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Chapitre 5 : Les adpositions spatiales

5.1. Les prépositions

Le rôle des prépositions est important dans l’expression linguistique des relations spatiales, qu’elles déterminent des verbes, qu’elles introduisent un circonstant locatif ou qu’elles déterminent la relation spatiale entre deux noms. Dans nos corpus, 24 prépositions simples et complexes sont identifiées.

5.1.1. Tableau n° 4 : La classe des prépositions

Prépositions simples Prépositions complexes séparée en quatre lignes. Celles-ci présentent la composition syntaxique et sémantique illustrant cette complexité. La première ligne inventorie 5 combinaisons de deux prépositions (Prép + Prép). Dans la seconde ligne, nous identifions 4 combinaisons d’une préposition et d’un nom (Prép + Nom). La troisième ligne montre une combinaison d’un adverbe et d’une préposition (Adv + Prép). La dernière ligne présente un exemple de nom à formant de mot

« la ».

194 Ces prépositions sont identifiées dans les quatre relations spatiales. Pour la relation spatiale de mouvement, nous inventorions dans nos corpus 60 syntagmes prédicatifs comprenant des prépositions. Un seul syntagme prédicatif fournit un exemple de structure adjectivale comprenant la préposition dann « dans ». Les autres correspondent à des structures verbales.

Ces dernières sont donc au nombre de 59 et intègrent les 9 prépositions suivantes : dann / dan, si / su, dérièr, koté, par, desu, zhus koté, sou, dosou. Pour la relation spatiale de déplacement, les prépositions sont identifiées dans 55 syntagmes prédicatifs. Il s’agit de structures verbales comprenant 12 prépositions : dann / dan, si / su, koté, an, par, dovan, zhiska koté, shé, dosou, lakaz, ziska an, dérièr. Pour la relation spatiale de localisation, nous relevons 33 syntagmes prédicatifs intégrant des prépositions. Neuf structures verbales fonctionnent avec une préposition. Il s’agit des sept prépositions simples et complexes suivantes : si / su, dann / dan, ba d’, pré d’, anparmi, èk, an. Pour les 24 structures syntaxiques non-verbales, ce sont les 10 prépositions suivantes qui portent la relation spatiale de localisation : dan / dann, si / su, koté / akoté, dévan / devan, dann milié, otour, dannfon, dérièr, anlèr, an-o. Pour les relations spatiales combinées de déplacement et de mouvement, nous identifions 33 syntagmes prédicatifs comprenant une préposition. Ces 33 structures verbales intègrent les prépositions suivantes : su / si, dérièr, anlèr, desu, dan.

L’identification des prépositions dans nos corpus montre que certaines unités telles que dann / dan, si / su sont attestées dans les quatre relations spatiales. La majorité des prépositions véhicule une valeur locative. Seules zhiska koté, ziska an relevées dans la relation spatiale de déplacement expriment à la fois une distance à parcourir et une localisation.

Les deux prépositions les plus fréquentes dans les corpus (dann, su) sont présentées ci-dessous appuyées par des exemples. Il s’agit de prédicats prépositionnels et de valences verbales fonctionnant avec un circonstant locatif. L’exemple n° 153 (f, 1974, S.F, Saint-Denis) est composé de l’actant sujet le ti krapo « le petit crapaud » (déterminant défini singulier + adjectif + nom). L’actant sujet est en lien avec le prédicat prépositionnel qui est représenté par la copule té « était » au passé qui introduit la préposition locative dann « dans » suivie du nom trou « trou ». Ce dernier correspondant à un point de repère. Ce prédicat prépositionnel en lien avec l’actant sujet « le ti krapo » et le point de repère « trou » porte la relation spatiale de localisation.

195 Ex. (153) : Le ti krapo té dann Ø trou. ↓

Dét. déf Adj. N Cop. Prép.L N à dét. Ø

Trad. Litt. : « Le petit crapaud était dans Ø trou. » Trad. : « Le petit crapaud était dans le trou. »

La préposition su « sur » est illustrée dans l’exemple n° 320 (f, 1994, A.R, Saint-Louis). Le circonstant locatif su le rosh « sur le rocher », introduit par la préposition su « sur », est mis en valeur en première place. C’est un exemple de verbe bivalent qui fonctionne avec un circonstant locatif. Le verbe trouv « trouver » régit l’actant sujet li « il » (pronom personnel à la troisième personne du singulier) et l’actant objet in nélan « un élan » (déterminant indéfini singulier + nom). Le circonstant locatif précise la localisation de l’actant objet.

Ex. : (320) : Su le rosh li trouv in nélan ! ↑

Prép.L Dét. déf N 3e Pers. Sg V Déf. ind N

Circ. de Lieu Actant : sujet Préd. Actant : objet

Trad. Litt. : « Sur le roche il trouve un élan ! » Trad. : « Sur le rocher il trouve un élan ! »

Dans notre étude cinq prépositions sont polysémiques. Trois d’entres elles prennent une valeur de provenance et sont traduites par « de » en français. Il s’agit de dan / dann (Ex. n°

300), si et par (Ex. n° 230). La préposition complexe dann milié prend le sens de « en plein, sous » plutôt que celui de « au milieu de ». La préposition èk en lien avec le syntagme verbal té rés « habiter » signifie « chez » dans l’idiolecte qui l’atteste (cf. Ex. n° 26). L’unité grammaticale pluricatégorielle èk peut aussi s’employer comme un coordonnant et véhiculer une valeur d’accompagnement ou de manière.

196 Ex. (300) : Le grénoui la sort dan son bokal, la parti !

Trad. Litt. : « Le grenouille MP a sort dans son bocal, Ø MP a parti ! » Trad. : « La grenouille est sorti de son bocal, partie ! »

Ex. (230) : Mi gard par la fenèt, mi ouv !

Trad. Litt. : « Je regarde par la fenêtre, je ouvre ! » Trad. : « Je regarde par la fenêtre, j’ouvre ! »

Ex. (26) : Moin té rés èk mon marène an vil, Sin-Dni, Lantanié.

Trad. Litt. : « Je MP reste avec mon marraine en ville, Ø Saint-Denis, Ø Lataniers. » Trad. : « J’habitais chez ma marraine en ville, à Saint-Denis, aux Lataniers. »