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Chapitre 4. Définition des concepts

4.1 L’accessibilité numérique

La définition donnée par Larousse87, pour le mot « accessibilité » est le fait d’avoir le droit ou la possibilité d’avoir accès à quelque chose, à l’emploi par exemple. L’accessibilité a pour but de créer ou de mettre en place un objet ou un produit que les personnes handicapées peuvent aussi utiliser et employer sans aucune difficulté, l’accessibilité consiste donc à garantir à des personnes aveugles ou qui n’entendent pas ou pour tout autre type d’handicap la possibilité d’avoir un accès facile pour un produit ou un objet.

Ce terme est apparu au XXème siècle, et correspond à une expression équivalente qui était jusqu’alors utilisée, à savoir « adaptation des personnes handicapées » à la fin de la deuxième guerre mondiale. Si nous nous mettons dans le cadre de cette époque avec les dégâts surtout au niveau humain, il y avait beaucoup de personnes victimes de la guerre qui sont devenues handicapées à la suite de blessures ou mutilations. Ces personnes ont commencé à revendiquer leur droit au travail et à vivre comme des personnes valides. En France, la première trace d’une loi traitant la problématique d’adaptation des personnes en situation de handicap nous la trouve dans la Loi n°

87 Définition de l’accessibilité : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/accessibilit%C3%A9/421 consulté le 01/01/2018

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1223 du 23 novembre 1957. Ensuite, il y a eu un rapport intitulé « Étude du problème général de l’inadaptation des personnes handicapées » qui a été remis par François Bloch-Lainé à George Pampidou quand il était premier ministre en 1967 [Salbreux, 2006].

En 1975, une loi, appelée Loi n° 75-534 du 30 juin 1975 d'orientation en faveur des personnes handicapées, est apparue en France pour créer des habilitations adaptées et inclure ces personnes dans la fonction publique et leur offrir un emploi adapté à leur déficience (malvoyant ou sourd). Mais, malgré l’existence de cette loi et la publication de la loi Séguin en 1987 (Loi n° 87-517 du 10 juillet 1987 en faveur de l'emploi des travailleurs handicapés), ces personnes n’ont pas trouvé leur place dans le marché de travail, aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé.88 Ce retard était dû au refus de l’inclusion de ces personnes handicapés par les parties prenantes et leur indifférence au sujet de handicap :

« La méconnaissance de l’accessibilité ne trouve pas comme beaucoup le croient son origine dans un corps de textes trop touffus mais davantage dans l’indifférence, l’intérêt, et assez souvent le rejet du handicap sous couvert de raisons variables » [Arias, 1995 : 278].

Et même les efforts autour de ce sujet ont été différents entre les institutions locales et nationales. Selon [Arias, 1995 : 558], « elles sont le résultat d’un processus de négociation, de sensibilisation de conjonction d’événements et de forces… ».

Il fallait donc attendre la loi Handicap de 2005, que nous avons évoquée plus haut, pour voir des travaux plus sérieux autour de l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le marché de travail et dans l’aménagement des espaces publiques et privées à leur faveur. L’accessibilité touche plusieurs voies : les bâtiments, les rues, le mobilier urbain numérique et le web,… Ce dernier est appelé aussi « e-accessibilé »89

ou accessibilité web.

88 Le handicap : un retard français : https://www.francetvinfo.fr/france/le-handicap-un-retard-francais_823173.html consulté le 01/12/2018

89 Extraite de l’appellation de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides : https://www.ofpra.gouv.fr/fr/e-accessibilite consulté le 01/07/2013

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Dans la littérature, le terme a fait l’objet de plusieurs recherches et guides de mise en accessibilité qui ont été publiés au début de XXème siècle comme ce qu’il évoquait Larrouy [2007] : « Recueils de textes législatifs publiés par Grobois LP, (2003) et manuels de procédures (par exemple : Sahmi N., (2002) ou Dubois, (2002)). Des listes de bonnes pratiques à mettre en place pour assurer une égalité de chance entre les personnes valides et les personnes en situation de handicap [Larrouy, 2007]. Larrouy citait les travaux d’amélioration de déplacement des personnes handicapées dans l’espace public qui s’inscrivent dans des étude de l’ergonomie de l’accessibilité et la géographie [Ignazi, Kerevel, 2000], qui ont continué ses études au Centre d'Études sur les Réseaux de Transport et l'Urbanisme [Ignazi, Beaucire, Lanteri et al., 2002] qui se sont penchés sur la question de faciliter l’accès aux voyageurs dans les espaces publiques, son accessibilité avec la charge de ses bagages sur les trottoirs, les rues et les escaliers.

