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Regulus dans la tradition classique

II 1 Hercule est ses héritiers dans les Punica

VI. 5. Regulus dans la tradition classique

Au cours de la première guerre punique, Regulus commande la flotte romaine. Il attaque une escadre punique avec une avant- garde de dix navires, mais les Carthaginois font une manœuvre d'encerclement et coulent neuf navires romains. Régulus prend la fuite, mais il revient plus tard avec le reste de la flotte romaine et cause de graves dommages à la flotte carthaginoise. Le consul romain et son collègue L.Manlius Vulso poursuivent leurs opérations militaires jusqu'aux portes de Carthage. Ils remportent une victoire sur les Puniques. Les

Romains décident de réduire leur corps expéditionnaire : L.Manlius Vulso repart en Italie avec un énorme butin de guerre et une partie de l'armée, tandis que

Regulus reste en Afrique. En 255 avant notre ère, le consul reprend la guerre et s'empare de Tunis. Les pourparlers avec la métropole punique sont infructueux, puisque les Carthaginois ne se plient pas aux exigences du consul romain qu'ils trouvent excessivement dures519. En effet, celui-ci voudrait leur imposer l'abandon de la Sicile et de la Sardaigne, le paiement des frais de la guerre, un tribut annuel, la reddition des prisonniers sans rançon, l'interdiction de faire la guerre ou la paix sans l'autorisation de Rome, la limitation de la marine de guerre ainsi que l'obligation de secourir Rome en cas de besoin520. Les Carthaginois engagent alors le Lacédémonien Xanthippe et des mercenaires grecs, et se remobilisent. Xanthippe inflige une lourde défaite à l'armée romaine commandée par Régulus et fait celui-ci prisonnier. Seuls deux mille Romains peuvent échapper à la capture.521

Selon les annalistes romains, les Carthaginois auraient dépêché leur illustre captif à Rome pour intercéder en leur faveur - pour obtenir soit la cessation des opérations militaires , soit un échange de prisonniers - en exigeant qu'il engage sa parole d'honneur et promette de rentrer à Carthage au cas où sa mission échouerait. Devant le Sénat romain, Régulus

déconseille avec véhémence de répondre positivement à la requête de la part des Carthaginois dont il est l'ambassadeur. Toutefois, fidèle à son serment, il repart à Carthage Tite-Live

indique seulement qu'il fut exécuté522. Eutrope et Florus précisent qu'il fut torturé jusqu'à la

519Eutrope, Abrégé d'Histoire romaine, II, 4: « Tum victi Carthaginienses pacem a Romanis petiuerunt.Quam

cum Regulus nollet nisi durissimis condicionibus dare. »(Alors, vaincus, les Carthaginois demandèrent la paix

aux Romains.Régulus ne voulant pas la leur donner,sauf à des conditions particulièrement dures.)

520Dion Cassius, fragments 43, 22 sq.

521Polybe, I, 29-35, Diodore de Sicile, XXIII, 12 ; Appien, 3.

522Tite-Live, Histoire romaine, XVIII,7 « Atilius Regulus in Africa serpentem portentosae magnitudinis cum

159 mort523. Aulu-Gelle citant Aelius Tubero et Sempronius Tuditanus assure que les Puniques avaient administré au vieux consul un lent poison avant de le faire partir à Rome pour

senatu prospere bellum gerenti non mitteretur,id ipsum per litteras ad senatum scriptas questus est ,in quibus inter causas petendi successoris erat quod agellus eius a mercennariis desertus esset .Quaerente deinde Fortuna ut magnum utiusque casus exemplum in Regulo proderetur,arcessito a Carthaginiensibus

Xanthippo.Lacedaemoniorum duce,victus proelio et captus est.Res deinde a ducibus Romanis omnibus terra marique prospere gestas deformaverunt naufragia classium.Tib.Corunicanius primus ex plebe pontifex maximus creatus est.M.Valerius Maximus P.Sempronius Sophus censores cum senatum legerent, XVI senatu

moverunt .Lustrum condiderunt,quo censa sunt ciuium capita CCXCVII milia DCCXCVII. Regulus missus a Carthaginiensibus ad senatum ut de pace et ( si eam non posset impetrare) de commutandis captivis ageret, et iureiurando adstrictus, rediturum se Carthaginem, si commutari captiuos non placuisset, utrumque negandi auctor senatui fuit, et cum fide custodia reversus esset, supplicio a Carthaginiensibus de eo sumpto periit.

