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Chapitre 5. Méthodologie de l'enquête

5.3 Le recueil des données

5.3.2 Le recrutement des utilisateurs

Il est essentiel de savoir d’abord comment choisir le bon échantillon des utilisateurs à convoquer : pour Olivier Sautory [2010], un échantillon n'est jamais représentatif « en soi » mais il est représentatif par rapport à certaines variables [Sautory, 2010]. Pour l’AFNOR (Association Française de Normalisation) et l’ISO

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(Organisation Internationale de Normalisation), il n’existe pas de définition d’échantillon représentatif ou de représentativité dans l’ISO 3534-1 mais une définition du terme échantillon : « une ou plusieurs unités d’échantillonnage prélevées dans une population et destinées à fournir des informations sur cette population. Un échantillon peut servir de base à une décision concernant cette population ou le processus qui l’a produit » [Gerville-Réache, Couallier, 2011 : 3]. Ces deux définitions ne font ni limiter, ni élargir notre choix mais elles nous imposent une exigence importante à savoir, avoir un échantillon diversifié en sexe, en âge, en qualification, en année d’étude, en formation, en niveau d’expertise, etc. D’autres définitions facilitent également le choix de l’échantillon dans cette évaluation, comme par exemple la définition donnée par Léo Gerville-Réache et Vincent Coualliernon basée sur la sélection au hasard d’individus de la population mais sur la sélection au hasard d’un individu de l’échantillon. Ce dernier ne doit pas être basé sur une sélection sans réflexion dans une population mais il est nécessaire de sélectionner un individu de l’échantillon [Gerville-Réache, Couallier, 2011].

J. Nielsen a montré que des tests menés sur 5 utilisateurs permettent de lever au moins 80% des problèmes d’utilisabilité. En augmentant le nombre d’utilisateurs, nous ne trouvons plus de problèmes. Le fait de tester sur un plus grand nombre d’utilisateurs implique une augmentation du coût du test et n’influence pas la pertinence des résultats. Plutôt que de mener un test sur 15 utilisateurs, J. Nielsen considère qu’il est préférable de faire 3 tests avec 5 utilisateurs, en améliorant l’interface à chaque itération [Nielsen, 2000]. Bien entendu, lorsque l’application vise différents types d’utilisateurs, il importe de la tester auprès de différents groupes. Cela permettrait de mesurer sa crédibilité et son impact sur différents types d’utilisateurs. Nous pouvons vérifier cela à travers le graphe ci-dessous publié par l’organe central commun à la Banque populaire et à la Caisse d'épargne française dont on obtient plus que 75% des recommandations à partir du 5ème utilisateur participant dans notre démarche de test.

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Figure 16. Courbe d’efficacité de test par rapport au nombre des utilisateurs148

Dans notre travail, nous avons pu « recruter » une dizaine d’utilisateurs tout comme dans le modèle de tri en cartes que nous avons cité ci-dessus. Nous estimons que ce nombre nous permettra de détecter le maximum d’anomalies et difficultés rencontrées dans la phase de test. Mais comme nous l’avons abordé au début de notre thèse, nous allons travailler sur base des sites universitaires, c’est la raison pour laquelle, il est intéressant de choisir de travailler avec des étudiants déficients visuels de différents âges, différents niveaux d’expertise informatique/technique, différents niveaux d’étude, différents degrés de déficience visuelle, homme et femme mais aussi des personnes issues de différentes classes de la société.

