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Une redéfinition de la catégorie de femme racisée, de quartier populaire et portant le voile 88

PARTIE 3 : Entre domination et émancipation socio-spatiale : Le Café des femmes

II. Une redéfinition de la catégorie de femme racisée, de quartier populaire et portant le voile 88

Comme évoquée précédemment, les femmes membres de Terrain d'Entente sont aux prises avec différentes structures de domination imbriquées, en tant que femmes racisées d'origine maghrébines, musulmanes et habitant dans un quartier populaire. Ces structures de domination les enferment dans une catégorie de victime, où la figure du bourreau est affilié au mari racisé et musulman ou aux hommes de la famille. Conjointement à la surmédiatisation au début des années 2000 d'affaires de viols collectifs ayant eu lieu dans les quartiers populaires (Muchielli, 2005), plusieurs hommes et femmes politiques se révèlent de « fervents » défenseurs des droits des femmes et dénoncent « l'oppression » vécu par les femmes dans les « quartiers » ainsi que le rôle central de l'islam dans cette domination. La commission « sur l'application du principe de laïcité » créée par Jacques Chirac en 2002 et présidée par Bernard Stasi, parle ainsi de « harcèlement de

groupes politico-religieux » et de « violences verbales, psychologiques ou physiques de la part de jeunes hommes » envers les habitantes de quartiers populaires (Stasi, 2004 : 101-105). Ces derniers constitueraient donc des lieux où les femmes seraient systématiquement harcelées et agressées et où elles seraient soumises de force à l'islam par les hommes ; soumission qu'incarnerait le port du voile. La dénonciation de la position des femmes dans l'islam et dans les

« quartiers » a alors constitué une grande partie de l'argumentaire défendant la loi interdisant de porter tout signe religieux « ostentatoire à l'école » (Benelli et al., 2006).

Ce type de discours amène à considérer les quartiers populaires comme des lieux détachés du reste de la société et concentrant le pire de la violence sexiste. Les hommes racisés musulmans de quartier populaire sont alors considérés comme beaucoup plus sexistes que les hommes blancs, non-musulmans et de classe moyenne ou supérieures. Par extension, les femmes musulmanes et de quartier populaire seraient alors beaucoup plus soumises que celles non-musulmanes et ne vivant pas dans les « quartiers » (Farris, 2017). A cela s'ajoute la volonté de « dévoiler » le corps des femmes, au nom de la libération féminine : le voile serait un signe visible de la domination masculine et la dénudation du corps féminin incarnerait un gage de libération sexuelle et donc d’émancipation féminine (Scott, 2007). L'ensemble des discours et lois mises en place pour lutter contre une supposée oppression spécifique des femmes dans les quartiers populaires contribuent à invisibiliser des rapports de domination qui existent dans l'ensemble de la société et ce, dans les sphères les plus privilégiées comme l'a souligné l'affaire Weinstein et le mouvement féministe

#Metoo. Ils véhiculent également un modèle unique de la femme émancipée (non-musulmane et, en tout cas, qui ne porte pas le voile) et nie le libre arbitre ainsi que la capacité d'émancipation des femmes musulmanes par elles-mêmes.

Or, Terrain d'Entente est composée par une majorité de femmes musulmanes, dont certaines des plus actives portent le voile. En opposition à certaines femmes et hommes politiques ou associations se revendiquant du féminisme comme Ni Putes Ni Soumises, l'association ne cherche pas à libérer les femmes musulmanes qui seraient « par nature » soumises, en leur imposant un modèle d'émancipation féminine. L'action de l'association s'articule plutôt autour d'une démarche d'empowerment des femmes du quartier Tarentaize. L'empowerment implique une démarche d'auto-réalisation via une approche fondée essentiellement sur l'action (Rappaport, 1984 ; Bacqué et Biewener, 2013) et pas uniquement sur un travail de théorisation politique. C'est pourquoi nous considérons que la réalisation d'actions, de projets et l'acquisition de savoirs-faire

qui ne sont pas affiliées aux catégories sociales d'appartenance, constituent des formes d'empowerment et d'émancipation, et plus particulièrement pour les membres de catégories socialement dominées.

