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Relations commerciales entre l’Afrique et les pays arabes

Les 10 premiers importateurs africains dans le commerce intra-africain, 2007-2016

2.5 Relations commerciales entre l’Afrique et les pays arabes

Dans les régions arabe et africaine, la part du commerce intrarégional est relative me nt faible. Plus précisément, la part moyenne du commerce intra-africain de 2012 à 2016 représente 15,7 %, tandis que celle de la Ligue des États arabes était inférieure à 13 %3. En outre, les parts moyennes du commerce interrégional au cours de la même période sont beaucoup plus faibles, les exportations de l’Afrique vers la LEA représentant 6,5 % des exportations totales de l’Afrique et les exportations de la LEA vers l’Afrique étant de 5,3 % seulement des exportations totales de la LEA. Si l’on examine la composition des échanges de biens, les échanges intrarégionaux et interrégionaux de l’Afrique et de la LEA, quoiqu’encore limités, tendent à être plus diversifiés et à avoir un contenu industriel plus élevé que les biens que ces deux régions exportent vers le reste du monde4. L’Afrique et la LEA exportent principalement une poignée de produits de base vers le reste du monde, à savoir les combustibles et autres matières premières.

3 Selon la base de données de la CNUCED, consultée à l’adresse http://unctadstat.unctad.org/wds/ Report Folders/reportFolders.aspx ; consulté le 15 août 2017, donné pour une moyenne de cinq ans (c’est-à-dire 2012-2016 ).

4 Par exemple, pour la période 2012-2016, en moyenne, les exportations de l’Afrique et de la LEA vers le monde sont fortement concentrées dans les combustibles avec des parts respectives de 53,1 % et 68,7 % des exportations totales, alors que le commerce intra-africain et le commerce intra-LEA sont principalement des biens manufacturés avec des parts de 43.4 % et 54,3 %, respectivement ; les exportations de l’Afrique vers la LEA sont dominées par les biens manufacturés (27,4 %) suivis par les produits alimentaires (22,9 %), tandis que les exportations de la LEA vers l’Afrique sont réparties presque également entre biens manufacturés (41 %) et combustibles (45 %) (source : calcul de la base de données de la CNUCED).

23 Néanmoins, il convient de noter que le commerce bilatéral entre l’Afrique et la LEA, bien qu’encore limité, a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, les exportations de l’Afrique en termes absolus vers la LEA ayant triplé entre 2006 et 2016, passant de 11,7 milliards à 31,3 milliards de dollars, et les exportations de la LEA vers Afrique doublant sur la même période, de 28,7 milliards à 57,1 milliards.

Figure 2.11

Exportations de la LEA vers l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) (en milliers de dollars), 1995-2017

République arabe syrienne

Source : Tableau A,2,9 de l’annexe 2. Base de données de la CNUCED, 2018a.

Les produits de base occupent la première place sur la liste des exportations africaines de marchandises vers la LEA, avec une part de 33,9 % en 2007, en légère baisse à 31,0 % en 2017 (tableau 2,6). Néanmoins, les produits de base (qui comprennent les minéraux, les combustibles, les lubrifiants et les matériaux connexes) continuent de représenter une part considérable des exportations africaines. La part des produits manufacturés était de 38,64 % en 2007, diminuant à 24,4 % en 2017, tandis que la part des combustibles était de 20,8 % en 2007, et en 2017 elle était de 13,7 %. Néanmoins, la part des perles, des pierres précieuses et de l’or non monétaire dans les produits exportés d’Afrique vers la LEA a considérablement augmenté au cours de cette décennie, passant de 6,4 % en 2007 à 30,8 % en 2017. Les produits d’exportation de technologie de pointe sont présents dans les exportations de l’Afrique ; leur part n’était que de 0,78 % en 2007 et a atteint 8,85 % en 2017. Les exportations de l’Afriq ue sont insuffisamment diversifiées et le continent continue à jouer son rôle de réservoir de matières premières et de produits intermédiaires pour les autres régions du monde.

