUVE DU DEVELOPPEMENT DURABLE DANS LA REGION DE KAYES

2. Les représentations sociales sur les OMD : (Objectifs du Millénaire pour le

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Ainsi, parler des actions situées revient à ce qui est considéré par M. Leclerc-Olive (2005), comme principe justifiant les politiques de coopération au développement construites

entre plusieurs collectivités territoriales. Autrement dit, les programmes de coopérations

saisissent les situations des territoires se trouvant dans l’extrême pauvreté afin de tisser des liens de partenariat entre territoires. Cette manière est de reconstruire l’Etat de droit et l’action publique locale pour les territoires en difficulté. C’est une des raisons des politiques de coopération décentralisées établies entre les collectivités territoriales du Nord et du Sud. Les territoires locaux dans la région de Kayes se trouvent dans une situation considérée et qualifiée comme « territoires pauvre ». L’extrême pauvreté fonde les politiques de coopérations internationales à intervenir sur une situation d’un ou des territoires. C’est ainsi que des dispositifs comme des programmes ont été mis en place (comme le cas d’Aide

Publique au Développement en France APD) pour agir contre ces inégalités qui se creusent

entre le Nord et le Sud. Ces registres fondent des regards croisés entre acteurs coopérés. Chaque acteur représente la coopération décentralisée comme un trésor pour son territoire. Les intérêts sont représentés comme liens qui consolident le partenariat entre acteurs lesquels espèrent obtenir un retour favorable de la coopération décentralisée. La coopération décentralisée est représentée comme clé du développement territorial. Elle est mieux appropriée pour certains acteurs. Par contre, elle demeure peu appropriée pour d’autres du fait des situations et contextes sociologiques de certains territoires (incompréhension,

analphabétisme…), des attentes multiples et représentations sur l’objet. Certains élus et leurs

populations attendent de la coopération décentralisée comme, le meilleur moyen pour répare leurs problématiques territoriales et quotidiennes.

2. Les représentations sociales sur les OMD : (Objectifs du Millénaire pour le

Développement) : instruments d’appui institutionnel aux collectivités territoriales ou simples discours des acteurs ?

C’est un dispositif de la Déclaration du Millénaire adopté en 2000 aux Nations Unies. C’est un instrument vague auquel les pays riches et pauvres se sont engagés à faire de leur mieux pour éradiquer la pauvreté, promouvoir des valeurs humaines et assurer la durabilité des ressources environnementales. Dans ce dispositif général et ambitieux, les Etats se sont mis d’accord sur huit objectifs prioritaires et atteindre les résultats avant 2015. Ces objectifs sont entre autres : éliminer la pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous,

promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies, assurer un

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environnement durable et mettre en place un partenariat mondial pour le développement. Ces

objectifs très généraux se déclinent sous la forme des projets concrets. C’est le cas par exemple sur les actions entreprises pour réduire le nombre des personne n’ayant pas accès à l’eau potable, l’éducation, les soins de santé, un environnement sain et durable. Dans ce sens, les OMD semblent être des instruments à usage des discours pour lutter contre la pauvreté. Rien ne semble être en mesure d’éradiquer la pauvreté et donner plus de moyens à ces collectivités territoriales.

La Déclaration de Paris qui a eu lieu le 2 mars 2005 s’interroge sur l’efficacité des politiques d’aide au développement face aux inégalités persistantes dans les territoires. Cette conférence conclue sur l’inefficacité des politiques d’aides nationales et internationales menée jusque-là. Ces caractéristiques montrent l’inefficacité des OMD liés aux échecs de certains projets et programmes de développement territorial engagés dans certaines collectivités territoriales. Avec les facteurs liés à la pauvreté (l’analphabétisme, les inégalités sociales de

tout genre…), les OMD sont loin d’être atteints. Certaines collectivités territoriales sont

fortement touchées par l’absence des OMD. Malgré les engagements des partenaires, de part et d’autre, la situation dans les pays du Sud s’améliore difficilement face à la mondialisation. Au contraire, le rêve que beaucoup d’acteurs (Etat, collectivités territoriales, associations,

ONG…) avaient dans les années 2000, ne s’était pas concrétisé pour atteindre aux OMD. Les

inégalités entre territoires et entre populations sont de plus en plus grandes dans les territoires décentralisés. Cette pauvreté touche les pays du Sud mais aussi un nombre croissant des populations dans les pays du Nord. Or, les progrès scientifiques, les nouvelles technologies ont ouvert des perspectives auxquelles les tendances peuvent être renversées. Il s’agit de satisfaire les besoins prioritaires des populations. Autrement dit, cette situation montre que les OMD sont des simples discours n’ayant pas des solutions à satisfaire les besoins prioritaires des acteurs démunis.

II - Coopérer dans la mondialisation et réformes des collectivités territoriales

De quoi parle-t-on de la mondialisation dans un contexte de décentralisation et de coopération décentralisée ? Très souvent, beaucoup de discours tenus par des acteurs multiples (politique,

entreprise, chercheur, militant…) évoquent le concept de mondialisation. Nous nous

interrogeons sur ce concept s’il est bénéfique pour le changement social et quelles peuvent-être les conséquences dans les processus des réformes institutionnelles. Le concept reste dominant dans l’usage des concepts et d’opérations liés au développement des territoires. Le

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terme de mondialisation ou « globalisation » en anglais, s’applique au mouvement d’internationalisation des économies et des sociétés induites par le développement des échanges dans le monde. Que peut-on remarquer de la mondialisation dans les collectivités territoriales concernées ?