(Atilius Regulus, en Afrique, tue, après avoir perdu à cause de lui beaucoup de soldats, un serpent d'une taille monstrueuse ; après avoir remporté plusieurs victoires sur les Carthaginois, le sénat n'envoyant pas de successeur à ce chef victorieux, il s'en plaint dans une lettre au sénat, dans laquelle, entre autres raisons qui lui font

demander un successeur, on voit que sa petite propriété est abandonnée par ses domestiques. Puis, le destin voulant, en Régulus, fournir un grand exemple de bonne et de mauvaise fortune, les Carthaginois font venir Xanthippe, général lacédémonien, et Regulus est vaincu dans une bataille et fait prisonnier. Ensuite des succès de tous les généraux romains sur terre et sur mer sont gâtés par le naufrage des flottes. -Tiberius Coruncanius est le premier des plébéiens nommé grand pontife. - Les censeurs Publius Sempronius Sophus et Manius Valerius Maximus, dressant la liste des sénateurs, excluent du sénat seize membres ; ils accomplissent le « lustre », où sont recensés deux cent quatre-vingt-dix-sept mille sept cent quatre-vingt-dix-sept citoyens. Regulus, envoyé au sénat par les Carthaginois pour traiter de la paix et, s'il ne peut l'obtenir, de l'échange des prisonniers, mais lié par le serment de revenir à Carthage, si les Romains décident de ne pas échanger les prisonniers, conseille au sénat de refuser l'une et l'autre ; et comme, fidèle à son serment, il est retourné à Carthage, les Carthaginois le mettent au supplice et il meurt.)

523Florus, I, 18, 23 « Sed ille quidem par tantae calamitati fuit ; nam nec Punico carcere infractus est nec

legatione suscepta.Quippe diuersa quam hostis mandauerat censuit, ne pax fieret nec commutatio captiuorum reciperetur. Sed nec illo uoluntario ad hostis suos reditu nec ultimo siue carceris seu crucis supplicio deformata maiestas, immo his omnibus admirabilior. Quid aliud quam victor de victoribus atque etiam, quia Carthago non cesserat,de fortuna triumphauit?Populus autem Romanus multo acrior intentiorque pro ultione Reguli quam pro uictoria fuit. » (Mais celui-ci (Regulus) sut vraiment se montrer à la hauteur d'un si grand malheur;car il ne se

laissa briser ni par la prison punique ni par l'ambassade dont il se chargea. Il préconisa en effet des mesures contraires aux instructions de l'ennemi, de façon à empêcher qu'on fît la paix et qu'on acceptât l'échange de captifs. Mais ni son retour volontaire chez ses ennemis, ni le dernier supplice, soit dans sa prison, soit sur la croix,ne ternirent la majesté de cet homme;bien plus,tout cela ne l'en rendit que plus admirable. Que fit-il d'autre que de vaincre ses vainqueurs et même, puisque Carthage n'avait pas cédé, que de triompher de la fortune? D’autre part, le peuple romain montra beaucoup d'ardeur et de volonté à venger Regulus qu'à remporter la victoire. ) ; Eutrope, II, 25,1 -3: « Ille, Romam cum venisset, inductus in senatum nihil quasi Romanus egit

dixitque se ex illa die qua in potestatem Afrorumuenisset Romanum esse desisse.Itaque et uxorem a complexu remouit et senatui suasit ne pax cum Poenis fieret;illos enim fractos tot casibus spem nullam habere;tanti non esse ut tot milia captiuirum propter unum se et senem et paucos qui ex Romanis capti fuerant redderentur. Itaque obtinuit. Nam Afros pacem petentes nullus admissit.Ipse Carthaginem rdiit offerentibusque Romanis ut eum Romae tenerent negauit se in ea urbe mansurum in qua, postquam Afris seruierat, dignitatem honesti ciuis habere non posset. Regressus igitur ad Africam omnibus suppliciis extinctus est. » (A son arrivée à Rome,

introduit dans le Sénat, il ne se comporta pas comme un Romain et déclara que depuis le jour où il était tombé au pouvoir des Africains, il avait cessé d'être Romain. C'est pourquoi, il repoussa les embrassements de sa femme et persuada les Romains de ne pas faire la paix avec les Carthaginois, car, disait-il, ces derniers, brisés par tant d'échecs, n'avaient aucun espoir;cela n'était pas un marché valable d'échanger contre tant de milliers de prisonniers lui seul,un homme âgé,et les quelques hommes qui avaient été capturés parmi les Romains. Aussi obtint-il gain de cause, car personne ne reçut les Africains qui demandaient la paix. Lui-même revint à Carthage et, aux Romains qui lui offraient de le garder à Rome, il déclara qu'il ne resterait pas dans une ville où, après avoir été l'esclave des Africains, il ne pourrait avoir la dignité d'un citoyen honorable. Revenu donc en Afrique, il mourut dans des supplices de toutes sortes.)

