• Aucun résultat trouvé

LE CONTEXTE POLITIQUE ET RELIGIEUX DES

Chapitre 5 : le renforcement des Eglises territoriales 446

5.2. Lutter contre l’accroissement des minorités

Aux yeux des princes territoriaux, l’homogénéité confessionnelle parmi les sujets reste une condition essentielle au développement de l’Etat car elle est censée renforcer un sentiment commun d’appartenance à un groupe identifié par la religion et un prince. Dans le Palatinat, Samuel Pufendorf, appelé à enseigner à l’université de Heidelberg, diffuse cette même idée, entre autres dans son De statu imperii Germanici. A ses yeux, l’unité religieuse constitue le meilleur soutien aux entreprises politiques alors que les divisions religieuses entraînent nécessairement méfiance et conflits483. Comment alors concilier convictions politico-religieuses et pragmatisme ? Aucun prince ne peut décemment penser à l’expulsion des minorités pour des raisons économiques et commerciales, alors que chacun pratique une politique de repeuplement. La présence de minorités constitue pourtant une gêne pour un prince territorial, à la fois pour des raisons de bonne administration – la coexistence entraînant inévitablement des tensions et des procès – et de convictions personnelles. Il apparaît que les princes n’ont jamais complètement écarté la possibilité de limiter le poids des minorités, voire même de le réduire à peu de choses. L’esprit de conversion n’est jamais très loin. Trois attitudes peuvent alors être définies qui ne s’opposent pas à la conciliation dont font preuve certains princes : la tentative d’union, l’incitation à la conversion et la lecture restrictive des droits des minorités religieuses. La difficulté dans l’analyse de la question des conversions vient de la confusion possible entre ce qui est ordonné directement par le pouvoir princier et les initiatives individuelles.

a) Limiter les droits des minorités.

Nous avons déjà vu que les traités de 1648 jettent les bases de la coexistence confessionnelle sans pour autant tenir complètement compte de l’édifice à bâtir. Les minorités catholiques, luthériennes et calvinistes jouissent d’une reconnaissance officielle, mais seules les concessions princières leur donnent une existence légale ce qui ne signifie pas une légitimité absolue aux yeux des autorités religieuses. De plus, la grande majorité des groupes confessionnels minoritaires vivent disséminés dans l’espace avec une lecture a minima de leurs droits confessionnels. Enfin, les minorités non reconnues par les traités de Westphalie doivent leur existence au seul bon vouloir du prince. Ce dernier reste l’acteur essentiel de la politique confessionnelle dans ses Etats car il est le chef de l’Eglise territoriale. Si la présence de minorités constitue une donnée de sa politique, le prince ne peut voir sans inquiétude se multiplier les sujets d’une autre confession que la sienne. A cet égard, les politiques princières peuvent apparaître comme ambiguës, voire contradictoires : d’un côté, le prince reconnaît l’implantation de groupes confessionnels minoritaires, mais de l’autre, il utilise son Eglise territoriale comme vecteur d’une politique restrictive envers ces minorités.

Cette attitude se fait sentir dès la paix de 1648. Dans le Palatinat, les luthériens subissent des pressions importantes de la part de l’Eglise réformée, soutenue par Karl Ludwig. Celui-ci se refuse à voir augmenter le nombre des communautés luthériennes afin d’en limiter l’influence. Un pamphlet de 1650, diffusé à partir de Nuremberg, intitulé Einer neuen

Heidelbergischen Calvinischen Kirchen-Ordnung, dénonce en 21 articles l’oppression dont

