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CHAPITRE 4. MÉTHODOLOGIE

4.4 Recrutement des Participantes

Deux types de recrutement ont été effectués dans le cadre de cette étude. Le recrutement le plus fréquent, soit pour les deux groupes de discussion et pour huit des dix entretiens individuels, s’est fait par l’entremise de l’intervenante du milieu d’observation. Les deux autres participantes aux entretiens individuels ont été référées par une thérapeute, qui est un contact personnel de l’étudiante-chercheure.

Au moment de la sélection des participantes, la notion de temps entre la naissance du bébé et la participation à l’étude n’est pas considérée comme une variable à contrôler. Puisque le recrutement se fait principalement via les organismes de soutien aux jeunes parents, les mères

référées ont de jeunes enfants au moment de leur participation à l’étude. Dans les deux organismes visités, les règlements internes mentionnent que le soutien est offert principalement pour deux ans quant aux activités régulières et une participation à plus long terme pour les activités occasionnelles. Cette réglementation peut être assouplie dans le cas des jeunes mères qui présenteraient un état de vulnérabilité plus grand ou qui seraient de nouveau enceintes. Conséquemment, l’écart de temps entre la naissance de l’enfant (ou des enfants) et l’âge au moment de l’entrevue est plus limité.

Au fil du déroulement du projet, il a été décidé d’élargir le cadre du recrutement pour avoir accès à des mères plus âgées au moment de l’entrevue, mais qui ont donné naissance à leur premier enfant alors qu’elles étaient adolescentes. Cette décision permet d’avoir un spectre plus large d’expériences et de pouvoir entamer des réflexions sur la notion de temps et son rôle dans les trajectoires de résilience. Les difficultés de pouvoir recruter des mères qui correspondent aux critères de sélection et qui sont en contact avec des intervenants sur une base régulière limite la participation des mères plus âgées. L’échantillon final est donc inégal dans sa constitution quant à la notion d’écart de temps entre la naissance et le moment de l’entrevue. Il s’agit d’une limite à considérer dans l’interprétation des résultats.

Concrètement, même si l’étudiante-chercheure est présente au sein du groupe, le contact est fait par l’intervenant(e) qui informe la jeune femme qu’elle juge correspondre au profil recherché pour l’étude. Cette approche est privilégiée pour minimiser le sentiment d’intrusion qui pourrait être ressentie, l’intervenante étant déjà au courant du vécu de la jeune femme. Si cette dernière est intéressée, ses coordonnées sont communiquées à la chercheure qui la contacte. La jeune femme peut aussi obtenir les coordonnées de l’étudiante-chercheure, si elle préfère initier la communication.

Une rencontre préparatoire, face-à-face ou téléphonique, d’une durée d’environ dix minutes précède l’entretien de recherche. Cette rencontre permet à la participante de prendre connaissance des thèmes qui sont abordés, des buts de la recherche, de la nature de sa participation et du libre consentement ainsi que de convenir d’un moment et d’un lieu propices à la tenue de l’entretien. Il est expressément stipulé que la participation est libre et volontaire et n’est pas en lien avec les services reçus de la part de l’organisme qu’elle fréquente, si cela s’applique.

La très grande majorité des jeunes mères approchées ont choisi de participer à cette étude. Au total, 22 jeunes mères ont été ciblées par une intervenante et référées avec leur accord, à l’étudiante-chercheure. Lors du contact préparatoire à l’entretien, l’une d’entre-elle a changé d’avis et a décidé de ne pas participe à cause du temps que cela lui demanderait.

L’une des informatrices, qui participait à un groupe de discussion, s’est ravisée au cours de l’entretien et a demandé à ce que ses propos et sa création artistique représentant son parcours ne soient pas utilisés. La transcription de cet entretien a été fait dans les jours qui ont suivi la tenue du groupe de discussion et tous les propos qu’elle y a tenus n’ont pas été transcris. Elle a quitté le groupe de discussion avec sa création artistique à la fin de celui-ci. Elle n’a pas explicité les raisons de son retrait de l’étude et je ne l’ai pas questionné non plus.

Une seconde jeune mère qui avait accepté de participer à l’étude n’a toutefois pas pris part à celle-ci, sur la base de mon jugement personnel. Elle avait été référée par l’intervenante du groupe de jeunes mères qu’elle fréquente. Cette décision a été prise à son domicile, lorsque je m’y suis rendue pour l’interroger. Elle était en larmes, suite à un conflit avec son ex-conjoint. D’ailleurs, celui-ci l’a appelé à quelques reprises et est venu chez elle lors de ma présence. Il lui a exprimé vouloir vérifier si ce qu’elle lui disait était vrai : elle était avec une femme, pour un entretien de recherche. Elle souhaitait faire l’entrevue, notamment parce que je m’étais déplacée, mais souhaitait ne pas parler de son ex-conjoint et de leur histoire, surtout parce qu’il était encore présent et faisait des allées et venues entre l’extérieur et la maison avec leur enfant. J’ai décidé de ne pas l’inclure dans l’étude car je juge qu’elle était fragilisée par le conflit avec son ex-conjoint et la tension encore présente et que le fait de ne pas inclure la dimension du contexte relationnel adverse ne rendait pas justice à la totalité de son expérience vécue lors de sa grossesse précoce. Je lui ai expliquée les raisons pour lesquelles l’entrevue n’aurait pas lieu et lui ai manifesté mon désir de la voir aborder le sujet des négociations autour du droit de visite avec l’intervenante du groupe. Je lui ai assuré que tout resterait confidentiel et resterait entre nous, à moins qu’elle ne le désire.

Il est à noter que lors des observations participantes s’étant déroulées dans des organismes communautaires offrant des services aux jeunes parents, plusieurs jeunes mères ne présentant pas une trajectoire de résilience ont aussi été côtoyées. Sans devenir une source de données permettant des analyses comparatives, ces observations ont permis de mettre en perspective, de contextualiser

et d’enrichir l’information partagée par les jeunes mères de l’étude. Ces moments passés en compagnie de jeunes mères présentant des trajectoires différentes et les échanges informels que nous avons eus enrichissent mes réflexions et sont un matériel important pour cette étude exploratoire. Les réflexions et les interrogations qu’ils ont suscitées sont présentes en toile de fond lors de l’analyse des résultats et influencent ma perception de la maternité précoce. Bien qu’il ne soit pas présenté dans le chapitre Résultats, ce matériel issu des observations participantes sera mis de l’avant dans la section Discussion.