160 l'obliger à rentrer chez eux,et qu'à son retour,ils l'auraient enfermé dans l'obscurité puis

aveuglé en l'exposant face au soleil, les yeux exposés, les paupières cousues524 :

« Tubero in « Historiis » scriptum reliquit, bello primo Poenico Atilium Regulum consulem in

Africa,castris apud Bagradam flumen positis,proelium grande atque acre fecisse adversus unum serpentem in illis locis stabulantem inuistatae inmanitatis, eumque magna totius exercitus conflictione balistis atque catapultis diu oppugnatum ,eiusque interfecti corium longum pedes centum et viginti Romama misisse. Quod satis celebre est de Atilio Regulo, id nuperrime legimus scriptum in Tuditani libris : Regulum captum ad ea quae in senatu Romae dixit,suadens ne captiui cum Carthaginiensibus permutarentur,id quoque addidisse, uenenum sibi Carthaginienses dedisse ,non praesentarium,sed eiusmodi quod mortem in diem

proferret, eo consilio ,ut uiueret quidem tantisper quod fieret permutatio,post autem grassante sensim ueneno contabsceret. Eundem Regulum Tubero in « Historiis » redisse Carthaginem nouisque exemplorum modis excrucitatum a Poenis dicit: « In atras,inquit,et profundas tenebras eum claudebant ac diu post ,ubi erat uisus sol ardentissimus,repente educebant et aduersus ictus solis oppositum continebant atque intendere in caelum oculos cogebant. Palpebras quoque eius,ne coniuere posset,sursum ac deorsum diductas

insuebant. »Tuditanus autem somno diu prohibitum atque ita uita priuatum refert, idque ubi Romae cognitum est,nobilissimos Poenorum captiuos liberis Reguli a senatu deditos et ab his in armario murcibus praefixo destitutos eademque insomnia cruciatos interisse. »

(Tubéron a laissé en écrit dans ses Histoires que lors de la première guerre punique, le consul Atilius Regulus qui avait installé son camp près du fleuve Bagrada en Afrique, livra un combat grand et violent contre un seul serpent, d'une taille inouïe, qui vivait là : qu'il l'attaqua longtemps avec grands efforts de toute son armée à coups de balistes et de catapultes, et qu'après l'avoir tué il envoya à Rome sa peau longue de cent vingt pieds. Ce qui est bien connu sur Regulus,je l'ai lu récemment dans les livres de Tuditanus : que Régulus prisonnier ajouta à ce qu'il a dit au sénat à Rome pour le persuader de ne pas accepter l'échange des prisonniers contre des Carthaginois que les Carthaginois lui avaient donné du poison à effet non immédiat, qui causât la mort à terme, dans l'intention qu'il vécût seulement le temps de faire l'échange, mais qu'il se consumât ensuite,le poison gagnant peu à peu. Tubero dans ses

Histoires dit que le même Regulus revint à Carthage et qu'il fut torturé à mort par les

Carthaginois avec des raffinements extraordinaires et sans exemple: « Ils l'enfermaient,dit-il,

524Aulu-Gelle, Nuits Attiques, VII, 3- 4. Cf. aussi Cicéron, In Pis.43, Horace, Odes, 3, 5, 13 ; Diodore, 23, 16 ;

161 dans des ténèbres noires et profondes,et longtemps après,lorsque était apparu un soleil très brûlant, ils le faisaient sortir soudain,le tenaient exposé aux coups de soleil et le

contraignaient de maintenir ses yeux vers le ciel.Et pour qu'il ne pût cligner des yeux, ils lui cousaient aussi les paupières écartées en haut et en bas. »Tuditanus, quant à lui, rapporte qu'on l'empêcha longtemps de dormir, qu'il perdit la vie ainsi, et que lorsque cela fut connu à Rome le sénat livra les plus nobles des prisonniers carthaginois aux enfants de Regulus, qu'ils furent placés par ceux-ci dans un coffre garni de pointes et qu'ils périrent soumis à la même torture et à l'insomnie. »)