a) Valorisation des compétences (domestiques) au bénéfice des femmes et du quartier

Régulièrement les membres du Café des femmes sont sollicitées par l'équipe de direction de l'association pour cuisiner et vendre les pâtisseries préparées. Le fait de cuisiner est considéré comme une activité essentiellement féminine, lorsqu'elle a lieu au sein du foyer et est réalisée gratuitement. Elle s'inscrit dans le domaine du travail domestique qui regroupe les tâches ménagères, le soin et l'éducation des enfants, ainsi que tout travail productif effectué sans salaire au sein de la famille comme « aide familiale » (Clerval et Delphy, 2015). Comme le soulignent Anne Clerval et Christine Delphy,

« les raisons de la gratuité de ce travail ne sont pas la nature des tâches accomplies, puisque toutes peuvent être assurées par une personne extérieure à la famille contre un salaire (salariés agricoles, nourrices, femmes de ménage, souvent des métiers accomplis par des femmes), mais le fait qu’il est accompli par une femme pour son conjoint au sein de la famille ».

C'est ce qu'elles appellent « l'exploitation domestique » (id., 2015 : 219).

Lors des deux dernières biennales du design à Saint-Étienne en 2017 et en 2019, plusieurs membres du Café des femmes ont tenu un « salon de thé éphémère » dans deux endroits différents, rue de la ville en 2017, et à la gare de Carnot en 2019. Durant plusieurs semaines, les femmes cuisinaient et vendaient des couscous, des pâtisseries et des boissons. Cependant cuisiner pour un salon de thé éphémère ne revêt pas les mêmes dimensions que le travail accompli dans la sphère familiale. En effet, cuisiner dans le cadre de l’association, ainsi que dans le contexte d'un événement comme la biennale du design, constitue une forme de valorisation de compétences féminines dans le sens où le résultat du travail culinaire sort de l'espace domestique et devient payant. En effet, l'on passe d'un travail réalisé de manière invisible, entre quatre murs, gratuit et non reconnu socialement, à un travail visible dans l'espace public, représentant une somme

d'argent et permettant une certaine reconnaissance sociale. Du fait d'un déplacement spatial et symbolique du travail domestique, celui-ci, au lieu de constituer une dimension de l'« exploitation », incarne alors une forme d'empowerment des femmes membres de l'association.

En effet, à travers la préparation et la vente de nourriture, se développe la confiance en soi et le sentiment d'être « compétente ». Ceci abouti à une augmentation de l'estime de soi-même, loin des catégories victimisantes, sexistes et racistes appliquées aux femmes musulmanes de quartier populaire par essences « soumises ».

« Avec Terrain d'Entente, c'est comme si c'était une renaissance. Je trouve que ça a été pour moi une renaissance. J'ai aussi fait renaître la confiance en moi. » Entretien n°12, avec Fatima, ancienne habitante de Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 23 Juillet 2019.

En plus de bousculer les représentations de soi et de la société, le salon de thé éphémère et particulièrement celui de 2017, rue de la ville, a participé à une appropriation (provisoire) de l'espace public par les femmes. La rue de la Ville est située à la frontière entre le quartier Tarentaize et le centre-ville, et beaucoup d'hommes stationnent physiquement dans cette rue.

« Moi je les avais vu pour le premier salon de thé, ça me paraissait bizarre, rue de la ville il y a plein de bonhomme qui passent du quartier. Et puis t'sais les femmes voilées, quand elles voient les mecs du quartier, elles passent pas par le même chemin, et là je les voyais, J'allais au travail, elles étaient avec leur voile devant, et elles attendaient. Elles racolaient les clients, t'sais ça m'a choqué, « ouah elles sont voilées », t'sais j'arrivais plus à suivre. […] Mais quand c'est des trucs militants, elles sont à fond dedans, et je crois qu'elles sont plus aptes que nous qui sommes nées ici, qui connaissons les structures, les machins [...] » Entretien n°9, avec Fadila, habitante du quartier Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 16 Juillet 2019.

