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Les racines de l’idéologie populiste dans la culture politique bulgare

Dans le document Les populismes en Bulgarie (Page 101-119)

Première partie : Les racines des populismes

Section 3 Les racines de l’idéologie populiste dans la culture politique bulgare

Les dysfonctionnements sont liés aussi aux particularités de la culture politique bulgare comme valeurs intériorisées, transmissibles partagées par la majorité des individus. Bien qu’il existe des sous-cultures, des caractéristiques évolutives, un apprentissage permanent de modes de comportements collectifs et une certaine autonomie de l’individu dans son rapport au politique, certaines valeurs peuvent être considérées comme formant la culture politique dominante. Il existe également des divergences entre les générations sur la base de leur socialisation primaire sous le communisme ou postérieurement à sa dissolution ; la transmission des modèles culturels construits dans un contexte totalitaire aux générations suivantes a également un rôle non négligeable.

Si l’on inscrit la culture politique bulgare dans la typologie proposée par Gabriel Almond et Sidney Verba (1980), on constate son caractère mixte, illustré par des éléments relevant des trois types de culture isolés par les auteurs :

paroissiale, de sujétion et de participation. Comme le souligne Plamen Georgiev, l’un des spécialistes de la culture politique bulgare « la culture politique bulgare

doit être considérée en tant que non-systémique, mais pourtant une synthèse de longue date de plusieurs traits culturels et idéologies politiques »240. Pourtant, les

éléments de type paroissial et de sujétion, apparaissent dominants bien que mélangés à certains éléments de la culture participative. La culture politique bulgare est décrite par Plamen Georgiev comme « une culture participative et de

sujétion, marquée par la soumission et le respect envers le leader charismatique »241. Pour Blaga Teneva, la culture politique bulgare de l’époque

post-totalitaire peut aussi être caractérisée comme une culture « en cours

d’évolution » : « d’un côté les traditions démocratiques sont adoptées de nouveau, ses valeurs et idéaux s’imposent de nouveau ; d’un autre côté, dans la conscience collective continuent à se manifester des récidives d’autoritarisme et des postures anti-démocratiques »242. Ce type de culture produit un terreau propice aux

populismes à la fois dans sa dimension active (de participation) et passive (de sujétion).

En Bulgarie, on assiste à une dynamique d’« implantation des institutions

»243 démocratiques dans un milieu culturel hétérogène. Le « complexe culture-

institutions »244 doit être étudié à travers une « approche politico-culturelle »245 afin d’aborder le fonctionnement des institutions démocratiques. Le fait que la démocratie, résultat d’une dynamique extérieure, soit un régime politique essentiellement « importé » doit être pris en considération; mais ces évolutions dépendent également de variables d’origine locale. Les deux évènements que constituent la création d’un Etat national bulgare en tant que monarchie

240 Georgiev, P., The Bulgarian political culture, Göttingen : V&R Unipress, 2007, p. 34.

241 Voire : Georgiev, P, La culture politique bulgare « Bulgarskata politicheska kultura », « K&M

», Sofia, 2000, p. 96-103, 125 cité par Todorov, A., op.cit., 2011, 28 p., p. 5.

242 Taneva, B., op.cit., p. 93.

243 Genov, I., Pourquoi est-ce que l’on réussit si peu? « Zashto tolkova malko uspiavame? »,

Abagar, 2004, p. 26.

244 Todorov, A., Le complexe culture-institutions, ou bien la liaison entre les institutions

politiques et le milieu culturel « Institucialnoalno-kulturen kompleks ili za vrazkata mejdu politicheski institucii i kulturna sreda. », Etudes politiques vol. n° 1-2 2009, pp. 17-37.

245 Tanev, T., La culture politique « Politicheskata kultura », St Kliment Ohridski, 2001, p. 325,

constitutionnelle (1878) et le retour de la démocratie en Bulgarie (1989) résultent d’une dynamique internationale : la victoire de la Russie sur la Turquie et l’effondrement de l’ancien bloc de l’Est ; ils sont doublés de mobilisations internes telles que les mouvements de libéralisation anti-ottomane interne du XIXème siècle

et les mobilisations populaires de 1990 ; pourtant celles-ci ne jouent pas un rôle déterminant. Quoique largement approuvée, la démocratie n’est pas le fruit d’une évolution interne : elle demeure en interaction permanente avec des imaginaires, des valeurs et des comportements politiques intériorisés et transmissibles construits au cours de trois périodes structurellement importantes : la domination ottomane, la période monarchique du début du XXème siècle et le régime communisme. Il faut tenir compte du fait que la démocratie représentative qui s’instaure en Bulgarie après la chute du communisme succède à une monarchie autoritaire et à une démocratie totalitaire. Cette trajectoire a un impact sur la conscience collective.