Cicéron raconte que le consul romain mourut d'insomnie et de faim525. Appien et

Aurelius Victor rapportent que le consul romain fut enfermé dans une cage dont les multiples pointes lui interdisaient tout appui et qu'il mourut de privation de sommeil526. La tradition romaine présente Regulus comme l'incarnation de la bravoure - face à un sort qu'il devine cruel - et de la Romana fides opposée à la fraus Punica.527 « Et pourtant il savait quelles tortures lui préparait le bourreau barbare 528» s'émerveille Horace en rendant hommage au refus du Romain de concéder aux Carthaginois le rachat des captifs puniques et le courage de son attitude. Cicéron y fait référence dans plusieurs de ses discours529. L'ignoble conduite des Carthaginois envers leur malheureux captif justifierait, aux yeux de Valère Maxime, la destruction totale de Carthage. D'ailleurs, Régulus est, aux yeux du moraliste romain, le prototype inégalé des respects des engagements comme en témoigne ce passage élogieux : « Sed quae ad custodiam religionis adtinent,nescio an omnes M.Atilus Regulus

praecesserit,qui ex victore speciosissimo insidiis Hasdrubalis et Xanthippi Lacedaemonii ducis ad miserabilem captiui fortunam deductus ac missus ad senatum populumque Romanum legatus ut ex se et uno et sene complures Poenorum iuuenes pensarentur,in contrarium dalto consilio Carthaginem petit,non quidem ignarus ad quam crudeles quamque merito sibi infestos hostes reuerteretur,uerum quia his iurauerat,si captiui eorum redditi non forent,ad eos sese rediturum. Potuerunt profecto dii immortales efferatam mitigare saeuitiam.Ceterum quo clarior esset Atilii gloria Carthaginienses moribus suis uti passi sunt,tertio Punico bello religiossimi spiritus tam crudeliter uexati urbis eorum interitu iusta exacturi piacula ».

525Cicéron, De finibus, V, 27: « nonne beatior quam, ut item sapiens fuerit,qui in potestate hostium uigiliis et

inedia nacatus est,Regulus ? » ( n'a-t-il pas été, à votre avis, plus heureux que Régulus, que je suppose de même avoir été sage, et que les Carthaginois firent mourir de faim et de veilles ? )

526

Appien, Guerres puniques, 5 ; Aurélius Victor, De viris illustribus Romae, 40.

527Valère Maxime, 9, 6 ; Horace, Odes, 3, 5, v 33: « qui perfidis se credidit hostibus » (qui s'est confié à des

ennemis perfides.)

528Horace, Odes, III, 5, 49-50: « Atqui sciebat quae sibi barbarus torto pareret » 529

162 (Mais en ce qui concerne le respect des prescriptions de la religion, je crois que c'est

toujours Marcus Atilius Regulus qui garde le premier rang, lui qui,après avoir été un

vainqueur particulièrement brillant,se laissa prendre au piège d'Hasdrubal et du général lacédémonien Xanthippe pour tomber dans la condition misérable de prisonnier, et qui, envoyé à Rome pour proposer au sénat et au peuple d' échanger sa liberté, lui qui était seul et qui n'était qu'un vieillard, contre celle de tout un groupe de combattants puniques,conseilla le contraire et partit pour Carthage, sans ignorer bien sûr vers quels ennemis il revenait,combien ils étaient cruels et, à juste titre, irrités contre lui, mais parc qu'il leur avait juré que, si les prisonniers ne leur était pas rendus, il retournerait chez eux. Les dieux immortels auraient certes pu adoucir leur cruauté sauvage. Mais pour donner plus d'éclat à la gloire d'Atilius ils ont laissé les Carthaginois se conduire selon leurs habitudes, avec l'intention, au cours de la troisième guerre punique, d'accorder à une âme si respectueuse de ses obligations la

vengeance qu'elle méritait en détruisant la ville qui l'avait traitée si cruellement. )

Le sort de Regulus alimente les réflexions de Sénèque sur la Providence. Il résout le paradoxe,selon ce philosophe, d'un homme vertueux accablé par une fortune qui serait

versatile en considérant que cette fortune lui fournit en réalité l'occasion de faire preuve de sa valeur et de fournir une belle leçon d'héroïsme530 :

« Veniamus ad Regulum : quid illi fortuna nocuit quod illum documentum fidei, documentum

patientiae fecit? Figunt cutem claui et quocumque fatigatum corpus reclinauit, uulneri incumbit ; in perpetuam uigiliam suspensa sunt lumina: quanto plus tormenti tanto plus erit gloriae. Vis scire quam non paeniteat hoc pretio aestimasse uirtutem? Refige illum et mitte in senatum : eandem sententiam dicet. »

