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LE CONTEXTE POLITIQUE ET RELIGIEUX DES

Chapitre 1 : Les changements confessionnels au cours de la guerre de Trente Ans

1.1. La reconquête catholique

L’ensemble de la zone étudiée a connu l’occupation des troupes impériales et françaises. Si ces dernières ne semblent pas avoir œuvré pour une véritable restauration du catholicisme, il n’en est pas de même pour les Impériaux, les Espagnols, les Bavarois et des troupes de Charles IV, bien qu’il faille rester très prudent quant à l’interprétation des événements, le religieux n’étant pas toujours la motivation principale des troupes engagées mais seulement l’une des conséquences de la guerre.

Le duc de Lorraine, allié à l’Empereur et aux Espagnols contre la France, utilise opportunément le sort des armes pour appuyer la religion catholique dans les environs de la Sarre, en particulier dans le comté de Sarrewerden (carte 8), situé aux confins orientaux de la Lorraine. Cette terre convoitée par les ducs de Lorraine appartient aux comtes de Nassau, luthériens. Or, depuis 1527, une querelle oppose la maison de Nassau-Sarrebruck à la maison de Lorraine sur la succession des comtes de Mœurs-Sarrewerden dont la lignée mâle s’est éteinte. La Chambre de justice d’Empire de Spire (le Reichskammergericht) tranche enfin le 7

38 GANTET, op. cit..

39 En effet, les entreprises de recatholicisation ont lieu dès le début de la guerre de Trente Ans dans plusieurs territoires, à commencer par les terres héréditaires des Habsbourg. Parmi les nombreux travaux qui existent, les travaux suivants permettent d’avoir une vision d’ensemble des politiques de recatholicisation dans l’espace rhénan : Arno HERZIG, « Die Rekatholisierung in deutschen Territorien im 16. und 17. Jahrhundert »,

Geschichte und Gesellschaft, 26-1, 2000, p. 76-104 ; Gerhard SPECHT, Johann VIII von Nassau-Siegen und die katholische Restauration in der Grafschaft Siegen, Paderborn, 1964 ; Klaus JAITNER, Die Konfessionspolitik des Pfalzgrafen Philipp Wilhelm von Neuburg in Jülich-Berg von 1647 bis 1679, Münster, 1973

(Reformationsgeschichte Studien und Texte, 107) ; Marc R. FORSTER, The Counter-Reformation in the

juillet 1629 : le duc de Lorraine François II reçoit Bouquenom40 et Sarrewerden, l’ancien chef-lieu du comté ; le reste du comté restant aux mains des Nassau-Sarrebruck qui l’administrent depuis un siècle et y ont introduit la religion luthérienne comme dans l’ensemble de leurs possessions après 1565. Fort de la décision du Reichskammergericht, François II ne perd pas de temps : le 30 juillet, ses troupes occupent Bouquenom, puis Sarrewerden le 1er août 1629. Très vite, les Lorrains investissent dans les faits l’ensemble des villages du comté et même les villages de Lohr (appartenant au comte-palatin de la Petite-Pierre)41, Metting et Posdorf (appartenant aux Rhingraves ou Rheingrafen)42. Cette pénétration officielle lorraine au cœur des villages luthériens du comté de Sarrewerden bouleverse la donne confessionnelle dans la région. Avec les Lorrains, l’heure de la reconquête catholique sonne. Le 28 août, les seize ministres protestants du comté sont appelés à se présenter devant le procureur Rousselot à Sarrewerden, mais seuls trois répondent à l’injonction43, rejetant cette autorité étrangère dont ils se méfient. Face à cette résistance, Nicolas de Serinchamps, représentant le duc de Lorraine, fait alors arrêter par une troupe de cinquante fusiliers treize des seize pasteurs récalcitrants. Ces derniers sont emprisonnés sous bonne garde à Sarrewerden. Nicolas de Serinchamps offre cependant rapidement la liberté à ces otages encombrants : il leur ordonne de sortir du comté sous vingt-quatre heures, à peine de confiscation des biens et de mort s’ils reviennent. Ceux-ci s’exécutent et se réfugient à Sarrebruck44. Pourtant, l’affaire ne s’arrête pas là. Le comte de Nassau-Sarrebruck refuse d’admettre cette main-mise lorraine et encourage les pasteurs chassés à retourner soutenir spirituellement ses sujets protestants. Quelques-uns uns répondent à l’appel de Guillaume-Louis et bravent l’interdit afin de célébrer l’office le douzième dimanche après la Trinité, le 2 septembre 1629, à Altweiler, Bütten, Drulingen, Domfessel et Völlerdingen. De son côté, le pasteur Jost Holler de Bouquenom n’hésite pas à venir baptiser en septembre 1630 deux nouveau-nés ; il réitère la bravade en avril 163145. Les pasteurs du comté de Sarrewerden ayant perdu leurs bénéfices, une collecte est organisée le jour de la nouvelle année 1630 dans les communautés dépendantes du Nassau afin de subvenir à leurs besoins et de les encourager à poursuivre leur soutien spirituel aux fidèles soumis à la tutelle lorraine. Cette collecte remporte un certain succès auquel contribuent également des princes voisins, comme les Rhingraves et le duc de Deux-Ponts.