Devenu un concept dominant dans certains discours de coopération au développement, la mondialisation recouvre un domaine un peu plus large. Elle ne concerne pas seulement les

marchandises, mais englobe les capitaux, la main d’œuvre, les services, la propriété intellectuelle, les œuvres d’art etc. Elle se matérialise également par une vague des réformes

institutionnelles à tous les échelons territoriaux. Ce processus se concrétise par la forte présence des institutions internationales dans l’économie mondiale et plus globalement dans les échanges internationaux, nationaux et locaux. C’est le cas de l’OMC (Organisation

Mondiale du Commerce) instituée en 1945, le FMI (Fonds Monétaire International) crée en

1944 par la conférence de Bretton Woods, la BM (Banque Mondiale) créée en 1945. Il y a également l’ONU (l’Organisation des Nations Unies) créée en 1945 et plusieurs organisations spécialisées rattachées à l’ONU comme la FAO (Food and Agriculture Organization), l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture), l’OIT (Organisation International du Travail). Toutes ces organisations ont été créées pour favoriser les échanges. A côté de celles-ci, on peut citer la construction du G7 en 1975, devenu en 1997, le G8 et aujourd’hui, le G20. L’internationalisation n’est pas donc un phénomène nouveau, mais elle a pris de l’ampleur et une forme nouvelle (la mondialisation). Parallèlement, le mondial et le local semble aujourd’hui être indissolublement liés.

L’expression « du local au mondial » revient souvent dans les discours relatifs aux relations internationales et les coopérations au développement. Cette dynamique s’inscrit dans une logique de développement durable. Cette mondialisation est présentée par les institutions internationales citées ci-dessus comme solution capable de résoudre les problèmes sociaux, économiques, culturels, environnementaux des territoires. Parfois dans les discours et dans les mouvements sociaux, la mondialisation est présentée comme un spectre menaçant les droits sociaux, les emplois. Elle est également considérée comme une force des économies internationales engendrant des crises touchant à la souveraineté des peuples et des nations. Son caractère d’uniformiser le monde engendre la domination d’un modèle économique et politique (largement évoqué dans les discours liés au développement), la disparition des diversités nationales au profit de l’américanisation, le règne de la finance, la loi du profit

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maximum. De là, le fossé se creuse entre les riches et les pauvres, entre les possibilités offertes et la réalité vécue au quotidien par l’immense majorité des habitants de la planète.

De cette situation, nous soulignons la définition remarquable des auteurs de l’ouvrage intitulé : Démocratie et gouvernance mondiale : Quelle régulations pour les XXIe Siècle » ? Ces auteurs définissent la mondialisation comme « le capitalisme mondial sans frein, plus de

nouvelle technologies de l’information et de la communication. La doctrine néolibérale affirme que les facteurs économiques et technologiques conduisent l’humanité, passant outre le fait que les facteurs économique, culturels et sociaux ont selon sa propre logique tout autant d’importance94. Cette définition remarque que la mondialisation actuelle se caractérise par un marché capitaliste déréglementé, par Internet, les réseaux mondiaux, le rétrécissement de l’espace et du temps, la transformation de l’Etat souverain, la recomposition des territoires, la montée en puissance de nouveaux acteurs économiques et les ONG transnationales. Si cette possibilité créée par les institutions internationales crée des richesses pour certains, elle crée également des problèmes, des inégalités croissantes et des problèmes environnementaux pour d’autres.

Une autre définition économiste permet de mieux éclairer la mondialisation actuelle caractérisée par le capital. C’est celle du point de vue d’Amartya SEN, Prix Nobel d’économie. Il considère que : si ce monde est incomparablement plus riche qu’il ne l’a

jamais été, c’est aussi le lieu de privation et de saisissantes inégalités. Il faut avoir à l’esprit ce contraste essentiel pour comprendre le scepticisme général qu’inspire l’ordre mondial95. Dans cet article, il considère que la mondialisation n’est pas un phénomène nouveau et par conséquent, elle n’est qu’une simple occidentalisation qui soutient l’accumulation du capital. Pour lui, cette mondialisation joue plusieurs influences dans diverses directions. C’est dans ce contexte qu’il réclame une réparation des inégalités pour le partage équitables des ressources entre pays riches et pays pauvres en dénonçant les déséquilibres. Il considère de soutenir la mondialisation lorsqu’elle apporte des solutions concrètes sur le plan économique et politique. Il décline sa vision de porter un sens plus humain à la mondialisation.

94- Kazancigil. A (2003), Apprivoiser la mondialisation- dans Démocratie et gouvernance mondiale. Quelles régulations pour le XXIe Siècle, sous la direction de C. Milani, C. Arturi, G. Solinis, Edition UNESCO, Karthala, p.51.].

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