(Venons à Regulus. En quoi la Fortune l’a-t-elle maltraité, lorsqu’elle a fait de lui le modèle de la loyauté, le modèle de la constance ? Les clous traversent ses chairs, et de quelque côté que son corps fatigué s’appuie, il pèse sur une blessure, et ses paupières sont tenues ouvertes pour des veilles sans repos. Plus vive est la torture, plus grande sera la gloire. Veux-tu savoir s’il se repent d’avoir mis la vertu à si haut prix ? Rends-lui la vie et renvoie-le au sénat : il opinera encore de même. )

530

163 Néanmoins, Polybe ne dit rien du sacrifice et du dévouement du consul romain pour sa patrie. L'historien grec souligne que son refus d'indulgence devant le malheur des

Carthaginois vaincus se retourna contre lui :

« Ἐνᾧκαιρῷπολλάτιςἂνὀρθῶςἐπισημαινόμενοςεὕροιπρὸςἐπανόρθωσιντοῦτῶν ἀνθρώπωνβίουσυντελεσθέντα. καὶγὰρτὸδιαπιστεῖντῇτύχῃ, καὶμάλιστακατὰ τὰςεὐπραγίας, ἐναργέστατονἐφάνηπᾶσιντότεδιὰτῶνΜάρκουσυμπτωμάτων· ὁ

γὰρμικρῷπρότερονοὐδιδοὺςἔλεονοὐδὲσυγγνώμηντοῖςπταίουσινπαρὰπόδας αὐτὸςἤγετοδεησόμενοςτούτωνπερὶτῆςἑαυτοῦσωτηρίας »

(Cet épisode peut découvrir à qui le considère avec justesse plusieurs enseignements qui contribueront à redresser les erreurs humaines. Car il ressort lumineusement pour tout le monde des malheurs de Regulus qu'il faut se défier de la Fortune, surtout au milieu des succès : lui qui, si peu de temps auparavant, n'accordait ni pitié ni pardon aux vaincus, se trouvait tout d'un coup réduit à leur demander la vie sauve.).531

Le récit de sa fin - que Polybe ne rapporte pas -, et sur laquelle T.Mommsen ne voit pas de fait démontré532, serait une pure invention selon l'avis d'historiens modernes comme S.Lancel533qui écrit : « Polybe ne souffle plus mot de Regulus depuis sa capture sur le champ de bataille, et il est probable qu’il mourut obscurément dans les geôles carthaginoises. »

Diodore de Sicile rapporte que la veuve de Regulus et ses fils se vengent cruellement de la

mort du consul en maltraitant deux prisonniers carthaginois,les enfermant dans un local minuscule et le privant de nourriture534, ou selon Aulu-Gelle en les enfermant dans une caisse

531Polybe, I, 35,1-3. 532

Mommsen, Histoire romaine, Depuis la réunion de l'Italie jusqu'à la soumission de Carthage et de la Grèce, chapitre II ; cf aussi sur cette question E.Pais, « I tormenti inflitti ad Atilio Regolo et l'authenticità della tradizione romana » dans Ricerche sulla storia e sul diritto publico di Roma, IV, p. 411 sq.

533

S.Lancel, Carthage, Paris, Fayard, 1992, p. 387.

534Diodore de Sicile, fragments du livre 28,12 « Profondément irritée par la mort de son mari et croyant que,

s’il avait quitté la vie, c’était par le manque de soins, la mère des jeunes gens poussa ses enfants à maltraiter les prisonniers.On les emmena donc dans un cachot tout à fait étroit où le manque de place les contraignit à demeurer patiemment,le corps replié sur lui-même comme des bêtes sauvages. Après quoi, comme on les avait privés de nourriture pendant cinq jours, Bodostor mourut de désespoir et de privations,tandis qu’Hamilcar,qui avait un moral de fer,résistait, bien que l’espoir auquel il se raccrochait fût dérisoire.Alors qu’il implorait souvent cette femme et lui énumérait avec des larmes le soin qu’il avait eu pour son mari, celle-ci se montra si éloignée des sentiments d’humanité et de la faculté de raisonner propre à l’homme qu’elle tint le cadavre enfermé avec lui pendant cinq jours et fournit au malheureux un peu de nourriture,sans viser d’autre but que