- 50 000 000 100 000 000

Algérie Bahreïn Comores Djibouti Égypte Irak Jordanie Koweït Liban Libye Mauritanie Maroc Oman Qatar Arabie saoudite Somalie Soudan République…

Tunisie Émirats arabes…

Yémen

1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017

24 Tableau 2.6

Composition des exportations de marchandises de l’Afrique vers la LEA par groupe de produits (en milliers de dollars), 20072017

2007 2010 2013 2016 2017 Combustibles minéraux, lubrifiants et produits

connexes 2 886 212 concentrés principalement sur l’intégration avec le marché européen. Cette focalisation quasi exclusive sur l’Europe a été entraînée par une croissance soutenue dans les pays européens, dans un contexte économique africain (hors pays de la Ligue arabe) qui n’a pas été perçu

25 comme particulièrement prometteur. Toutefois, l’évolution des impératifs économiques et sécuritaires encourage les pays africains de la Ligue arabe à rechercher une plus grande intégration avec le reste de l’Afrique.

Depuis le milieu des années 90, les pays africains membres de la Ligue arabe, ainsi que le reste de l’Afrique, ont lancé diverses initiatives d’intégration économique. De nombreux accords et initiatives intrarégionaux ne sont pas encore pleinement opérationnels ou n’ont pas atteint leurs objectifs déclarés. La Zone de libre-échange tripartite (ZLET) qui relie trois communautés économiques régionales en Afrique implique également trois pays de la Ligue arabe en Afrique : Égypte, Libye et Soudan. Cependant, le fait d’être à la fois dans la ZLET et dans l’Union douanière africaine prévue pourrait signifier des chevauchements, ce qui pourrait empêcher l’adoption d’une politique commerciale commune. La Tunisie a récemment adhéré au Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA) et la Mauritanie et le Maroc travaillent sur la possibilité d’adhérer à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

De 2008 à 2016, les échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) ont progressé à un rythme annuel moyen de 9,1 %, générant un excédent commercial de 11,9 milliards de dirhams (Office des changes du Maroc, 2017). Selon la même source, la répartition géographique des échanges commerciaux du Maroc avec l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) fait de l’Afrique de l’Ouest le principal partenaire commercial du Maroc dans la région, avec une part de 58,2 % en 2016, suivi par l’Afrique de l’Est, l’Afriq ue centrale et l’Afrique australe.

Tableau 2.7

Commerce bilatéral entre certains pays de la Ligue arabe en Afrique, la CEDEAO et le COMESA (en milliers de dollars), 2016

Pays Importation de

la CEDEAO

Exportation vers la CEDEAO

Importations en provenance du COMESA

Exportation vers le COMESA

Maroc 107 248 908 171 481 918 601 439

Tunisie 60 964 170 416 230 752 585 912

Algérie 143 635 35 390 516 423 335 302

Source : Trade Map (2016) et calcul de la CEA.

Néanmoins, l’intégration commerciale entre les pays de la Ligue arabe en Afrique et les pays africains (hors pays de la Ligue arabe) reste faible, les exportations étant concentrées dans quelques produits de base. À l’heure actuelle, par exemple, moins de 3 % du volume total des échanges commerciaux de l’Égypte ont lieu avec l’Afrique, et aucun pays africain (hors pays de la Ligue arabe) ne figure parmi ses principales destinations des exportations. Il existe toutefois de grandes variations d’un pays à l’autre, le Maroc et la Tunisie affichant un volume d’échanges commerciaux plus élevé et une plus grande diversification des exportations.

26 Figure 2.12

Exportations des pays africains de la Ligue arabe vers le reste de l’Afrique* (en milliers de dollars), 1995-2017

*Afrique hors pays de la Ligue arabe.

Source : Tableau A,2,10 de l’annexe 2. Base de données de la CNUCED, 2018 et calcul de la CEA.

De même, certaines études empiriques récentes montrent que les pays de la Ligue arabe en Afrique ont moins tendance à commercer avec l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) que l’Union européenne (UE). Par exemple, le commerce entre le Maroc et l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) est en hausse depuis 2009, avec une croissance annuelle de 12,8 % entre 2000 et 2015. Cependant, la part de l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) dans le commerce extérieur du Maroc reste faible par rapport à ses autres partenaires, tels que l’UE ou, dans une moindre mesure, la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Les échanges avec ces derniers ont représenté 56,7 % et 15,3 %, respectivement, du commerce total du Maroc en 2015, contre seulement 3,4 % avec l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe).

