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PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL ET TRAITS GENERAUX SUR LE MALI

TERRITORIAL AU MALI

PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL ET TRAITS GENERAUX SUR LE MALI

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La perspective sociohistorique et institutionnelle du Mali, permet de le comprendre et mesurer son niveau de développement territorial à travers des enjeux institutionnels, sociaux économiques et culturels. Dans cette première partie, on traite quelques traits généraux sur le Mali dans le premier chapitre puis, on présentera des données sur la région de Kayes dans le second chapitre.

CHAPITRE. I

PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL ET TRAITS GENERAUX SUR LE MALI

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Section 1

Présentation de quelques données générales sur le Mali en matière de développement territorial

Comment retrouve-t-on le Mali, dans ses parcours sociaux historiques en matière de développement ? Tout d’abord, on ne se contente pas seulement de présenter les données géographiques mais, de montrer le positionnement du pays dans ses processus généraux et sociohistoriques en matière de développement territorial. Le Mali est un pays d’Afrique de l’Ouest. Il dispose d’une immense étendue du territoire couvrant une superficie d’un 1.240.000km² (soit 2,5 fois la France). Il est le plus vaste pays d’Afrique de l’Ouest après le Niger et occupe le 9ème rang des pays d’Afrique. Il se situe également à l’intérieur de l’Afrique Occidentale entre le tropique du Cancer et l’équateur.

Le Mali partage ses frontières avec sept pays dont 7420 km. Il s’agit de l’Algérie au Nord, du Burkina et du Niger à l’Est, de la Côte d’Ivoire et de la Guinée Conakry au Sud, du Sénégal et de la Mauritanie au Nord-Ouest. En matière de positionnement géographique, le Mali est enclavé et demeure un pays continental sans débouché maritime et transite l’essentiel de son marché international depuis les ports de Dakar, d’Abidjan, de Conakry et de Nouakchott. Ce positionnement géographique rend le pays pauvre et accroit fortement ses besoins en matière de développement territorial. Historiquement, vers la fin des années cinquante (1950), le pays s’appelait le Soudan Français ayant était subdivisé en dix-sept (17) ensembles administrés chacun par un officier français. Huit de ces ensembles comportaient des subdivisions, dirigées par des chefs autochtones chargés de régler les affaires courantes de justice et d’état civil et de rendre compte à l’officier français. Les villes de Bamako, Kayes, Mopti, Segou et Sikasso disposaient d’autorités municipales (Gonin 2013). A l’indépendance (1960), une loi de décentralisation crée six régions : Kayes, Bamako, Ségou, Sikasso, Mopti et Gao

Sur sa position géographique, les reliefs du Mali sont impressionnants. Au sud-ouest, on a le plateau Manding (400 à 800 m) qui se termine à l'Ouest par la falaise de Tambaoura avec un relief accidenté et les étendues de plaines de la Falémé et du Diourou se prolongeant au Nord-Ouest par le Kaarta. A l'Est, on a les falaises de Bandiagara, le plateau Dogon s'élève chaotiquement depuis les basses terres du Macina jusqu'à Hombori où se dressent des buttes gigantesques (atteignant 1155m) qui dominent la plaine du Gourma de plusieurs centaines de mètres. Au Nord et au Nord-Ouest de la boucle du Niger, de grands ergs couvrent bas plateaux et plaines. A l'extrême Nord du pays, la succession des plateaux et des plaines

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s'efface momentanément au profil d'un manteau de sable dans l'Adrar des Iforas (massif

cristallin du Hoggar) ou les dunes se succèdent. Plaines et plateaux occupent le reste du pays:

bassin du Macina, plaine du Gourma et de l’Azawad.

Le Mali est également traversé par trois zones climatiques. A l’extrême Nord, nous avons la zone saharienne souvent appelée la zone de l’Azawad avec des précipitations annuelles inférieures à 127 mm. Cette zone est caractérisée par l’activité de nomadisme. Ensuite, vers le centre du pays notamment, une bonne partie du Nord-Ouest et du Sud, il y a la zone sahélienne avec une sécheresse. La pluviométrie de cette zone est de 300 à 500 mm entre le mois de juin et le mois de septembre. La végétation de cette zone est la steppe et constitue une partie de la savane vers le Sud. Une bonne partie du centre est constituée par la vallée du Niger et est mise en valeur par certains travaux d’aménagements agricoles (barrages de

Manantali, Markala, Selingué…). On y cultive du riz, du coton, de l’arachide, du sorgho, du

mil et des cultures maraîchères.