Les traits essentiels des cultures politiques dans lesquelles s’inscrivent les populismes bulgares résident dans : l`habitus politique (§1), la représentation du pouvoir (§2), le comportement envers les hiérarchies sociales, l’antiélitisme et l’égalitarisme (§3), la personnification du pouvoir et le paternalisme (§4).

§1 L’habitus politique

Marco Semov 246 distingue trois caractéristiques importantes du comportement des Bulgares vis-à-vis du pouvoir : une soumission volontaire ; un opportunisme par rapport au pouvoir ; un esprit critique actif qui pourtant demeure dans les limites de l’espace privé et ne trouve pas d’expression dans l’espace public. Ces trois caractéristiques sont décrites par Semov à travers la métaphore du Bulgare présenté comme un « caméléon » à l’égard du pouvoir. Nous allons aborder les facettes de la culture politique Bulgare ; l’interaction entre l’individu et le groupe (I), l’inscription de la vision de l’action collective dans un temps court (II), et le poids de l’émotionnel dans le politique (III). Ils nourrissent les

246 Semov, M., La psychologie nationale des bulgares « Bulgarska narodopsihologia », Université

manifestations populistes, notamment à travers le caractère instable du lien social et le poids de l’émotion en politique.

I L’individu entre collectivisme et individualisme

La dissolution de l’individu dans la figure mythique du peuple est en partie la conséquence des périodes de violence qui ont laissé d’importantes traces dans la mémoire collective ; ils ont également influencé les modèles de comportement. L’événement historique désigné en tant que pierre angulaire pour cet aspect de la culture politique bulgare par Plamen Georgiev247 , est l’insurrection d’avril

1876 (qui constitue la révolte la plus significative pendant les luttes d’abolition de la domination ottomane): sa répression violente a laissé des traces dans la mémoire collective transmise par les victimes ; cet évènement fait partie des faits historiques le plus souvent mythifiés dans le récit historique et la littérature. D’autres périodes historiques ont aussi revêtu une grande importance pour le comportement politique en raison de l’usage de la violence physique : la période du gouvernement de Stephan Stambolov à la fin du XIXème siècle; la période entre 1923 et 1925 de compétition sanglante entre les forces agrariennes, communistes et monarchiques; la répression communiste avec une intensité accentuée lors de la phase de son imposition en 1944-1950, et aussi jusqu’à son effondrement.

L’opportunisme est également une caractéristique structurelle de la culture politique bulgare. Il se manifeste tant au niveau de l’individu par rapport au système qu’à celui de l’Etat sur la scène internationale. Il s’agit d’une soumission volontaire en tant que stratégie pour éviter la confrontation avec le pouvoir. Selon un proverbe bulgare « Tête courbée n’est pas coupée », ce qui sous- entend notamment cette idée. Cette stratégie de survie remonte à l’époque ottomane : elle trouve un prolongement sous le communisme : le succès sous un pouvoir impérial ou dictatorial passait par une adaptation aux règles du système en place. L’historien bulgare Nikolai Genchev qualifie les « esnaphes » (Formes d’union collectives des producteurs qui existaient sous l’empire Ottoman) de Bulgarie d’ « incubateurs d’opportunisme ». Ce trait structurel est également

conservé sous le communisme, régime dans lequel l’échange des services et des statuts devient un vecteur de hiérarchisation de la société fonctionnant sous un l’égalitarisme de façade. Ivan Hadjiiski de sa part distingue trois phases de développement de cet aspect de la culture politique bulgare qui correspondent à trois périodes historiques : le collectivisme (typique pour les communautés bulgares agrariennes), l’individualisme (caractéristique des phases du développement des petits marchands, les « esnaphs ») et l’égoïsme (le capitaliste et le marchand de l’époque antérieure et postérieure à la fin de la domination ottomane).