Les princes lorrains ne se contentent pas de chasser les pasteurs, ils travaillent au renforcement de la religion apostolique et romaine en faisant appel à des prêtres lorrains et étrangers. Le duc François II46 nomme des prêtres à plusieurs paroisses, de par le droit de patronage octroyé par un décret du pape Urbain VIII47. Un ordre du 28 janvier enjoint les

40 Aujourd’hui dénommée Sarre-Union (Bas-rhin) depuis la réunion avec la ville nouvelle de Sarrewerden en 1794.

41 En allemand, Lützelstein.

42 Dagobert FISCHER, L’ancien comté de Sarrewerden et la prévôté de Herbitzheim, Mulhouse, 1877, p.119.

43 Johann ADAM, Evangelische Kirchengeschichte der elsässischen Territorien bis zur Französischen

Revolution, Strasbourg, 1928, p.246.

44 ibid, p.122. Pour Carl Roederich RICHTER, Wie das Saargebiet evangelisch wurde. Reformation und

Gegenreformation 1575-1690, Sarrebrück, 1925 (Unsere Heimat, 10), p.111, ce sont 19 pasteurs qui se seraient

vus intimer cet ordre. ADAM, op. cit., en cite quant à lui 13.

45 Gustav MATTHIS, Die Leiden der Evangelischen in der Grafschaft Saarwerden. Reformation und

Gegenreformation 1557-1700, Strasbourg, 1888, p.99.

46 François II, frère de Henri II, a été reconnu duc par les Etats généraux des duchés le 25 novembre 1625 et a abdiqué dès le lendemain en faveur de son fils Charles de Vaudémont qui devient Charles IV.

47 Ibid., p.94. Charles IV fait de même à Rosseln, village dont le duc et le comte de Nassau-Sarrebrück sont co-seigneurs. Jusqu’en 1631, le pasteur de Völklingen dessert les luthériens alors que les catholiques sont desservis de leur côté par le curé de Forbach. Pour mettre fin à la situation, le duc installe un desservant catholique à Rosseln (Monique PARET, Paul WYNANTS, Autres cultes (1598-1985). Tome II :

sujets d’adhérer à la doctrine enseignée par les jésuites et les autres prêtres, mais comme celui-ci reste lettre morte, François II effectue une visite personnelle du comté début mars afin de menacer de bannissement toute personne refusant de se plier à la nouvelle foi. Les récalcitrants sont alors enfermés et contraints par la force à se convertir48. L’action menée par le duc est soutenue par les pères jésuites. Dès le début de l’occupation lorraine, le duc organise des réunions de controverse animées par des pères du Collège de Nancy sur certains points de la foi catholique. Pourtant, un problème de langue fait d’emblée obstacle à l’action des jésuites : de langue française, les pères de Nancy ne peuvent se faire entendre d’une population essentiellement germanophone. C’est pourquoi le duc de Lorraine fait appel aux Collèges de Luxembourg et de Trèves qui lui envoient respectivement deux prêtres. Les prédications auraient alors touché la population avec un tel succès que le duc demande avant Pâques 1630 aux jésuites de Molsheim de lui envoyer de l’aide : deux nouveaux pères viennent alors œuvrer dans le comté49. François II désire affermir la religion catholique par la création d’un collège à Bouquenom qui doit être une station de mission pour le comté et les pays voisins de langue allemande. Il confie son projet au Général des jésuites Mutius Vitelleschi qui répond favorablement à cette fondation en terre de contre-réforme. Le 1er décembre 1630, la charte de fondation du collège est signée50. Parmi les exigences du duc qui pourvoit généreusement la nouvelle fondation51, six élèves doivent avoir une bonne maîtrise de la langue allemande afin d’être en mesure de desservir régulièrement les paroisses du comté et de la prévôté de Herbitzheim52. Le problème de la dépendance du collège se pose alors : Bouquenom doit-il dépendre de la province de Champagne ou de celle du Rhin supérieur ? La contrainte linguistique entraîne la décision du Général qui intègre le collège à la province du Rhin supérieur53. Les pères de Nancy s’en retournent et sont remplacés par des Pères issus de l’évêché de Mayence. Le 1er mars 1631, François II fonde un couvent de nonnes à Bouquenom destiné entre autres à l’éducation des jeunes filles.

