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Le rapport national/étranger

Dans le document Les populismes en Bulgarie (Page 119-133)

Première partie : Les racines des populismes

Section 1 Le rapport national/étranger

La Bulgarie est une nation charnière dont l’appartenance géopolitique et culturelle a connu plusieurs évolutions qui laissent des traces significatives dans la conscience collective (§1). Parallèlement, l’identité nationale subit une pression résultant du processus complexe de délimitation et d’identification de la nation bulgare par rapport à l’étranger à l’issue de la Guerre froide, puis de l’européanisation et de la mondialisation (§2). L’important taux d’émigration et la crise démographique sont aussi à l’origine de la perception d’un effondrement de la communauté nationale (§ 3).

§1 La Bulgarie, un pays charnière

La Bulgarie se caractérise par une culture « flottante » entre divers pôles politico-culturels. Trois types de civilisations ont influencé la culture bulgare : la civilisation d’Europe Orientale (byzantine et orthodoxe), la civilisation ottomane et la civilisation d’Europe Occidentale. Ces trois types de civilisations ont un statut différent dans l’imaginaire national: les civilisations byzantine et occidentale sont positivement connotées, en faisant l’objet d’une intégration historique (la civilisation d’Europe Orientale) et d’une aspiration d’appartenance inachevée

(l’Europe Occidentale); à la différence de celles-ci, la civilisation ottomane est négativement connotée, ayant été imposée par la force et faisant l’objet d’une anti- identification.

De ce mélange culturel résulte une identification « médiane » : l’identité balkanique. Pourtant, celle-ci est associée à une identification externe et non à une auto-identification positive et souhaitée. Comme le souligne Maria Todorova : « Le

mot balkanisation est synonyme d’un retour vers le sous-développé, le primitif, le barbare. Le mot est sorti du contexte et sert de paradigme dans le débat sur les différents problèmes. Les dimensions du discours négatif sur les Balkans ont largement dépassé le simple discours des Balkans en tant qu’Autre Europe, pour leur attribuer des traits et des stéréotypes les opposant au monde « civilisé » »276.

Portant une étiquette négative, les Balkans sont considérés comme une identification régionale disqualifiante ; la Bulgarie cherche à y échapper en recherchant un parcours identitaire original.

Du fait qu’il s’agit d’une nation de petite taille, à constitution stato-nationale relativement tardive, le poids des facteurs externes dans l’évolution interne de la Bulgarie s’est toujours avéré crucial au cours de l’évolution historique. Il a créé des imaginaires stables dans la conscience collective : un nihilisme à propos des capacités propres de la Bulgarie, une hyperbolisation du poids de l’étranger sur la politique interne, une perception de dépendance permanente de la Bulgarie par rapport aux forces étrangères. Cette construction procure des arguments aux leaders articulant un discours populiste qui instrumentalisent la menace constante de l’étranger.

On évoquera les imaginaires construits à propos des deux pôles extérieures ayant eu une influence sur l’évolution nationale : la Russie, le grand frère qui « surveille » la Bulgarie (I) et l’Europe en tant que modèle et identité à laquelle elle aspire (II).

I La Russie, le grand frère qui « surveille » la Bulgarie

La Russie a joué un rôle essentiel dans la constitution d`un Etat-nation et elle demeure culturellement proche de la Bulgarie : elle a joué un rôle fondateur pour la nation bulgare en raison de son rôle dans la libération de la domination ottomane en 1878 ; et la religion orthodoxe et la langue slave jouent un rôle crucial dans la légitimation et l’acceptation de l’influence de la Russie en Bulgarie. A la différence des pays Baltes et des pays d’Europe Centrale, la Russie n’a pas une image négative en Bulgarie. Cela s’explique par le parcours historique différent de la Bulgarie notamment pendant l’époque impériale. Au cours de cette période, la Bulgarie est demeurée englobée dans l’Empire Ottoman et non pas directement menacée par l’Empire Russe. De ce fait la Russie dispose d’une image de libérateur de la Bulgarie, qui contraste avec celle de la Turquie. Au fil des années, s’est même développée l`image d’une Russie force bienveillante et tutélaire.

