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Chapitre 4. Définition des concepts

4.6 L’architecture de l’information

L’architecture d’information prend en compte ces volets dans ses études. Mais qu’est-ce que c’est l’archinfo, l’AI ou l’architecture de l’information ? Ce terme est apparu pour la première fois dans un livre de Wurman appelé « Information Architect », dont il définit l’Architecture de l’information par la politique ou la maitrise d’implémenter une idée de la bonne manière :

«Used in the words architect of foreign policy. I mean architect as in the creating

of systemic, structural, and orderly principles to make something work--the thoughtful making of either artifact, or idea, or policy that informs because it is clear».119

D’autres définitions ont apparues comme celle donnée par Hagedorn qui se trouve dans le Glossaire de l'Architecture de l'Information :

«The art and science of organizing information to help people effectively fulfill their information needs. Information architecture involves investigation, analysis, design and implementation. Top-down and bottom-up are the two main approaches to developing information architectures; these approaches inform each other and are often developed simultaneously.»120

Ou l’Information Technology Institute qui le définit comme trouver un arrangement entre les parties prenantes dans un projet pour réaliser la chose d’une façon compréhensible.121 Et si nous essayons de prendre un recul et définir nous-mêmes ce terme, nous pouvons dire que l’architecture de l’information est l’orchestration efficace d’un projet pour réaliser une idée conforme aux attentes du public. Dall’Armellina leur alloue deux échelles distinctes :

« Une partition design d’information/architecture réseau ainsi définie (tout autre arrangement serait possible et praticable mais avec d’autres conséquences) proposerait au design d’information une approche micro > macro et à l’architecture réseau une approche macro > micro.

119 Baars, Hintzbergen, Smulders, Hintzbergen, Foundations of Information Security Based on ISO27001 and ISO27002, Van Haren Publishing, n°3, p. 50

120 The information architecture glossary: https://argus-acia.com/white_papers/ia_glossary.pdf consulté le 01/02/2019

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Il existerait de cette façon un lieu de recouvrements, de partages entre leurs deux approches, peut-être une méthodologie commune ? Le travail du designer concernerait non seulement la visualisation des données, mais aussi les relations qu’elles entretiennent entre elles et la manière dont elles interagissent avec l’utilisateur du système de médiation qui leur permet d’apparaître, ce qu’on appelle l’interface.

Figure 9. architecture d’information = architecture réseau + design d’information (Dall’Armellina, 2013).

Ce schéma [….] cherche à situer les objets traités par chacun des deux champs (design d’information, architecture réseaux). S’il laisse apparaître une approche centrale commune (lister/classer/structurer) aux deux champs, la nature des objets en jeu est différente : à l’architecture réseau le corpus des données ouvertes, formats et structures de bases de données, ses milieux et plates-formes d’enregistrement, ses protocoles et passerelles, ses mots-clés et métadonnées.

Au design les signes, textes, symboles visuels et graphiques, schémas, diagrammes et cartes interactives pour mettre en actes les échanges et interactions

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usagers-données-usagers. Ensemble ils forment l’architecture d’information.» [Dall’Armellina, 2013]122

.

L’architecture de l’information (AI) est une notion essentielle structurer les informations sur une interface homme-machine, savoir Où ? Comment ? Et quand ? Placer une information selon son importance dans une interface. Afin de comprendre ce que signifie réellement le terme « l’AI » nous allons nous fonder sur étude qui a été réalisée par des chercheurs en SIC en 2013. Au niveau professionnel, cette notion « fait fortement appel à des compétences qui sont celles des bibliothécaires : classifier l'information, gérer des masses de ressources parfois hétérogènes, favoriser l'accès à l'information en fournissant des outils de recherche ou en aidant les lecteurs à s'orienter dans les collections » [Bermès, 2004]123.

Sur le plan scientifique, la notion d’architecture de l’information est notamment utilisée en sciences de l’information et de la communication. Nous parcourons les définitions que nous trouvons dans une étude de Broudoux [2013]. Une première définition est proposée par Richard Wurman dans les années 60. Celui-ci est architecte et graphiste de formation et s’est intéressé à la manière dont les édifices, les services, les transports et les habitants interagissent dans le milieu urbain. Les flux et échanges dans cet environnement urbain faisaient partie de ses réflexions, il s’est donc concentré sur la façon dont l’information se répand dans cet espace. Il a également étudié les modalités relatives à la représentation des informations qui sont adressées aux architectes, aux urbanistes, aux ingénieurs des services publics et aux visiteurs… L’architecture est un art qui a pour objectif de concevoir des espaces et de les organiser. Wurman estime que le point essentiel auquel doit faire face tout architecte pour la réalisation d’un bâtiment est de déterminer quels sont les besoins des personnes qui vont occuper les lieux.