Dans sa partie méridionale, il y a le climat soudanien ou soudano guinéen couvrant la partie sud du pays. Cette partie connait des fortes précipitations allant à 1400mm/an avec des températures moyennes de 24 à 32°.

I - Quelques données socio ethnologiques de la population du Mali

Dans ce contexte, on évoque les données de l’Institut National de la Statistique du Mali. Cette population malienne connait une très forte croissance. Depuis l’indépendance, le Mali comptait 6,2 millions d’habitants en 1976, et 9,6 millions en 1998. Lors du dernier recensement de 2009, cette population était de 14,2 millions d’habitants30 avec 50,5% des femmes. La densité de cette population est relativement faible31. La majorité de cette population vit au Sud qui couvre 8% du territoire national. C’est dans les régions de Ségou et Sikasso que la densité s’élève de 37 à 36 habitants au kilomètre carré tandis que dans la région de Mopti, la densité est de 26 et 24 habitants au Km². C’est dans l’agglomération de Bamako que la densité d’habitants s’élève à 6780 habitants au km². La croissance démographique est de 3,6% dont le taux de fécondité est de 6,6% enfants par femme. La population malienne est très jeune. Trois maliens sur cinq 3/5 ont moins de 25 ans.

30 Institut National de la Statistique du Mali. http://www.instat-mali.org/contenu/rgph/raurb09_rgph.pdf 31 Herstrich.V et Keita. S (2003) : Question de population au Mali, Figuier, Bamako, p.13.

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Le Mali demeure un pays fortement rural avec une espérance de vie de 45/48 ans. Cette population est composée de douze ethnies32. Au nord, nous avons essentiellement : les Arabes, les Maures, les Sonrhaï, les Peulhs, les Tamashek, les Touaregs. Au Sud, une bonne partie est composée des : Bambara, Bozos, Bwa, Dogons, Malinkés, Minianka, Soninkés, Sénoufo, Peulhs, Kassonkés. Les principaux groupes linguistiques sont le Bambara (40%), le Peulh (11%), le Malinké (10%), le Dogon (7%), le Soninké (6%), le Sonrhaï (6%). Devant ces groupes linguistiques, le Français constitue la langue officielle instaurée depuis la colonisation française tandis que le Bambara est utilisé par 80% de la population malienne. Cette population malienne est majoritairement islamique comme principale religion (90%), suivie de l’animisme (8%) et du christianisme (2%).

II - Quelques parcours sociohistoriques des anciens empires du Mali

En quoi reconnait-on quelques contextes socio-historiques du Mali ? Le Mali est un pays riche en patrimoine historique. Les premiers grands empires noirs d’Afrique furent passés dans ce vaste étendu territorial. Ce patrimoine historique est attesté par la tradition orale, les écrits arabes et les fouilles archéologiques. Trois grands empires furent connus au Mali : l’empire du Ghana ou Ouagadou (apogée au XIème siècle), l’empire du Manding (actuel Mali

apogée au XIVème siècle) et l’empire Songhoï (apogée au XVème siècle). Ces empires ont pu

développer l’islam comme principale religion depuis ce temps et s’est imposé grâce au développement du commerce entre le Sahara et les pays du Sud du Sahara. Quelques empereurs ou souverains furent influents dans le développement de l’islam au Mali (comme

Kankou Moussa en 1324, Askia Mohamed en 1496 ont réalisé des pèlerinages à la Macque)

et le commerce transsaharien entre les pays arabes et les pays du sud du Sahara. Tombouctou et Djenné furent des centres religieux et commerciaux avec des universités islamiques. L’animisme occupe une place importante dans l’histoire du Mali et fut développé avec certains empires. A côté de ces trois premiers grands empires (Ghana, Manding, Songhoï), d’autres empires menèrent le combat culturel pour développer l’animisme comme figure religieuse ancestrale en Afrique. Il s’agit des royaumes Massassi du Kaarta (XVIème siècle), le bamanan de Segou (XVIIème siècles) qui ont tous contribué à la vie historique de l’actuel Mali33. Cet animisme fut combattu par le royaume Peulh du Macina dirigé par Sekou Amadou

32Institut National de la Statistique Bureau Central du Recensement Bamako Mali. 33 Ibidem p.14

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(au début du XIXème siècle) et l’empire toucouleur dirigé par El Hadj Sekou Oumar Tall (1797-1864) qui ont tous inscrit l’islam au centre de leurs combats politiques et culturels.