L’image de la Russie fait partie intégrante de la conscience nationale. Elle occupe une place à part dans les programmes scolaires en tant que partie du récit national et de la littérature. L’imaginaire pro-russe repose sur un mélange entre rationnel et émotionnel : « Le rationnel, l’émotionnel, le réel et le mythique sont

mélangés d’une manière très complexe dans le comportement envers la Russie et le peuple russe dans la conscience collective bulgare, de cette manière le comportement envers la Russie devient un élément traditionnel de la culture politique bulgare »277. Les représentations positives de la Russie sont tellement

puissantes que, comme le souligne Antony Todorov278, lors de la Seconde Guerre

Mondiale, la Bulgarie refusera d’envoyer des troupes sur le front de l’Est en dépit du fait qu’elle était l’alliée du Troisième Reich.

La période communiste est également importante pour expliquer l’image de la Russie. Au cours de cette dernière les représentations positives de la Russie ont été instrumentalisés par Moscou. Le modèle soviétique devient le vecteur du développement bulgare; la Russie est qualifiée de « grand frère », «grand ami », le

277 Taneva, B., op.cit., p. 57.

« sauveur » de la Bulgarie du joug fasciste. L’URSS cherche à la fois un rapprochement sur la base de l’idéologie communiste partagée, mais aussi de l’identité slave à travers l’instrumentalisation du mythe de la fraternité slave279.

Pourtant, cette proximité entre la Bulgarie et la Russie pendant un demi- siècle fera place à un comportement plus nuancé sous le postcommunisme. La Russie devient le symbole du régime totalitaire. Des clivages significatifs apparaissent au sein de la nation bulgare : les opprimés du régime communiste se positionnent en tant qu’anti-Russes sous le postcommuniste, tandis que les représentants de l’ancienne nomenklatura, conservent des sentiments pro-Russes. Le premier groupe développe la conception d’une Russie associée à la violence politique et à la limitation de la souveraineté bulgare ; le deuxième la rattache à la grandeur nationale, aux victoires militaires, à la défense fraternelle, aux acquis sociaux, aux ressources économiques.

II L’Europe comme modèle et identité aspirée

Les représentations de l’Europe dans la conscience collective bulgare sont également stables. A la différence des pays d’Europe Centrale dont le passé historique demeure lié au passé impérial et source de représentations ambivalentes, le rapprochement avec l’Europe Occidentale qui s’opère sous le postcommunisme, demeure un rêve historiquement inachevé pour la nation bulgare.

L’Europe est un modèle idéalisé depuis la constitution de l’Etat national bulgare à la fin du XIXe siècle : elle constitue un modèle difficile à atteindre qui est à l’origine des aspirations à un rapprochement profondément enracinées dans la conscience collective. L’européanisation est synonyme de « modernisation » ; d’ordinaire utilisée dans des expressions telles qu’ « Europe éclairée », l’Europe est aussi le symbole de la « civilisation » dans la langue courante bulgare.

L’Europe envisagée comme notion totalisante est inséparable d`une dichotomie Occident/Orient : alors que l’Occident fonctionne en tant qu’identité valorisée, l’Orient est une notion dévalorisée à laquelle la Bulgarie cherche à

échapper. L’attractivité de l’Europe Occidentale remonte aux années du Réveil national qui précède l’abolition de la domination turque. Elle est particulièrement attirante en périodes de crise et de transition en apparaissant comme un modèle à suivre. L’importation de modèles européens émerge notamment à la fin du XIXe siècle en tant qu’alternative au modèle ottoman, perçu comme dépassé et imposé par la force : « La séparation de l’Empire était vue dans l’optique de la

modernisation – l’Empire ottoman était synonyme d’archaïque, l’Europe – synonyme de progrès et des Lumières. »280 . Cette aspiration nationale à

l’« européanisation » a des implications de tous ordres : culturelles, sociales, économiques, institutionnelles.

L’Europe est envisagée comme un vecteur de modernisation et d`inscription de la Bulgarie parmi les pays développés. Le comportement à l’égard de l’Europe et de l’Occident est basé sur la perception d’une supériorité, d’une hiérarchie, d’un décalage et même d’une subordination. L’Europe est tout à la fois considérée comme un modèle et une instance de contrôle : la culture bulgare est dévalorisée au profit de l’idéalisation de la culture européenne ; la Bulgarie se reconnaît elle-même en tant que périphérie par rapport à l’Europe.