Avec peu de biens complémentaires à échanger entre eux, ces pays ne peuvent pas tirer parti d’un avantage comparatif. À l’exception du Maroc, de l’Égypte et de la Tunisie, les indices de diversification et de complexité du commerce des pays africains membres de la Ligue arabe ont eu une faible tendance à la hausse, reflétant une faible recherche de complexité de leurs produits exportés. Cela donne à penser qu’il est peu probable que le commerce intrarégional augmente de manière considérable sans modifications majeures de la compositio n des exportations et des importations de ces produits. Les importations les plus importantes sont les produits de consommation et les biens intermédiaires. Les exportations les plus importantes sont les produits pétroliers et miniers vers l’Afrique (hors pays de la Ligue arabe) et vers le reste du monde. Pour tirer durablement profit du commerce, les pays des deux sous-régions doivent accroître et diversifier leurs importations et leurs exportations.

0 500000 1000000 1500000 2000000 2500000

1995 2000 2005 2010 2016 2017

Algérie Égypte Libye Mauritanie Maroc Soudan Tunisie

27 Figure 2.13

Importations des pays de la Ligue arabe en provenance du reste de l’Afrique* (en milliers de dollars), 1995-2017

*Afrique, hors pays de la Ligue arabe.

Source : Tableau A.2.11 de l’annexe 2. Base donnée de la CNUCED, 2018 et calcul de la CEA,

Néanmoins, la LEA et les économies africaines peuvent améliorer leur capacité de récolter les avantages du commerce et de réaliser l’intégration régionale souhaitable. Les mesures de développement du commerce et la coopération peuvent contribuer à développer le commerce entre les deux régions. Si l’intégration régionale et le commerce ne permettent pas à eux seuls de résoudre les problèmes économiques actuels, ils offrent sans aucun doute des moyens et des possibilités de réaliser des progrès et une meilleure intégration dans les marchés régionaux et internationaux. Libérer le potentiel des pays africains et arabes, diversifier les économies et offrir aux femmes et aux hommes des possibilités économiques décentes permettra d’améliorer les conditions de vie et de rendre les économies et les sociétés plus inclusives et plus résilientes.

Plus récemment, les marchés africains, en particulier ceux de l’Afrique de l’Est, de l’Ouest et de l’Afrique australe ont fait l’objet d’une attention croissante de la part de la LEA, en particulier des pays du CCG5, à mesure que les flux commerciaux entre les deux régions continuent à augmenter. Le tableau 2,8 et la figure 2,14 présentent les exportations de marchandises du monde arabe vers l’Afrique selon les pays et les groupes de ces pays. Au total, les exportations de la LEA vers l’Afrique de 2007 à 2017 représentent 9,45 % des exportations mondiales moyennes vers le continent. Les exportations de marchandises du groupe des pays de la LEA au Moyen-Orient représentent 7,56 %, tandis que les exportations du groupe des pays du CCG représentent 6,89 % des exportations mondiales de marchandises vers le continent pendant cette période. En effet, les pays du CCG dominent les exportations arabes vers l’Afrique, car si l’on exclut ces pays, les autres pays arabes non africains non membres du CCG ne contribuent que pour 0,67 % aux exportations mondiales de marchandises vers l’Afrique. Parmi les pays du CCG, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis étaient les premiers exportateurs arabes vers l’Afrique.

5 Les pays du CCG sont Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000

1995 2000 2005 2010 2015 2016

Algérie Égypte Libye Mauritanie Maroc Soudan Tunisie

28 Tableau 2.8

Exportations de marchandises vers l’Afrique par les pays de la Ligue arabe au Moyen- Orient, 2007-2016

Économie

Valeur (en millions

de dollars)

Part de la moyenne mondiale

(%)

Émirats arabes unis 15,05 2,85

Arabie saoudite 13,78 2,61

Koweït 3,57 0,68

Bahreïn 2,03 0,38

Iraq 1,12 0,21

Oman 1,08 0,20

Liban 0,96 0,18

Qatar 0,87 0,17

Syrie 0,56 0,11

Jordanie 0,53 0,10

Yémen 0,36 0,07

Palestine 0,01 0,00

Pays du CCG 36,40 6,89

Pays de la Ligue arabe au

Moyen-Orient 39,90 7,56

Pays de la Ligue arabe 49,90 9,45

Monde 528,00 100,00

Source : Base de données de la CNUCED, consultée à l’adresse unctad.org.

La figure 2,14 illustre l’évolution des exportations de marchandises vers l’Afrique par les pays arabes de 1995 à 2017. Il suggère que les tendances des exportations du CCG et de la LEA vers l’Afrique sont presque identiques, les deux étant influencées par la crise financ ière mondiale de 2007-2008. En effet, notant que certains membres de la LEA sont aussi des pays africains dont la contribution aux exportations mondiales vers l’Afrique est limitée, on peut conclure que les exportations vers l’Afrique des pays du CCG dominent les exportations arabes vers le continent et déterminent leur tendance.