Ces caractéristiques sont à l’origine de l’instabilité des différents regroupements politiques due au manque de confiance mutuelle des individus. L’on note un « manque de confiance profond des Bulgares envers leur milieu social »248 qui génère un enfermement de l’individu dans son milieu familial et professionnel le plus proche. Cette érosion des liens sociaux provoque un type spécifique d’individualisme caractérisé par l’égoïsme et l`isolement mutuel des individus. Il détermine notamment le comportement envers la loi et les institutions: les Bulgares préfèrent une interaction directe et une autodéfense à une délégation aux institutions.

Cette double caractéristique est à l’origine d’une oscillation entre l’individualisme et le collectivisme; elle détermine un comportement spécifique qui implique une vision collectiviste des devoirs des membres de la nation et une vision individualiste des droits de l’individu concret. Il s’agit d’un comportement dominant qui s`inscrit dans une stratégie de captation maximale des biens au détriment de l’intérêt collectif, conjuguée avec une vision de l’existence de devoirs collectifs en dehors de la personne concernée.

Cette caractéristique culturelle est construite en réaction à l’asymétrie entre l’effort personnel et les mérites reconnus par le système en place. Les périodes structurelles pour la construction des modes de comportement collectifs produisent des cercles vicieux qui empêchent la construction de chaînes de solidarité entre les individus à cause de l’inexistence d’une confiance minimale dans l’ajustement

réciproque des comportements en vue de la construction de regroupements collectifs stables. Ces éléments qui sont à l’origine des aspects cyniques de la culture politique bulgare entrainant un comportement doublement irresponsable valable aussi bien pour les acteurs sociaux en bas de l’échelle sociale que de ceux d’en haut.

Un conservatisme profond caractérise par ailleurs la société bulgare. Il s’agit d’une « peur de changement »249 profondément installée dans la conscience

bulgare. Une stratégie de survie domine sur la stratégie de progrès. On parle même d’une spécifique « philosophie de survie » qui domine la mentalité bulgare : elle est une conséquence des nombreux troubles historiques. On retrouve cette formule de comportement collectif par exemple dans des proverbes tels que : « Tout miracle dure trois jours ».

II Une vision politique inscrite dans un temps court

Une caractéristique importante de la vision du politique qui influence les manifestations populistes est l’inscription de la vision du politique dans un temps court : il existe une tendance à la réalisation des projets politiques dans l’immédiat, à ce que l’action ne soit pas projetée dans une vision stratégique longue. Youlian Genov250 explique cette facette de la culture bulgare par l’influence orientale et notamment par la recherche d’un plaisir immédiat et court. La preuve de cette influence culturelle peut être retrouvée dans la langue bulgare. Les mots bulgares qui désignent ce phénomène « rahatlak » et « keff » (qui signifie un plaisir immédiat) sont d’origine turque.

Elle est liée aussi bien aux stratégies personnelles du personnel politique qu’à la constitution des objectifs collectifs. Des caractéristiques importantes sont isolées par Marco Semov en tant que traits stables de la culture politique des Bulgares qui se manifestent lorsqu’ils accèdent au pouvoir : l’inexistence d’une

249 Badgakov, M., Dans quelle société est-ce qu’on vit ? Approches méthodologiques et modèles

théoriques de la société en transition ; « V kakvo obshtestvo jiveem ? Metodologicheski podhodi i teoretichni modeli na prehodnoto obshtestvo », Sofia, 1993, cité par Taneva, B, op.cit., 2002, p. 66.

confiance et d’un respect envers les autres représentants politiques, un discrédit mutuel permanent et l`accent mis sur l’utilisation du poste en tant que promotion personnelle et temporaire offrant la possibilité d’un profit au détriment de ses fonctions publiques. Ce type de comportement est l’une des causes de la méfiance envers le pouvoir ; il génère des stéréotypes très puissants qui fonctionnent pour bloquer toute la confiance envers les institutions politiques et administratives.