Le travail effectué par les femmes au sein de l'association permet donc de remettre en cause en partie et de manière provisoires des formes de domination genrée et spatiale, ainsi que de bouleverser les représentations dominantes sur les femmes de quartier portant le voile. De plus, les bénéfices générés par la vente de pâtisseries et de boissons ont été reversés en 2019 à la caisse finançant les vacances organisées par Terrain d'Entente pour les enfants membres de l'association. Les quartiers populaires peuvent représenter ainsi des « lieux de possible » où s’exprime la solidarité entre les habitants, à travers une activité « de création » qui permet, de manière éphémère, de s’approprier un espace urbain et donc aux habitantes de faire respecter leur « droit à la ville » (Lefebvre,1968)

Enfin, le quartier Tarentaize souffre d'une mauvaise réputation dans la ville de Saint-Étienne en tant que quartier populaire et d'immigration maghrébine :

« Je parle beaucoup beaucoup de ce que je vis et j'ai des amis très militants, ouverts sur plein de choses et ils disent : « Tarentaize ça craint ». Et ils disent ça comme ça, ils y ont jamais mis les pieds. » Entretien n°4, avec Dominique, fondatrice et co-responsable de Terrain d'Entente, le 25 Juin 2019.

« Moi j'aime pas la réputation de Saint-Étienne autour de Tarentaize : « Ouais, ça va tu rentres pas toute seule, ça craint pas chez toi ? ». Mais moi je me suis jamais fait emmerder dans le quartier en rentrant chez moi. Tu peux te faire emmerder n'importe où pourquoi ça arriverait ici plus qu'ailleurs, c'est con c'est con. Bon c'est des gens qui ont des a priori [...] » Entretien n°6, avec Mélanie, ancienne « service civique », le 20 Avril 2019.

« [à propos de son recrutement au centre social du Babet] Moi vraiment dans l'idée d'arriver dans un territoire Tarentaize-Beaubrun, quartier qui a pas une très bonne réputation, quartier immigré. » Entretien n°14, avec Nadia, responsable du secteur adulte au centre social du Babet, le 25 juillet 2019.

Être en dehors du quartier ou à sa frontière constitue alors pour la fondatrice de l'association un moyen de donner une autre image de Tarentaize et de ses habitants. c'est-à-dire une représentation positive en opposition aux images véhiculées par les moyens d'informations dominants ainsi que de participer visiblement à la « dynamique » de la ville, témoignant d'une démarche tournée vers l'extérieur du quartier (Entretien n°2). Le salon de thé contribue ainsi a une forme d'empowerment des femmes du quartier par une redéfinition de la valeur et de la visibilité d'activités affiliées au travail domestique, et porte l'ambition de transformer, par l'action, les représentations négatives et fantasmées sur les quartiers populaires et leurs habitantes et habitant.

b) L'apprentissage de compétences « non-féminines » et empowerment

Cependant, valoriser uniquement les compétences affiliées à la catégorie de « femmes » reviendrait à réassigner celles-ci à leur rôle genré. Terrain d'Entente, tout en s'appuyant sur les savoirs domestiques des femmes membres de l'association, favorise parallèlement l'apprentissage de compétences « non féminines ». En effet, l'action de proximité et la prise de confiance soi ont permis l'acquisition de savoirs dit « militants » (Faure et Thin, 2007), comme formuler ses propres

questions et revendications, participer à des réunions malgré la présence de personnes avec qui il y a un conflit personnel, prendre la parole en public même pour les femmes ayant des difficultés à parler français, échanger des points de vue différents, utiliser des médias de communication, rencontrer d'autres associations ou des élus municipaux. Pour plusieurs femmes du Café des femmes, c'est la première fois qu'elles s'investissent dans une association et mènent collectivement des projets :

- « S : Et avant Terrain d'Entente t'avais déjà fait partie d'autres associations ? - F : Non.

- S : Aucune ?

- F : Aucune, aucune. »

Entretien n°12, avec Fatima, ancienne habitante de Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 23 Juillet 2019.