Figure 2.14

Évolution des exportations de marchandises du monde arabe vers l’Afrique (en millions de dollars), 1995-2017

Source : Tableau A,2,12 de l’annexe 2, Base de données de la CNUCED, consultée à l’adresse unctad.org.

0,0 50,0 100,0 150,0

CCG LSA

29 Le tableau 2.9 montre les importations de marchandises en provenance d’Afrique par des pays arabes selon les groupes de ces pays. Entre 2007 et 2017, les importations de la LEA de l’Afrique ont représenté 5,13 % des importations mondiales moyennes en provenance du continent, contre 9,45 % des exportations de la Ligue vers ce continent. Les importations de marchandises par les pays de la Ligue arabe au Moyen-Orient représentaient 3,39 %, tandis que les importations par le groupe des pays du CCG représentaient 2,71 % des importat io ns mondiales de marchandises en provenance du continent. Les pays du CCG ont donc dominé les importations arabes en provenance d’Afrique, car si l’on exclut ces pays, cela signifie que les autres pays arabes non africains non membres du CCG n’ont assuré que 0,68 % des importations mondiales de marchandises en provenance d’Afrique. Parmi les pays du CCG, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite étaient les premiers importateurs arabes d’Afrique.

Tableau 2.9

Importations de marchandises arabes en provenance d’Afrique (en millions de dollars), 20072017

Économie

Valeur (en millions

de dollars)

de la moyenne mondiale

CCG 15,20 2,71

Pays de la Ligue

arabe 28,70 5,13

Pays de la Ligue arabe au

Moyen-Orient 19,00

3,39

Monde 560,00 100

Source : Calculs fondés sur les données de la base de données de la CNUCED.

La figure 2.15 illustre l’évolution des importations de marchandises en provenance d’Afrique par les pays arabes de 1995 à 2017. Comme cela était le cas pour les exportations, les tendances des importations de marchandises par le CCG et la LEA en provenance d’Afrique sont presque identiques, les deux ayant été influencées par la crise financière de 2007-2008.

En effet, notant que certains membres de la LEA sont aussi des pays africains dont la contribution aux importations mondiales en provenance d’Afrique est limitée, on peut conclure que les importations en provenance d’Afrique par les membres du CCG déterminent la tendance des importations arabes du continent.

30 Figure 2.15

Évolution des importations de marchandises du monde arabe en provenance d’Afrique (en millions de dollars), 1995-2017

LEA

Source : Tableau A,2,13 de l’Annexe 2 de la base de données de la CNUCED.

Figure 2.16

Importations de la LEA en provenance d’Afrique (en milliers de dollars), 1995-2017

Source : Tableau A,2,14 de l’annexe 2. Base de données de la CNUCED.

0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 40,0 45,0

CCG LSA

1 207 023 132 922 37 090 39 315

2 136 968 516 692 1 355 907 696 659

1 134 204 893 303 194 686

1 569 266 307 849

609 097

4 821 265 129 278

1 075 546 261 628

1 342 883

20 533 906 347 141

- 20 000 000 40 000 000 60 000 000

Algérie Bahreïn Comores Djibouti Égypte Irak Jordanie Koweït Liban Libye Mauritanie Maroc Oman Qatar Arabie saoudite Somalie Soudan République arabe syrienne Tunisie Émirats arabes unis Yémen

1995 2000 2005 2010 2015 2016 2017

31 Néanmoins, une étude récente6 de la CEA indique que l’approfondissement de l’intégration régionale entre l’Afrique et les États arabes au-delà de leurs propres accords commerciaux méga-régionaux [c’est-à-dire la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) et la Grande zone arabe de libre-échange (GAFTA)], semble très propre à concourir à une diversification et une transformation structurelle des pays. Cela est d’autant plus vrai que les deux régions sont déjà bien approvisionnées en combustibles et en matières premières et qu’elles disposent donc d’un fort potentiel d’accroissement des échanges de produits agroalimentaires, de biens manufacturés et de services. Cela pourrait également contribuer à rehausser la position de l’Afrique et de la LEA dans le paysage commercial mondial, étant donné qu’aujourd’hui (c’est-à-dire en 2017), la part de l’Afrique et de la Ligue dans le commerce mondial ne représentent respectivement que 2,2 % et 4,7 %.

2.6 Intégration commerciale, blocs, groupements et accords commerciaux