L’image de l’Europe est demeurée positive en dépit de son statut d’ennemi, durant les années de la Guerre froide. L’Europe est alors « emboîtée » dans une entité qui englobe l’Amérique du Nord en tant qu’« Occident ». Au cours de cette période, elle est impliquée dans une vision du monde manichéenne, à travers l’opposition Est/Ouest : cette fois elle est placée sur le versant négatif dans l’opposition Est/Ouest à la différence de la dichotomie Orient/Occident de l’époque pré-communiste. Certes, il s’agit d’une vision imposée par l’idéologie officielle, rejetée par une partie de la population car construite par le haut. L’image positive de l’Europe n’est cependant pas complètement détruite. Pensant les premières phases du régime communiste, l’Europe demeure synonyme de progrès économique et culturel. De plus, l’Occident est également le berceau de l’idéologie communiste développée plus tard en tant que marxisme-léninisme ; le régime

communiste instrumentalise l’Occident en tant qu`instance de légitimation. L’image de l’Europe est véhiculée par des sources d’information telles que les produits (alimentations ; vêtements, voitures) achetés à l’Ouest, qui donnent d’elle une image positive en raison de la situation économique de la Bulgarie communiste. Par conséquent, on observe dans les représentations sociales une distinction entre l’Europe en tant que modèle politique et économique (négativement connoté sous le communisme) et l’Europe comme modèle culturel, en tant qu’expression du « monde cultivé ».

§2 La Bulgarie, entre l’adhésion à l’UE et la mondialisation

La transition post-communiste est également liée à une situation géopolitique complétement nouvelle : la réorientation du pays implique la sortie de l’orbite de l’ex URSS, l’intégration à l’OTAN et à l’UE, l’ouverture des frontières politiques, économiques et culturelles, tous processus interconnectés et indivisibles. Tout cela crée un contexte favorable aux manifestations populistes : l’inscription de la Bulgarie dans la nouvelle situation géopolitique (I) ; la Bulgarie et les processus multidimensionnels de la mondialisation (II).

I L’inscription de la Bulgarie dans la nouvelle situation géopolitique

L’inscription de la Bulgarie dans la nouvelle donne géopolitique postérieure à la fin de la Guerre froide est à l’origine de processus ayant un impact direct sur la perception du rapport à l’étranger et l`appartenance à des structures supranationales a un impact sur la souveraineté nationale.

Le changement des partenaires stratégiques de la Bulgarie s’est effectué très rapidement après la chute du régime totalitaire (le 10 novembre 1989). En décembre 1989, le premier Président bulgare Petar Mladenov dépose la candidature de l’adhésion de la Bulgarie au Conseil de l’Europe et l’adhésion effective a lieu le 7 mai 1992. Dès 1990 la Bulgarie établit également des contacts avec la CEE ; parallèlement, elle met un terme à son lien avec le Pacte de Varsovie (1 juillet 1991) et le Conseil d’aide économique mutuelle CAEM (28 juin 1991) à cause de leur autodissolution. Le Parlement bulgare prend, en 1992, la décision de déposer la

candidature de la Bulgarie à l’UE et à l’OTAN : la candidature à l’UE est déposée en décembre 1995, devient une priorité nationale stratégique en 1997 ; l’adhésion à l’OTAN est réalisée en 2004, l’adhésion à l’UE en 2007. Il en résulte que les institutions euro-atlantiques sont devenues le principal repère de la politique étrangère bulgare. La démocratie libérale, l’Etat de droit et l’économie de marché qui figurent dans les critères d’adhésion à l’UE deviennent le modèle de référence.