« Même moi je suis étonnée de m'investir dans Terrain d'Entente. Là c'est en fait peut-être parce que je travaille pas. De toute façon quand je travaillais j'avais vraiment pas le temps. Et puis là je sais pas, peut-être que je me suis trouvée une vocation […] ! » Entretien n°9, avec Fadila, habitante du quartier Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 16 Juillet 2019.

Ce processus d'empowerment des femmes du quartier a été visible durant mon stage notamment lors de la présentation du livre La voix-e des femmes écrit par Dominique sur Terrain d'Entente et auquel les femmes du quartier ont participé à travers des témoignages de vie et d'expériences avec l'association. Lors de la présentation publique qui a eu lieu au sein du quartier, le 15 Juin 2019, dans une des succursales de l'amicale laïque de Beaubrun devant une trentaine de personnes qui n'étaient pas toutes membres de l'association ou habitant du quartier Tarentaize-Beaubrun, les femmes ont mis en scène leur témoignage. Elles ont lu, debout face au public leurs écrits, ajoutant pour certaines un jeu théâtral. Aucune n'avait encore fait cela. Cette mis en scène constitue une forme de prise de parole publique pour des personnes qui comme femmes racisées parfois voilées, de classe et de quartier populaire n'ont pas facilement accès à l'expression publique de leurs expériences, étant donné le cadrage des dispositifs participatifs locaux, et la domination en terme de prise de parole et de représentation des hommes blancs de classes supérieures dans les moyens de communication majoritaires (Biscarrat et al., 2017). Cette prise de parole est d'autant plus importante dans le cas des femmes portant le voile, qui régulièrement sont au centre de nombreux débats et « polémiques », sans pour autant être invitées à exprimer leur opinion dans les grands médias, comme le « débat sur le voile à l'école » l'a montré59. 59 Voir: Acrimed, « Le voile médiatique : la parole confisquée » par Pierre Tévanian, 12 octobre 2005. [en ligne],

Organiser une prise de parole de parole publique incite les femmes de Tarentaize membre de l'association à considérer leurs expériences de vie comme légitimes à être partagées et à prendre la parole en public pour mettre en avant leur point de vue. Prendre la parole et donner son avis publiquement constituent des actions et savoirs-faire initialement réservés aux hommes. La présentation du livre contribue donc à une forme d'empowerment en terme de confiance en soi et de savoirs-faire des femmes, ainsi qu'à une émancipation des catégories sociales liées au genre, à la race, à la classe et au territoire d'assignation.

Cependant, il est important de souligner que la place occupée par les témoignages dans le livre est limitée. En effet, sur 197 pages rédigées, 23 sont dédiées aux témoignages des femmes, le reste étant majoritairement écrit par la fondatrice de l'association qui, à l'inverse des femmes ne vit pas la pauvreté subie ni le racisme, mais les analyse depuis la position sociale relativement privilégiée qu'elle occupe. De plus, les passages du livre consacré aux femmes du quartier sont cantonnés à leur expérience. C'est uniquement la fondatrice qui opère une montée en généralité.

Le développement d'un discours politique des femmes de Tarentaize sur leurs conditions de vie est donc limité, et la quatrième de couverture véhicule une vision victimisante de celles-ci :

«[Par la pédagogie sociale] se dessine alors un chemin pour redonner de l'humanité, et de la consistance, à des vies brisées de femmes qui tiennent debout, malgré tout. Des ateliers d'écriture ont récolté le récit de ces vies nous ramenant des témoignages poignants et vibrants ».

Tout cela restreint le potentiel émancipateur de l'écriture d'un livre étant donné que la fondatrice occupe la majorité de l'espace rédigé et analytique, à l'instar des personnes blanches, avec un capital culturel relativement élevé, dans les médias, reproduisant finalement des formes d'inégalités d'accès à la parole. C'est également elle qui en tire les « bénéfices » de reconnaissance sociale étant donné qu'elle considérée comme l'unique autrice du livre par la première de couverture.