Le renouveau catholique dans les villages du comté reste toutefois très fragile. La population protestante trouve encore le soutien ponctuel des pasteurs qui, pour certains, se sont réfugiés dans les environs immédiats, dans les seigneuries luthériennes de Fénétrange, Diemeringen et le comté de la Petite-Pierre. A cela s’ajoute le fait que le duc de Lorraine n’a pas les troupes nécessaires pour imposer les changements voulus ; d’autre part, l’encadrement catholique paraît avoir été lacunaire54. Cependant, il semble que la messe ait pu être dite régulièrement dans au moins six églises55. De plus, des maîtres d’école catholiques sont attestés à

la dépendance des Nassau-Sarrebrück. Dans la chapelle du château, il érige le culte catholique. La même année, l’évêque de Metz entreprend une visite dans la ville (Karl FISCHER, « Kirchengeschichte der Stadt Homburg in der ersten Hälfte des 18. Jahrhunderts », BPKG, 27, 1960, p.125-139, ici p.127).

48 ADAM, op. cit., p.246-247.

49 P. DELATTRE, Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles, vol. 1, Paris, 1949, col. 840-841.

50 ADM G 281. Ce n’est cependant qu’en mars 1632 que le Général de la Compagnie approuve définitivement la fondation.

51 Le collège se voit entre autres attribuer les revenus de l’ancienne abbaye de Herbitzheim, sécularisée depuis des décennies (1553).

52 FISCHER, L’ancien comté de Sarrewerden, op. cit., p.124. Ceux-ci devaient être instruits et éduqués par les jésuites dans une maison séparée du collège « pour les rendre capables de desservir les cures du Comté de Sarrewerden, de l’avouerie de Herbitzheim, et des autres paroisses du diocèse où la langue allemande était en usage. » (DELATTRE, op. cit., col. 842).

53 DELATTRE, op. cit., col. 843 ; MATTHIS, Die Leiden der Evangelischen, op. cit., p.100.

54 Les registres paroissiaux sont trop incomplets sur cette période pour pouvoir suivre dans le détails la progression catholique.

55 MATTHIS, Die Leiden der Evangelischen, op. cit., p.94-95. Nous nous appuyons ici sur cet auteur protestant, pasteur de son état. C’est donc avec prudence qu’il convient d’utiliser ces informations, de par le fait qu’une « préférence confessionnelle » a pu jouer dans la lecture des sources.

Mackweiler56 ainsi qu’à Berg57. Encore faut-il souligner que ce dernier n’est autre que le maître d’école protestant converti à la foi catholique : conversion sincère ou conversion de circonstance afin de conserver sa place dans des temps difficiles ? Il est délicat de trancher. La faiblesse de la pénétration catholique se lit également dans la concession faite par le duc aux protestants du comté : ceux-ci obtiennent le droit au culte mais dans un seul lieu. Ils choisissent Bouquenom, sous la direction du pasteur Holler qui doit prêter serment, avant son retour en fonction, de ne point prêcher contre la Vierge et les saints, ni contre la Maison de Lorraine58.

L’ensemble de la recatholicisation dans le comté de Sarrewerden est remis en cause par le sort des armes. En 1633, les Suédois occupent le comté et mettent fin à l’activité jésuite. En 1635, l’opiniâtreté des deux derniers pères jésuites est vaincue par les violences de la soldatesque : les jésuites quittent Bouquenom59. Les Lorrains réoccupent le comté en 1641 et sont accompagnés de deux pères jésuites de Nancy. Ceux-ci ne s’emparent cependant pas de l’église paroissiale et se contentent d’officier dans la chapelle du collège60. Dans un contexte militaire très changeant61, les jésuites ne peuvent plus espérer un véritable soutien du duc de Lorraine ; tout au plus, les accalmies leur permettent de donner les sacrements aux anciens catholiques de Bouquenom et Sarrewerden et, épisodiquement, de desservir les villages alentours. Il est alors difficile de parler de recatholicisation, bien que quelques conversions aient lieu62.

