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La création d'un lieu pour les femmes au sein du quartier : Le café des femmes

PARTIE 3 : Entre domination et émancipation socio-spatiale : Le Café des femmes

I. La création d'un lieu pour les femmes au sein du quartier : Le café des femmes

L'espace public est construit socialement comme « dangereux » pour les femmes et s'appuie sur leur supposée vulnérabilité quand elles sont seules en dehors de l'espace domestique.

Or c'est au sein de l'espace domestique que les femmes sont le plus exposées à des formes de violence, provenant principalement d'hommes de leur entourage (Coutras, 1993 ; Condon et al., 2005 ; Lieber, 2008). Cependant, « cette construction sociale de l'espace public comme dangereux pour « les femmes » est entretenue par un ensemble de comportements qui leur signifient leur illégitimité à s'y trouver [quolibets, insultes, harcèlement, regards lourds] et contribuent à alimenter leur sentiment d'insécurité » (Clerval et al., 2015 : 213). Ces comportements dominants et oppressifs incitent les alors à rester dans l'espace domestique et restreignent leur accès à l'espace public.

Le quartier Tarentaize-Beaubrun est un espace marqué par une forte appropriation de l'espace public par les hommes. Ces derniers se regroupent sur la Place Roannelle de Tarentaize, stationnent sur les différents bancs et discutent entre eux. Il en est de même pour la place St Ennemond où la « sociabilité de rue » (Simon, 1997) masculine s'articule autour de bancs et de

deux cafés situés l'un en face de l'autre. Les hommes ont pour habitude de stationner devant les cafés, debouts ou assis sur des chaises disposées sur le trottoir étroit. Ils ont une vue dégagée sur la rue commerçante Beaubrun ainsi que sur la place de l’Église Saint-Ennemond. Les cafés du quartier sont exclusivement fréquentés par des hommes appartenant majoritairement à la communauté maghrébine et habitant le quartier. L'apparence des cafés semble ainsi avoir pour objectif de limiter l'irruption « d'étrangers » (vitrine opaque, dispositif intérieur peu convivial) à la différence de cafés plus « ouverts à la clientèle de passage » à la décoration plus « neutre » (Simon, 1993). Ces lieux de sociabilités masculines sont également complétés rue Beaubrun par trois coiffeurs-barbiers. Les hommes ont donc une appropriation de l'espace public très visible dans le sens où leur présence est visuellement évidente et aussi dans le fait qu'ils occupent des positions qui leur permettent d'observer ce qui se passe dans le quartier. Ils exercent de ce fait une forme de contrôle social sur les faits et gestes des passants et habitants du quartier.

Les habitantes du quartier, quant à elles stationnent très peu sur les places et traversent l'espace public plus qu'elles n'y restent. A l'instar de la majorité des femmes qui développent des stratégies quotidiennes d’évitement et d'auto-exclusion lorsqu'elles circulent à pieds dans la ville (Griffin, 1977 ; Hanmer, 1977), certaines habitantes évitent des lieux déterminés dans le quartier pour se soustraire à la présence et aux regards des hommes :

« Et puis t'sais les femmes voilées, quand elles voient les mecs du quartier, elles passent pas par le même chemin. […] Fait les passer rue Beaubrun, elles passeront jamais, parce qu'il y a trop d'hommes, il y a la mosquée, il y a si, il y a ça. » Entretien n°9, avec Fadila, habitante du quartier Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 16 juillet 2019.

A cela, s'ajoute le fait qu'aucun lieu commercial n'est réservé spécifiquement aux femmes, les cafés et coiffeurs étant exclusivement destinés aux hommes. L'espace est donc ici révélateur de la domination masculine étant donné « l'absence d'espace à soi » pour les femmes. (Clerval et al., 2015 : 14) leur permettant de se rassembler en dehors de la sphère familiale et domestique.

