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Les relations spatiales combinées de Localisation et de Mouvement

Chapitre 4 : L’analyse syntaxique en structures prédicatives

4.5. Les relations spatiales combinées de Localisation et de Mouvement

Ces relations spatiales combinées sont attestées chez 9 idiolectes (soit 37,5 %). Les jeunes informateurs sont plus représentés dans ce type de relation spatiale parce que nous n’identifions que deux informateurs parmi les plus âgés. Ces relations spatiales combinées sont portées par 23 phrases sur 400 (soit 5,75 %).

4.5.1. Informatrice 2 : f, 1939, P.B, Saint-Denis

Dans la phrase n° 19, nous identifions deux types de prédicat : adjectival et verbal. Dans le prédicat 1 « le brinzèl, le pié lé ba », nous notons que la copule « lé » et l’adjectif « ba » sont liés au syntagme nominal « le pié ». Cette valence adjectivale exprime la hauteur de l’entité

« le pié : l’arbuste ». Le prédicat 2 est introduit par le coordonnant « é ». Le syntagme verbal monovalent « i désann », constitué du marqueur préverbal non accompli « i » au temps Ø et du noyau verbal « désann », régit l’actant sujet « le brinzèl » (déterminant défini singulier + nom). Ce syntagme verbal indique le mouvement vertical de l’actant sujet. Cette phrase explique une devinette créole posée par la locutrice (cf. 7.3., p. 278-280).

Ex. (19) : Le brinzèl, le pié lé ba // é le brinzèl i désann. ↓

Dét.déf N Dét. déf N Cop. Adj. Coord. Dét. déf N MP V

Actant : Sujet + Complément de nom Préd. 1 Actant : Sujet Préd. 2

Trad. Litt. : « L’aubergine, le pied est bas et l’aubergine MP descend. » Trad. : « L’aubergine, son arbuste est bas et les aubergines pendent. »

4.5.2. Informateur 4 : h, 1953, M.R, Saint-Denis

Dans la phrase n° 116, nous identifions un verbe bivalent fonctionnant avec un circonstant locatif. Le syntagme verbal « la fine vi » comprend le marqueur préverbal accompli et terminatif au temps Ø « la fine » et le noyau verbal « vi » qui est une variante régionale. Il régit l’actant sujet « ou » (pronom personnel de la deuxième personne du singulier) et l’actant objet « la boutik Oké » (déterminant défini singulier + syntagme nominal). Ce syntagme

173 verbal exprime un mouvement de la tête et des yeux pour visualiser dans l’espace l’actant objet. Le circonstant locatif « akoté légliz Sint-Sizane » (préposition + nom + toponyme) apporte des précisions concernant la localisation de l’actant objet.

Ex. (116) : Ou la fine vi la boutik Oké akoté légliz Ø Sint-Sizane ! ↑

2e Pers. Sg MP MP V Dét. déf N N Prép.L N à Prép. Ø N à Prép.Ø

Actant : Sujet Préd. Actant : Objet Circ. de Lieu

Trad. Litt. : « Tu MP as fini vu la boutique Oké Ø côté Ø l’église Ø Sainte-Suzanne ! » Trad. : « Tu as déjà vu l’épicerie O.K près de l’église de Sainte-Suzanne ! »

4.5.3. Informatrice 5: f, 1974, S.F, Saint-Denis

Dans cette phrase n° 169 figurent deux types de prédicat dont un verbe monovalent et une valence prépositionnelle. Le prédicat 1 « li gingn pu sorti » présente un verbe monovalent. La structure prédicative verbale « gingn pu sorti » est composée du marqueur para-aspectuel

« gingn », du marqueur de négation « pu » et du noyau verbal à forme longue « sorti ». Il régit l’actant sujet « li » (pronom personnel à la troisième personne du singulier) et il exprime un mouvement de cet actant dans le but de s’extraire d’un lieu non-cité qui est l’étang. Le prédicat 2 correspond à une valence prépositionnelle « le shien lé su son tèt ». Nous identifions l’actant sujet « le shien » (déterminant défini singulier + nom), la copule « lé », la préposition « su » et le syntagme nominal « son tèt ». Cette valence prépositionnelle permet l’expression de la localisation de l’actant sujet « le shien » en fonction du point de repère

« son tèt » (la tête du petit garçon). Ce prédicat 2 dépend du prédicat 1 pour la compréhension de la phrase même s’ils peuvent fonctionner de manière autonome.

174 Ex. (169) : Li gingn pu sorti, // le shien lé su son tèt. ↓

3e Pers. Sg MPa Nég. V Dét. déf N Cop. Prép.L Dét. Poss. N

Actant : Sujet Préd. 1 Actant : Sujet Préd. 2

Trad. Litt. : « Il gagne plus sorti, le chien est sur son tête. » Trad. : « Il n’arrive plus à sortir, le chien est sur sa tête. »

4.5.4. Informateur 8 : h, 1991, F.B, Saint-Pierre

Nous relevons deux prédicats, dans la phrase n° 218, subordonnés par « si ». Il s’agit d’un verbe bivalent constitué d’un prédicat prépositionnel. Le prédicat 1 est « li regard », dans lequel le verbe « regard » régit l’actant sujet « li » (pronom personnel à la troisième personne du singulier) et l’actant objet représenté par le prédicat 2 « si le krapo lé pa dérièr in rosh ».