sont victimes les luthériens du Palatinat484. L’Electeur charge son conseiller ecclésiastique Daniel Tossanus de répondre à ce texte par une Oratio votiva qui paraît en mars 1650. En 1669, le pamphlet est réédité à Ratisbonne485, ce qui souligne la permanence des problèmes. Ce qui se passe à Heidelberg est représentatif de la politique religieuse du prince électeur. Heidelberg est la résidence princière et le siège du gouvernement palatin. Or, les inquiétudes sont grandes face à l’accroissement du nombre des luthériens et des catholiques qui, à eux tous, pèsent davantage que les calvinistes. L’Eglise réformée est confrontée à un problème de taille : la communauté luthérienne bénéficie d’une reconnaissance officielle, ce qui jette les bases d’un enracinement et d’un accroissement possible du nombre de luthériens, lesquels ne peuvent manquer de gagner de l’influence dans le commerce et les instances urbaines. Précédemment, nous avons souligné la difficulté des tractations pour l’octroi de cette concession, il est temps de revenir en détail sur ce point486. Dans une adresse à Karl Ludwig, le Conseil ecclésiastique souligne que l’introduction d’un office divin luthérien entraînera nécessairement des troubles (es grosse vnruhe causiren). D’ailleurs, instaurer un culte officiel n’apparaît pas utile, les luthériens pouvant se rendre au culte à Neckarsteinach. Toutefois, si le prince électeur doit accorder le libre exercice aux luthériens, de sévères précautions sont à prendre : la construction d’un temple doit être à leurs frais ou s’ils partagent un temple avec les calvinistes, les revenus resteront aux mains de ces derniers ; comme la paix de Westphalie ne parle pas d’école pour les luthériens, ceux-ci peuvent financer eux-mêmes un maître d’école ou envoyer leurs enfants à l’école réformée ; seul exercera un pasteur choisi et approuvé par le prince-électeur ou le Conseil ecclésiastique qui aura auparavant examiné ses connaissances théologiques ; ce pasteur ne pourra baptiser ou célébrer les mariages ; les enfants des couples mixtes seront obligatoirement baptisés dans la religion calviniste ; l’ondoiement des nouveaux-nés en péril sera interdit. Les luthériens resteront sous la coupe du Presbytère calviniste pour toutes les questions disciplinaires ; ils ne devront sous aucun prétexte de religion correspondre avec une autorité étrangère. Afin d’assurer l’avenir de la religion réformée, les emplois d’officiers et le conseil de ville devront rester ouverts aux seuls réformés, de même que l’octroi du droit de bourgeoisie. Comme l’indique la lecture de ces points, en cas de reconnaissance de l’exercice public de la religion luthérienne, les luthériens seront soumis à de sévères restrictions. La mise en place de leur culte suppose dans ce cas une certaine puissance économique pour bâtir un temple et financer pasteur et maître d’école, mais surtout une totale soumission à l’Eglise réformée. De surcroît, l’interdiction de correspondre avec un prince étranger indique bien la volonté des calvinistes de mener la vie dure aux luthériens, sans que ceux-ci puissent faire appel à un prince luthérien influent comme le roi de Suède. Suite à cette adresse, le gouvernement de Heidelberg ouvre les portes de la Spitalkirche le 2 février 1650. L’approbation par le Conseil ecclésiastique de la concession aux luthériens s’effectue sous conditions : les enfants des couples mixtes doivent obligatoirement être baptisés calvinistes et le Presbytère veut avoir un exemplaire du texte de la concession afin de pouvoir exercer son droit disciplinaire. La volonté de ne pas perdre des âmes et de pouvoir interpréter de la manière la plus rigoureuse la loi est ici soulignée. Le texte définitif indique bien la prise en compte des revendications du Kirchenrat : le pasteur est financé par les luthériens et il ne peut célébrer dans la Spitalkirche que les baptêmes, mariages et enterrements impliquant les seuls luthériens. Ces actes doivent être inscrits dans les registres calvinistes de la Heiliggeistkirche ; la discipline ecclésiastique reste du ressort de l’Eglise réformée. L’existence sociale de la communauté luthérienne de Heidelberg est ainsi

484 Le pamphlet reprend en partie un texte déjà paru en 1567. La nouvelle version est contemporaine des négociations de Nuremberg et a certainement comme objectif de faire pression sur le prince-électeur en vue d’obtenir des avantages pour les luthériens, avec le soutien du roi de Suède.