L'association s'appuie donc sur les savoirs domestiques rattachées à la catégorie de femme et sur l'apprentissage ou le renforcement de savoirs « militants » pour transformer, par l'action les représentations que les femmes du quartier Tarentaize ont sur elles-mêmes que pour dépasser les considérations dominantes de la société sur les femmes maghrébines musulmanes vivant en

consulté le 18 août 2019. Disponible sur : https://www.acrimed.org/

quartier populaire. L'action collective de l'association constitue ainsi des formes d'empowerment car elle participe à l'acquisition d'une confiance en soi et de compétences nécessaires à l'auto-organisation des femmes de Tarentaize (Gutiérrez, 1989). Ceci incarne alors une forme d'émancipation dans le sens où l'action de Terrain d'Entente s'inscrit dans une lutte (non revendiquée par les femmes) de redéfinition des catégories dominantes (Tarragoni, 2015).

c) Mobilisation politique de proximité et community organizing

L'acquisition d'une confiance en soi et de compétences « militantes » par le travail de socialisation effectué par Terrain d'Entente, avec les femmes du quartier Tarentaize, constitue aussi le terreau de formulation de revendications « politiques », dans le sens où celles-ci s'adressent directement aux pouvoirs publics, et rattachent les problèmes de la vie quotidienne aux conditions économiques et sociales qui les génèrent (Faure et Thin, 2007).

Ainsi, en dès octobre 2015, l'association s'est mobilisée pour réclamer à la mairie de Saint-Étienne l'installation d'une barrière de protection pour les enfants entre l'espace Jean Ferrat et le boulevard urbain Pierre Mendès France :

« A force d'être très présent sur le terrain de jeu de l'espace Jean Ferrat, des familles nous ont rejoint avec des enfants de plus en plus petits. […] Le terrain de jeu déboule tout de suite sur le boulevard périphérique qui est endroit extrêmement dangereux […]. Plusieurs fois on a eu très peur qu'un gamin se fasse écrabouiller […]. Et on avait fait une demande mais toute bête au secrétariat de l'adjoint au maire, en se disant ça va être vite installé parce qu'effectivement c'est important de sécuriser les espaces publics. Et on n'a pas eu de réponse. Donc après on a essayé de rappeler, on nous a dit qu'il fallait écrire une lettre. Donc on a écrit une lettre, on a pas eu de réponse après on a fait une lettre pétition. Et puis à une réunion publique, avec d'autres structures, on a compris que le maire, mais sans nous avoir donné de réponse directe, on a compris que le maire n'allait pas construire une barrière parce que ça coûtait de l'argent. Et là, ça nous a vraiment mis en colère. Les mères de familles se sont indignées en disant mais on parle d'argent alors que là il s'agit de la sécurité des enfants. Et là on n'a pas obtenu une rencontre avec le maire, donc on a décidé de la construire nous même cette barrière. […] On a fait un article dans la presse, le Progrès [voir annexe II n°1 et 2]. […] 6 mois après la barrière était construite. Donc je pense que ce qui a été très dur pour la mairie, ça a été ce rapport de force ». Entretien n°2, avec Dominique, fondatrice et co-responsable de Terrain d'Entente, le 10 Mars 2019.

Cette forme d'action politique ici décrite par la fondatrice est assimilable à la méthode

utilisée par le community organizing pour mobiliser des personnes éloignées des dispositifs de participation de la démocratie représentative. Promu à partir des années 1930 par le travailleur social états-uniens, Saul Alinsky et ayant connu un essor dans les années 1970 à la suite des mouvements urbains des années 1960-1970 et du mouvement des droits civiques, le community organizing représente l'action d'organiser une « communauté »60 autour de revendications issues des problèmes quotidiens. Il a ainsi pour objectif de mobiliser collectivement les « citoyens sur problèmes communs, pour faire entendre leurs voix auprès des institutions et peser sur les processus de décision » (Bacqué et Biewener, 2013 : 29-30). Des « organisateurs » par un rapport de proximité territoriale accompagnent ainsi les habitants dans la formation de leaders locaux et la construction de campagnes pour obtenir des « petites victoires, justes et concrètes » (Balazard et al, 2016).

Ainsi à l'instar de la méthode du community organizing, les membres de l'association

Ainsi à l'instar de la méthode du community organizing, les membres de l'association