III Une culture politique portée aux extrêmes

La culture politique bulgare oscille entre passivité et héroïsme. Ce modèle de comportement comporte deux phases : un comportement passif qui dure dans le temps ; des réactions d’extrême violence qui peuvent se manifester en cas de situations extrêmes qui pouvant aller jusqu’à la manifestation d’un héroïsme démesuré. Certains proverbes suggèrent cette caractéristique : « On n’agit pas

avant que le couteau aille jusqu’à l’os » ; « La patience n’a pas de prix », qui

s’appuie notamment sur l’imaginaire de la « sagesse » présupposé de l’inactivité ;

« Le Dieu est trop haut, le roi est trop loin » qui représente notamment l’incapacité

d’une influence sur le pouvoir.

Ces deux extrêmes de la culture s’observent aussi bien au niveau de l’auto- évaluation nationale : l`éloge des traits historiques, culturelles et de la nature bulgare coexiste avec une auto-humiliation et un nihilisme national qui tente à placer la Bulgarie en bas de l’échelle mondiale. D’après Blaga Teneva251, il s’agit notamment d’un élément structurel de la culture politique bulgare qui résulte des processus de construction d’une identité nationale bulgare lors de la renaissance nationale aux XVIIIème et XIXème siècles. Au moment où elle aspire à

l’indépendance politique, la Bulgarie est confrontée au niveau de développement supérieur des autres nations européennes, essentiellement celles d’Europe Occidentale. Cette frustration est à l’origine de la construction de ce complexe d’infériorité structurel. Ce dernier est notamment évoqué par Marco Semov qui évoque un lien entre le niveau de développement économique et l’autoévaluation des nations : plus une nation est pauvre, plus elle a tendance à considérer sa culture

comme supérieure aux autres. Pourtant, d’après lui, il s’agit d’un complexe culturel qui provoque une réaction compensatoire répandue davantage chez des peuples sous-développés que des peuples de petites dimensions. Comme le souligne Youlian Genov, « Plus le pouvoir d’achat d’une nation est bas, plus on a besoin de

rechercher un refuge dans le passé glorieux de son pays » 252.

§ 2 La représentation du pouvoir

Le pouvoir en Bulgarie est perçu comme extérieur au corps social (I), ce qui produit un effet sur la conception de l’Etat (II) et donne une apparence de crédibilité aux schémas complotistes dans les représentations collectives (III).

I Le pouvoir vu comme extérieure au corps social

L’assise historique du pouvoir en Bulgarie explique les représentations ancrées dans la conscience collective. Le vécu de la soumission au pouvoir impérial, le passé monarchique et dictatorial ont construit une vision du pouvoir en tant que force extérieure au corps social. Cette idée est à l’origine de l’un des piliers des populismes : l’idée que le peuple est soumis et privé de possibilités d’expression. La société bulgare croit dans la « causalité externe »253 des processus,

censés être guidés par des forces extérieures du corps social ; tout effort de changement apparaît dès lors comme une tentative inutile.

L`extériorité du pouvoir trouve ses racines dans la période ottomane. Elle est due à la centralisation de l’Empire et au caractère ethniquement et religieusement divergent entre des dominants (les Turcs) et les dominés (les Bulgares). La perpétuation de cet imaginaire se produit sous la période monarchique du début du XXème siècle au cours duquel s’opère une division au sein de la nation bulgare entre gouvernants et gouvernés ; elle entre en conflit avec l’égalitarisme utopique qui demeure une caractéristique de la société bulgare de la période de la « renaissance nationale ». La représentation du caractère « externe » du pouvoir persiste également sous le communisme à travers la constitution d’une «

252 Genov, Y., op.cit., 2004, p. 255. 253 Ibid., p. 28.

nouvelle classe » dominante, selon l’expression de Milovan Djilas, en dépit de l’intention affirmée d’une homogénéisation de la société et de construction d’une société sans classes.

Ces trois périodes ont laissé des traces importantes dans la culture politique bulgare qui persistent pendant la période postérieure à 1989 : les gouvernants et les gouvernés font partie de deux groupes distincts, considérés comme imperméables :

« nous » (le peuple) et « eux » (ceux en position de pouvoir) ; cette distance et distinction produit une idée de « ceux » qui gouvernent et prennent les décisions et de « nous », les autres qui dans la plupart des cas adoptons une posture d’observateurs »254. Un proverbe bulgare très usité évoque cette vision collective :

« Dieu est trop haut, le roi est trop loin ». Il représente une expression condensée

de cet imaginaire de la distance au pouvoir et de l’incapacité d’une influence sur le pouvoir : « le caractère « étranger » est associé à l’Etat, aux lois et au pouvoir en

tant que tel »255.