La Maison de Lorraine profite également de l’extension de son influence lors de mariages63 ou d’achats territoriaux, comme c’est le cas au sud du comté de Sarrewerden pour la principauté de Lixheim (voir carte 7), pour avantager la religion catholique. L’acquisition de la principauté calviniste64 offre en effet au duc de Lorraine l’occasion d’intervenir en faveur de la religion catholique. En 1623, le duc de Lorraine Henri II achète à Frédéric V la terre de Lixheim en faveur du prince de Phalsbourg, son neveu Louis de Guise65. Henri II confirme dans les clauses d’achat le libre exercice de la religion réformée : « les sujets résidants à Lixheim seront maintenus dès maintenant et à toujours en l’exercice de leur religion, sans que

56 ADBR, 5 Mi 94/1.

57 ADBR 5 Mi 434/1.

58 FISCHER, L’ancien comté de Sarrewerden, op. cit., p.127.

59 Ils semblent toutefois qu’ils ont effectué de brèves incursions dans le comté ; DELATTRE, op. cit., col. 846.

60 MATTHIS, Die Leiden der Evangelischen, op. cit., p.128.

61 Les croates occupent un moment les lieux. Les Lorrains occupent le comté jusqu’en 1643, période où Condé campe dans les environs. Pour un aperçu de la complexité des mouvements militaires et des incertitudes inhérentes à ceux-ci pour les populations de toutes confessions, voir Philippe MARTIN, Une guerre de Trente

ans en Lorraine, 1630-1660, Metz, 2001.

62 DELATTRE, op. cit., col. 847 ; ADBR 5 Mi 434/1.

63 Dans le comté de Salm luthérien, les choses évoluent avec la conversion au catholicisme d’une branche de la maison de Salm et le mariage de Christine, avec François de Vaudémont, fils cadet du duc Charles III. Ces conditions permettent au catholicisme de regagner peu à peu du terrain : « François interdit en 1624 le protestantisme dans la portion du comté de Salm qui avait constitué la dot de sa femme, et il y envoya l’année suivante un groupe de missionnaires dont faisait partie Pierre Fourier » (Robert PARISOT, Histoire de la

Lorraine, tome 2 : de 1552 à 1789, Bruxelles, 1978 (réédition), p. 320-321.

64 La ville de Lixheim est fondée en 1608 par le prince électeur palatin Frédéric IV, prince calviniste. Grâce aux privilèges d’installation et au libre exercice accordé aux réformés, la ville croît vite : en 1632, elle compte 116 maisons (voir Henri LEPAGE, Les communes de la Meurthe. Journal historique des villes, bourgs, villages,

hameaux et censes de ce département, vol. 2, Nancy, 19782, p. 603-605). L’article 2 de la capitulation de 1608 mentionne en particulier la nécessité pour les officiers de la ville de maîtriser à la fois le français et l’allemand, en vue d’assurer la coexistence des calvinistes venus de deux aires linguistiques différentes

65 Après la mort de Louis, Henriette de Vaudémont se remarie. Son quatrième époux, François Joseph Grimaldi, hérite de ses droits au décès de celle-ci en 1660. A la mort de son neveu (1702), unique héritier, la principauté revient au prince de Vaudémont. Lixheim devient français en 1766.