Ce rapport de domination genré par l'appropriation de l'espace public est rendu d'autant plus visible « que les dominés ont peu de moyens de s’y soustraite et que les dominants n’ont pas les ressources suffisantes pour les organiser de façon à les rendre moins visibles » (Coutras, 2002 : 305) ». Les hommes racisés de classe populaire occupent ainsi une position dominante par rapport aux femmes racisées de classe populaire. Mais ils sont eux-mêmes victimes d'une domination imbriquée de classe et de race, ce qui influence les formes d'exercice de leur propre domination

sur d'autres catégories sociales. Dans le cas des adolescents et des jeunes adultes racisés de classes populaire, l'investissement de certains points centraux de Tarentaize est le fruit de

« phénomènes d'autocensure » (Hancock et Guéroit, 2011). L'autocensure se traduit dans la réticence à aller dans des espaces spatialement proches mais « socialement inaccessibles » (ibid) comme l'atteste chez certains adolescents de genre masculin la peur de sortir du quartier :

« - L : Ouais. C'est leur place, c'est leur endroit. Tu sors du quartier, tu sors en équipe et tu es pire en dehors de ton quartier que quand tu y es à l'intérieur. […] Tu sors du quartier, tu vas en centre-ville, déjà tu te manges de la violence, avant que t’aie des interactions avec des gens, c'est violent […] Et puis [quand tu sors de l'endroit où tu vis] t'as la peur de l'inconnu, le quartier il est rassurant même avec tous les problèmes qu'il y a. Mais au moins tu sais quel problème tu vas avoir.

- Y : Tu connais, c'est ton univers, tu sais les relations, les connections. Et du coup c'est rassurant, c'est leur chez eux. » Entretien n°5, avec Yanis et Laurent, anciens stagiaires et contrats aidés, Le 14 avril 2019.

Ceci explique ainsi en partie la forte appropriation de l'espace public par les hommes du quartier. Appropriation, qui se fait au détriment des femmes, étant donné que les relations entre hommes et femmes s'inscrivent dans des rapports de domination genré qui établissent une hiérarchie entre les deux identités de genre.

b) Le Café des femmes : La création d'un lieu de sociabilité au sein du quartier

L'absence de lieu de rassemblement pour les femmes au sein du quartier Tarentaize-Beaubrun a limité pour un certains nombre d'entre elles, habitant le quartier leur sociabilité et capacité à rencontrer d'autres personnes. C'est en réponse à la domination masculine dans l'espace public et dans les lieux de sociabilités existants dans le quartier, que des femmes de Tarentaize ont créé en 2013 le Café des Femmes à travers l'association Terrain d'Entente. Le Café des femmes est un espace où entre dix et vingt femmes du quartier se rassemblent au tour d'une table et d'un café dans l'enceinte du centre social du Babet pour discuter entre elles et organiser des projets. C'est donc un moyen pour l'association « d’accéder aux préoccupations de la vie quotidienne, mais aussi aux manières de s’entraider, de mobiliser des ressources » (Collectif Rosa Bonheur, 2014 : 136). Le souhait de ce groupe de femmes était d'avoir un lieu au sein du quartier, non pas pour participer à une « activité » mais pour se rencontrer et échanger

« Ce que les femmes nous disaient c'est qu'on a pas envie d'aller forcément dans une activité prévu, on voudrait juste un lieu pour boire le café et discuter entre nous, d'où le Café des Femmes. » Entretien n°2, avec Dominique, fondatrice et co-responsable de Terrain d'Entente, le 10 mars 2019.

Ceci souligne le décalage entre les besoins concrets des habitantes de quartier populaire et le phénomène de prestarisation56 des centres sociaux, qui est favorisé par les politiques d'attribution de subvention mises en place par l’État et les collectivités (appel à projet) (Coti, 2016).

Le Café des femmes constitue un espace dédiée aux femmes, sans leurs enfants (une garderie est mise en place en parallèle par Terrain d'Entente), leur permettant de rompre un isolement subi et mal vécu par certaines.

« - S : Et as-tu vu des évolutions, changements dans le quartier grâce à Terrain d'Entente ? - Z : Ouais.

- S : T'as vu quoi comme changements ?