Ce verbe indique un mouvement de la tête et des yeux à la recherche de quelque chose. Dans le prédicat 2 « si le krapo lé pa dérièr in rosh » qui correspond à l’actant objet, le prédicat prépositionnel est véhiculée par la copule « lé » suivi du marqueur de négation « pa » et de la préposition « dérièr ». Elle permet de localiser l’entité « le krapo » (déterminant défini singulier + nom) par rapport au point de repère « in rosh » (déterminant indéfini singulier + nom).

Ex. (218) : Li regard si le krapo lé pa dérièr in rosh ! ↑

3e Pers. Sg V Sub. Dét. déf N Cop. Nég. Adv.L Dét. ind N

Actant : Sujet Préd. 1 Préd. 2 : Actant objet

Trad. Litt. : « Il regarde si le crapaud est pas derrière un roche ! » Trad. : « Il regarde si le crapaud n’est pas derrière un rocher ! »

4.5.5. Informateur 9 : h, 1992, M.M, Saint-Leu

L’exemple n° 223 illustre trois prédicats verbaux dont les deux derniers nous intéressent particulièrement. Il s’agit de deux verbes bivalents qui fonctionnent avec un circonstant temporel et un circonstant locatif. Le prédicat 2 est « zordi maa trouv in grenouy ». Le

175 syntagme verbal « la trouv », composé du marqueur préverbal accompli « la » au temps Ø et du noyau verbal « trouv », régit l’actant sujet « moin » (pronom personnel à la première personne du singulier). Il régit également l’actant objet « in grenouy » (déterminant indéfini singulier + nom). Ce syntagme verbal exprime un mouvement de recherche dans un espace non-précisé. Nous identifions le circonstant temporel « zordi » qui correspond à un adverbe.

Dans le prédicat 3 « maa mèt ali dan in bokal lakaz, zhus koté mon li », nous notons que le syntagme verbal « la mèt » est constitué du marqueur préverbal accompli « la » au temps Ø et du noyau verbal « mèt ». Il régit l’actant sujet « moin » (pronom personnel à la première personne du singulier) ainsi que l’actant objet « ali » (pronom personnel à la troisième personne du singulier). Ce syntagme verbal fonctionne obligatoirement avec le circonstant locatif « dan in bokal lakaz » (préposition + déterminant indéfini singulier + nom + adverbe).

Le syntagme verbal en lien avec ce circonstant indique un mouvement d’intériorité exercé par l’actant sujet sur l’actant objet dans le point de repère « in bokal ». Nous identifions également le circonstant locatif « zhus koté mon li » qui précise la localisation de l’actant objet.

Ex. (223) : Mi apèl Rémi, // zordi maa trouv in grenouy, //

1e Pers. Sg V N Adv.T 1e Pers. Sg + MP V Dét. ind N

Préd 1 Circ. de Temps Actant : Sujet Préd 2 Actant : Objet

maa mèt ali dan in bokal lakaz, // zhus koté Ø mon li ! ↑

1e Pers. Sg + MP V 3e Pers. Sg Prép.L Dét. ind N Adv.L Prép.L Dét. Poss. N

Actant : Sujet Préd 3 Actant : Objet Circ. de Lieu 1 Circ. de Lieu 2

Trad. Litt. : « Je appelle Rémi, aujourd’hui j’ai trouvé un grenouille, j’ai mettre à lui dans un bocal la maison, juste Ø côté mon lit ! »

Trad. : « Je m’appelle Rémi, aujourd’hui j’ai trouvé une grenouille, je l’ai mise dans un bocal chez moi, tout près de mon lit ! »

176 4.5.6. Informateur 10 : h, 1993, G.M, Saint-Rose

L’exemple n° 260 montre deux prédicats soit un verbe bivalent et une valence adverbiale.

Le prédicat 2 est « le marmay èk son shien i regard le krapo ». Le syntagme verbal « i regard », composé du marqueur préverbal non accompli « i » au temps Ø et du noyau verbal

« regard », régit l’actant sujet « le marmay èk son shien » (déterminant défini singulier + nom + coordonnant + déterminant possessif + nom) ainsi que l’actant objet « le krapo » (déterminant défini singulier + nom). Ce syntagme verbal indique un mouvement de la tête et des yeux de l’actant sujet pour visualiser l’actant objet. Le prédicat 1 « lé pu là » exprime l’absence de localisation de l’actant objet « le krapo » par la copule « lé », le marqueur de négation « pu » et l’adverbe « là » à valeur locative. L’actant objet étant localisé en un lieu précis ne l’est plus dans le contexte de cette phrase.