Une conséquence de cette notion est l’idée « d’une causalité externe des

processus, l’idée que rien ne dépend de moi »256. Cette caractéristique de la culture

politique bulgare entraine l’idée d’une asymétrie entre le pouvoir du leader et la force de la volonté populaire ; le poids de l’individu est considéré comme inexistant compte tenu de l’impossibilité d’agrégation des opinions. Si on se réfère à l’indicateur isolé par Geert Hofstede à propos de la distance à l’égard du pouvoir, la Bulgarie doit être classée en tant que pays maintenant une grande distance à l’égard du pouvoir en raison du faible contrôle sur les gouvernants et de la forte soumission volontaire.

II Le comportement envers l’Etat

L’attitude à l’égard de l’Etat interagit avec la conception du pouvoir : il est perçu en tant qu’une structure étrangère et hostile à la société. Cette notion dérive de

254 Genov, Y., op.cit, 2004, p. 218. 255 Taneva, B., op.cit., 2002, p. 53.

256 Semov, M., La psychologie nationale des bulgares « Bulgarska narodopsihologia », Sofia,

la conception générale du pouvoir et en particulier de l’impact sur la société du fonctionnement de l’Etat-parti sous le communisme. L’Etat est considéré comme un corps qui ne provient pas de la société, mais s’impose à elle. Il y a une inversion du rapport Etat / société basée sur l’idée que « ce n’est pas l’Etat qui existe au nom de la

société, mais inversement »257. Comme le souligne Blaga Taneva, « l’Etat est un lieu

d’autorité obscurément construit et sa personnification dans des institutions ou personnalités séparées au niveau de la conscience collective prédispose un négativisme croissant envers lui »258.

Parallèlement, il existe des attentes significatives à propos de ses fonctions en matière sociale et économique : de même que dans plusieurs pays post- communistes, l’Etat est considéré « comme une vache à lait ou un pourvoyeur de

bénéfices personnels»259. Ces tendances vont évoluer au fil des années de

transition; pourtant elles sont de grande importance pour la période étudiée. D’après les sondages d’opinion effectués par l’Institut de sociologie auprès de l’Académie bulgare des sciences260 durant la première moitié des années 1990, 80,8% estiment qu`il incombe à l’Etat de fournir un emploi à tous ceux qui souhaitent travailler; 87,2% considérant que chaque citoyen bulgare doit recevoir des revenus minimaux garantis. Les attentes envers l’Etat sont fortes également au sujet des inégalités sociales : conformément à la nouvelle stratification sociale en Bulgarie, « deux tiers

des Bulgares insistent sur le fait que le gouvernement doit contrôler les revenus avec une loi spécifique »261.

257 Taneva, B., op.cit, 2002, p. 113. 258 Ibid. p.112.

259 Hermet, G., Exporter la démocratie?, Presses de Sciences po, Paris, 2008, p. 121.

260 Voir : Conflits sociaux dans le contexte de la transition « Sotzialni konflikti v kontext na

prehod », Institut de Sociologie de L’académie bulgare des Sciences, 1994, cité par Taneva, B.,

op.cit., p.110.

III Le complotisme

Une des conséquences de cet imaginaire concernant le pouvoir réside dans l’écho rencontré par les théories complotistes qui constituent un élément essentiel des populismes. Cette présence du complotisme dans les représentations sociales résulte surtout de la période totalitaire en raison du monopole du parti communiste dans la prise de décision politique et les canaux d’information.

En dépit du fait qu’il n’y a pas reproduction à l’identique de l’ancienne nomenklatura en nouvelle classe capitaliste sous le postcommunisme, les anciennes élites politiques on l`a vu occupent une place importante parmi les nouvelles élites. Cela contribue à concevoir la transition postcommuniste comme reproduction de la domination de la nomenklatura communiste. Est aussi forgé le mythe d’un complot élitiste qui présuppose un haut degré d’organisation ainsi qu’

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