En sociologie, nous pouvons citer les études menées par le Centre Technique National d’Étude et de Recherche sur le handicap et les inadaptations qui traitent le sujet de l’accessibilité et la société [Sanchez, 1989], des études menées pour connaitre et étudier la réaction de l’état face au sujet de l’accessibilité et le handicap depuis la première guerre mondiale où ils ont analysé la question de l’indifférence au sujet de handicap puis le sujet de rationalisme de fonction dû à la vieillesse de l’état ou la notion de « fonctionnalo-rationaliste » [Guillemard, 1984]. Zimmermann peut être considéré comme le premier à s’intéresser aux questions autour de l’accessibilité : qu’est-ce que l’accessibilité ? Comment améliorer l’accessibilité, comment accélérer les procédures administratives ? [Trom, Zimmermann, 2001]. Ou nous voulons arriver ? Dont la théorie « idéal-type » du Weber [Larrouy, 2007] :

« L’accessibilité de type 1, que nous appellerons « spécifique », est prédominante jusqu’à la fin des années 1980 et elle diminue progressivement dans les réseaux des transports en commun au cours des années 1990, quelques traces sont encore perceptibles actuellement.

L’accessibilité de type 2, que nous nommerons « intégrée », apparaît en 1983 (métro automatique de Lille), mais reste cantonnée aux réseaux neufs jusqu’à la fin des années 1980 et commence à se développer durant les années 1990 pour devenir prégnante depuis le début des années 2000 dans les transports en commun, le transport spécialisé continuant à exister en parallèle. ».

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À l’apparition du web, des technologies de l’information et d’un nouveau marché de travail sur internet, l’accessibilité numérique a commencé à apparaitre dans les lois comme nous l’avons démontré auparavant pour rapprocher l’utilisateur de l’information en ligne, lui fournir un moyen de rapprochement de l’administration chez lui et lui fournir aussi la possibilité de profiter des métiers de web. Mais pour comprendre comment assurer cette accessibilité numérique, il fallait comprendre ses exigences. Pour mettre en place l’accessibilité numérique, il était fort recommandé d’initier des bonnes pratiques, d’inciter le développeur à coder d’une façon à ce que les outils de synthèse vocale puissent analyser de la même manière ou presque le contenu de la page créée ou le scénario implémenté. Il était essentiel de réfléchir à l’architecture de l’information sur la page web, la présentation de cette information, la structuration de cette information, les règles d’affichage de contenu, les images, les couleurs, les tableaux, les formulaires, les cadres, les médias temporels, les médias non temporels et finalement les scripts surtout après la révolution des Frameworks JavaScript90 comme Angular JS, Ember JS, Vue JS, etc.

Il fallait donc étudier les outils de synthèse vocale, les éditeurs de code pour trouver aujourd’hui des guides de bonnes pratiques comme le guide WCAG du W3C, le guide RGAA de la DINSIC et autres… La majorité de ces guides ont repris les mêmes principes :

90 Un Framework JavaScript est une bibliothèque de fonctions pré-écrites en JavaScript facilitant le développement d'applications fondées sur JavaScript, et en particulier pour Ajax et autres applications centrées Web

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Figure 3. Les principes de l’accessibilité numérique

Ce graphe présente les principes applicables pour rendre une interface homme-machine accessible :

Une alternative textuelle

Dans un premier temps, il était important de trouver une transcription textuelle pour chaque élément non textuel sur l’écran : tout ce qui apparait et qui est porteur d’information. Par exemple il est demandé d’ajouter une alternative textuelle vide pour les images non porteuses d’informations sur un site comme une image décorative ou thématique (thème de noël, thème de vacances, etc.).