Ex. (260) : Le marmay èk son shien i regard le krapo, // Ø lé pu là ! ↑

Dét. déf N Coord. Dét. Poss. N MP V Dét. déf N Cop. Nég. Adv.L

Actant : Sujet Préd. 2 Actant : Objet Préd. 1

Trad. Litt. : « Le marmaille avec son chien MP regarde le crapaud, Ø est plus là ! » Trad. : « Le garçon et son chien regardent le crapaud, tiens, ce dernier n’est plus là ! »

4.5.7. Informateur 11 : h, 1994, M.G, Saint-Leu

Dans la phrase n° 297, nous identifions trois prédicats, mais seuls les deux derniers nous intéressent. Il s’agit d’un verbe bivalent et d’un verbe bivalent fonctionnant avec un circonstant locatif. Pour le prédicat 2 « li arpran son ti krapo », le verbe « arpran » régit l’actant sujet « li » (pronom personnel à la troisième personne du singulier) et l’actant objet

« son ti krapo » (déterminant possessif singulier + adjectif + nom). Ce verbe est composé du verbe « pran » et du marqueur « ar » à valeur répétitive. Il marque un mouvement des bras et des mains de l’actant sujet dans le but de saisir l’actant objet. Pour le prédicat 3 « li la lès le ti fami su koté », le syntagme verbal « la lès » est constitué du marqueur préverbal accompli

« la » au temps Ø et du noyau verbal « lès ». Il régit l’actant sujet « li » (pronom personnel à la troisième personne du singulier) et l’actant objet « le ti fami » (déterminant défini singulier

177 + adjectif + nom). Le circonstant locatif « su koté » (syntagme adverbial) est obligatoire pour la saturation de la valence. Il permet de préciser la localisation de l’actant objet.

Ex. (297) : Li lé kontan, // li arpran son ti krapo, //

3e Pers. Sg Cop. Adj. 3e Pers. Sg V Dét. Poss. Adj. N

Préd 1 Actant : Sujet Préd 2 Actant : Objet

li la lès le ti fami su Ø koté ! ↑

3e Pers. Sg MP V Dét. déf Adj. N Prép.L N

Actant : Sujet Préd 3 Actant : Objet Circ. de Lieu

Trad. Litt. : « Il est content, il reprend son petit crapaud, il MP a laisse le petit famille sur Ø côté ! »

Trad. : « Il est content, il reprend son petit crapaud, il a laissé de côté la petite famille ! »

4.5.8. Informatrice 14 : f, 1999, R.F, Saint-Denis

Nous identifions trois types de prédicats dans l’exemple n° 349 dont un verbe monovalent en lien avec un circonstant locatif et une valence adverbiale liée à un syntagme nominal. Le prédicat 2 est « zot i regard dann bokal ». Le syntagme verbal « i regard » se compose du marqueur préverbal non accompli « i » au temps Ø et du noyau verbal « regard ». Il régit l’actant sujet « zot » (pronom personnel de la troisième personne du pluriel). Il indique un mouvement de la tête et des yeux de l’actant sujet. Le circonstant locatif obligatoire « dann bokal » marque la localisation de la direction du mouvement. Le prédicat 3 « la pu grenouy dedan » exprime le vide du bocal. Il est porté par « la » qui correspond à une variante du présentatif na : il y a, le marqueur de négation « pu », le nom « grenouy » et l’adverbe à valeur locative « dedan ».

178 Ex. (349) : Granmatin kan banna i lèv, // zot i regard dann Ø bokal, //

Adv.T Sub. 3e Pers. Pl MP V 3e Pers. Pl MP V Prép.L N

Préd 1 Actant : Sujet Préd 2 Circ. de Lieu

Ø la pu Ø grenouy dedan ! ↑

Prés. Nég. N Adv.L

Préd. 3

Trad. Litt. : « Grand matin quand ils MP lèvent, ils MP regardent dans Ø bocal, Ø a plus Ø grenouille dedans ! »

Trad. : « De bon matin quand ils se réveillent, ils regardent le bocal, la grenouille n’y est plus ! »

4.5.9. Informatrice 15: f, 2005, G.B, Saint-Denis

L’exemple n° 372 montre deux types de prédicat. Le premier est adverbial « le linzh le peti garson lé partèr ». La copule « lé » ainsi que l’adverbe « partèr » permet la localisation de l’entité « le linzh ». L’usage de l’adverbe « partèr » est un calque du français parce que la forme créole plus communément attestée est atèr. Le deuxième prédicat, en lien avec le premier, est uniquement véhiculé par l’adjectif « ranvérsé » qui marque un mouvement exercé par l’entité « le peti garson ». Cet adjectif est aussi un calque du français. Il est plus courant d’employer les unités créoles shaviré, kapoté.

Ex. (372) : Le linzh le peti garson lé partèr, ranvérsé ! Dét. déf N Dét. déf Adj. N Cop. Adv.L Adj.

Trad. Litt. : « Le linge Ø le petit garçon est par terre, renversé ! » Trad. : « Les vêtements du petit garçon sont par terre, renversés ! »

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