- Z : Je commence à sortir, à rencontrer des gens, des femmes. Avant non. Aucune. Même mes voisins non. Maintenant c'est un peu ouais. Avec le temps. » Entretien n°11, avec Zora, habitante du quartier Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 23 Juillet 2019.

« Moi je suis arrivée en juin [dans le quartier]. De juin à octobre j'ai eu aucun contact. Je ne connaissais personne, mes enfants ont essayé mais rien qui passait. On était isolé. Mais heureusement il y avait le papa, la maman, les enfants. Mais rien je ne connaissais personne.

Même les mamans devant le portail c'est seulement un bonjour, bonsoir avec méfiance. Moi ça m'a choquée en premier et après j'ai dit que c'était comme ça. » Entretien n°12, avec Fatima, ancienne habitante de Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 23 Juillet 2019.

Ces deux femmes algériennes sont directement arrivées à Tarentaize, après un parcours migratoire, sur recommandation d'amis masculins de leur mari. Toutes deux n'avaient ni famille – autre que leur propre foyer – ni ami sur le quartier, et attestent de la difficulté à rencontrer d'autres personnes, même leurs voisins. Leur cercle de sociabilité se limitait donc à la sphère du foyer qui, pour Zora, sans enfant, se résume à son mari. Grâce à la territorialisation de son action sur l'espace public et à travers le Café des femmes, Terrain d'Entente a ainsi effectué un travail de socialisation avec les habitantes isolées du quartier, leur permettant de s'émanciper, en partie, de l'espace domestique. Créer la possibilité au sein du quartier pour les femmes de sortir de chez elles les amènent alors à s'échapper momentanément des « rôles féminins traditionnels ou associés à la division sexuelle du travail », (Faure et Thin, 2007 : 78) qui limitent leur usage

56 « La prestarisation au sens où nous l’entendons : une transformation des équipements socioculturels participatifs en prestataires de services placés sous la tutelle des institutions, des collectivités et de l’État. » (Coti, 2016 : 86)

hebdomadaire de l'espace aux activités domestiques (courses alimentaires, tâches ménagères, prise en charge des enfants etc.).

La proximité géographique entre le lieu d'habitation et le Café des femmes constitue un élément favorisant leur participation à cet espace de socialisation. En effet, étant donné la répartition socio-spatiale des différentes catégories de population habitant la ville, prendre part à un cercle de sociabilité au sein du quartier assure aux femmes de ne pas être en contact prolongé avec des personnes de classes et de races différentes, potentiellement vectrices de rapports de domination et de discrimination. Ainsi, au cours de l'entretien, Fatima évoque sa peur d'être

« rejetée » en France du fait son voile et insiste plusieurs fois sur le fait que personne ne lui a jamais fait de remarque au sein de Terrain d'Entente à propos du voile qu'elle porte. (cf. entretien n°12). La proximité géographique permet ainsi aux femmes du quartier de Tarentaize de rencontrer et sympathiser avec des personnes ayant des origines sociales, ethno-raciales et résidentielles similaires aux leurs. Ainsi, parmi les femmes récemment arrivées en France au moment où elles ont connu l'association, plusieurs associent l'origine des femmes rencontrées et la qualité des relations nouées avec elles sur un temps court :

« Le vendredi qui suivait je suis partie, j'ai fait la connaissance des dames, on a tout de suite sympathisé ensemble, tout de suite. Et c'est des femmes aussi qui venaient du pays comme moi. Il y en a qui sont venues ça fait déjà dix ans, il y en a qui sont nées ici en France mais qui sont d'origine arabe. On a tout de suite sympathisé. Et depuis ce jour là nous sommes amies jusqu'à aujourd'hui ». Entretien n°12, avec Fatima, ancienne habitante de Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 23 Juillet 2019.

« Je les [des amies] ai rencontrée au café des femmes, on a discuté un peu et elle est de la même région que mon mari ! Et c'est pour ça, j'aime beaucoup ça ! » Entretien n°11, avec Zora, habitante du quartier Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 23 Juillet 2019.