Ces alternatives textuelles doivent apparaitre pour toute image, carte géographique, illustration, diagrammes, ajouter des étiquettes pour les formulaires, des

placeholders (texte d’aide à la saisie que nous supprimons en saisissant dans un champ

de formulaire), des longues descriptions pour les images artistiques qui résument beaucoup de contenus comme les tableaux des peintres. De plus, il était primordiale de transcrire les sons indicatifs comme les médias audio pour que les personnes sourdes ou malentendantes peuvent comprendre le contenu, également donner une description de la vidéo pour identifier un besoin de la regarder ou pas.

Une alternati ve textuell e Un code source valide Un contenu contrôla ble Une navigatio n possible Une informati on compréh ensible Un contenu homogèn e Une aide à la saisie Un contenu robuste Un contenu compatib le

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Un code source valide

Une des étapes essentielles consiste à renvoyer chaque code source à une validation sémantique comme celle proposée par le validateur W3C du langage HTML et du langage CSS. Le but est de s’assurer que ce code sera correctement restitué par les outils de synthèse vocale et qu’il soit compatible aux outils d’agrandissement. Un code valide avec une feuille de style correcte peut garantir un affichage optimal sur tous les navigateurs et une présentation claire et lisible sur n’importe quelle taille d’écran, sans oublier l’exigence de développement responsive qui était requise depuis l’émergence de la consultation du web sur les terminaux tactiles et rotatifs.

Figure 4. Capture de validateur html du W3C91

Finalement, un codage valide permet d’utiliser les outils d’adaptation de poste que nous trouvons chez plusieurs types de handicap. Cette interface peut être changée selon leurs préférences, par exemple, les personnes qui lisent blanc sur noir, ou ceux qui zoom à 200% de la taille de texte normale, etc.

Un contenu contrôlable

C’est important que l’utilisateur ait un contrôle sur la page qu’il consulte, c’est-à-dire qu’il n’aura pas des fenêtres qui s’ouvrent sans sa volonté comme les pop-ups de

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publicité ou le rafraichissement de contenu automatique. Nous insistons aussi sur la nécessité que la session d’utilisateur n’expire pas avant la fin de scénario qu’il exécute sauf pour des cas particuliers. Dans les normes RGAA par exemple, elles proposent de mettre 20 heures comme durée de session, sinon il conviendrait de donner à l’utilisateur la possibilité de modifier la durée de sa session ou encore lui proposer de supprimer cette durée complètement.

Ainsi, les normes d’accessibilité numérique recommandent de ne pas inclure un contenu qui provoque des crises, par exemple en 2014, un site de vente privée en ligne proposait une grenouille qui crient et qui saute sur l’écran en attendant que l’utilisateur saisisse ses identifiants pour se connecter, cette animation pénalisait directement les personnes qui souffrent de crises d’épilepsie. Chaque animation ou effet flash doit être limité, par exemple les normes WCAG interdisent plus de 3 animations flash par écran :

2.3.1 Pas plus de trois flashs ou sous le seuil critique : une page Web doit être

exempte de tout élément qui flashe plus de trois fois dans n'importe quel intervalle d'une seconde ou ce flash doit se situer sous le seuil de flash générique et le seuil de flash rouge. (Niveau A)

Il est également obligatoire de pouvoir contrôler les vidéos et pouvoir les arrêter, mettre en pause et régler le niveau de volume. Pour finir, il est déconseillé de ne pas déclencher un son sans la volonté de l’utilisateur pour ne pas interférer avec les outils de synthèse vocale.

Une navigation possible

Il faut donner à l’utilisateur la possibilité d’atteindre l’information présentée sur un site via le clavier OU la souris, les personnes non-voyantes par exemple n’utilisent pas la souris. Si le bouton de validation de formulaire par exemple n’est pas atteignable au clavier, l’utilisateur peut remplir son formulaire sans pouvoir le soumettre et par conséquent, il est totalement boqué sur ce scénario. Aucun piège de clavier n’est autorisé sauf les techniques relatives à la sécurité contre les attaques de bots.