III - Le Mali et sa situation politico institutionnelle instable

De la période coloniale à l’ère de la démocratie du multipartisme, le Mali a connu quelques situations sociopolitiques très influentes dans son histoire. D’abord, le Mali est une ancienne colonie française. Cette colonisation a commencé vers septembre 1855 et au fil du temps, s’imposa avec des nombreux mouvements de résistances organisés de 1891 à 1903 par les royaumes du Galam (Mahamadou Lamine Dramé), du Kénédougou (actuel Sikasso) de Babemba Traoré et son frère Tiéba Traoré. Dans ces mouvements de résistance, d’autres conquérants furent marqués. C’est les cas de Samory Touré du manding, Da Mozon Diarra du royaume bambara de Ségou et la résistance septentrionale dirigea par les Touaregs Fihroun en 1905.

Cette colonisation fut accompagnée par la réalisation des structures administratives et politiques et quelques infrastructures de grande envergure. Le projet colonial fut favorisé par la construction en 1904, le chemin de fer Dakar-Niger, la construction du barrage de Markala (1938-1947) et la réalisation de l’Hôpital Point G de Bamako en 1913. Le projet colonial finira à s’imposer et créer un Etat moderne (à la différence des anciens empires précoloniaux) dont le nom fut porté sur le « Soudan Français » anciennement appelé le « Haut-Sénégal Niger ». Ce jeune Etat moderne fut créé des mouvements d’unification avec le Sénégal en janvier 1958 pour créer le future Etat fédéral du Mali regroupant les deux pays. Avec des divergences politiques et nationalistes entre sénégalais et soudanais, le projet fédéral s’arrêta et l’Etat du Mali fut proclamé le 22 septembre 1960 comme date retenue pour son indépendance. Modibo Keita fut le premier Président de la jeune République du Mali puis, renversé par un Coup d’Etat militaire organisé par le lieutenant Moussa Traoré au 19 novembre 1968. Depuis cette date, le Mali était conduit par le régime militaire de Moussa Traoré (1968-1991) avec la gouvernance du système de parti unitaire sans opposition politique. Dictateur et élu deux fois sans opposition avec son seul parti unique « Union

Démocratique du Peuple Malien » (UDPM) fondé en 1979, le Président sera renversé par un

soulèvement populaire du 26 mars 1991 ouvrant la voie au multipartisme politique et la démocratie. Dès le lendemain de ce Coup d’Etat, une structure transitoire était mise en place. Il s’agit du « Comité de Transition pour le Salut du Peuple » (CTSP) dirigé par le Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Touré pendant quatorze (14) mois. Dans la marche pour la

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démocratie, la structure transitoire a organisé des élections libres et démocratiques après l’adoption d’une nouvelle constitution le 25 février 1992. Alpha Oumar Konaré était élu aux élections présidentielles grâce au soutien de son parti : l’ « Alliance pour la Démocratie au Mali » (ADEMA) et investi le 08 juin 1992. Le même Président en exercice était réélu en juin 1997 pour un deuxième mandat et quitte à ses fonctions présidentielles en 2002 conformément aux dispositions de la Constitution malienne limitant la fonction présidentielle à 10 ans. Amadou Toumani Touré qui avait conduit la transition, va se présenter aux élections présidentielles de 2002 et finira à être élu pour un premier mandat (2002-2007). Un deuxième mandat (2007-2012) finira à être inachevé et sanctionné par un Coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 dirigé par le Capitaine Amadou Aya Sanogo se réclamant du « Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat » (CNRDRE). Devant la pression de la communauté internationale et la crise multidimensionnelle inédite frappant le pays (terrorisme, trafics des drogues, crise libyenne…), le CNRDRE a restauré l’ordre constitutionnel et cédé le pouvoir au Président de l’Assemblée Nationale (Pr Dioncounda Traoré) conformément aux dispositions de la constitution malienne. Sous cette phase transitoire (avril 2012, septembre 2013), des élections présidentielles étaient organisées en juillet 2013 auxquelles Ibrahim Aboubacar Keita était élus pour 5 ans et est réélu en 2018 pour 5 ans.