Terrain d'Entente, à travers le Café des femmes, offre donc un lieu de sociabilité sécurisant pour ces femmes, dans le sens où les rapports de domination sont limités par des origines sociales et ethno-raciales similaires, et qui permet de rompre un isolement qui n'est pas uniquement « relationnel » mais aussi « social » : elles peuvent y rencontrer des personnes leur ressemblant socialement, avec des expériences et parcours analogues et vivant donc les mêmes problématiques. Ceci permet également aux femmes de garder un lien avec leur pays et leur culture d'origine, en résistance à un déracinement parfois subi du fait d'un mariage.

Pour les habitantes « historiques » du quartier, c'est-à-dire celles qui y vivent depuis leur

enfance, le Café des femmes leur a permis de connaître des femmes qu'elles avaient déjà croisé auparavant dans la rue ou à la sortie des écoles, sans pour autant avoir eu l'occasion d'entamer des discussions allant au-delà des salutations, du fait de l'absence d'espace adéquat au sein du quartier (cf. entretiens n°9 et 13). Mais il a également rendu possible la rencontre avec des personnes qu'elles n'avaient jamais vues, étant donné la nécessaire mobilité des femmes dans l'espace public au sein du quartier – ou pour le dire autrement, leur impossible immobilité – et leur l'assignation à l'espace domestique. Par son inscription dans le quartier, dans une échelle maîtrisée, le Café des femmes a ainsi participé au développement de relations entre des habitantes qui tout en vivant à côté ne se connaissaient pas. Mais, ce sont surtout des relations qui sont vécues en dehors de l'enceinte spatio-temporelle du Café des femmes, et qui apportent une transformation positive dans la vie quotidienne des habitantes . Une habitante « historique » parle ainsi d'une augmentation de la « convivialité » dans le quartier (cf. entretien n°13) grâce au Café des femmes.

« Franchement on discute mieux avec les personnes. Il y a des personnes qu'on voit au parc ou… On les connaît pas forcément ou alors c'est un bonjour. Là c'est plus convivial on peut plus discuter avec tout le monde. » Entretien n°13, avec Nahida, habitante de Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 24 Juillet 2019.

C'est donc la proximité géographique du dispositif mis en place par l'association, son insertion dans l'espace familier des habitantes, qui permettent que son action de sociabilisation des femmes ait un impact concret et durable en dehors de l'association.

c) ...ayant abouti à une forme de « solidarité de proximité » entre les femmes du quartier

Le Café des femmes est un espace qui réunit majoritairement des personnes ayant des expériences communes du fait de leur appartenance genrée, territoriale, ethno-raciale et de classe. Cependant, ces similarités n'empêchent pas une relative diversité au sein des habitantes participant au Café des femmes. Il regroupe ainsi des femmes blanches, en minorité, et des femmes racisées ; des personnes ayant de bas revenus mais une relative stabilité financière et des d'autres se nourrissant grâce au colis alimentaire ; des mères et des personnes sans enfant ; des femmes qui sont nées en France et ont la nationalité française et d'autres qui sont considérées administrativement comme « irrégulière » sur le territoire français. La grande majorité sont

musulmanes mais avec un rapport différencié à la religion et notamment au port du voile. En effet, au sein de Terrain d'Entente, les femmes qui ont passé l'essentiel de leur vie dans les pays du Maghreb portent généralement le voile, à la différence des femmes qui sont nées en France. Le port du voile musulman57 dans le contexte français suscite de beaucoup de préjugés dénigrant celles qui l'arborent : les « femmes voilées »58 sont perçues comme étant « soumises » à leur mari.

Les dominations étant structurelles, elles se répercutent sur les schémas de pensée individuels et ont ainsi amené une habitante, membre de l'association, née en France et ne portant pas le voile à considérer les femmes du quartier le portant comme étant des « femmes renfermées »… C'est en participant au Café des femmes et en les voyant dans un contexte favorisant leur expression et action que cette habitante reconnaît qu'elle « les avait un peu trop jugée » :

« Parce que je te dis on se disait bonjour, bonjour, bonjour. Mais on se connaissait pas plus que ça. Et là ba tu sais tu commences à parler, tu commences à connaître la vie d'un tel. Et puis ce livre…, c'est plus les mêmes femmes. Tu vois des trucs, peut-être qu'aux premiers abords je les avais un peu trop jugée « c'est des femmes renfermées », donc ça m'a permis de revenir sur mes jugements à moi. » Entretien n°9, avec Fadila, habitante du quartier Tarentaize et membre de Terrain d'Entente, le 16 Juillet 2019.