L’identification de ce panel a été particulièrement difficile et nous avons dû contacter différentes associations nationales réputées. Nous avons également essayé de prendre contact avec les missions Handicap de plusieurs universités en envoyant un

148 Comment mesurer et quantifier l’expérience utilisateur :

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mail de sollicitation pour obtenir des personnes volontaires afin de participer à des entretiens scientifiques dans le but de nous faire part de leur avis et répondre à nos éventuelles questions pour améliorer les sites web universitaires. Aucune association n’a pris la peine de nous répondre et nous n’avons obtenu aucune participation au projet de ce côté. Concernant les missions Handicap, nous avons eu un retour stipulant qu’elles ne pouvaient rien nous communiquer, pour différentes raisons en rapport avec le respect de la vie privée alors que nous avions bien indiqué que nous nous engagions à respecter la confidentialité de toute information communiquée en rapport avec la vie privée et que nous garantissions que le nom des participants ne sera en aucun cas divulgué.

À travers ce tunnel long et sans issu, nous avons continué à chercher et notre persévérance a fini par payer. Nous avons enfin réussi à trouver un étudiant qui s’occupe d’une association de handicap à l’université Lille 3. Cet étudiant constitue le noyau du réseau que nous avons pu construire par la suite pour participer à notre travail et répondre sur nos questions. Ensuite, nous avons pu enrichir ce réseau grâce aux rencontres effectuées lors de notre participation dans différents colloques scientifiques et journées d’étude sur le handicap avec des chercheurs, dont le handicap est le cœur du sujet de leur recherche. Nous avons alors réussi à avoir l’accord de 10 étudiants pour participer à notre étude via un entretien visant à répondre sur nos interrogations ainsi que de nous apporter leur retour d’expérience avec le site universitaire que ces étudiants consultent principalement durant leur cursus académique. Ces participants constituent le panel utilisateur espéré c’est-à-dire qu’ils répondent aux différentes exigences fixées au début de notre travail, l’âge ; l’expertise informatique ; la déficience visuelle, etc.

Ci-dessous, un tableau récapitulatif représentant les différents participants - utilisateurs :

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Tableau 3. Fiches des interviewés

ID SEXE AGE

EN 2016

NIVEAU DE DÉFICIENCE

UNIVERSITÉ FORMATION EXPERTISE

INFORMATI QUE (AVANCÉE, MOYENNE, NOVICE)

1 H 23 ans Profond Université de Lille 3

DEUST « Métiers des Bibliothèques et de la Documentation

Avancée

2 H 34 ans Total Université Nancy

2 Sciences de Langage Avancée

3 H 20 ans Sévère

Lycée la

Martinière Duchère à Lyon

Comptabilité Moyenne

4 F 32 ans Total Paris Sorbonne

Thèse en Traduction Spécialisation: Linguistique arabe

Novice

5 F 33 ans Total EHESS puis LLCE

Maitrise en Lettres Modernes puis DEA langue française puis Licence Langue japonaise puis M1 sociologie de santé

Moyenne

6 F 26 ans Sévère

Haute école des sciences sociales à Paris

Sociologie Novice

7 H 28 ans Presque total ISTEC Paris Marketing Web Digital Avancée

8 F 23 ans Moyen ISEE Paris BTS Assistante Manager.

Bachelier École de commerce, Novice

9 F 24 ans Sévère Université Paris

Diderot Sociologie Avancée

10 H 19 ans Sévère Université

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Pour classifier le niveau de déficience visuelle dans notre étude nous avons suivi la classification de l’OMS (Organisation Mondiale de Santé) :149

Figure 17. Les catégories de déficience visuelle selon l’OMS

En d’autres termes, nous pouvons définir ces catégories de la manière suivante : Catégorie I : concerne les personnes légèrement malvoyantes qui peuvent lire l’écran en utilisant des lunettes de vue.

Catégorie II : ce sont les personnes qui ont des difficultés pour lire même avec des lunettes de vue et qui utilisent des agrandisseurs d’écran (loupe, Zoomtext) pour lire correctement l’information.

Catégorie III : concerne les personnes qui voient encore des couleurs mais qui ne distinguent pas facilement l’identité des formes.

Catégorie IV il s’agit des personnes en cécité de voir des formes mais qui voient encore quelques lignes lumineuses

Catégorie V : c’est la cécité totale de vue et l’absence de lumière.