485 FLEGEL, op. cit., p. 47-48 ; ERNST, Die reformierte Kirche, op. cit., p. 272-273 ; GLAK 77/3547.

gommée. Les luthériens soulignent leur mécontentement face à ces restrictions dans une nouvelle adresse au prince le 22 novembre 1650487. La discordance entre le texte officiel et l’adresse des luthériens évoque clairement les divergences de vues quant à l’exercice de la religion luthérienne à Heidelberg : le premier parle à ce propos d’Exercitium Religionis, alors que le second de libre exercice de la religion (freyes offentliches Exercit : Relig.). Les luthériens dénoncent plusieurs points de mécontentement en particulier en ce qui concerne les unions mixtes: lorsque le mari est luthérien, le mariage et le baptême doivent être luthériens. Sur ce point, ils obtiennent partiellement satisfaction. Le texte de la concession est modifié en décembre 1650 et stipule que les unions mixtes, lorsque le mari est luthérien, seront célébrées dans la Spitalkirche et que les enfants de ces couples seront baptisés dans ce même temple488. La situation des luthériens de Heidelberg présente les principaux points d’achoppement entre l’Eglise territoriale et les minorités, illustrés par d’autres exemples analogues. Les autorités religieuses soucieuses du maintien de leurs prérogatives veillent à la maîtrise de l’encadrement religieux des minorités. La question du corps pastoral est donc essentielle car la présence d’un pasteur ou d’un prêtre constitue une condition majeure au maintien d’une minorité. Le soutien spirituel et une existence légale donnent ainsi corps à l’identité confessionnelle qui s’incarne dans un espace religieux et une personne référente, catalyseur des espoirs. C’est pourquoi les Eglises territoriales tentent de limiter le rôle de ces pasteurs ou de ces prêtres par divers moyens. Leur nombre doit être limité à un strict minimum : un seul pasteur luthérien à Heidelberg, même si Karl Ludwig accorde en 1662 la nomination d’un diacre, en précisant toutefois que cela ne change en rien la concession de décembre 1650. Ce diacre se voit d’ailleurs interdire tout enseignement489. La volonté de limiter l’accroissement des droits des minorités se dévoile rapidement. Lorsqu’en 1654, la communauté luthérienne de Heddesbach demande à avoir un pasteur, le prince électeur le lui refuse en vertu de l’année normative. Or, à l’origine, bien que le droit de collation appartienne au Landschad von Steinach, le Kirchenrat a imposé en 1614 un pasteur calviniste. La proposition en 1662 par la communauté luthérienne de financer elle-même un pasteur ne modifie en rien le point de vue palatin490. De même, à Neustadt an der Haardt, les luthériens demandent en mai 1659 au gouvernement de Heidelberg le libre exercice de leur religion ainsi que l’installation d’un pasteur. Le Haut-Conseil se prononce contre la fondation d’une telle paroisse, de crainte de voir de semblables demandes affluer de tout le Palatinat. Le bailli de Neustadt prévient Karl Ludwig des risques de conflits en cas d’octroi d’une paroisse luthérienne. Le prince électeur rejette la demande des luthériens de Neustadt et punit même d’une amende de 100 Reichstaler les inspirateurs de la pétition491. Lorsque l’occasion se présente, on substitue un pasteur calviniste au pasteur luthérien. A Breitenbronn, qui revient au Palatinat en 1653, le Kirchenrat souhaite rattacher la paroisse luthérienne à la paroisse calviniste d’Asbach et chasser le pasteur sous un quelconque prétexte. Cependant, c’est seulement en 1671 qu’il parvient à ses fins lorsque le pasteur luthérien refuse d’intégrer à la prière le nom du prince-électeur492. A Nieder-Saulheim, depuis 1650, Heidelberg tente d’imposer un pasteur calviniste et réclame encore au début des années 1670 la destitution du pasteur luthérien493.