nous y apportions ou permettions d’y apporter aucun changement de notre part en façon quelconque ; et s’il advenait que les bourgeois et habitants dudit Lixheim fussent inquiété en la liberté de leur religion et contraints à cette occasion de se retirer ailleurs, en ce cas, nous, nos hoirs et ayant cause, serons tenus leur faire remboursement des frais par eux employés aux bâtiments de leurs maisons et demeurances […] »66. Pourtant, Louis de Guise et son épouse Henriette, avec le soutien de l’empereur Ferdinand II et du duc de Lorraine, cherchent rapidement à restaurer le catholicisme dans leur nouvelle possession, faisant fi des accords touchant la religion67. Sous l’impulsion de l’évêque et du chapitre de Strasbourg68, l’Empereur écrit en 1628 au duc de Lorraine et au prince de Lixheim de tout faire pour restaurer la religion catholique à la place de la « fausse » religion69. De son côté, Ferdinand II érige la seigneurie en principauté immédiate d’Empire en 1629 qui reste cependant soumise à la juridiction de l’évêque de Metz. La même année, les calvinistes se voient interdire le culte dans l’église du couvent de Saint-Benoît ainsi que le culte dans toute la principauté, sous la justification que tous les sujets de la maison princière doivent être catholiques. Cette application du jus reformandi est toutefois atténuée quelques années plus tard : Louis de Guise accorde à ses sujets calvinistes la construction d’un temple à leurs frais. Cette mesure est peut-être prise au regard des conséquences de la guerre qui freinent toute entreprise de reconquête catholique. Si Lixheim reste préservée jusqu’en 1632 des malheurs de la guerre, alors que les Suédois de Gustave Horn ravagent Sarrebourg, Fénétrange et les environs de la Sarre, cela ne dure guère70. Les Suédois campent dans les environs de la ville et l’absence d’officiers lorrains favorise le maintien de la communauté calviniste : en 1636, un pasteur nommé Claude Guillot71, venu avec les troupes suédoises, persuade les habitants de la ville de le choisir comme pasteur. Mais, lorsque celles-ci investissent la ville la même année, elles n’épargnent personne, pas même le pasteur Deschamp qui survit cependant à un coup de sabre. Comme dans le comté de Sarrewerden, la guerre freine pour un temps la progression catholique à Lixheim, mais à la différence du cas précédent, l’avenir est moins favorable pour les calvinistes du lieu qui restent sujets d’un prince catholique.

Sur les marges orientales du diocèse de Metz, en dehors des terres d’Empire enclavées dans les possessions lorraines – comté de Sarrewerden et principauté de Lixheim – la reconquête catholique semble être constituée par des actions ponctuelles guidées par les événements. Il est vrai que le duc de Lorraine, qui peut prétendre au titre de champion de la cause catholique72, ne possède pas dans la région de la Sarre les moyens militaires nécessaires pour faire valoir ses prétentions ; il ne peut guère qu’occuper momentanément certains lieux, favoriser les initiatives des religieux de Wadgassen ou de Fraulautern. Cependant, si les événements suivants de la guerre gomment en partie les acquis du catholicisme, ils ne les font pas disparaître. Les comtes de Nassau vont devoir faire la paix en tenant compte de la présence de davantage de catholiques dans leurs terres.

66 Henri LEPAGE, op. cit., p. 605.

67 Ce n’est pas là un cas particulier. En 1621, la paroisse de Wiesweiler est cédée par le comte de Nassau-Sarrebrück au duc de Lorraine. Les sujets luthériens sont protégés par un accord qui leur garantit la liberté d’aller au culte où ils l’entendent ; ils ne doivent pas être forcés à se convertir à la religion romaine, mais ces promesses restent lettres mortes.

68 Lixheim est du ressort du diocèse de Metz, alors sous influence française.

69 Heinrich EICHELMANN, Lixheim. Ein Beitrag zur Geschichte und Heimatskunde der Stadt, Metz, 1909, p. 63.

70 Richelieu ordonne le 29 décembre 1634 de raser les fortifications de la ville.

71 Cet ancien moine, appelé Deschamp, a été ordonné à Sedan.

72 De 1595 à 1612, la famille de Lorraine, par la personne du cardinal Charles, ont activement soutenu la réforme catholique dans le diocèse de Metz où les ordres religieux ont œuvré au renforcement de la religion catholique (voir Henri Tribout de MOREMBERT (dir.), Histoire du diocèse de Metz, 1970, p. 111s).

Les princes d’Empire catholiques travaillent de leur côté depuis le XVIe siècle à freiner la progression du protestantisme, à l’exemple de la branche catholique de la maison de Bade. En effet, à partir de 1622, le margrave de Bade-Bade entreprend la recatholicisation du margraviat (rive droite) et de la seigneurie de Gräfenstein située au nord de Pirmasens73. Comme en Lorraine ducale, les pasteurs et leurs familles doivent quitter ses terres. Il est alors nécessaire de pourvoir 37 paroisses ; pour cela, Guillaume fait appel à l’évêque de Spire et au Provincial jésuite de la Province du Rhin supérieur. Les jésuites entreprennent alors des