IV - Le Mali et sa situation économique fragilisée

Qu’en est-il de la situation économique du Mali en matière de développement ? Le Mali est un pays pauvre. Il est placé dans les rangs des PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). Entre 1985 et 1993, le Mali avait une croissance annuelle de 1%. Sa dette extérieure est supérieure à son PIB ce qui le place parmi les pays les plus pauvres au monde. Cette situation économique était liée au PSA (Programme d’Ajustement Structurel) instauré dans les années 80-90 par les institutions de Breton Wood conditionnant la démocratie à l’accès aux crédits34. Les travaux de certains auteurs portant sur « Questions de population au Mali » montrent que l’économie malienne est historiquement caractérisée par une économie de type socialiste (1960-1968) à une économie de type indépendante planifiée (1978-1987) puis, vers une économie libérale35. Dans cette perspective, le Mali était engagé depuis 1982-1983 dans des programmes d’ajustements structurels renforcés (PASR) destiné à restaurer les bases d’une économie

34 « Afrique/Asie », n°175, Avril 2004, Article de Francis Laloupo Eclairage sur le Mali.

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durable. Toujours, Seydou Keita dans ses travaux sur « Question de populations au Mali » montrent qu’une nette progression de l’économie malienne est à constater depuis une dizaine d’année avec des progrès notables liée à la bonne gestion des dépenses publiques et la dévaluation du FCFA en 199436. Les analyses de l’auteur montrent que cette progression de l’économie malienne est due à la politique de développement économique et sociale relayée par la mise en œuvre d’un processus de décentralisation des programmes. Parmi ces programmes de développement économique et social, il y a entre autres : le programme de développement sanitaire et social (PRODESS, 1998-2002) ; dans le domaine de l’éducation, il y a le programme décennal de l’éducation (PRODEC 1998-2007) ; dans le domaine de développement rural, il y a le programme national d’infrastructure rural (PNIR) ; enfin, le programme d’appui aux services agricoles et aux organisations paysannes (PASAOP). Ces différents programmes fonctionnent à partir d’un cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) adopté en 2002. C’est ainsi qu’à la même année, ATT lance un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) à hauteur de 2,7 milliards de FCFA (soit 4 millions d’euros) pour moderniser l’administration et les services de l’Etat, améliorer l’accès aux services de base et développer les infrastructures. Le CSLP est repris entre 2007-2011 dans le cadre de son deuxième mandat et prévoit un plan stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) au Mali.

Si l’on se réfère aux données du PNUD, le PIB par habitant au Mali est de l’ordre de 810$ en 2001 qui est 2,3 fois plus faible que la moyenne mondiale. Les mêmes données du PNUD montrent que plus de trois quart (3/4) de la population malienne vivent avec un (1) dollar us par jour et près de deux tiers 2/3 se situent en deçà du seuil de la pauvreté37 . Une source de la DNSI montre que l’alimentation occupe 60% du budget des ménages. Inscrit dans le rang des Pays les moins avancés (PMA), avec un IDH de 0,34 en 2012 (Gonin 2013). Entre 2000 et 2009, l’indice des prix à la consommation, de la production agricole et de la production alimentaire sont passés de 105 à 130, de 87 à 159, et 94 à 18438. Quant à l’indice de la production industrielle, établi sur un indice 100 en 2005, il est passé de 106 en 2007 à 127 en 2009 (NUCEA, 2011). En 2010, les recettes de l’Etat au niveau des finances publiques

36 Op-cit., p.15.

37 PNUD 2003, Rapport mondial sur le développement, Economica, Paris, p.32.

38 Amazat. Boukari-Yabara, (2014) : Mali : histoire, société, politique, économie, religion et culture…L’ouvrage clé pour comprendre l’actualité du Mali, De Boeck, Louvain-la-Neuve, p.82

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représentaient 23% du PIB. Les dépenses représentaient 27% du PIB. Quant à la dette extérieure, elle représentait 132% du PIB en 2000.