487 GLAK 204/1704,p. 93s.

488 GLAK 204/1708, p. 118-123.

489 ERNST, Die reformierte Kirche, op. cit., p. 281.

490 Ibid., p. 286.

491 ERNST, Ibid., p. 289.

492 ERNST, Ibid., p. 285.

Le droit de collation reste aux mains du Landesherr et constitue une arme de choix pour renforcer l’Eglise territoriale494. Nous avons déjà souligné le fait que les candidats sont soumis à l’approbation du prince. Il existe cependant des cas où les querelles de patronage entraînent la suppression d’un poste de pasteur en faveur de l’Eglise territoriale. Un pasteur calviniste exerçait dans le village chevaleresque de Rohrbach bei Sinsheim avant 1618, mais le baron (Freiherr) von Venningen profita de la guerre pour y introduire un pasteur luthérien. Le prince électeur du Palatinat nomme un pasteur, ce que dénonce le baron von Venningen prétendant jouir du droit de présentation. Ce dernier interdit alors à ses sujets de fréquenter le culte réformé et leur ordonne d’aller au culte luthérien à Dühren alors que Karl Ludwig appelle les habitants à ne pas se laisser impressionner par les menaces. En février 1652, une vingtaine de luthériens de Rohrbach se rendent à Heidelberg afin de demander l’exercice libre de leur religion, ce qui leur est refusé. En 1659, l’Electeur palatin nomme un diacre à Sinsheim chargé de desservir Rohrbach et payé avec la petite dîme. Il fait réparer le temple en 1661 qui est alors entièrement aux mains de l’Eglise calviniste, alors que la population reste luthérienne495. Autre affaire. En 1655 éclate une querelle de patronage entre le Palatinat et le seigneur luthérien von Löwenstein feudataire du prince électeur de Mayence. L’introduction d’un pasteur réformé échoue une première fois en novembre 1655 face aux portes fermées du temple. Quelques semaines plus tard, le Landschreiber d’Alzey fait forcer les portes et en décembre le pasteur luthérien est chassé. Les revendications du prince-électeur du Palatinat reposent sur la présence d’un pasteur calviniste avant 1618 alors que comte de Löwenstein appuie son droit sur l’exercice du culte luthérien dans le Rathaus en 1624. Ce dernier interdit sous peine d’amende à ses sujets de se rendre au culte réformé. En avril 1657, deux émissaires de Mayence rouvrent les portes du temple aux luthériens qui en sont à nouveau chassés dans les mois suivants par le bailli d’Alzey. En 1660, un accord de simultaneum496 est trouvé. A la

mort de Johann Wolfgang von Löwenstein en 1664, l’Electeur de Mayence recouvre son droit de patronage et nomme à nouveau un pasteur luthérien en juillet. En août 1664, l’Electeur palatin utilise la force pour remplacer celui-ci par un pasteur calviniste497. Karl Ludwig connaît de semblables différents avec d’autres seigneurs voisins : à Altenstadt avec les chanoines de Wissembourg qui jouissent du droit de collation alors que l’Electeur n’a qu’un droit de présentation498, à Großbockenheim avec le comte von Leiningen499, à Biedesheim où la comtesse von Leiningen-Heidesheim empêche la tenue du culte réformé500. A Dackenheim501, seigneurie commune avec le comte de Nassau-Sarrebrück, Charles-Louis refuse de reconnaître la nomination d’un pasteur luthérien alors qu’en 1618, un pasteur calviniste y était en exercice. Le duc de Deux-Ponts observe la même attitude que son voisin. En 1675, une querelle éclate avec le baron von Steinkallenfels, luthérien, qui a nommé un pasteur de sa confession à Buntenbach502. Le duc envoie au dit village une troupe afin de s’assurer que le pasteur venu de Sarrebrück ne prêche plus dans le temple ; alors que Philipp Jakob Reichert célèbre le culte, le capitaine s’empare de sa personne et l’emprisonne.

494 La question du droit de patronage est complexe et peut engendrer des situations très particulières. Par exemple, à Wattenheim bei Lampertheim, cédé à l’archevêque de Mayence, l’Electeur palatin conserve le droit de patronage ; à lui donc de confirmer le curé présenté pour la paroisse catholique (BENRATH, « Die konfessionellen Unionsbestrebungen », op. cit., p. 194).