De nombreuses personnes n'utilisent pas la souris et comptent sur le clavier pour interagir avec le Web. Cela nécessite un accès clavier à toutes les fonctionnalités, y

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compris les contrôles de formulaire, les entrées et les autres composants de l'interface utilisateur. La navigation sur la page doit aussi respecter un ordre de tabulation logique par exemple de gauche à droite et du haut en bas pour les langues issues de Latin (ISO 8859-n). Ainsi, s’il y a un changement d’orientation justifié, l’utilisateur doit être prévenu.

Finalement, il est demandé d’accoler les labels avec les champs de formulaires, ou les photos correspondantes et de regrouper les champs de formulaires ou les listes de choix pour faciliter la compréhension du contenu pour les personnes qui utilisent les lecteurs d’écrans.

Une information compréhensible

L’information doit être explicite, identifiable et compréhensible. Il est essentiel d’indiquer la langue de texte et d’alerter pour chaque changement de langue dans un but d’orienter l’outil de synthèse vocale à switcher d’une langue à une autre pour avoir une prononciation nette et claire. Les normes demandent également de préciser les citations et de les mettre dans un cadre précis (balise HTML <q>). Pour les citations les plus longues, qu’elles soient mises dans un autre cadre (balise HTML <blockquote>). Expliquer les abréviations avec la balise HTML <abbr> et présenter un résumé des longues vidéos et des longs textes ou présentations comme les présentations PowerPoint proposées sur une page, les articles ou les ouvrages.

Il est recommandé aussi de donner des informations sur les fichiers à télécharger comme la taille et le type de fichier pour savoir si l’utilisateur a un débit, un forfait ou un espace de stockage qui lui permet de télécharger ce fichier et de connaitre également s’il a le logiciel qui lui permet de lire ce type de fichier.

Un contenu homogène

Le menu de navigation ou de la barre de navigation doit être bien regroupé (c’est-à-dire dans une balise HTML <nav>), il doit se trouver dans la même position sur toutes les pages et non tronqué sur les petits écrans ou en zoomant jusqu’à 200%. Le but à atteindre en mettant en place cette exigence est de permettre aux utilisateurs d’avoir une

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vision générale sur le site consulté, en connaissant les fonctionnalités et les mécanismes relatifs à la navigation propre à ce site afin qu’ils puissent naviguer en fonction de leurs choix et de leurs besoins.

Aider à la saisie

Il est important d’accoler les messages d’erreurs au champs mal renseigné pour savoir lequel est le champ à corriger, il est demandé aussi de préciser le format attendu ou bien dans le champ lui-même à travers les propositions qui se suppriment à la saisie comme la balise HTML <placeholder>, que décrivons dans la figure ci-dessous, et l’auto-complétion.

Figure 5. Exemple d’un PlaceHolder92

Parmi les points à ne pas manquer, il est important de mettre en avant les champs obligatoires, par exemple avec des astérisques Ainsi pour rendre la saisie plus facile, il est conseillé de regrouper les champs de formulaire par thématique. Par ailleurs, il est nécessaire de laisser aux utilisateurs la possibilité de corriger ou de supprimer un contenu ayant été saisi.

Respecter cette recommandation apporte une grande aide aux individus aveugles ou sourds qui ont dû mal à identifier les relations, les séquences ou tous autres signaux implicites. Cette exigence aide également les personnes qui présentent des difficultés à

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comprendre les fonctionnalités ou bien qui utilisent les interfaces et les formulaires en faisant des fautes.

Un contenu compatible et robuste

Il est souhaitable de tester le site web sur la plupart des navigateurs les plus utilisés sur le marché, vérifier l’affichage et la compatibilité des scripts (interaction JavaScript avec le code HTML), de tester aussi l’affichage du site sur les différents terminaux et vérifier la fonction de responsive design. Puis, il convient de vérifier sa compatibilité avec les outils de synthèses vocales les plus utilisés sur les marchés, et pour finir il faut s’assurer que le balisage est interprété de la même façon par les outils d’assistance technologique afin d’évaluer la nécessité d’ajouter ou pas des ARIA Labels.