Ainsi, pour pouvoir répondre à ces besoins, il va falloir collecter des informations relatives à la nature des interactions qui lient l’espace, les objets et les occupants. La mise en place d’une relation entre architecture et information a pour objectif d’analyser ces besoins et comprendre ces différentes interactions. Ainsi, pour expliquer sa

122 Dall’Armellina (2013) : https://journals.openedition.org/edc/5419 consulté le 01/02/2018 123 Bermès (2004), Figoblog, http://www.figoblog.org/document195.php consulté le 13/12/2013

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conception relative à l’architecture de l’information, Wurman utilise un exemple parlant à savoir, celui des guides touristiques «Access City Guide», ils font appel à des métaphores visuelles, toutefois, cette représentation est organisée conformément à une organisation éditoriale, en prenant en compte d’une part, « l’esprit » du lieu et d’autres part, « les attentes » du lecteur. L’exemple qui traduit le mieux cette approche est le plan du système de transport de Tokyo, ce plan est la vision du « Yin » et du « Yang », essentiel dans la culture orientale, a pour but de prôner ce qui est important pour les usagers du transport en commun plutôt que la topographie réelle du système de transport.

Ce plan de transport de Tokyo reflète les trois dimensions essentielles de la notion « architecture de l’information » qui occupe également une grande place dans des recherches en SIC : la dimension spatiale de l’information, la question de l’accès à l’information électronique et l’organisation des connaissances. Utiliser la métaphore spatiale pour une représentation documentaire est loin d’être un nouveau concept. En effet, elle est employée souvent dans l’organisation de l’information et dans l’organisation documentaire surtout sur le web lorsque nous nous référons des notions spécifiques telles que le flux, la cartographie, la circulation, la navigation, la structure, la géographie des sites ou de profondeur [Béguin et al., 2007]. La question relative à l’espace est présente depuis longtemps dans les recherches qui concerne l’organisation interne des textes [Genette, 1982] des éléments de structuration du document (chapitres et pagination) et de repérage endogènes (sommaires, index et table des matières) [Timimi, Kovacs, 2006].

Avec cette évolution digitale, la métamorphose du document a refait surface en se concentrant sur la déstructure et la restructure constante de l’espace documentaire. Au niveau technique, séparer la structure logique et la structure physique fait partie des éléments importants dans l’architecture des documents en ayant d’un côté l’ensemble des langages liés à SGML (ISO 8879-1986) et XML et d’un autre côté, l’Open

Document Architecture (ISO 8613 1986). Ce qu’il faut également savoir c’est que le

plan de Tokyo comprend aussi bien l’espace réel du réseau, l’espace symbolique que l’espace imaginaire.

Ce sont donc les trois dimensions du document, cognitif, technique et social qui ont fait l’objet d’analyses différentes comme par exemple, dans le cadre du RTP Document

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[Pedauque, Salaun, 2006], dans les travaux sur les écrits d’écran [Souchier, 1996] et sur la représentation graphique de la page et spécifiquement de la page à l’écran [Cotte, 2011]. Pour un document émanant de l’espace numérique, il ne peut se séparer des dispositifs qui ont conduit à sa mise en place, sa lecture et son classement. En d’autre terme le document numérique reste coller à jamais à son architecte à savoir, le mécanisme qui l’organise, l’affiche et le lit. Mais de nos jours qu’en est devenu de l’architecture de l’information ?

Nous allons tout d’abord rappeler que depuis une dizaine d’années, des praticiens mettent en place le socle qui reprend les informations dont nous avons besoin pour comprendre l’architecture de l’information (AI) [Haverty, 2002 ; Resmini et al., 2009]. Le « Journal of Information Architecture » est sans doute l’un des acteurs principaux ayant contribué pour le regroupement de ces informations mais aussi les milieux académiques qui se sont intéressés à ce sujet il y a bien longtemps. C’est la raison pour laquelle la littérature actuelle relative à l’AI et qui a été réalisé par d’autres disciplines est totalement déconnectée des études ayant été faites ces dernières années.

De nouvelles compétences pluridisciplinaires sont, selon Resmini [2013], mises en place par l’architecture [Norberg-Schultz, 1971 ; Ferschin, Gramelhofer, 2004], l’aménagement urbain [Lynch, 1960 ; Jacobs, 1992], les sciences cognitives [Johnson, 1987 ; Dourish, 2004], la conception de systèmes intelligents [Meadows, 2008] et les nouveaux médias [Manovich, 2001 ; Tryon, 2009]. Ces disciplines qui sont en train de révolutionner la théorie de l’AI. Après que nous avons pu déduire que les tests utilisateurs sont insuffisants pour le design d’interfaces, nous exposons le travail de création en le divisant en parties « cycles idéation-tests » qui va être réalisée avec l’activité de programmation en génie logiciel et qui sera la toile de fond de la formulation des postulats [Marcoux, Rizkallah, 2013].

L’équation caractéristique de l’architecture de l’information, AI = IT + KM + UX (Information Technology + Knowledge Management + User Experience), donne aujourd’hui une place importante à la dernière dimension. Du point de vue des SIC, cette focale sur l’usager n’est certes pas nouvelle mais elle est réapparue avec la dimension esthétique de la conception portée par les spécialistes du web design et du design interactif et doit être fortement intégrée dans les dispositifs numériques [Broudoux, Chartron, Chaudiron, 2013].

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