495 FLEGEL, op. cit., p. 93-94.

496 Simultaneum ou culte alterné (voir troisième partie).

497 ERNST, Die reformierte Kirche, op. cit., p. 294.

498 GLAK 61/8822, 24/11/1649; BAUR, op. cit., p. 143.

499 GLAK 61/8840, 21/3/1656.

500 GLAK 61/8889, 10/6/1664.

501 GLAK 61/8833, 8 et 13/10/1653..

Quelles conclusions tirer de ces exemples ? Ils montrent à l’évidence que le gouvernement de Heidelberg cherche par tous les moyens à empêcher l’accroissement de la foi luthérienne sur ses terres en refusant des situations de fait et en ne laissant aucune prise à la fondation de nouvelles paroisses non réformées. Des conflits de même type existent entre princes de même religion, comme celui entre le duc de Deux-Ponts et le chevalier d’Empire (Junker) Boos von Waldeck à propos du droit de nomination à Hundsbach503. Mais peut-être sommes-nous aussi à la limite de l’interprétation confessionnelle. Si la motivation religieuse n’est pas absente de ces affaires, ne peut-on également y voir les récurrentes querelles de patronage qui tiennent davantage de la défense des droits statutaires que d’une quelconque affaire de religion ? Toute innovation en matière religieuse est en général récusée. Les demandes de construction de nouveaux lieux de culte ou d’écoles pour une minorité sont rejetées, sauf exception, comme dans le Palatinat. Les tensions subsistent entre calvinistes et luthériens à Heidelberg, mais l’esprit accommodant de Karl Ludwig et son mariage secret avec la luthérienne Luise von Degenfeld (le 6 janvier 1658) améliorent la position des luthériens. La Peterskirche est ouverte au simultaneum en avril 1658 et en février 1659, les luthériens obtiennent l’autorisation de construire un temple, la Providenzkirche. L’opposition des calvinistes est forte mais Karl Ludwig n’en tient pas compte et les travaux débutent en avril 1659 aux frais des luthériens. La consécration du temple a lieu le 21 août 1661, un jour de semaine afin de ne pas renforcer l’aigreur des calvinistes504. Le corps pastoral toléré voit son activité fortement réglementée en vue de restreindre son influence et, par là même, d’accroître celle de l’Eglise territoriale. En premier lieu, il y a une véritable dépendance à l’égard de cette dernière. Les candidats ne peuvent exercer leur ministère sans avoir auparavant subi un examen de leurs compétences. Dans le Palatinat, tous les postes spirituels à pourvoir dépendent du Kirchenrat qui soumet à un examen non seulement les candidats calvinistes mais aussi luthériens et catholiques aux postes pastoraux et d’enseignants505. Ces derniers doivent se rendre à Heidelberg afin de se voir reconnaître la collation, de promettre de ne point persécuter les calvinistes vivants dans leur paroisse et de les laisser fréquenter le culte ailleurs comme le soulignent les traités de paix. Le souci d’un encadrement de qualité et d’avoir un contrôle social sur les minorité n’est pas absent de cette pratique, mais il s’agit bien là d’un contrôle sur le recrutement des pasteurs destinés aux minorités. Les représentants des clergés minoritaires ne se plient pas tous volontiers à cet exercice. Le Père Robert Kolb, curé de Billigheim et de Waldmühlbach refuse de se présenter à Heidelberg en 1666506. Le pasteur luthérien Georg Philipp Heyland, appuyé par ses ouailles d’Oppenheim, refuse de se soumettre à l’examen du Kirchenrat calviniste en dépit de la menace de lui supprimer son traitement et de lui interdire d’exercer son ministère507. L’affaire traîne plusieurs mois, les luthériens considérant que la soumission au Kirchenrat calviniste représente une atteinte à l’article 7 de la paix d’Osnabrück. Les luthériens doivent cependant céder face à la pression de Heidelberg et en 1679, lorsqu’ils présentent un nouveau candidat après le décès de Heyland, celui-ci se soumet à l’examen508. Toute tentative de développement interne du clergé minoritaire est rapidement étouffée : à Oppenheim, le pasteur luthérien Johann Vitriarius entre en conflit avec le gouvernement de Heidelberg parce qu’il a ordonné avec l’aide de deux collègues de Hesse-Darmstadt un étudiant en théologie509. L’activité même de ce clergé est sous la tutelle des calvinistes. Au cours de l’été 1653 éclate une querelle entre le

503 KONERSMANN, op. cit., p. 394.

504 FLEGEL, op. cit., p. 68-73 ; BENRATH, « Die Konfessionnelle Unionsbestrebungen », op. cit., p. 255s.

505 ERNST, Die reformierte Kirche, op. cit., p. 125.

506 Ibid., note 272 p. 159.

507 GLAK 61/8863, 25/1/1660.

508 FLEGEL, op. cit., p. 51-53.

Kirchenrat et la pasteur luthérien Heyland, à Heidelberg : ce dernier a prêché au cours de

l’enterrement d’un étudiant luthérien, sans en avoir eu auparavant l’autorisation du

Kirchenrat. Heyland est également accusé de pratiquer baptêmes et mariages sans

permission510. La soumission du clergé minoritaire passe également par sa dépendance à l’égard de la juridiction ecclésiastique de l’Eglise territoriale. Pour les affaires de discipline ecclésiastique, le pasteur reste soumis aux instances religieuses de la confession majoritaire. L’aire pastorale accordée au clergé minoritaire est volontairement réduite afin de limiter son influence et d’éviter tout empiétement qui pourrait donner naissance à de nouvelles