Cette réorientation géopolitique s’appuie sur l’image de l’Europe que nous venons d’évoquer. L’Europe se transforme en pôle positif dans la dichotomie Occident/Russie qui structure les représentations en Bulgarie; elle devient le vecteur de la transition en endossant le rôle auparavant joué par l`URSS. L’Europe devient le cadre de référence pour l’ensemble des acteurs politiques bulgares en dépit des divergences à propos de la lecture du passé communiste opposant l’héritier de l’ancien bloc du parti communiste (le BSP) et le parti issu de l’ancien front anti-communiste (le SDS) ; elle devient le vecteur de la modernisation à laquelle aspire la Bulgarie depuis le début de la restauration de l’Indépendance nationale à la fin du XIX siècle. Cette réorientation stratégique de la Bulgarie commence à être qualifiée de « retour » de la Bulgarie en Europe après les années d’alignement avec la Russie. Comme le souligne Antony Todorov, « la transition

post-communiste une fois de plus met en avant le choix d’un modèle de modernisation – le modèle occidental. Mais puisque ce choix fut déjà fait après l’indépendance, le discours politique le formule comme un « retour » – retour en Europe, retour dans le monde civilisé. Une fois encore, il s’agit d’échapper du communisme (l’Orient) pour arriver à la terre promise de l’Europe (l’Occident) »281.

Le processus d’européanisation implique des processus à plusieurs niveaux tels que l’importation des modèles politiques, économiques et culturels. Elle fait l’objet d’une aspiration de mutation identitaire. La Bulgarie cherche à ajouter un deuxième niveau d’identification en devenant une nation européenne ; ce qui est un rêve historique de la nation bulgare.

L`adhésion à l`UE devient l’une des priorités nationales bénéficiant d’un large consensus. La Bulgarie fait partie des PECO dans lesquels l’adhésion à l’UE est la plus approuvée par l’opinion : en 2004, 59% des Bulgares considèrent qu`il s`agit d`« une bonne chose », 26% déclarent que ce n’est « ni bon, ni mauvais » et 6% déclarent que c’est « une mauvaise chose ». A la veille de l’adhésion effective, en 2006, 53% s’y déclarent « favorables », 28% pensent qu’elle n’est « ni bonne, ni mauvaise », et 9% considèrent que c’est une « mauvaise chose ». Une fois la frontière « magique » de l’adhésion franchie, les opinions ne changent pas significativement : en 2011, 48% déclarent que l’adhésion à l’UE est « une bonne chose », 38% une chose « ni bonne, ni mauvaise » et 10% pensent que c’est une « mauvaise chose »282. L’inscription de la Bulgarie en Europe est considérée comme un acte magique susceptible d’être réalisé instantanément, à travers l’acte d’adhésion, et non dans le cadre d’un processus complexe, non linéaire qui dure dans le temps. L’adhésion à l’UE est assimilée à l`idée d’inscription de la Bulgarie dans la civilisation d’Europe Occidentale.

Certes, cette présentation mérite d’être nuancée pour une meilleure compréhension des manifestations populistes. L’identification européenne de la Bulgarie est liée à des rapports de type centre/périphérie ou supériorité/infériorité. L’identification de la nation bulgare fait l’objet d’une construction politique au fil de cette période qui n’est pas univoque. Le processus d’adhésion à l’UE produit également des réactions de réticence malgré l’approbation générale. L’un des sujets qui ont provoqué une réaction négative dans l’opinion est la fermeture de quatre réacteurs (sur un nombre total de 6) de la seule Centrale nucléaire de Kozloduy, demandée par la Commission européenne lors des négociations d’adhésion par souci de sécurité. Elle provoque des réactions dans l’opinion publique car la centrale est l’un des éléments de fierté nationale bulgare : elle symbolise le niveau de développement technologique de la Bulgarie son rôle de fournisseur d’énergie pour ses voisins. Les limites imposées aux agriculteurs bulgares sont également

282 Source : Eurobaromètre : Sondage d’opinion sur les comportements envers l’adhésion à l’UE

disponibles sur : http://ec.europa.eu/public_opinion/cf/showchart_column.cfm?keyID=5&nationID=27,22,24,29,&s tartdate=2004.10&enddate=2011.05, consulté le 1/09/2013

considérées comme de nature à limiter la capacité économique du pays et son profil traditionnellement agricole envisagé comme l’une des caractéristiques de son identité. Le niveau de développement économique et le poids des variables culturelles s’avèrent aussi des facteurs qui complexifient le rapport des bulgares par rapport à l’Europe : en 2006 (à la veille de l’adhésion de 2007), le PIB par habitant de la Bulgarie était de 37 % de la moyenne de l’UE283.