Le travail de socialisation effectué par l'association a ainsi mis à distance certains préjugés raciaux divisant les femmes et limitant une mobilisation conjointe.

Ouvrir un espace de sociabilité de proximité dédié aux habitantes permet donc de lutter contre l'essentialisation des femmes musulmanes portant le voile, au sein même du quartier, et participe à remettre en cause le modèle légitime « d'être femme » en France. Le Café des femmes contribue ainsi à redéfinir localement les limites de catégories sociales stigmatisées et à consolider à terme une solidarité entre les femmes du quartier, qu'elles portent le voile ou non.

Le Café des femmes est un espace centré sur les préoccupations quotidiennes des femmes.

Connaître les problématiques individuelles qu'une ou plusieurs personnes rencontrent permet d'aider ensuite la ou les personnes de manière collective et de sortir des « impasses de l'intervention sociale individuelle » qui invisibilise les rapports de domination et limite la participation des personnes (Coti, 2016 : 84). Cette solidarité entre les femmes au sein de

57 Nous précisons ici « musulman » car le voile chrétien porté par les bonne-sœurs ne suscitent pas autant de

« polémique » que celui portée par les femmes de confession musulmane. De plus, selon l'appartenance raciale des personnes, un foulard mis sur la tête est considéré comme un accessoire de mode ou un signe religieux à éradiquer.

58 La catégorie de « femme voilée » contribue à réduire les femmes musulmanes uniquement au port de leur voile.

Elles ne sont plus perçues comme des êtres humaines à part entière, avec une liberté de d'action et de pensée, mais uniquement à travers le symbole de soumission qu'est censé représenter le voile. Le terme de « femme voilée » contribue donc à essentialiser les femmes musulmanes dans une catégorie sexiste et raciste.

l'association se traduit tant dans la définition et l'organisation collective des différents projets, qu'en dehors de la sphère d'action de l'association et ce de manière plus individuelle. Ainsi, une femme participant au Café des femmes a été sans domicile fixe et a vécu dans la rue avec son enfant. Des personnes, membres du Café des femmes, les ont vus, elle et son fils, dans la rue, au sein du quartier, se sont inquiétées de sa situation et ont proposé leur aide (cf. entretien n°10).

« Quand j'avais besoin et quand j'étais pas dans l'endroit de Terrain d'Entente parce que j'étais dehors, dans la rue : « Qu'est-ce-qu'il s'est passé? », « Qu'est-ce-que tu as fait ? » les femmes qui te demandent de Terrain d'Entente. Moi qui les connaissait là-bas dans la rue, moi qu'on me regarde comme ça : « Tu vas bien ? », « Dis moi de quoi tu as besoin », les personnes étaient ouvertes pour aider. Et ça ça fait plaisir, parce que normalement tu vas au Café des femmes, tu vas boire un café, tu sors tu t'en fous si tu veux. Mais non ça marche pas comme ça.

Elles me disaient : « Tu viens, tu me dis si tu veux quelque chose », et ça te faisait chauffer le cœur, c'était trop beau. » Entretien n°10, avec Albana, habitante de Tarentaize-Beaubrun et membre de Terrain d'Entente, le 17 Juillet 2019.

C'est donc la proximité et l'appartenance territoriale commune qui rendent la solidarité possible entre les femmes du quartier. Le quartier peut alors représenter un support de solidarité et de résistance et pas uniquement un facteur d'accumulation capitaliste (Harvey, 2010), ou de

C'est donc la proximité et l'appartenance territoriale commune qui rendent la solidarité possible entre les femmes du quartier. Le quartier peut alors représenter un support de solidarité et de résistance et pas uniquement un facteur d'accumulation capitaliste (Harvey, 2010), ou de