Cette économie malienne est fortement dépendante de trois secteurs clés (agriculture,

l’élevage et la pêche). L’agriculture, l’élevage et la pêche représentent 36% du PIB. Ces trois

secteurs de production dépendent des conditions climatiques et occupent 70% de la population. Les cultures vivrières (mil, riz, sorgho, maïs…) sont dominées par les cultures de rentes comme le coton qui place le Mali au premier rang en Afrique-subsaharienne et au second rang en Afrique après l’Egypte. En 1998, le Mali devient le premier producteur de coton de l’Afrique subsaharienne avec une récolte record de 522 000 tonnes. La filière coton fait vivre un tiers de la population et représente 10% du PIB. Les potentialités agricoles restent importantes dans le delta central du Niger. L’Office du Niger dispose près d’un million d’hectares de terres agricoles aménageables dont 50 000 hectares sont mises en valeur. Les cultures de rentes (coton, gomme, arachide, canne à sucre, karité, fruits, légumes…) se développent dans le sud du pays. L’économie rurale est donc prometteuse mais demeure sous exploitée.

La filière élevage représente 10% du PIB. Le Mali exporte des bovins et d’ovins vers les pays côtiers d’Afrique. Elle constitue la deuxième richesse du pays après l’agriculture avec 8 millions de bovins, 13 millions de caprins, 8 millions d’ovins. Mais la politique agro-alimentaire du Mali a encore de la marge face l’autosuffisance agro-alimentaire. Quant à la pêche, elle est principalement pratiquée sur le fleuve Niger et le fleuve Sénégal. Elle est évaluée à 150 000 tonnes de poisson par an et principalement entre Tombouctou et Mopti avec des poissons frais et fumés (NUCEA, 2011-2013).

Le Mali dispose d’importantes richesses minières et énergétiques. Le pays est classé au troisième rang des producteurs d’or (plus de 21 tonnes d’or en 1998) d’Afrique après l’Afrique du Sud et le Ghana. Aujourd’hui, une soixantaine de tonnes est estimée par an et avec des réserves estimées à des centaines de tonnes. Les gisements aurifères sont principalement situées au Sud et à l’Ouest du pays (Morila, Sadiola, Syama, Tabakoto, Loulo, Yatéla et Kéniéba). La filière est dominée par les multinationales comme AgloGold et IAMGOLD qui ont mis en place un système fiscal opaque et un droit de travail minimal profitant aux sociétés en place. L’extraction entraîne un empoisonnement et l’appauvrissement des nappes phréatiques et un abandon du secteur agricole dans des nombreux villages. Quant à l’énergie, le Mali a effectué des grands travaux d’aménagement

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sur ses deux fleuves (Niger, Sénégal) pour ses besoins énergétiques. Le potentiel énergétique du Mali est principalement exploité par les aménagements des zones du Félou et Manantali (sur le fleuve Sénégal région de Kayes), de Markala (région de Ségou), de Sélingué (région de Sikasso) et de Sotuba (District de Bamako).

En ce qui concerne le secteur industriel au Mali, il est très peu développé et représente 5,3% du PIB en 201739. Tout le pays ne compte que 343 unités industrielles enregistrées et emploient 17 593 emplois en 200640. Ces industries fonctionnent essentiellement sur l’exploitation et la transformation des matières premières et fournissent le marché national et international en diverses denrées alimentaires.

Après une brève présentation de quelques données d’ordre général (les aspects essentiels sur

le Mali), nous présentons dans les paragraphes suivants la région de Kayes où nos recherches

sont essentiellement menées.

39 BAD (2017) : Banque Africaine de Développement : Rapport 2017

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Section 2

Processus de développement territorial de la région de Kayes

Il est nécessaire de présenter la région de Kayes où cette recherche était essentiellement menée. Les processus de développement territorial présentent les aspects historiques, géographiques et politico-institutionnels marquant quelques traits généraux sur la région. Pour étudier les dispositifs institutionnels (décentralisation, programmes de coopération…) et l’ensemble des acteurs intervenant sur la problématique de développement territorial, il est nécessaire de comprendre certains aspects sociohistoriques, géographiques et institutionnels qui ont marqué la vie de cette région dans le temps et dans l’espace.

I - Vue cartographique et présentation des contextes sociohistoriques de la région de Kayes.

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Quels sont les aspects sociohistoriques dans le processus de développement territorial de Kayes ? En dehors des archives nationales traitant des sujets généraux sur la région, l’histoire de cette région y est peu évoquée. On la voie traitée dans les dépêches, dans les rapports et dans certains travaux menés par des chercheurs travaillant sur la région. Ces derniers permettent, pour ceux intéressés de la région de se faire une idée sur les aspects historiques.