En résumé, les populismes bulgares se manifestent dans un contexte culturel dans lequel l’Europe est devenue le principal modèle d’évolution du pays. Certes des nuances liées au caractère périphérique du pays par rapport à l’Europe Occidentale et à une certaine limitation de la souveraineté nationale existent ; mais elles ne remettent pas en cause l’Europe en tant que modèle culturel, presque toujours positivement évalué.

Concernant l’adhésion de la Bulgarie à l’OTAN, le jugement est davantage nuancé. Les pays de l’OTAN étaient le principal adversaire de la Bulgarie en tant que membre du Pacte de Varsovie dans le monde anciennement bipolaire, ce qui provoque la réaction négative d’une partie de la population. D’un côté, cette adhésion apparaît comme le vecteur d’une nouvelle aliénation de la Bulgarie vis-à- vis d’une structure supranationale peu après la fin de sa sortie de l’orbite de l’ex URSS. D’un autre côté, la participation des troupes bulgares aux actions menées en Irak entre 2003 et 2008, en Afghanistan sous des formes différentes depuis l’année 2002, explique aussi les réserves. A la différence des taux élevés d’approbation concernant l’adhésion de la Bulgarie à l’UE, les opinions sur l’adhésion de la Bulgarie à l’OTAN sont davantage polarisées. En 2007 seulement 18 % des bulgares se déclaraient « très favorables » à l’adhésion de la Bulgarie à l’OTAN, 36% « assez favorables », 18% sont « assez défavorables » et 9 % « très défavorables »284.

283 Voir : Duboz, M.-L., « Bulgarie, Roumanie », Le Courrier des pays de l'Est 5/2007 (n° 1063),

p. 34-42.

284 Source : Pew Research Global Attitudes projet, comportement envers l’OTAN en Bulgarie,

disponible sur : http://www.pewglobal.org/question-search/?qid=837&cntIDs=@7-&stdIDs=, consulté le 1/09/2013.

II La Bulgarie et la mondialisation

La mondialisation dans ses dimensions économique, politique et culturelle a créé un contexte favorable à l’expression des différents types de populismes. Si la Bulgarie a bénéficié des Investissements directs étrangers qui ont joué un rôle important dans la constitution d’une économie de marché, la mondialisation est source de pressions sur la production locale et favorise l’exportation de la main d’œuvre à l’étranger à cause de l’attractivité des marchés du travail par rapport aux opportunités proposées en Bulgarie. La perception des Bulgares envers la mondialisation économique n’est dès lors pas unanime : dans l’Eurobaromètre de 2012, 40 % des Bulgares considèrent que la mondialisation constitue une opportunité pour les Bulgares, tandis que 32% des interrogés déclarent qu’elle représente une menace pour l’économie bulgare285.

Les échanges culturels se sont également intensifiés, au moins sous deux formes : la domination de la consommation de produits culturels « importés » dans un contexte de diminution significative de la production des produits culturels bulgares en raison de la chute des crédits de l’Etat; la modification significative des produits culturels locaux en raison de la concurrence à laquelle ils doivent faire face. De plus, le processus d’importation des biens culturels n’est pas diversifié mais dominé par les Etats-Unis ; le marché du cinéma, par exemple, est monopolisé par les films américains : en 2012, la proportion du marché des films des productions américaines s’élève à 82,56%286. L`ouverture culturelle est perçue plutôt en tant qu’ « américanisation » que mondialisation. Cette influence du « soft

power » américain en Bulgarie suscite des réactions nuancées dans l’opinion. Selon

l’étude effectuée par Pew Research Center en 2007, 36% des Bulgares adoptent un comportement négatif envers les films, la télévision et la musique américaine, 52%

285 Voir: Eurobaromètre : Parmi les deux propositions suivantes, quelle est celle qui se rapproche

le plus de votre opinion à l’égard de la mondialisation ? , disponible sur

http://ec.europa.eu/public_opinion/cf/showchart_column.cfm?keyID=3806&nationID=27,&startda te=2012.05&enddate=2012.05&lang=fr

286 Voir: Déclaration des cinéastes en Bulgarie, revue Cultura, publié le 26 avril 2013, disponible

des Bulgares n’approuvent pas les idées et les coutumes américaines et 31% déclarent avoir une perception défavorable des Américains en général287.

La perception de la pression étrangère exercée sur les structures politiques, économiques et culturelles locales est conditionnée par une sur-réaction de la

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